Dylan et le pirate des mots
83 pages
Français

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Dylan et le pirate des mots , livre ebook

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83 pages
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Description

A regarder Dylan on ne pouvait pas deviner qu'il menait une lutte farouche contre des ennemis omniprésents et implacables qui le harcelaient dans une guérilla sans merci : Dylan était en guerre avec les mots. Voilà qu'un jour à l'école il est emmené par des policiers au Bagne des Cancres... Réussira-t-il à s'échapper et à se réconcilier avec les mots ? Une aventure pleine d'imagination et de poésie qui dépeint les difficultés des enfants dyslexiques.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 décembre 2009
Nombre de lectures 345
EAN13 9782296689091
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0450€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Dylan

et le pirate des mots
Jeunesse L’Harmattan
Collection dirigée par Isabelle Cadoré, Denis Rolland, Joëlle et Marcelle Chassin

Dernières parutions

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Claude BOURGUIGNON, Marcelo, le neveu de Goya, 2009.
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André KALIFA, Le ballon perdu, 2009.
Nadia GHALEM, Un jardin dans la guerre, 2009.
Philippe MARIELLO, Compère Chien et Compère Chat – Le rêve de Compère crabe. Bilingue créole-français, 2009.
Manuel Peňa MUŇ0Z, Les enfants de la croix du sud, 2009.
Jean-Marie Le Jeune


Dylan

et le pirate des mots



Illustrations : Johann Le Berre


L’Harmattan
© L’Harmattan, 2009
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-10578-2
EAN : 9782296105782

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
D ylan, c’était personne. Le garçon qu’on ne remarque pas, celui qui se fond dans la grisaille du décor de sa ville natale. Ce monde qu’on appelle la réalité, cette vie qu’on appelle le quotidien avaient pour lui le goût fade d’un plat de pommes de terre à l’eau sans ketchup et la couleur terne d’un vieux film muet en noir et blanc. Alors il avait pris l’habitude de se faire un monde à lui, un monde imaginaire où il basculait souvent, sans même s’en rendre compte.
À le regarder, Dylan, avec ses cheveux ébouriffés et son sourire en demi-teinte, on ne pouvait pas deviner qu’il menait une lutte farouche contre des ennemis omniprésents et implacables qui le harcelaient dans une guérilla sans merci : Dylan était en guerre avec les mots. Les mots déclarèrent les hostilités le jour où ses parents lui dirent avec un grand sourire : « Dylan, tu as six ans, tu vas apprendre à lire et à écrire ! Et, le mercredi après-midi, tu suivras des cours à la piscine pour apprendre à nager ! »
La piscine, l’école… L’école, la piscine…
Dès les premières leçons, toutes les lettres se sont engouffrées en même temps dans sa gorge : b et a, b et e, b et i, b et o, b et u, ba, be, bi, bo, bu…
Bah ! Il eut beau faire, Dylan but la tasse dans le petit bain. Un jour, on les précipita, lui et ses camarades, dans la grande piscine où ils n’avaient pas pied, avec une bouée, au début. Il a bien tenté de suivre ses camarades qui faisaient des longueurs, de la lettre à la syllabe, de la syllabe au mot, du mot à la phrase, de la phrase au texte… Mais lui, il restait à faire des ronds dans l’o, dans l’e, dans l’a, dans l’u, dans l’i… Les lettres qui l’effrayaient le plus étaient les lettres capitales, comme le K qui rôdait autour de lui en laissant dépasser de la surface son aileron et sa gueule béante ; le M et le W, qui brandissaient leurs piques acérées ; le Z, qui donnait de grands coups de corne à la surface ; le C, qui ouvrait grand ses mâchoires de crocodile ; le S, qui ondulait en sifflant comme un serpent à sonnette ; le B, monstre à deux têtes…
Mais les minuscules ne lui inspiraient pas plus confiance : les deux frères siamois q et p ; et toutes ces paires de jumeaux si semblables, inséparables, indifférenciables et abominables, qu’il sentait grouiller sous lui et qui surgissaient des profondeurs en poussant les mêmes petits cris : t et d, n et m, f et v… Un jour, il vit les autres le distancer dans l’immense océan des mots, sans bouée. Il essaya bien de les appeler à l’aide, de lancer un S.O.S., mais au moment de crier au secours, il faillit se noyer en ouvrant la bouche.
Coincé à mi-chemin entre l’île merveilleuse de la lecture et le rivage rocailleux de l’école, Dylan regardait ses camarades faire des allersretours, à chaque voyage prendre un peu plus d’assurance, leur brasse laborieuse faisant place à un crawl puissant ; certains se mettaient même à plonger dans les livres comme des dauphins jouant avec un ballon. Et lui, il se sentait couler.

Un jour, on l’envoya consulter une orthophoniste qui lui fit passer des tests au terme desquels elle déclara à ses parents que leur enfant était dyslexique, que c’était une maladie qui l’empêchait de lire et d’écrire correctement, qu’on ne savait pas d’où ça venait, que ça ne se guérissait pas, qu’il fallait faire avec, qu’il y avait des enfants dysorthographiques, dyscalculiques, dyspraxiques, dysphasiques, dysbidules, dysmachins, dystrucs…
Distrait, Dylan regardait les oiseaux par la fenêtre pendant que sa mère pleurnichait :
Mais alors, mon fils ne sera jamais médecin !

Dylan grandit avec cette maladie honteuse d’autant plus dure à vivre qu’elle s’accompagnait des reproches et de l’incompréhension de ses maîtres comme de ses parents. « Mais, enfin, regarde ce que tu écris ! Fais donc attention aux syllabes ! Lis bien le mot ! Mais, c’est pourtant simple, il suffît d’écrire ce que tu entends ! » Personne ne pouvait, ou ne voulait, comprendre que les mots s’amusaient à se déguiser, à mélanger leurs lettres, à lui jouer des tours, et tout ça, seulement à lui.
Les jours de dictée, c’était déclaration de guerre.
Les enfants, disait à chaque fois le maître en guise de préambule, la grammaire et l’orthographe, c’est un ensemble de règles qu’il faut appliquer, comme le code de la route. Une phrase, c’est une autoroute, et les mots, ce sont des voitures qui roulent. Il faut respecter les panneaux, sinon, c’est le carambolage !
Dylan avait l’impression d’être un chauffard, un délinquant, un hors-la-loi.
Et le maître lut la première phrase de la dictée, en articulant exagérément chaque syllabe.
Rose était un bébé dodu, au sourire d’ange, qu’on couvrait de baisers tant elle avait la peau lisse. Et maintenant écrivez !
Dylan s’appliqua du mieux qu’il put pour retranscrire exactement la phrase, et écrivit :
Rose édait un bébé dos du, au sous rire d’ange, qu’ont courvé de baisé temps elle avais la police.

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