Gwoka et politique en Guadeloupe
214 pages
Français

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Gwoka et politique en Guadeloupe , livre ebook

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Description

En Guadeloupe, la chanson est un art de vivre qui véhicule les codes et les valeurs de la société. Elle est le miroir de la culture. Elle est même exutoire. Pas étonnant qu'elle se voit confier par quelques auteurs et compositeurs, entre les années 1960 et 2003, une mission politique. Les textes sont révélateurs de cette dimension. Ils renseignent sur le sentiment d'appartenance de la Guadeloupe à l'Etat, à savoir la France, et sur l'enracinement du lien qui crée la confiance des citoyens.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2011
Nombre de lectures 867
EAN13 9782296466227
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Gwoka et Politique
en Guadeloupe
© L’HARMATTAN, 2011
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-55341-5
EAN : 9782296553415

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
Marie-Héléna LAUMUNO


Gwoka et Politique
en Guadeloupe


1960-2003 :
40 ans de construction du "pays"


L’Harmattan
Remerciements
Lukuber Séjor
Pascale Joly
Enrick Cafournet
Josy Balzamont
Alain Jean
Jacqueline Etienne
Marie-Line Dahomay
Ena Eluther
Valérie Hugues
Véronique Meraud
Raymonde Pater-Torin
Léna Blou
Michel Halley
Maurice Boulate
Alex Nabis
Olga Francillette
Elena Duro-Delague
Judith Françoise Claire
Roberto Lembert (Kesito)
Zagalo (Francky Geoffroy)
Georges Troupé
(Paix à ton âme)
Ti-Céleste
(Aurélien Wilfrid Céleste)
Yvon Anzala
Jomimi (Georges Rugard)
Jean-Pierre Coquerel
André Broussillon
Charles Rized
Alex Jernidier
Guy Conquette
Teddy Pelissier
Theodora Bac (Fafa)
Paix à ton âme
Solange Bac (Man Sosso)
Eric Cosaque
Gérard Lockel
Jean-Pierre Sainton
Baba (Jean Barfleur)
Frantz Succab
Eric Edinval
Julien Merion
Robert Loyson (Paix à ton âme)
Fred Etenna
Rémus Etenna
Flessel William
Rodrigue Loyson
Fabienne Condo
Noëline Troupé
Marylène Troupé
Evelyne Troupé
Sonny Troupé
Frantz Calvaire
Les infographistes de
« L’enfant au bateau de papier »
et de Caraïbe Impression
On gran mèsi
(Merci beaucoup pour votre
aide, soutien, collaboration,
conseil…)
INTRODUCTION GÉNÉRALE
A- Problématique
La consultation électorale du 7 décembre 2003 en Guadeloupe a donné lieu à de nombreuses interrogations sur le devenir de la Guadeloupe dans la France. Des questions posées au cours des rencontres provoquées par des citoyens durant la campagne de cette consultation sont rapportées par le Centre d’Analyse Géopolitique et Internationale basée à l’université de Fouillole en Guadeloupe. Le sondage réalisé à ce propos par l’institut de sondage Qualistat et rapporté dans la revue Lavwa en août 2003 quelques mois avant la consultation confirme à la fois l’intérêt, l’inquiétude mais aussi les controverses sur le sens donné à l’éventualité d’une évolution statutaire et institutionnelle proposée par l’Etat. L’intérêt est grand mais l’information est insuffisante. En témoigne la réinterprétation de la question posée dans les régions françaises d’Amérique pour la Martinique, la Guadeloupe et ses îles proches :
« Approuvez-vous la création dans ces deux régions monodépartementales d’une collectivité territoriale unique demeurant régie par l’article 73 de la Constitution, c’est-à-dire par l’identité législative avec possibilités d’adaptation, et se substituant au département et à la région ».
Le oui est entendu comme la marche vers la rupture avec la France et vers la souveraineté tant attendue des milieux nationalistes ou encore la naïveté du citoyen pour une proposition floue dont seul le proposant en connaîtrait la finalité : « Pa achté chat an pòch » (N’achetez pas en poche). Le non est compris comme le maintien du statut de département et des institutions en l’état garantissant la sécurité matérielle apportée par l’Etat. Voilà qui invite à s’interroger sur le rapport de la Guadeloupe à la France c’est-à-dire qu’il faut chercher à comprendre à propos des relations qu’entretiennent les deux territoires, l’image que la Guadeloupe se renvoie d’une part d’elle-même et d’autre part, se renvoie de la France. Ce rapport est inscrit dans l’histoire. A quelle période remonter ? 