La théâtralité dans les romans d André Malraux
396 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

La théâtralité dans les romans d'André Malraux , livre ebook

-

396 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Cet ouvrage analyse les différentes déclinaisons du concept de théâtralité dans les romans révolutionnaires de Malraux, à savoir Les Conquérants, La condition humaine et l'Espoir. A cet effet, ce texte étudie comment la construction du décor, la prégnance du dialogue ou la construction scénique rapprochent ces trois romans du modèle de construction d'une tragédie ou d'un drame.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2012
Nombre de lectures 62
EAN13 9782296481275
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1650€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LA THÉÂTRALITÉ
DANS LES ROMANS D’ANDRÉ MALRAUX
Approches littéraires
Collection dirigée par Maguy Albet

Dernières parutions

Dominique VAL-ZIENTA, Les Misérables, l’Évangile selon "saint Hugo" ? , 2012.
Yannick TORLINI, Ghérasim Luca, le poète de la voix , 2011.
Camille DAMÉGO-MANDEU, Le verbe et le discours politique dans Un fusil dans la main, un poème dans la poche d’Emmanuel Dongala , 2011.
Agnès AGUER, L’avocat dans la littérature de l’Ancien Régime, 2011.
Christian SCHOENAERS, Écriture et quête de soi chez Fatou Diome, Aïssatou Diamanka-Besland, Aminata Zaaria, 2011.
Sandrine LETURCQ, Jacques Sternberg, Une esthétique de la terreur, 2011.
Yasue IKAZAKI, Simone de Beauvoir, la narration en question, 2011.
Bouali KOUADRI-MOSTEFAOUI, Lectures d’Assia Djebar. Analyse linéaire de trois romans : L’amour, la fantasia, Ombre sultane, La femme sans sépulture, 2011 .
Daniel MATOKOT, Le rire carnavalesque dans les romans de Sony Labou Tansi , 2011.
Mureille Lucie CLÉMENT, Andreï Makine, Le multilinguisme, la photographie, le cinéma et la musique dans son œuvre, 2010
Maha BEN ABDELADHIM, Lorand Gaspar en question de l’errance , 2010.
A. DELMOTTE-HALTER, Duras d’une écriture de la violence au travail de l’obscène , 2010.
M. EUZENOT-LEMOIGNE, Sony Labou Tansi. La subjectivation du lecteur dans l’œuvre romanesque , 2010.
B. CHAHINE, Le chercheur d’or de J. M. G. Le Clézio, problématique du héros , 2010.
Y. OTENG, Pluralité culturelle dans le roman francophone , 2010.
Angelica WERNECK, Mémoires et Désirs. Marguerite Duras/Gabrielle Roy , 2010.
Agnès AGUER, L’avocat dans la littérature du Moyen Âge et de la Renaissance , 2010.
Sylvie GAZAGNE, Salah Stétié, lecteur de Rimbaud et de Mallarmé. Regard critique, regard créatif , 2010.
Élodie RAVIDAT, Jean Giraudoux : la crise du langage dans La guerre de Troie n’aura pas lieu et Électre , 2010.
A. CHRAÏBI, C. RAMIREZ, L’héritage des Mille et une nuits et du récit oriental en Espagne et en Occident , 2009.
Gloria SARAVAYA, Un dialogue interculturel , 2009.
Nelly MAREINE, Henri Miller, Blaise Cendrars. Deux âmes sœurs , 2009.
Mamadou Abdoulaye Ly


LA THÉÂTRALITÉ
DANS LES ROMANS D’ANDRÉ MALRAUX
© L’Harmattan, 2012
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-56910-2
EAN : 9782296569102

