Opinion, Information, Rumeur, Propagande par ou avec les images
200 pages
Français

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Opinion, Information, Rumeur, Propagande par ou avec les images , livre ebook

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Français

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Description

Les textes rassemblés ici étudient quelques situations où l'opinion et l'information se renouvellent mutuellement. Des images de l'actualité politique française jusqu'aux imaginaires qu'ouvrent les pratiques artistiques, en passant par les ex-voto mexicains, le théâtre de Shakespeare ou l'exigence d'une philosophie de l'Histoire contre les terreurs, ces analyses montrent comment travaillent les ressorts de la propagation de l'opinion, sans propagande.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2010
Nombre de lectures 281
EAN13 9782296245693
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Opinion, Information,
Rumeur, Propagande

par ou avec les images
Collection Eidos
dirigée par Michel Costantini, François Soulages et Marc Tamisier


Dans la série Groupe E.I.D.O.S.

L’image réfléchie. Sémiotique et marketing,
groupe EIDOS

Ecce Femina ,
sous la direction de Michel Costantini

Le paysage urbain ,
sous la direction de Pascal Sanson & Michel Costantini

L’Afrique, le sens.
Représentations, configurations, défigurations ,
sous la direction de Michel Costantini
Sous la direction de
Marc Tamisier et Michel Costantini


Opinion, Information,
Rumeur, Propagande

par ou avec les images


XII èmes Journées internationales de sémiotique de Blois octobre 2007
© L’Harmattan, 2009
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-10799-1
EAN : 9782296107991

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
Introduction
À l’aune de la vérité, l’opinion a mauvaise presse. Elle manque de fondement. Elle arrive trop tôt, comme une proposition qui n’aurait pas fait ses preuves et qui ne prendrait pas le temps de les faire. Sa nocivité tiendrait précisément à cette absence de patience, de méthode, de science et à la vitesse corrélative de sa répétition, de sa reprise et de la certitude d’un accord sans contradiction possible. L’opinion naîtrait alors comme une rumeur. Elle prendrait le « on dit » comme la mesure de la vérité, certaine de sa puissance massive contre laquelle les preuves de la raison ou celles de l’expérimentation ne vaudraient jamais qu’en tant qu’opinions minoritaires, tourmentées par une incompréhensible volonté de contredire l’évidence.
Bien mieux, si l’opinion se transmet par la répétition, elle jouit d’une autorité accrue lorsqu’elle est ordonnée politiquement, lorsqu’un média énonce la proposition qu’elle doit tenir pour certaine. Alors la rumeur n’est plus simplement ce que 1’« on » dit mais ce qu’« il » faut dire, sous peine d’hérésie et d’exclusion hors de la masse que le mass media réunit. Sans fondement, elle pourrait conduire les peuples aux pires abominations. Quelques Grecs, déjà, avaient vu cette perversion de l’opinion, capable de suivre les plus beaux parleurs, de les élever au faîte de la renommée avant de les condamner aux plus sordides abominations. Sur l’opinion, rien de stable ne pouvait être construit.
Mais, de plus, les Grecs ne connaissaient pas la diffusion verticale, celle qui nous vient par l’imprimerie, la radio, la télévision, celle qui nous concerne par millions, dans une immédiateté synchronique. Il leur fallait encore des noms pour porter la rumeur. Nous n’avons plus que des médias auxquels nous devons nous fier pour affirmer ce que nous tenons pour certain. Lorsque la rumeur se mue ainsi en propagande, elle gagne en solidité. Elle ne passe plus avec la renommée du nom qui la propage. Elle prend l’allure d’une mécanique industrielle. La rumeur enfle et la propagande s’affirme en retour toujours davantage par l’opinion qui la reprend. Elle enfle comme une bulle spéculative, mais il ne s’agit pas, ou pas seulement, de finances. Elle justifie les races, les racismes, les délits d’opinion et les ostracismes, les boucs émissaires et lynchages. Elle trace la ligne de partage entre le correct et l’incorrect, le droit et l’inadmissible, la masse et le rebus. Lorsqu’elle rime ainsi avec « propagande », l’opinion ne commet plus seulement l’erreur de condamner Socrate, elle rappelle à nos souvenirs les pires abominations, celles que l’on nomme crime contre l’humanité, une fois que l’on en est revenu. Mais le nom ne préserve pas du retour de la chose. L’hydre est prête à renaître sous de nouvelles formes, toujours très correctes au moment où « on » les répète comme « il » faut.

