Traversée d une oeuvre : Crossing the river de Caryl Phillips
238 pages
Français

Traversée d'une oeuvre : Crossing the river de Caryl Phillips , livre ebook

238 pages
Français

Description

Ce volume se propose d'aborder Crossing the River sous différents angles critiques et analytiques afin d'en présenter des lectures plurielles et complémentaires. Cet ouvrage propose ainsi une traversée herméneutique, structurelle, intertextuelle, esthétique, idéologique et théorique, et met en exergue les aspects postcoloniaux autant que postmodernistes de l'oeuvre de Phillips.

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Date de parution 01 décembre 2016
Nombre de lectures 53
EAN13 9782140024436
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Responsables du numéro Vanessa Guignery et Christian Gutleben
T R AV E R SÉ E D’U N E ŒU V R E : CROS SI NG T H E R I V ER DE C A RY L PH I L L I PS
CYCNOS
TRAVERSÉE D’UNE ŒUVRE : CROSSING THE RIVERDE CARYL PHILLIPS
CYCNOS Fondée sur les rives de la Méditerranée, la revueCycnoss’est mise sous l’égide d’un antique roi de Ligurie, comptant bien partager le sort du personnage éponyme que le dieu de la poésie plaça parmi les astres du firmament. La revue, fondée par André Viola, est publiée par le LIRCES (Laboratoire Interdisciplinaire Récits, Cultures, Sociétés) de l’Université Nice Sophia Antipolis. Elle accueille les contributions - en anglais et en français - de spécialistes extérieurs au Centre. DIRECTEUR : Christian GUTLEBEN COMITÉ SCIENTIFIQUE Elza ADAMOWICZ, Queen Mary University of London Michel BANDRY, Université de Montpellier Ann BANFIELD, Université de Californie, Berkeley, U.S.A. Gilbert BONIFAS, Université de Nice Lucie DESBLACHE , University of Roehampton, Londres Maurice COUTURIER, Université de Nice Silvano LEVY, University of Hull Jean-Pierre NAUGRETTE, Université de Paris III Sorbonne Nouvelle COMITÉ DE LECTURE Jean-Paul AUBERT, Université de Nice Jean-Jacques CHARDIN, Université de Strasbourg II Geneviève CHEVALLIER, Université de Nice Christian GUTLEBEN, Université de Nice Karine HILDENBRAND, Université de Nice Marc MARTI, Université de Nice Martine MONACELLI-FARAUT, Université de Nice Susana ONEGA, Université de Saragosse Michel REMY, Université de Nice Didier REVEST, Université de Nice La correspondance avec la revue doit être adressée à : LIRCES RevueCycnos, U.F.R. Lettres, Arts et Sciences Humaines 98, Boulevard Édouard Herriot, B.P. 3209 F 06204 - NICE Cedex 3 - France Tél. 04 93 37 53 46 - Fax 04 93 37 53 50Solen.COZIC@unice.fr
CYCNOS
TRAVERSÉE D’UNE OEUVRE : CROSSING THE RIVERDE CARYL PHILLIPS
Responsables du numéro Vanessa Guignery et Christian Gutleben Revue publiée par le LIRCES Université Nice Sophia Antipolis Volume 32 N°1 2016
© L’Harmattan, 2016 5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris http://www.editions-harmattan.fr ISBN : 978-2-343-10721-9 EAN : 9782343107219
SOMMAIRE Vanessa Guignery et Christian Gutleben : Parcours critiques: lectures plurielles deCrossing the Riverde Caryl Phillips......................................... 7 I Échos, symétrie, renversement Mélanie Joseph-Vilain : « For beyond this trading community lies family life » : filiation et écriture dansCrossing the River .........................29 Christian Gutleben : Écriture noire, écriture blanche : esthétique du (mé)tissage dansCrossing the River........................................................... 45 Catherine Lanone: Repetition and Reckoning inCrossing the River......... 57
Catherine Pesso-Miquel : Dit et non dit : ruptures et reprises dans Crossing the River....................................................................................... 73 II Empathie, émotion, vulnérabilité Kathie Birat: Embodied Voices: Literacy and Empathy in Caryl Phillips’sCrossing the River....................................................................... 89 Nicole Terrien: « The Answer is Blowing in the Wind » : Emotion and the Rewriting of History in Caryl Phillips’sCrossing the River............... 107 Hubert Malfray : Une poétique de la précarité: économie(s) d’écriture dansCrossing the Riverde Caryl Phillip................................................... 123 III Voix, corps, performance Oriana Palusci:Crossing the River: New Stories to be Told .................... 141 Jee Hyun An: « Only then, if I listen carefully » : The Sounding(s) of Countermodernity in Caryl Phillips’sCrossing the River.51.7.......................Kerry-Jane Wallart: « Saving Bodies » – Performance inCrossing the River.......................................................................................................... 173 IV Rapprochements théoriques Eleanor Byrne: Queering the Black Atlantic in Caryl Phillips’s Crossing the Riverand Jackie Kay’sTrumpet.......................................... 191 İ. Murat Öner: Caryl Phillips and the Rhizomorphous Gaze: A Geophilosophical Reading ofCrossing the River..................................... 207
Parcours critiques: lectures plurielles deCrossing the Riverde Caryl Phillips Vanessa Guignery et Christian Gutleben École Normale Supérieure de Lyon – Institut Universitaire de France Université de Nice Sophia Antipolis Romanciervoyageur,dramaturgeitinérant,essayistenomade,Caryl Phillips ne cesse dans ses différents écrits d’interroger les notions d’origine et d’ancrage, de déracinement et de migration. Sa propre trajectoire lui a permis de ressentir puis de transcrire ce sentiment étrange d’évoluer dans un entre-deux – « the uncomfortable anxieties of belonging and not belonging » (Phillips 2002 : 234) – qui, du Nord de l’Angleterre à New York en passant par la Caraïbe et l’Afrique sub-saharienne, l’a conduit à marteler : « I recognize the place, I feel at home here, but I don’t belong. I am of, and not of, this place » (Phillips 2002 : 1, 2, 3, 4). Né sur l’île de St Kitts dans la Caraïbe anglophone en 1958, Caryl Phillips grandit à Leeds et fit ses études à l’Université d’Oxford. Il publia son premier roman,The Final Passage, en 1985 après être revenu sur son île natale, et depuis trente ans, partage son temps entre l’Angleterre, St Kitts et les États-Unis où il occupa un poste de Professeur à Amherst College (Massachusetts) puis à Columbia University (New York) et enseigne à présent à Yale University (Connecticut). L’œuvre de Caryl Phillips rend compte de ce transculturalisme et aborde des questions relatives à l’identité, l’appartenance, l’exil, l’immigration et l’expérience diasporique. Les titres mêmes de certains de ses ouvrages – fictionnels ou non – rendent bien compte de ces préoccupations :The Final Passage(allusion à l’immigration de Caribéens vers l’Angleterre dans les années 1950),A State of Independenceun natif de St Kitts revient s’y (où installer vingt ans après avoir vécu en Angleterre),A Distant Shore(sur la fragilité d’une rencontre entre un Africain immigré et une Britannique dans l’Angleterre contemporaine),The European Tribe (récit de voyage dans une Europe multiraciale mais aussi raciste),Extravagant Strangers: A Literature of Belongingde textes d’auteurs britanniques (anthologie nés en dehors de la Grande-Bretagne),Atlantic Sound The sur (essai l’héritage de l’esclavage transatlantique en Afrique, en Angleterre et aux États-Unis),Foreigners: Three English Lives (qui suit le destin de trois
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Vanessa Guignery et Christian Gutleben
hommes noirs en Angleterre),Colour Me Englishd’essais sur (recueil des questions d’identité, de race et d’appartenance). Loin des étiquettes nationales, l’œuvre de Caryl Phillips s’inscrit dans un contexte mondial et transculturel à la croisée des chemins et au milieu de l’Océan Atlantique, « à un point équidistant entre la Grande-Bretagne, l’Afrique et l’Amérique du Nord » (Phillips 2002 : 304, nous traduisons), qu’il considère comme son « Atlantic home » et où il souhaite que ses cendres soient dispersées (Phillips 2002 : 304). L’œuvre de Phillips a par conséquent souvent été étudiée à la lumière du concept du « Black Atlantic » défini par Paul Gilroy comme « the rhizomorphic, fractal structure of the transcultural, international formation » (Gilroy 4), qui permet de reconsidérer les questions de nationalité, de géographie, 1 d’identité, d’histoire et de mémoire . Loin des essentialismes et des binarismes, Gilroy (comme Phillips) s’intéresse aux constructions d’identités fluides et transnationales, résultant de traversées, de migrations et de déracinements. À la notion de racines (« roots »), Gilroy substitue celle d’itinéraires (« routes ») comme le stipule John McLeod : (« [f]or Gilroy, these transnational routes provide a better way of thinking about black identities in the present than notions of roots and rootedness, which merely recapitulate the absolutist principles common 2 to colonialist, nationalist and racist discourses » (McLeod 230) . C’est bien ce que Phillips met en avant dansCrossing the Riverqui s’ouvre sur une annonce en forme de défi aux partisans du Pan-africanisme : « There is no return » (Phillips 2006 : 2), et où le père invite ses enfants à se créer de nouvelles racines : « Sinking your hopeful roots into difficult soil » (Phillips 2006 : 33). À l’idée de l’enracinement dans un lieu unique, Crossing the Riverpréfère l’image de la prolifération, la structure fluide du rhizome de Deleuze et Guattari, ou plus encore la figure végétale du radicant telle que se l’approprie Nicolas Bourriaud pour désigner « un organisme qui fait pousser ses racines et se les ajoute au fur et à mesure
1 Yogita Goyal et Timothy Bewes s’opposent à la plupart des critiques en estimant que le cadre théorique proposé par Gilroy n’est pas nécessairement pertinent pour analyser l’œuvre de Phillips. Bewes affirme ainsi : « “diaspora,” the “Black Atlantic,” and even “postcoloniality” are not the only ways to comprehend the works of Caryl Phillips, and they may not be the best” (Bewes 34). 2 Les articles de Pilar Cuder-Dominguez et d’Alessandra Di Maio (1998) s’intéressent spécifiquement au balancement entre « roots » et « routes » dans Crossing the River.
Lectures plurielles deCrossing the River
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qu’il avance » (Bourriaud 23). Pour Bourriaud, « [l]’adjectif radicant qualifie ce sujet contemporain tenaillé entre la nécessité d’un lien à son environnement et les forces du déracinement, entre la globalisation et la singularité, entre l’identité et l’apprentissage de l’Autre » (Bourriaud 58). On pourrait également entendre dans l’œuvre de Phillips des échos à la « Poétique de la Relation » développée par l’écrivain antillais Édouard Glissant, à sa notion d’identité-rhizome qui suppose une ouverture à l’Autre et à son exaltation de la pensée de l’errance. La littérature caribéenne fournit souvent une clef d’entrée à l’œuvre de Phillips qui a été mise en résonance avec celle de poètes et romanciers tels que David Dabydeen ou Fred D’Aguiar (Ward ; Boutros ; Ledent 1997, 2005). Bénédicte Ledent situeCrossing the River dans le 3 sillage du prix Nobel de littérature Derek Walcott , du poète Edward Kamau Brathwaite dont le poème tiré deThe Arrivants, « Crossing the 4 River », a pu inspirer Phillips pour le titre de son roman , ou encore de Wilson Harris qui, à l’instar du père africain dans l’épilogue, estime que les silences et carences de l’histoire peuvent être l’occasion de tisser des liens et correspondances par-delà les frontières nationales (Ledent 2002 : 5
117) . Roman de la déterritorialisation et de la reterritorialisation, Crossing the Riversouvent été étudié sous l’angle de l’esclavage et a comparé àCambridge, roman publié deux ans plus tôt (Low). Phillips a toutefois insisté sur la continuité entre le trauma de l’esclavage et la violence du racisme à l’époque contemporaine. Pour citer Fred D’Aguiar dans son roman en versBloodlines(2000), « Slavery may be buried / but it’s not dead, its offspring, Racism, still breeds » (D’Aguiar 150). Ainsi, dans son ouvrageCaryl Phillips, David Dabydeen, and Fred D’Aguiar: Representations of Slavery, Abigail Ward s’intéresse spécifiquement à la façon dont passé et présent dialoguent dans l’œuvre de ces trois écrivains caribéens qui mettent en évidence les traces, marques et blessures de l’esclavage atlantique dans la société contemporaine. À la suite d’Edward Said dansCulture and Imperialism(Said 1), Ward propose de lire chacun
3 Kerry-Jane Wallart remarque elle aussi les affinités de Phillips avec le poète et dramaturge de Sainte-Lucie : « Walcott’s influence is probably the most important one during the first fifteen years of [Phillips’s] writerly career » (Wallart 2016). 4 Helen Thomas souligne également cet écho (41-42). Phillips précise dans un entretien qu’il ne se souvient pas de cette source d’inspiration (Davidson 95). 5 Voir également Birat (1999).
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