Glossaire du verlan dans le rap français
452 pages
Français

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Glossaire du verlan dans le rap français , livre ebook

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Description

Le présent ouvrage étudie chacun des mots du verlan employés dans le rap français afin d'établir son mode de formation lexicale, sa fréquence, sa prononciation, ses significations et ses emplois, sur la base de citations authentiques. Celles-ci émanant de centaines de groupes différents, il constitue également un véritable panorama du rap français.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 août 2015
Nombre de lectures 248
EAN13 9782336387949
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1650€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Titre
Valéry Debov






Glossaire du verlan
dans le rap français

Préface de Christophe Rubin
Copyright

© L’Harmattan, 2015
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr

EAN Epub : 978-2-336-73805-5
Dédicace

À mes parents
PRÉFACE
Un certain nombre d’ouvrages ont abordé sous forme de dictionnaires les spécificités du vocabulaire des jeunes dans les banlieues françaises. Parmi les plus intéressants et les plus utiles, il faut mentionner Le Dico de la banlieue (1000 définitions pour tchatcher mortel) 1 de Philippe Pierre-Adolphe, Max Mamoud et Georges-Olivier Tzanos, Comment tu tchatches ! Dictionnaire du français contemporain des cités 2 de Jean-Pierre Goudaillier et, plus récemment, le Lexik des cités illustré 3 , fruit du travail d’une dizaine de jeunes auteurs. Le chercheur russe Valéry Debov propose ici une approche différente et complémentaire. Ce nouvel ouvrage est d’ailleurs le complément indispensable du Diko des rimes en verlan dans le rap français , récemment paru 4 et salué par différents médias – généralistes, spécialisés et universitaires, ce qui n’est pas chose courante.
L’introduction du présent ouvrage définit, avec une précision encore inédite dans ce domaine, le champ linguistique dont il traite, en indiquant à la fois un espace discursif (celui du rap français), un type de création lexicale (le verlan), le principe qui régit cette création (les « créations lexicales déviantes ») et le statut de cet ensemble de termes (ils constituent la base lexicale d’un véritable sociolecte).
La notion de créativité pourrait sembler incompatible avec l’idée même de repérer des constantes pour en faire un dictionnaire ; mais Valéry Debov fait à cet égard une remarque essentielle : s’il y a bien déviation par rapport à une certaine norme dans les « banlieues populaires des grandes villes de France », ces dernières sont à leur tour « devenues des lieux de production de normes culturelles bien spécifiques ». En effet, si le verlan est en soi le fruit d’une (re)création lexicale, son emploi consiste surtout à utiliser des termes déjà attestés et bien connus : de la même façon que les écrivains limitent généralement la fréquence des néologismes qu’ils introduisent, un rappeur mettrait en danger sa crédibilité, peut-être, et l’intelligibilité de ses textes, sûrement, s’il utilisait trop de termes nouveaux en verlan. La forme des mots est souvent déjà fixée : le verlan du mot femme sera meuf mais pas * meufa par exemple – un terme qui serait sans doute trop proche de mifa 5 . Dans l’interview d’Alain Rey placée en exergue du Lexik des cités , le plus célèbre des lexicographes français, dialoguant notamment avec le rappeur Disiz la Peste, confirme que « le verlan n’est pas du tout un procédé libre » 6 et il signale, plus généralement, que l’emploi d’un argot quelconque par un étranger est encore plus délicat pour lui que l’usage standard d’une langue, du fait de l’existence d’une norme de prononciation et de signification à la fois très précise et extrêmement fluctuante dans le temps. Un tel code est donc particulièrement difficile à appréhender dans la mesure où il combine paradoxalement un formalisme aigu, presque inaccessible à tout regard extérieur, et une labilité déconcertante.
L’une des clés pour en comprendre le principe est la notion de subversion : formelle bien sûr, avec l’inversion de l’ordre des syllabes 7 , mais également socio-linguistique. Par exemple, on apprendra que « ap [le verlan de pas ] ne s’emploie jamais avec l’adverbe de négation ne ». La hiérarchie classique des registres de langue se trouve ainsi elle-même inversée, pour ne pas dire carnavalisée, comme aurait dit, peut-être, Mikhail Bakhtine 8 .
