le roman algérien de langue française de l entre-deux-guerres
270 pages
Français

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le roman algérien de langue française de l'entre-deux-guerres , livre ebook

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Description

Le roman algérien de langue française de l'entre-deux-guerres est méconnu aussi bien du grand public que des spécialistes des littératures francophones du Maghreb. Ce travail constitue une présentation originale et une nouvelle approche de la production romanesque algérienne de cette période. En s'appuyant sur les concepts de Bakhtine de "dialogisme" et "d'idée d'inachevée", il propose de lire l'entreprise romanesque de ces oeuvres comme fondée sur la rencontre de deux sphères culturelles plutôt que sur la question de l'assimilation.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2005
Nombre de lectures 113
EAN13 9782336265148
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© L’Harmattan, 2005
9782747578349
EAN : 9782747578349
Sommaire
Page de Copyright Page de titre Critiques Littéraires INTRODUCTION PREMIERE PARTIE : - LA FICTION ROMANESQUE DEUXIEME PARTIE : - UN ROMAN A THESE(S) ? TROISIEME PARTIE : - LA QUETE IDENTITAIRE CONCLUSION Ouvrages cités Articles cités
le roman algérien de langue française de l'entre-deux-guerres

Ferenc Hardi
Critiques Littéraires
Collection dirigée par Maguy Albet
Déjà parus
J.L. CORNILLE, Bataille conservateur. Emprunts intimes d’un bibliothécaire, 2004.
A. ROCCA, Assia Djebar, le corps invisible. Voir sans être vue, 2004.
N. BERTOLINO, Rimbaud ou la poésie objective, 2004.
RIGAL Florence, Butor : la pensée-musique, 2004.
CHERNI Amor, Le Moi assiégé , 2004.
EL-KHOURY Barbara, L’image de la femme chez les romancières francophones libanaises, 2004.
MARCAURELLE Roger, René Daumal. Vers l’éveil définitif, 2004.
EMONT Bernard, Les muses de la Nouvelle-France de Marc LESCARBOT, 2004.
KADIVAR Pedro, Marcel Proust ou esthétique de l’entre-deux, 2004.
LAMBERT-CHARBONNIER Martine, Walter Pater et les « portraits imaginaires », 2004.
B. CASSIRAME, La représentation de l’espace par Marguerite Duras dans le cycle romanesque asiatique : les lieux du ravissement, 2004.
MOUNIC Anne, Psyché et le secret de Perséphone. Prose en métamorphose, mémoire et création (Katherine Mansfield, Catherine Pozzi, Anna Kavan, Djuna Barnes), 2004.
DULA-MANOURY Manoury, Queneau, Perec, Blanchot, Eminences du rêve en fiction, 2004.
ANOUN Abdelhaq, Abdelfattah Kilito : les origines culturelles d’un roman maghrébin, 2004.
GITENET Jean Antonin, Le no man’s land de l’image dans « Elle » de Jean Genet. L’homme disloqué, 2004.
ANOUN Abdelhaq, Abdelfattah Kilito : les origines culturelles d’un roman maghrébin, 2004.
KOHLER Florent, Schopenhauer, Machado de Assis, Italo Sveso ou l’homme sans dieu, 2004.
Anne-Marie BONN-GUALINO, Rêverie divine et nostalgie de l’ailleurs. Un cheminement romanesque, 2004.
INTRODUCTION

1. La naissance d’une littérature
Au point de départ de cette étude, se trouve une interrogation toute simple qui porte sur la réception des premières œuvres de la littérature algérienne de langue française. L’histoire, mais aussi la littérature de chaque peuple possède des moments fondateurs qui sont valorisés par le discours culture] officiel et qui constituent la base de chaque identité nationale. Contrairement à cette tradition historique généralisée, il faut reconnaître que l’Algérie indépendante tire un voile pudique sur les premiers balbutiements de sa littérature en langue française. Des raisons idéologiques et politiques expliquent en partie cette attitude officielle gênée face à une production littéraire qui dérange à cause de sa langue d’expression, mais surtout en raison de son engagement social et politique contraire au nationalisme algérien. Paradoxalement, cette tendance à occulter les ouvrages précurseurs caractérise également les spécialistes de la littérature algérienne de langue française des deux côtés de la Méditerranée. A la vue de cette situation d’exclusion, notre intérêt s’est porté naturellement vers cette partie de la littérature algérienne que nous avons voulu découvrir et comprendre à travers cette étude.

