Rock et production de soi
303 pages
Français

Rock et production de soi , livre ebook

-

303 pages
Français

Description

L'ouvrage s'intéresse à l'ordinaire de la pratique, celle des musiciens et des groupes qui jouent dans l'ombre de l'industrie musicale et des médias. Le rock est une expérience spécifique, à la fois artistique, culturelle, esthétique et existentielle. L'expérience du rock exprime la tentative d'inventer une nouvelle société pour échapper aux finalités rationalistes, aux classifications et au primat du "produire". La "production de soi" en tant que processus sociologique intervient dans la façon dont les musiciens et les groupes participent à la construction d'une réalité sociale qu'ils tentent de faire advenir.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2005
Nombre de lectures 111
EAN13 9782296380189
Langue Français
Poids de l'ouvrage 10 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1200€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Rock et production de soiLogiques Sociales
Série Musiques et Champ Social
dirigée par Anne-Marie Green
Les transformations technologiques depuis cinquante ans ont
bouleversé la place de la musique dans la vie quotidienne. Celle-ci est
actuellement omniprésente tant dans l'espace que dans les temps
sociaux, et ses implications sociales ou culturelles sont si fortes
qu'elles exigent d'être observées et analysées. Cette série se propose de
permettre aux lecteurs de comprendre les faits musicaux en tant que
symptômes de la société.
Déj à parus
Stéphane HAMPARTZOUMIAN, Effervescence techno, 2004.
Michel DEMEULDRE, Sentiments doux-amers dans les
musiques du monde, 2004.
Kalliopi PAPADOPOULOS, Profession musicien: « un don »,
un héritage, un projet?, 2004.
Emmanuel PEDLER, Entendre l'Opéra, 2003.
Muriel TAPIE-GRIME (textes réunis par), Les recompostions
locales des formes de l'action publique, 2003.
Andrea SEMPRINI, La société des flux, 2003.
Catherine DÉCHAMP-LE ROUX, l'Emprise de la technologie
médicale sur la qualité sociale, 2002.
Béatrice MABILLON-BONFILS et Anthony POUILL Y, La
musique techno, art du vide ou socialité alternative ?, 2002.
Philippe BIRGY, Le mouvement techno, 2001.
Chantal CHABERT, Lafin de l'art lyrique en province ?, 2001.
Marianne FILLOUX-VIGREUX, La danse et l'institution:
genèse et premier pas d'une politique de la danse en France
(1970-1990),2001.
Marianne La Politique de la danse,
2001.
Yannis RUEL, Les soirées salsa à Paris. Regard sociologique
sur un monde de fête, 2000.
Julien BESANÇON, Festival de musique. Analyse sociologique
de la programmation et de l'organisation, 2000.
Michèle AL TEN, Musiciens français dans la guerre froide,
2000.Damien TASSIN
Rock et production se soi
Une sociologie de l'ordinaire
des groupes et des musiciens
Préface de Vincent de Gaulejac
L'Harmattan ItaliaL'Harmattan L'Harmattan Hongrie
5-7,rue de l'École- Kossuth L. u. 14-16 Via Degli Artisti, 15
Polytechnique 1053 Budapest 10124 Torino
75005 Paris HONGRIE ITALIE
FRANCE(Ç)L'Harmattan, 2004
ISBN: 2-7475-7457-1
EAN : 9782747574570PREFACE
Lorsque Damien Tassin m'a proposé de diriger sa recherche sur les
groupes de rock, j'ai été à la fois, intéressé, interloqué et ravis,
intéressé par un sujet qui touche un phénomène social fascinant et
relativement peu étudié par les sociologues. Le rock est en effet un
analyseur magnifique pour comprendre plusieurs facettes du passage
de la société industrielle des années 50 à la société hypermodeme
d'aujourd'hui. Le développement de l'individualisme, l'éclatement des
classes sociales, l'émergence du sujet réflexif et émotionnel, le
développement de l'idéologie de la réalisation de soi-même, le passage
de la lutte des classes à la lutte des places, de la modernité à l' hyper
modernité, ces différents éléments sont illustrés par la complémentarité
fine qu'il nous donne des groupes de rock et de leur univers. Dans un
monde en mouvement, confronté à l'incertitude, à la compétition et à
la performance, le rock est un espace de création à part qui tente de
construire un monde différent dans lequel les relations ne sont pas
structurées par des lois généalogiques, des normes institutionnelles ou
des exigences du monde du travail. Les «héros obscurs de
I'historicité» que sont les groupes de rock, tentent de construire un
autre monde, une autre forme de socialité, un « Nous musical» selon la
belle expression forgée par Damien Tassin.
TI Y a là une « utopie concrète» à la fois bien connue et pourtant
invisible, parce que le succès des quelques groupes qui occupent le
devant de la scène occulte en fait la pratique de milliers d'autres qui
restent dans l'ombre. Non parce qu'ils n'ont pas pu « réussir », mais
parce qu'ils font du rock pour des raisons bien étrangères à la
recherche du profit ou de la notoriété. L'essentiel n'est pas en effet
dans le show biz, c'est à dire dans le fait de se montrer et de faire de
l'argent, mais dans la construction d'un collectif pour «jouer
ensemble », créer des relations fraternelles, développer une forme
d'homosensualité, je dis bien homosensualité en un seul mot. Un
univers qui échappe aux hiérarchies traditionnelles, aux différentes
formes de violences symboliques qui caractérisent les rapports sociaux.
La musique devient alors un imaginaire social différent, une somme
existentielle sur laquelle chacun peut mettre sa vie en chansons,
s'inventer d'autres harmonies, communiquer dans des tonalités
multiples et variées, inventer d'autres sons. Produire du rock pour se
produire soi-même, pour s'inventer une existence. L'intérêt de cette
recherche est d'autant plus évident que les groupes de rock, qui ne
7cessent d'attirer des générations successives depuis plus de cinquante
ans, sont en fait peu connus. Les projecteurs ne brillent que pour ceux
qui veulent percer. Les autres ne se livrent pas. Ds se réunissent dans
des caves, des sous...sols, des lieux à part, des salles de répétition qui
restent à l'écart des autres mondes sociaux. D'où l'intérêt d'une
démarche qui nous révèle avec beaucoup de pudeur et de délicatesse,
l'intimité de ces groupes, leurs conflits et leurs contradictions, leurs
façons d'être et de faire, ses faiblesses et ses forces. D s'agit bien d'une
« sociologie de l'ordinaire» qui ne se pousse pas du col, mais décrit
simplement la façon dont des individus contribuent à produire la
société et à se produire eux-mêmes. Non pas la société décrite dans les
livres d'histoire, mais plutôt celle de la vie quotidienne qui permet de
s'extraire de la famille, du travail, des études, de la consommation pour
«jouer ensemble du rock». Pour certains il ne s'agit que de quelques
heures par semaine, pour d'autres beaucoup plus. Mais jouer ensemble,
c'est toujours tenter de réussir une alchimie délicate entre le désir de
chacun de s'exprimer, de se faire entendre, d'être reconnu et d'exiger
d'un groupe dans lequel chacun doit trouver sa place, écouter les
autres, se conftonter à l'altérité. Cette tension explique la force et la
vulnérabilité des groupes dans la mesure où l'équilibre n'est jamais
acquis. Entre le groupe et la musique, il s'agit de trouver l'harmonie
qui permet à chacun d'exister tout en permettant aux autres de
s'exprimer. Mais les mots sont bien impuissants à rendre compte de
cette alchimie. C'est dans la musique que les relations se disent et se
contredisent. TIfallait bien que l'auteur de ce livre soit tout à la fois
sociologue et musicien pour saisir toute la subtilité de ces liens. Dans
ce livre, il nous invite à entrer dans le monde du rock, à en découvrir
les différentes facettes, à en comprendre les contradictions, à voyager
dans cette « terrre incognitae ».
En refermant ce livre, le lecteur se dit qu'il vaut peut être mieux que ce
nombre reste méconnu pour mieux le préserver. Comme ces tribus
dites « primitives» qui résistent à la « civilisation» pour conserver des
valeurs, des rites, des coutumes qui risquent d'être balayées par l' hyper
modernité. A moins que cette lecture ne donne l'envie aux lecteurs de
monter son propre groupe, s'il ne l'a déjà fait, et de rejoindre
l'immense cohorte de tous ceux qui trouvent dans la musique une
raison de vivre.
Vincent de Gaulejac
Professeur à l'université Paris 7,
Directeur du LCS.
8À Claudine et Éloïse
Cet ouvrage est issu d'une thèse de sociologie intitulée "Les héros
obscurs de l'historicité, la production de soi à travers les pratiques
musicales rock" dirigée par Vincent de Gaulejac, professeur à
l'université de Paris 7. Je tiens à lui exprimer toute ma gratitude dans la
conduite de cette recherche placée sous l'égide d'une grande liberté
intellectuelle et scientifique.
L'enquête consacrée aux pratiques musicales rock s'est réalisée grâce à
de nombreux échanges avec des musiciens et des groupes mais aussi
les membres fondateurs de Tarace Boulba, des personnels de structures

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