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
A la mémoire de ma mère Mame Diarra Diallo
INTRODUCTION
S’intéresser à la théâtralité chez un romancier qui aurait, comme Albert Camus ou Jean-Paul Sartre, écrit des pièces ou développé une réflexion théorique sur le théâtre irait de soi, mais appliquer ce concept à André Malraux, dont les romans traitent, pour la plupart, de révolution ou de métaphysique, a de quoi surprendre. En effet, en dehors d’une thèse {1} et de quelques études qui évoquent la « structure tragique » de La condition humaine {2} , il n’existe pas, à notre connaissance, d’étude globale des rapports de Malraux avec le théâtre ou bien de la dimension théâtrale de ses romans. Notre projet, qui vise à interroger quelques romans de Malraux du point de vue de la théâtralité, ressortit donc de l’aventure et du défi. Aussi, le relèverons-nous en commençant d’abord par préciser la notion de théâtralité avant de la confronter à la spécificité du roman en général et du roman malrucien en particulier. La théâtralité est un concept dont la définition est l’objet de controverses. Et c’est sans doute dans Théâtralité et genres littéraires (1996) {3} que les termes du débat sont les mieux circonscrits et résumés.
La théâtralité y présente une acception à la fois restrictive et extensive. De manière restrictive, elle est réduite à la représentation et à la mise en scène au détriment du texte dramatique. Selon les tenants de cette approche, dont Roland Barthes et Antonin Artaud sont les meilleurs théoriciens, la théâtralité se limite au décor, à l’éclairage, aux mimiques, à la gestuelle et aux costumes des acteurs. Antonin Artaud soutient d’ailleurs que « c’est la mise en scène qui est le théâtre beaucoup plus que la pièce écrite et parlée » {4} et Roland Barthes définit ainsi la théâtralité :
Qu’est-ce que la théâtralité ? C’est le théâtre moins le texte, c’est une épaisseur de signes et de sensations qui s’édifie sur la scène à partir de l’argument écrit, et c’est cette sorte de perception œcuménique des artifices sensuels, gestes, tons, distances, substances, lumières, qui submerge le texte sous la plénitude de son langage extérieur. {5}
Le jeu de scène remplace donc la lecture et la mise en scène l’écriture. C’est une tendance du théâtre du XX e siècle qui privilégie le spectacle et l’incarnation du texte sur l’aspect purement littéraire du théâtre classique. Non seulement la scène entend rompre avec le texte, mais aussi s’il lui arrive encore de s’y intéresser c’est simplement pour y déceler des indications scéniques ou des directives d’auteur relatives au mode de représentation des pièces. La théâtralité est ainsi réduite à l’expression scénique et est renvoyée du côté des autres arts du spectacle comme la danse ou l’opéra. Seuls comptent désormais la performance de l’acteur, l’affichage de l’illusion théâtrale et l’exhibition des artifices du théâtre. La théâtralité réside, dès lors, presque exclusivement dans les mouvements du corps qui est envisagé soit comme signe linguistique soit comme véhicule de l’inconscient {6} .
Comme l’affirme Robert Abirached, « la théâtralité n’est rien d’autre que, au sens opératoire du terme, l’ensemble des dispositifs qui permettent à un texte de prendre corps sur la scène et d’y installer matériellement un univers » {7} . Mais cette conception de l’autonomie théâtrale apparaît quelque peu illusoire si l’on considère que la relation entre le texte et la scène n’est pas une relation de séparation ou de simple traduction mais plutôt une relation de transformation complexe. La scène n’annule pas le texte mais au contraire le prolonge et le réalise, d’autant que non seulement « il y a dans l’œuvre théâtrale un élément permanent, le texte, et une variable, la représentation » {8} mais aussi le texte produit la scène, il contient en germe sa théâtralité, il la prévoit, il anticipe même, parfois, les mutations du modèle de la représentation. Mais la scène produit aussi le texte : elle le complète, elle le fixe, provisoirement ; parfois même, elle l’engendre.
Ce qui pose le problème de l’articulation entre le texte de théâtre et la représentation. Le corps de l’acteur est-il en mesure de rendre toutes les subtilités de la langue littéraire ? La scène sauve-t-elle une mauvaise pièce ou, au contraire, affaiblit-elle un bon texte ? N’existe-t-il pas une théâtralité spécifique au texte lui-même ? Doit-on se priver du prolongement de la représentation par la lecture ? Ne faut-il pas ménager une possibilité de critique réciproque du texte et de la scène et un dialogue du metteur en scène et de l’auteur ? Ce sont autant de questions que soulève cette définition étriquée de la théâtralité.
Ce qui nous conduit à envisager une définition beaucoup plus générale de la théâtralité. Celle-ci est considérée ici de manière philosophique et conceptuelle comme une grille de lecture théorique indépendante des bornes des genres littéraires traditionnels. Elle acquiert, en fait, une dimension métaphorique et idéale. Et voici comment Anne Larue la définit : « Théâtre hors du théâtre, la théâtralité renvoie non au théâtre, mais à quelque idée qu’on s’en fait. […] La théâtralité invite […] à préférer la métaphore au réel ; elle privilégie un renvoi spéculaire, et non l’objet lui-même (le théâtre en l’occurrence). » {9}
Mais cette définition large l’expose à la confusion avec d’autres notions proches : la littérarité, le frappant et l’altérité. Malgré leur gémellité et la contemporanéité de leur vogue au XX e siècle (vers 1950 pour la théâtralité et vers 1965 pour la littérarité), la théâtralité se distingue néanmoins de la littérarité par son p

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents