L islam dans les littératures francophones du Maghreb, du Proche et du Moyen-Orient
166 pages
Français

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L'islam dans les littératures francophones du Maghreb, du Proche et du Moyen-Orient , livre ebook

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166 pages
Français

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Description

Parmi les écrivains francophones du Maghreb, du Proche et du Moyen-Orient, nombreux sont ceux qui trouvent dans la culture islamique une source d'inspiration. Dans leurs livres, ils (ré)interprètent et réécrivent les textes de l'islam afin de mieux comprendre leur religion d'origine, d'en dégager les aspects positifs, d'en rejeter les points d'ombre, de donner droit à leur créativité d'exprimer pleinement leur personnalité. C'est leur réflexion personnelle sur les thèmes et sur l'esthétique des écrits sacrés, telle qu'elle se manifeste dans leurs oeuvres, que cet ouvrage se propose d'analyser.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 novembre 2016
Nombre de lectures 11
EAN13 9782140023583
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Critiques littéraires

Critiques littéraires Collection fondée par Maguy Albet
Dernières parutions
Dorothée CATOEN-COOCHE, Pierre Jean Jouve. Transtextualité biblique et religion dans l’œuvre romanesque , 2016.
Alléby Serge Pacome MAMBO, Expériences du monde sensible dans la littérature. Description et procès de signification chez Claude Simon et Emmanuel Dongala , 2016.
Ya WEN, Baudelaire et la nouvelle poésie chinoise , 2016. Christopher CAVALLO, Hervé Guibert : Formes du fantasme , 2016.
Audrey OGES, Violences coloniales et écriture de la transgression : Étude des œuvres de Déwé Görödé et Chantal Spitz , 2016.
Jihad BAHSOUN, Réécriture et création dans La Migration des cœurs de Maryse Condé , 2016.
Khadija KHALIFE, Les autobiographies de Julien Green et de Michel Leiris. Approches thématique et générique, 2015.
Isabelle CHOL et Wafa GHORBEL, L’hétérogène dans les littératures de langue française , 2015.
Amadou OUEDRAOGO, L’imaginaire dans l’esthétique romanesque de Jean-Marie Adiaffi, Une lecture de La carte d’identité , 2015.
Irene IVANTCHEVA-MERJANSKA, Écrire dans la langue de l’autre. Assia Djebar et Julia Kristeva , 2015.
Magali RENOUF, Surréalisme africain et surréalisme français , 2015.
Hideki YOSHIZAWA, Pierre Drieu la Rochelle. Genèse de sa « voix » littéraire (1918-1927) , 2015.
Élodie Carine TANG, Le roman féminin francophone de la migration. Émergence et identité , 2015.
Mamadou DAHMED, Le héros monstrueux. Une lecture psychanalytique du personnage romanesque de Stendhal , 2015.
Aline LE BERRE, Théâtre allemand. Société, mythes et démythification, 2015.
Alya CHELLY-ZEMNI, Jean Giono. Du mal-être au salut artistique , 2015.
Titre

Jihad Bahsoun









L’islam dans les littératures francophones
du Maghreb, du Proche et du Moyen-Orient
Essais de réinterprétation
Copyright



Du même auteur
Et tonne mon cœur , CIRRMI, Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3, Vasile Goldis University Press Arad, 2013 (recueil de poèmes)
Réécriture et création dans « La Migration des cœurs » de Maryse Condé , L’Harmattan, 2016 (essai)



















