Zadi Zaourou, un écrivain éclectique
312 pages
Français

Zadi Zaourou, un écrivain éclectique , livre ebook

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Description

Auteur d'une production abondante (L'Oeil, Les Sofas, Césarienne, Fer de Lance, la Tignasse, le Secret des Dieux...) Zadi Zaourou, intellectuel engagé, à la fois poète, dramaturge, metteur en scène, romancier, musicien, n'a jamais vendu ses convictions, pas plus qu'il n'a tourné le dos à une convocation de la culture africaine profonde pour nourrir son imaginaire fécondé par la flamboyance, toute césairienne, d'une langue au firmament des Lettres ivoiriennes.

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Date de parution 01 avril 2014
Nombre de lectures 113
EAN13 9782336341965
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

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Extrait

Sous la direction de Jérémie N’Guessan KOUADIO
Zadi Zaourou, un écrivain éclectique Enracinement et ouverture au monde
Zadi Zaourou, un écrivain éclectique
Critiques littéraires Collection fondée par Maguy Albet Dernières parutions David TOTIBADZÉSHALIKASHVILI,La poésie mystique de Térenti Granéli, 2014. Effoh Clément EHORA,Roman africain et esthétique du conte, 2013. MarieLise ALLARD,Anna de Noailles, Entre prose et poésie, 2013. JeanMarie KOUAKOU,J.M.G. Le Clézio, 2013. BégongBodoli BÉTINA,Danzi, écrivain Gabriel centrafricain, 2013. Idrissa CISSÉ,Le rêve de Senghor, 2013. Pierre GOMEZ,Territoire, mythe, représentation dans la littérature gambienne. Une méthode géocritique, 2013. JeanPaul SAVIGNAC,Le lichen et le scarabée, 2013. Geneviève ORSSAUD, Le roman argentin de 1970 à nos jours. Les ombres portées de l’état d’exception,2013.Joséphine MULUMBA,Entre les rives du Congo et de la Meuse, 2013. AlinaDaniela MARINESCU,Spécularité déformante. Sur les traces d’un paradigme antimimétique de l’art, 2013. Amélie ADDE,La versification du théâtre espagnol du siècle d’or, 2013. Maurice ABITEBOUL,L’Esprit de la comédie shakespearienne, 2013. Christian AHIHOU,Ken Bugul. La langue littéraire, 2013.Olfa ABROUGUI,Du Bellay et la poésie de la ville, 2013. Anne SCHNEIDER,La littérature de jeunesse migrante, Récits d’immigration de l’Algérie à la France, 2013. Eleonora HOTINEANU,la poésie en héritageBessarabie : , 2013. Brigitte FOULON (dir.),L’écriture de la nostalgie dans la littérature arabe, 2013. Roger TRO DEHO, Adama COULIBALY et Philip Amangoua ATCHA (dir.),Je(ux) narratif(s) dans le roman africain, 2013.
Sous la direction de Jérémie N’Guessan Kouadio
Zadi Zaourou, un écrivain éclectique Enracinement et ouverture au monde
ACTES DU COLLOQUE INTERNATIONALEN HOMMAGE ÀBERNARDZADIZAOUROU
© L'HARMATTAN, 2014 5-7, rue de l'École-Polytechnique ; 75005 Parishttp://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-00725-0 EAN : 9782343007250
Présentation
Prof. Kouadio N’guessan Jérémie Doyen de l’UFR Langues, Littératures et Civilisations Université de Cocody-Abidjan Les 5, 6, 7 novembre 2008, l’Unité de Formation et de Recherche Langues, Littératures et Civilisations a organisé un colloque international en hommage à Zadi Zaourou, l’enseignant-chercheur au département de Lettres modernes pendant plus de trente ans, le critique émérite et l’artiste au verbe ciselé et perçant. Le 20 mars 2012, alors que la parturition des actes du colloque se faisait difficilement, la mort a rattrapé l’enseignant, le critique et l’artiste, lui imprimant la circularité du cheminement qui le ramènera sur le sentier de sa terre, glaise-première, de Yacolidabouo. En ces circonstances, la publication des actes du colloque passe de la recommandation scientifique à la symbolique du témoignage tenu de son vivant. L’entreprise de ce colloque, du vivant de l’homme, valait peut-être tous les hommages, toute la reconnaissance de la communauté universitaire à l’une de ses vraies bibliothèques dont parlait le sage de Marcory, et son thème prend aujourd’hui valeur d’un résumé d’une vie bien remplie : «Zadi Zaourou, un écrivain éclectique : enracinement et ouverture au monde». Sa symbolique est bien celle d’une des dernières grandes séances d’initiation du maître avec ses élèves, ses