Parlant de l’opinion durant ces XII èmes journées de sémiotiques, nous aurions dû condamner cette mécanique terrifiante ; revenir sur les crimes si incroyables dont les derniers siècles ont été les témoins. Il n’en a pourtant rien été. Les contributions rassemblées ici court-circuitent la dérive de l’opinion et réagencent son champ sémantique.

Les objets qu’elles étudient sont très divers. Des images liées à la vie politique, tout d’abord. Claire Bruas et Pierre Sadoulet analysent un reportage vidéo des journalistes de Rue 89 filmé le soir des résultats de la campagne présidentielle. Des électeurs de gauche, réunis au café Au Pascalou attendent et reçoivent le verdict des urnes. Comment cette information agit-elle sur le groupe ? Comment la journaliste la donne-t-elle à voir et joue-t-elle son rôle de vecteur de la pluralité des opinions, même si, pour tous la défaite est amère ?
Odile Le Guern et Hugues Constantin de Chanay s’intéressent à l’image d’un homme politique : Nicolas Sarkozy, et à la caution que cette image apporte à son discours et à ses actes. Ils renouvellent ainsi la notion aristotélicienne d’éthos et montrent que l’identité en images du présidentiable ou du Président ne vit que d’être dite et redite, répétée mais avec des variations, voire contredite. Ces images circulent et prennent une valeur sans doute partagée, mais essentiellement discutable, soumise à des interprétations plurielles.
Louis Panier soumet à une analyse sémiotique minutieuse la « une » d’un quotidien le lendemain de la mort d’Arafat. Il montre ainsi comment le choix de la photographie, du texte et de leur mise en pages implique le lecteur, non dans le spectacle de l’émotion qui accompagne cette mort, mais dans sa construction même, sans que sa polysémie ne soit perdue pour autant.
En lisant une page du journal en ligne Libération, Marc Tamisier étudie le vide de la représentation politique. Vide de l’image et vide des représentants en image. Or, ce vide n’est pas occasionnel ou défaut de politique. Il est un écart à soi de l’homme politique, écart qui seul peut accueillir l’opinion. C’est alors ce jeu de l’écart et de son investissement qui fonde et critique la légitimité des médias ; de telle manière que la démocratie cesse lorsque l’image est trop pleine de signifié ou lorsque l’opinion cesse de l’investir de son sens.

Changeant d’époque, Yona Dureau analyse la puissance politique du théâtre shakespearien. La trame historique de ses drames sape en effet les prétentions légitimistes qui s’arrogeaient l’autorité des généalogies, justifiaient les guerres et emportaient les rivalités politiques et religieuses. L’écriture théâtrale ne se résume donc pas à une critique de la politique mais conduit à une critique de l’écriture de l’Histoire par le pouvoir. C’est cette critique qu’à chaque représentation, Shakespeare apporte à son public, du parterre jusqu’aux loges, le persuadant que, contre les histoires mécanistes, d’autres choix individuels sont possibles.
Changeant de continent, César Ramirez nous emmène au Mexique, devant ces complexes agencements d’informations que sont les ex-voto. Ces installations visent à « faire foi », devant la communauté des fidèles, de la véracité des faits rapportés et, en même temps, à exprimer un remerciement au saint protecteur. Ils participent donc d’une propagation de la foi, mais toujours avec un temps de recul. Car l’exhibition narrative des ex-voto n’a de valeur qu’à conserver une part de secret intime et donc une distance entre celui qui l’énonce et celui qui pourra la reprendre.
Désillusion du mécanisme encore, lorsqu’Oswald Tschirtner, artiste schizophrène, introduit des changements dans le graphisme de ses dessins. Nanta Novello Paglianti discerne notamment deux instances qui informent ces changements. D’une part, l’écriture verbale d’O. T. s’oppose à l’économie plastique des dessins ; d’autre part, l’avènement d’objets représentés comme motifs de relation à autrui rend l’artiste plus libre par rapport au médecin destinateur et lui ouvre les portes d’un début d’identité. Le corps représenté est ici le vecteur non seulement d’une expression de la maladie mais aussi le support de son évolution.

Jean-Pierre Klein montre encore com

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