© L’Harmattan, 2016 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-336-77594-4
Introduction
Parmi les écrivains francophones du Maghreb, du Proche et du Moyen-Orient, nombreux sont ceux qui trouvent dans la culture islamique une source d’inspiration. Les textes fondateurs de l’islam, principalement, nourrissent leur réflexion et leur imaginaire. Il s’agit du Coran 1 , parole divine pour les croyants, révélée à Muhammad par l’intermédiaire de l’ange Gabriel, devenue plus tard texte sacré, la Sîra , biographie officielle du Prophète, et la Sunna , composée d’un vaste corpus de hadîth et akhbâr , dits, faits et gestes qui lui sont attribués. Selon la terminologie de Genette, ces écrits constituent des hypotextes puisqu’ils sont à l’origine des œuvres que nous nous proposons d’étudier, celles-ci pouvant quant à elles être qualifiées d’hypertextes 2 .
Ces hypertextes sont de genres littéraires variés : essai, roman, poésie, ou même, mélange des trois. Ils naissent d’un questionnement chez leurs auteurs, provoqué soit par des événements extérieurs ou des observations dérangeantes – attentats perpétrés au nom de la religion musulmane, spectacle de systèmes politiques aux lois islamiques très rigides –, soit par une blessure intérieure liée au choc entre le religieux et la personnalité du sujet-écrivain. Lorsque celui-ci, se trouvant différent de sa communauté d’origine ou incompatible avec le dogme imposé, a dû commencer, parfois dès l’adolescence et malgré lui, à remettre en question son appartenance à l’islam, il s’est tout naturellement senti incité à revenir aux textes sources de cette religion pour tenter de retrouver ses vrais messages. Ce qui a finalement entraîné l’écriture d’œuvres de réflexion ou de fiction, les unes et les autres mettant en scène et en forme les émotions, les doutes, les pensées, en un mot : toute la blessure du sujet.
Les auteurs concernés disposent souvent d’un savoir riche et diversifié, un savoir encyclopédique, serait-on tenté de dire ; forts de leurs connaissances en philosophie, sociologie, littérature, histoire et psychanalyse, ils produisent des textes très intéressants aux contours scientifiques, mais d’où n’est jamais exclue la dimension subjective. Leurs essais peuvent avoir quelque chose du roman et de la poésie, ou vice versa . C’est souvent là que réside leur originalité, dans la façon dont ils retravaillent les genres et créent du nouveau. Nous pensons en particulier à Abdelkébir Khatibi, Abdelwahab Meddeb et Assia Djebar.
Lorsqu’ils se penchent sur les hypotextes islamiques, les écrivains découvrent, en plus de réponses à leurs questions et d’éléments pour leur réflexion, un merveilleux outil pour l’élaboration de fictions littéraires, un monde tissé de légendes et d’histoires aux accents poétiques qui les inspirent et développent leur goût du récit, leur donnant envie de poursuivre ces histoires ou les exploiter à leur manière. Cela, quand l’école coranique ou l’éducation n’a pas déjà insufflé en eux ce goût, depuis leur plus jeune âge, comme c’est le cas pour Abdelwahab Meddeb ou Nedim Gürsel, lui à qui sa grand-mère avait coutume de raconter les histoires coraniques alors qu’il n’était qu’un enfant. Voilà donc contenus dans les textes religieux musulmans des matériaux pour l’essai et pour le roman. Mais on y trouve aussi une inspiration pour la poésie. Le Coran est seul réellement concerné par ce dernier point. En effet, la beauté qui s’y déploie en langue arabe ne peut manquer d’inspirer et d’influencer les auteurs, de leur prêter des expressions et des visions. (« Dieu le généreux ! » écrit par exemple Kateb Yacine dans Nedjma , à l’apparition de Suzy sur le chantier où travaillent les ouvriers dirigés par son père ; cette exclamation rappelle l’arabe coranique, où le mot Allah est souvent suivi d’un qualificatif. Ces qualificatifs sont les fameux 99 noms connus de Dieu dont parlent les musulmans et dont Le Généreux, Al-Karîm en arabe, fait partie.) Le Livre est écrit dans un style magnifique et possède à l’oreille une musique incontestablement élevée et troublante, même s’il précise ne pas être, à proprement parler, de la poésie, les poètes étant selon lui des gens qui divaguent et disent le contraire de ce qu’ils font. Leur production verbale ne serait que mensonge, délire et élucubration ; ceux qui l’écoutent et s’en délectent auraient donc un penchant pour l’obscurité et le faux, puisqu’ils se retrouvent dans le discours poétique : « Les poètes sont suivis par les Errants » lit-on dans la sourate 26. Cette vision négative des poètes n’est pas anodine : ceux-ci seraient des gens à craindre dans le cadre d’une société ordonnée, car ils pourraient mettre en péril la cohésion sociale à cause de leurs idées et leur séduction. Ainsi pense aussi Platon qui, comme le dit l’écrivain Mouloud Mammeri dans un entretien avec Tahar Djaout, « excluait les poètes de sa République » 3 .
Le Coran se définit lui-même comme un texte incomparable, inimitable. Plus tard, durant les siècles brillants de l’empire islamique, cette parole mystérieuse entraînera une émulation intense parmi les lettrés, autant les poètes, les écrivains que les philosophes. Soit ils en feront l’apologie et s’en serviront pour approfondir leur connaissance du monde et de l’homme, soit ils la critiqueront et tenteront de la désacraliser, dans le but de laisser libre cours à leur créativité et leur propre imaginaire, de voir se déployer leurs fantasmes et leurs rêves, que la parole divine peut refréner et condamner.
Parmi cette littérature de la contestation, Les Mille et une nuits sont l’exemple le plus intéressant et le plus parlant : ces contes, originaires de l’Inde persane, voyagent dans l’empire où ils sont

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