Un des mérites du livre de Valéry Debov est de combattre des stéréotypes. Celui, donc, qui consiste à considérer que le verlan exclut toute norme ; mais aussi l’idée d’une pauvreté langagière, voire d’une coupure radicale avec le passé. Voici un exemple de cette vieille idée – maintes fois assenée – sous la plume de l’essayiste Jean-Claude Barreau : « Quand je vivais au milieu des loubards, beaucoup étaient d’origine étrangère et maghrébine, mais tous parlaient l’argot avec l’accent parigot, langue infiniment plus riche et en continuité avec le passé populaire indigène que le pauvre langage du rap. » 9 .
Face à ce type de préjugés, étayés par aucune analyse véritable, l’existence même d’ouvrages, parfois écrits ou préfacés par des linguistes célèbres, constitue déjà un argument. J’ai évoqué plus haut le rôle valorisant d’Alain Rey, associé aux prestigieux dictionnaires des éditions Le Robert et manifestant tout son intérêt, tout son respect pour le travail des rappeurs ; Jean-Pierre Goudaillier est quant à lui professeur de linguistique à la Sorbonne, tandis que son préfacier, Claude Hagège, est professeur au Collège de France.
Pourtant, tous ces ouvrages ont quand même pratiqué une légère distanciation, consciemment ou non. Tous se situent en effet en partie sur le terrain de l’humour, sans évidemment s’y limiter puisque le travail accompli est bel et bien très sérieux, mais comme s’il s’agissait de trouver, grâce à cette tonalité, une caution ou une captatio benevolentiae – car le lecteur ne semble pas considéré comme adhérent à l’univers linguistique décrit. Ce caractère volontairement plaisant peut suggérer implicitement que le contenu linguistique risquerait de ne pas intéresser un assez large public s’il n’était mis en scène de façon humoristique, provocatrice ou du moins souriante. Le choix des exemples, voire des polices de caractères, et la mise en page de la couverture vont en général assez nettement dans cette direction, ce qui rappelle d’ailleurs l’alternance des médias, se focalisant tantôt sur un rap léger et festif, tantôt sur des productions plus véhémentes mais rarement sur la profondeur des textes et du langage qu’ils réinventent. Dans le cas du Lexik des cités , ce sont plutôt les illustrations – d’ailleurs particulièrement inventives et intéressantes par elles-mêmes – qui assument cette fonction humoristique ou pittoresque, avec, sans doute, une volonté de séduire par l’exposition méthodique mais plaisante d’une parole brute et savoureuse, plutôt qu’un désir de la mettre à distance.
L’ouvrage de Valéry Debov échappe d’emblée à ces diverses minorations inconscientes de l’objet dont il traite. Il faut remarquer, en premier lieu, les dimensions importantes qu’a pris, peu à peu, son travail initial, grâce aux divers enrichissements et à la prise en compte des textes récents. Ces dimensions révèlent déjà que le vocabulaire des rappeurs n’est pas « pauvre », ne serait-ce que quantitativement, et même si l’on s’en tenait au seul verlan.
Il faut surtout noter qu’il s’agit bien d’une étude extrêmement sérieuse, approfondie et universitaire mais aussi d’une documentation sans compromis en ce qui concerne la réalité langagière traitée : présentée sans la moindre censure et sans édulcoration 10 . C’est déjà un hommage indirect à l’objet de ce livre : le langage forgé par les rappeurs pour construire leurs textes. L’introduction défend le rap en tant qu’activité langagière non anecdotique, qui pourra « contribuer à métamorphoser (...) le paysage culturel et social français » par un mode très particulier de créativité : au-delà du contenu des propos tenus (à l’intérieur desquels on peut trouver tout et le contraire de tout, comme dans toute expression artistique), c’est un certain type de rapport au langage et en particulier à l’interlocuteur qui caractérise l’apport du rap. Ses ancrages sont d’ailleurs précisés dans cette même introduction : aussi bien dans l’héritage afro-américain 11 que dans les traditions françaises de la « chanson populaire et réaliste » 12 et dans l’argot le plus ancien 13 , n’en déplaise à certains, sans oublier une référence à Frantz Fanon, pour indiquer une dimension politique importante et plus complexe qu’on pourrait l’imaginer, dans un rap relevant rarement d’un discours militant classique 14 .
Quant à la présentation de ce glossaire, elle suit l’ordre alphabétique (ce qui n’a rien de si évident, concernant des mots en verlan…) mais il ne s’agit pas d’un simple tableau de correspondances avec le langage usuel. Chaque terme est suivi d’une définition (le verlan est traité comme un système lexical autonome : le sens est donn&#

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