Les récits de Georges Bataille
132 pages
Français

Les récits de Georges Bataille , livre ebook

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132 pages
Français

Description

Les récits de Georges Bataille sont comme ces chambres un rien sordides qu'occupent la plupart de ses porte-paroles : toujours un vent violent s'y engouffre par une fenêtre grande ouverte aux spectres. Cependant, alors que ceux-ci vont et viennent, un rai de lumière, de sous la porte, se glisse, irradiant par en dessous tout autour de lui et pour finir illuminant la chambre entière... C'est contre toute attente Raymond Roussel qui entre.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2012
Nombre de lectures 36
EAN13 9782296498471
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Les récits de Georges Bataille
Critiques Littéraires Collection dirigée par Maguy Albet Dernières parutions Samia SELMANI,Romans francophones et représentations du féminin, 2012. Laurence OLIVIER-MESSONNIER,Guerre et littérature de jeunesse (1913-1919). Analyse des dérives patriotiques dans les périodiques pour enfants, 2012. Ali CHIBANI,Tahar Djaout et Lounis Aït Menguellet. Temps clos et ruptures spatiales, 2012. Alexandru MATEI,Jean Echenoz et la distance intérieure, 2012. Mohammed-Salah ZELICHE,Mohammed Dib, L’homme épris de lumière, 2012. Claude Herzfeld, Stendhal, La Chartreuse de Parme. Héroïsme et intimité, 2012. Titaua Porcher-Wiart,Pierre Jean Jouve, Mystère et sens dans l’oeuvre romanesque,2012. Georice Berthin MADEBE, Sylvère MBONDOBARI, Steeve Robert RENOMBO,Les chemins de la critique africaine, Actes du colloque international de Libreville, 2012. N’guettia Martin KOUADIO,Poétique africaine, rythme et oralité, L’exemple de la poésie ivoirienne, 2012. Nassurdine Ali MHOUMADI,Littérature comorienne, Mohamed Toihiri : fiction d’un témoignage et témoignage d’une fiction, 2012. Adama COULIBALY, Philip Amangoua ATCHA, Roger TRO DEHO,Le postmodernisme dans le roman africain. Formes, enjeux et perspectives, 2012. Denise BRAHIMI,Quelques idées reçues sur Maupassant, 2012. Ridha BOURKHIS,Lionel Ray. L’intarissable beauté de l’éphémère, 2012. Krzysztof A. Jeżewski,Cyprian Norwid et la pensée de l’Empire du milieu, 2011. Camille DAMEGO-MANDEU, Laisse-nous bâtir une Afrique deboutde Benjamin Matip. Une épopée populaire, 2011.
Jean-Louis Cornille Les récits de Georges Bataille
Empreinte de Raymond Roussel
Du même auteurL'AMOUR DES LETTRES OU LE CONTRAT DECHIRE, Mana, Mannheim, 3, 1985. RIMBAUD, NEGRE DE DIEU, Presses Universitaires de Lille, Collection Objet, Lille, 1989. CONTE D'AUTEUR, Presses Universitaires de Lille, Collection Problématiques, Lille, 1992. LE VOLUME DE LA VOIX, Noesis, Calaceite, 1994. LA HAINE DES LETTRES (CELINE ET PROUST),Sud, Arles, Actes 1996. L'EPITRE DU VOYANT, Rodopi, Amsterdam/Atlanta, 1997. CELINE D'UN BOUT A L'AUTRE, Rodopi, Amsterdam/Atlanta, 1999. APOLLINAIRE & Cie, Presses du Septentrion, Lille, 2000. LA LETTRE FRANCAISE, Vrin-Peeters, Louvain, 2001. L'ŒUVRE POSSIBLE D'ALFRED JARRY, Paratexte, University of Toronto, 2003. BATAILLE CONSERVATEURParis, 2004., L’Harmattan, NAUSÉOGRAPHIE DE SARTRE, L’Harmattan, Paris, 2007. PLAGIAT ET CREATIVITE, Rodopi, Amsterdam/Atlanta, 2008. FIN DE BAUDELAIRE, Hermann, Paris, 2010. PLAGIAT ET CREATIVITE II, Rodopi, Amsterdam/ Atlanta, 2011. © L’Harmattan, 2012 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-99069-2 EAN : 9782296990692
I. LE COLLÈGE DE LITTÉRATURE
A. Logique de l’altération
S’agissant d’une œuvreculte comme celle de Georges 1 Bataille , la somme des lectures fortes et des leçons reçues a fini, au lieu d’en faciliter l’accès, par en entraver la relecture : cinquante ans après le décès de l’auteur, on dirait que celle-ci s’est figée une fois pour toutes, emprisonnée dans des nœuds 2 que personne ne songe plus à défaire. Et si l’on cherchait, devant cet état de fait, à dégager de l’œuvre de Bataille, non plus ce qui rend celle-ci unique, signée et singulière, mais commune, pareille aux autres, du moins à certainesqu’elle n’aurait elle-même cessé de relire et dont ellen’aurait fini par se séparerqu’avec peine? En quoi, par exemple, Bataille cesse-t-il de se distinguer de Proust, de Baudelaire desquels il se distancia cependant sous plus d’un aspect ? En quoi son œuvre autrefois scandaleuse ne se différencie-t-elle guère de celle de Sade, de Rimbaud, de Kafka, de quelques autres encore, avec lesquelles elle entra en communication au point de sembler s’en être détachée ? Car, détachée, l’œuvre de Georges Bataillel’est doublement : à la fois indifférente aux attaques qu’on a pu lui faire subir, et issue de lectures qui la rattachent à tout ce qui la précède et dont pour finir elle se dégage.