La première nouvelle écrite par un algérien musulman dans la langue de Corneille est publiée en 1891 1 . Athman Ben Salah, guide et ami d’André Gide, écrit ses premiers vers en 1896 et le recueil de poèmes de Kassem Sidi est édité en 1910. Un an plus tard, Ahmed Bouri commence à publier un roman-feuilleton, Musulmans et Chrétiennes, dans la revue oranaise El-Hack, mais qui n’a jamais été terminé. Généralement, tous les critiques acceptent pour date de naissance du roman algérien de langue française l’année 1920 quand est publié à Paris, un roman en grande partie autobiographique, Ahmed Ben Moustapha, goumier, de Mohammed Ben Si Ahmed Ben Cherif. A la veille du centenaire de la prise d’Alger par les troupes françaises on assiste à l’éclosion d’un groupe d’intellectuels musulmans, arabes ou berbères, dont les membres sont passés par le système scolaire français, et qui commencent à se dire et à s’exprimer dans la langue du colonisateur. Cette voix, qui fait une entrée en sourdine dans l’espace littéraire maghrébin du début du XX e siècle, s’amplifiera progressivement et acquerra une certaine audience dans la métropole et également sur le plan international au moment de la guerre d’Algérie. Il est intéressant de noter que la renaissance de la littérature algérienne écrite en langue arabe se situe sensiblement à la même époque, mais qu’elle se concrétise d’abord par la prédominance de la poésie sur la prose, puis de la nouvelle sur le roman. Si les intellectuels francographes investissent le genre romanesque dès 1920, il faudra attendre jusqu’en 1947 pour voir la publication du premier roman algérien de langue arabe 2 .

Ce livre propose une présentation des premiers romans écrits par des Algériens musulmans dans la langue du colonisateur. Le corpus de l’étude est constitué par 6 romans publiés entre 1920 et 1945 3 . La production littéraire des Algériens indigènes pendant cette période ne se limite pas aux seuls romans : des poèmes, des nouvelles, des contes, des récits de voyages et des témoignages divers sont publiés en français et présentent un grand intérêt en ce qui concerne leur position face aux questions de l’assimilation et de l’identité, mais nous ne les avons pas retenus car nous voulions avoir un corpus homogène dans son expression littéraire. Le roman, à travers sa force créatrice d’un espace fictionnel, nous dévoile les orientations profondes de la vision du monde des auteurs et participe ainsi à l’élaboration de l’identité nationale. Ce sont les mécanismes de fonctionnement de cette création littéraire naissante qui nous intéressent en premier lieu. Au temps de l’Algérie coloniale, l’espace romanesque est rapidement devenu le lieu d’expression d’une différence, et par-là, d’une tension par rapport au discours politique, idéologique et culturel dominant. A côté de la fiction coloniale qui glorifie la naissance d’une nouvelle race et les efforts des colons défricheurs, se développe une voix en sourdine : celle de la fiction autochtone qui essaye maladroitement de se dire, d’exprimer sa différence et sa dépossession. Pour nous, il est évident que ces romans font partie du patrimoine artistique de l’Algérie, même s’ils n’en sont pas le moment de gloire. En oubliant la littérature antérieure à 1945, on en arriverait à renier une partie - peut-être peu glorieuse vue d̓̔̔̓’aujourd’hui, mais bien réelle - de l’histoire culturelle d’un pays.

En général, lorsque des critiques parlent de cette période de la littérature algérienne en quelques lignes, c’est pour exprimer la médiocrité artistique de cette création, le manque d’originalité de ces auteurs ou leur assimilationisme trop affiché. Il est indéniable qu’avec le début des années cinquante il s’opère un saut surtout qualitatif, mais aussi quantitatif, dans la production romanesque maghrébine en général et algérienne en particulier. La différence littéraire et idéologique entre les œuvres d’avant et d’après la Seconde Guerre mondiale est-elle une raison valable pour jeter aux oubliettes les premiers balbutiements de cette littérature ? Pour arriver aux romans de Mouloud Feraoun, Mohammed Dib ou Kateb Yacine, n’y avait-il pas un chemin à faire ? N’y avait-il pas un premier pas à franchir qui pouvait être aussi difficile et aussi important à dépasser que les suivants ? On ne peut donc enlever aux écrivains de cette première génération le mérite qu’ils ont eu d’avoir commencé à construire l’espace littéraire, aussi peu indépendant fut-il, dans lequel leurs successeurs pourront, à leur tour élaborer les grands thèmes de cette littérature.

Toute littérature naissante pose le problème de son appartenance à un espace géographique, linguistique et culturel et si l’on peut dire du roman algérien de langue française qu’il est « bâtard et traître » 4 , c’est bien parce que ses références identitaires sont difficilement saisissables. Seule une étude détaillée peut montrer dans quelle mesure les romans de cette période s’enracinent dans la littérature algérienne écrite ou orale de l’époque ; et dans quelle mesure ils empruntent des formes esthétiques ou des schèmes de pensée au roman français en général et à la littérature c

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