1946 se révèle peu pertinent pour une telle étude parce que cette date est celle de l’aboutissement d’un combat pour l’assimilation depuis la fin de l’abolition de l’esclavage. On peut donc difficilement penser que les rapports avec l’Etat ait pu souffrir dans l’enthousiasme de la départementalisation d’une quelconque fragilité. Car, en dehors des divergences autour de la forme de l’assimilation, le passage de la Guadeloupe et de ses autres « vielles colonies » sœurs au statut de département fut bien accueilli. En revanche, à partir des années 1960 le débat autour du statut s’affirme après que les communistes l’aient amorcé dès les années 1950. Dès la décennie 1960, d’autres acteurs politiques se positionnent dans ce débat souvent alimenté par le contexte international. En effet durant cette période, la carte politique de la France change avec l’accélération de la décolonisation. Les anciennes possessions coloniales de l’Afrique Equatoriale française, de l’Afrique Occidentale française de même que celles de l’Afrique du Nord acquièrent selon des modalités diverses, l’émancipation politique souhaitée par les mouvements nationalistes. Une de ces émancipations marque particulièrement la Guadeloupe, celle de l’Algérie car des Guadeloupéens prennent part au conflit algérien en affichant parfois leur position. Le débat s’affiche alors sur l’efficacité du statut avec des pics de virulence et des périodes de tassement. La consultation électorale de 2003 semble avoir tranché le débat avec un taux de participation pour la Guadeloupe de plus de 52% et le choix du maintien du statut et des institutions à plus de 72%. Alors c’est dans ces limites chronologiques qu’il convient d’étudier la question du rapport de la Guadeloupe à la France. Cette chronologie peut paraître longue et son choix arbitraire. Mais, on peut difficilement réduire la période parce qu’avant 2003, il est peu aisé de trouver à l’échelle des citoyens une date qui pourrait constituer un tournant dans le débat autour des rapports politiques entre la Guadeloupe et l’Etat. En effet, jusqu’à cette année 2003, la question ne se pose qu’au sein des milieux politiques. Seule la consultation électorale du 7 décembre 2003 la porte à l’échelle du citoyen par la voie des urnes. Ces 40 années de débat montrent à quel point le questionnement sur le rapport à la France s’impose avec force. Curiosité d’un questionnement pour un territoire français ! Ou alors existe-t-il chez les Guadeloupéens une crise de l’appartenance à la France que chacun exprimerait à sa façon ? Alors, le citoyen, l’homme ordinaire, celui qui a été appelé aux urnes le 7 décembre 2003, qui a peut-être répondu non pas à la question posée mais à sa réinterprétation n’a pu rester en dehors de ce questionnement. Il a dit comment il voit la France, il l’a exprimé au quotidien avec des mots, des gestes, des comportements.
Pour comprendre le sentiment d’appartenance, il convient d’éclaircir la notion d’appartenance. Il s’agit du lien affectif entre les deux territoires concernés à savoir la Guadeloupe et la France, lien qui détermine le moral des citoyens. Notre étude est à sens unique, elle fonctionne dans le sens Guadeloupe/France en s’interrogeant sur le sentiment d’appartenance de la Guadeloupe à la France c’est-à-dire sur l’enracinement du lien qui crée la confiance dans les rapports entretenus avec la France. On peut s’étonner que l’interrogation ne porte pas sur le sentiment d’intégration mais il s’agirait de traiter d’une autre question, celle de la perception des textes intégrateurs depuis 1946. Il s’agit plutôt d’évaluer la perception que les citoyens ont du lien qui les unit à la France et de dire s’il existe en réalité une crise du lien, rompu ou fragilisé. Crise véritable ou crise de façade ? Et qui peut en témoigner ?
B- Sources
Le sentiment d’appartenance se vit au quotidien en images, en proverbes ou en chansons. En Guadeloupe, la palette des chansons populaires est vaste, pénétrant tous les domaines tant les relations sociales, les histoires personnelles ou la politique. On chante pour prier, travailler, séduire, se divertir, revendiquer C’est un art de vivre qui véhicule les codes et les valeurs de la société. Elle dit le rapport des groupes sociaux et des individus aux genres humains, au territoire qu’il s’agisse de l’insularité, de la distance ou des risques naturels… Elle dit encore le rapport au travail, à l’alimentaire, à la mort… Elle est le miroir de la culture. Et, dans cette société où le discours permanent est celui de la souffrance : « Vwè mizè pa mò » (Souffre sans mourir) ou bien « An touvé la vi chiré a pa-an ké koud-li » (J’ai trouvé la vie déchiré, je ne pourrai la recoudre), ell

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