On sait que Bataille rejeta progressivement la notion d’auteur comme individu, entité séparée, pour privilégier l’accès (ou le retour) à l’anonymat, auquel déjà le prédisposait son goût pour la pseudonymie: on ne devient écrivain qu’en s’ouvrant à la continuité des textes, à leur enchevêtrement en principe infini au sein d’un ensemble sans cesse rouvert (appelé
1 Sauf indication contraire, nos références à l’œuvre de Bataille renvoient à l’édition de J.-F. Louette,Romans et récits, Gallimard, Pléiade, 2004 (RR).
2 L’opéra de Cixous nous a pourtant mis en garde : «L’écriture n’est jamais lue : elle est toujours à lire, à étudier, à chercher, à inventer » (H. Cixous, Entre l’écriture, Des femmes, 1986, p. 33). Voir aussi la question de C. Cusset : « Ai-je le droit de parler de Bataille si je ne suis pas bataillienne ? » (in D. Hollier,Georges Bataille après tout,Belin, 1995, p.172).
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par commodité « littérature »), dont les limites sont sans arrêt débordées. Bataille refuse une écriture de la différence personnelle et de la mise en valeur de soi, pour se situer dans l’horizon de l’hétérogénéité,où sa parole se laisse informer par le dire par définition innombrable de l’autre: c’est ainsi qu’on retrouve, sousHistoire de l’œil,mêlé à des souvenirs de lecture de Sade, un passage fameux de laRecherche(la profanation par Mlle Vinteuil du portrait de son père) ; dansLe Bleu du ciel, un « remix» d’extraits du premier roman de Céline, agrémenté d’échos deLa Condition humaine; dansHistoire de rats, un « remake » de passages entiers duChâteau de Kafka ; dans L’Abbé C, des allusions aux poèmes obscènes de Rimbaud, recouverts sous une couche épaisse de renvois à un roman écossaisqui venait alors d’être retraduit; enfin, dansMa Mère, 3 tout un dialogue avec Klossowski et lascribe d’Histoire d’O. A croire que tous les auteurs n’en forment plus qu’un finalement, particulièrement hybride et multiforme, pris dans un insaisissable réseau. Quant à leurs signatures, ce ne sont le plus souvent encore que des mots, sans doute un peu plus choyés que d’autres, mais aussitôt replongés, dans l’angoisse et la poisse de la langue (les deux ne faisant qu’un). L’intertextualité généralisée met à découvert, sous cette dissemblance des signatures et des œuvres signées, une communauté d’écriture fondée dans une expérience littéraire similaire du manque et de la déchirure : ce que Bataille appelle leur communication. Car les œuvres, sans rien nous communiquer d’autre parfois, ne communiquent d’abord qu’entre elles.
3 C’est ce que nous avons essayé de montrer dansBataille conservateur, Paris, L’Harmattan, 2005. L’intertextualité débordante s’inscrirait cependant à l’intérieur d’une stratégie plus générale d’hétérogénéité ou d’altérité qui dépasse tout souci de différenciation. «L’altérité est ce qui échappe à l’assignation, ce qui ne peut se définir totalement, c’est le sens qui fuit, qui excède, c’est ce qui ne peut être maîtrisé. L’altérité c’est ce qui forme le sens de l’impossible, en particulier del’impossible de l’être-langue comme ces quatre impossibles dont parlait Kafka. L’écrivain n’a affaire qu’à l’altérité de la langue, des langues dans la langue. Dès qu’il se convertit à la différence, il perd le sens de ces impossibilités de l’écart sans lequel il n’est pas de création», affirme Régine Robin (Le Deuil de l’origine, Presses Universitaires de Vincennes, 1993, pp. 46-7).
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