La gestion des risques met en oeuvre les éléments techniques pour prévenir la survenance d'un sinistre. Lorsque le sinistre est constaté, la gestion des risques fait appel aux aspects juridiques afin d'apprécier la responsabilité et les conséquences, notamment financières, des dommages qu'il a occasionnés. Ingénierie du risque offre une vision transversale des contraintes et pratiques de la prévention et de la gestion des risques, aussi bien dans le domaine technique et scientifique que dans le domaine juridique. Cet ouvrage présente le risque vu au regard du droit et notamment des principaux mécanismes de l'assurance et propose des méthodes incorporant toutes les sciences et les technologies connues de l'ingénierie des risques. Ce livre offre aux ingénieurs et aux juristes des outils afin de mieux collaborer ensemble dans la gestion des risques. Introduction. Le risque et l'ingénieur. Le risque dans notre société. Droit et aspects réglementaires. L'assurance : aspects réglementaires. L'approche analytique. L'approche globale. Introduction à la fiabilité humaine. Les indicateurs de danger. Conclusion. Cindynique et ingénierie du risque.
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Extrait
INTRODUCTION
Le risque et l’ingénieur
Le souci de la sécurité et de la ge stion des risques existe depuis très longtemps, probablement depuis que l’homme existe. L’expérience issue de son évolution a permis à l’homme de progresser. L’apprentissage par l’accident a constitué pendant des millénaires le principal moyen, peut-être le seul, pour améliorer la sécurité, condition de sa survie, de celle de son clan, de sa tribu, et plus généralement de toute société organisée. A ce titre, la cindynique, science du danger, est au risque ce que la prose était à Monsieur Jourdain, l’homme en faisait sans le savoir.
L’ère industrielle, puis les périodes de guerre, principalement la deuxième guerre mondiale, ont marqué des ruptures épistémologiques. Dans un premier temps axée sur l’aspect matériel, la nécessité de maîtriser la fiabilité des systèmes complexes, du roulement à bille des locomotives à vapeur du début du siècle, aux missiles de von Braun, va rapidement évoluer vers une aspiration plus générale de la sécurité.
L’avènement du développement aéronautique et spatial d’un côté, et celui lié à l’atome de l’autre représentent une phase essentielle dans le processus qui va nous mener à l’approche actuelle. Au-delà de la complexité de systèmes mis en œuvre dans des projets tels le Concorde, Apollo ou encore dans le développement des premières centrales nucléaires, l’exigence de sécurité des personnes et des biens à fait l’objet de nombreux développements.
14 Ingénierie du risque
Dans la course à lespace, obtenir la certitude de pouvoir ramener sur terre lastronaute en fin de mission a monopolisé beaucoup dénergie. Le même problème sest posé pour le premier débarquement sur la surface de la lune. Lexpérience Apollo XIII a démontré la pertinence de cette recherche.
Lon retrouve la même préoccupation dans le nucléaire. Il est nécessaire dassurer des conditions de travail en toute innocuité pour les opérateurs, et de garantir en même temps que le maniement de latome ne porte pas atteinte à lenvironnement, même en cas dincident au sein de la centrale. Lexpérience du nucléaire a permis le développement détudes sur le comportement humain et la relation homme machine. La notion de système ne se limite plus aux aspects seulement techniques, elle intègre le facteur humain. Le même type de démarche a conduit à intégrer aussi le facteur procédural, ce qui a conduit à la représentation systémique aujourdhui classiquement utilisée. Néanmoins, laccident de la centrale deThree Miles Island, en 1979, a terni limage de la sûreté nucléaire. Dans labsolu, la notion de « 100 % de sécurité » relève dune absurdité épistémologique et dune malhonnêteté intellectuelle.
La simple lecture de nos quotidiens montre lévolution des accidents et drames de toutes sortes (tunnel du Mont Blanc, crash du Concorde, etc.) qui démontrent que le danger évolue en même temps que la société et que chaque nouvelle vague de progrès porte en elle ses risques inhérents. Du fatalisme résigné, lhomme a lui aussi évolué. Il se met en position de vouloir maîtriser le danger. Pour cela, il utilise les divers outils dont il dispose, et lavis, lappréciation ont fait place aux calculs, à lanalyse scientifique fondée sur des principes plus rigoureux et à une approche prospective. Les travaux développés en sûreté de fonctionnement, bien maîtrisés aujourdhui, offrent tout un panel doutils utilisables et adaptables à nos besoins.
Lavènement de linformatique, la puissance de calcul des machines modernes et les capacités de communication nous permettent de concevoir des systèmes de contrôle et dalerte efficients. Les outils mathématiques ouvrent des horizons nouveaux, en permettant par exemple la simulation de phénomènes ou de comportements humains face à une problématique décrite par un scénario.
Tous ces outils, procédures, moyens, constituent les éléments de base de toute politique de réponse aux risques. Cependant, la cohérence du tout, ce qui donnera un corps et un sens à ce rassemblement hétérogène est lorganisation quen fera lhomme chargé de sa mise en uvre : le cindynicien. La sécurité en
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général, et les cindyniques ny dérogent pas, cest aussi, et avant tout un état desprit, une approche transverse du danger, qui se veut complète, rigoureuse, et objective.
Dans ce document, nous allons essayer de présenter cette approche.
Nous commencerons, dans le chapitre 1, par la définition des principaux concepts et termes relatifs au danger et au risque. Les chapitres 2 et 3 présentent le risque vu au regard du droit et des principaux mécanismes de lassurance.
A la suite de cette partie dintroduction et de définition, il est nécessaire de décrire la démarche qui a conduit de la sûreté à la maîtrise du risque. Lhistorique de cette évolution, qui fait lobjet du chapitre 4, permet de mieux cerner le développement des différents concepts, outils et méthodes tout au long du temps. La sûreté de fonctionnement (SdF) et les méthodes utilisées dans ce domaine sont présentées dans la suite du chapitre. Ces méthodes constituent une part importante des outils que nous utiliserons pour réaliser lévaluation des risques.
Le chapitre 5 présente lapproche globale que représentent les cindyniques. Le chapitre 6 porte sur la fiabilité humaine. Il constitue une introduction à ce domaine complexe, en exposant les principaux concepts et quelques axes de réflexion.
Le chapitre 6 expose les principes dergonomie et de fiabilité humaine quil est important de prendre en compte dans toute démarche de gestion des risques. Les méthodes et les outils sont abordés. Le chapitre 7 présente le concept dindicateurs de risque.