disciples, ses admirateurs, d’ici et d’ailleurs, mais aussi ses collègues plus jeunes. Et même si Zadi n’a pas parlé à ce colloque, sa grande présence silencieuse a parlé, un peu comme le point culminant de l’initiation où le maître regarde le disciple faire les premiers pas, pas hésitants, pas du passage du relais. Aujourd’hui, comme au moment du colloque, il y a nécessité d’expliquer ; et les arguments avancés alors prennent plus de sens, nimbés qu’ils sont dans le poids de la douleur de la disparition et la solennité des préparatifs de la séparation. En 2007, lorsque la nouvelle équipe décanale avait eu l’idée d’organiser un colloque sur l’homme Zadi Zaourou et sur son œuvre, et alors que cela paraissait pour nombre d’entre nous une évidence, il avait fallu répondre à cette question mille fois posée : pourquoi Zadi Zaourou et pourquoi en ce moment-là ? À cette question, la réponse
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inlassablement était d’abord que Bernard Zadi Zaourou avait porté sur les fonds baptismaux (avec d’autres Barthélémy Kocthy, Christophe Wondji, Dailly Christophe…) la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de l’université d’Abidjan, l’ex-FLASH qui allait bien plus tard éclater en quatre UFR dont l’UFR Langues, Littératures et Civilisations. Notre Unité de Formation et de Recherche Langues, Littératures et Civilisations devait à ces pionniers qui avaient permis à la génération suivante d’accéder, avec moins de tracas, à cette université, à cette Faculté. Une autre raison était que le Professeur Bernard Zadi Zaourou avait formé de nombreuses générations d’étudiants dont la plupart sont aujourd’hui de très hauts responsables dans tous les secteurs d’activités de notre pays ; enfin, parce que le Professeur Bernard Zadi Zaourou est aussi et surtout un immense écrivain dont les œuvres ont nourri et continuent de nourrir nos esprits et nos consciences.L’Oeil, Les Sofas, Césarienne, Fer de Lance, La Tignasse, Le Secret des Dieux, La guerre des femmes, La termitières… et Les quatrains du dégoût, etc. ? Les:raisons étaient donc multiples pour convoquer ce colloque hommage aux pionniers bâtisseurs, hommage à un universitaire d’exception parmi ses pairs, témoignage sur la vie d’un intellectuel engagé et engageant qui n’a jamais vendu ses convictions, témoignage sur la production d’un esprit émotif fécond qui a fécondé la langue pour en faire parole, une parole flamboyante au firmament des Lettres ivoiriennes. C’est bien pourquoi on peut penser que le thème sur lequel le colloque a réfléchi (éclectique, enracinement et ouverture au monde)était d’à-propos. Son intitulé entrebâillait ainsi chez cet hommeà la culture phénoménale,cette problématique de la valorisation et l’exploitation des valeurs et cultures africaines, et un sens de l’ouverture qui font la qualité de sa production. En effet, « Éclectique », Bernard Zadi Zaourou l’était car il était un 1 écrivain qui touchait à tout, qui faisait feu poétique, qui romançait , qui mettait en scène et qui jouait de tout bois. Poète, dramaturge, metteur en scène, romancier, musicien, Zadi Zaourou jouait de l’arc musical, de la sanza, de la harpe traditionnelle bété, du piano, etc.). Ajoutons, pour être complet sur cette dimension du professeur, qu’il a été et était toujours de tous les combats pour la dignité et les droits humains, pour les valeurs politiques humanistes de gauche. Son enracinement dans la culture nationale se manifesta surtout par ses recherches sur les différentes littératures orales de Côte d’Ivoire. En
1 Les inédits de Zadi comportent au moins un manuscrit inédit sous forme romanesque.
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dehors du pays Bété d’où il tirait sa culture d’origine, il était fasciné, par exemple, par la culture gouro qu’il a découverte à partir des mythes de la création et de ses différents masques dont le Zaouli auquel il avouait être particulièrement sensible. Il s’est aussi intéressé à la fête des ignames en pays agni, àl’aiɔb, sorte de fête de la Toussaint chez les Adjoukrou. C’est d’ailleurs un artiste de cette région, Okro Nomel qui, par la performance de son jeu, lui ouvrit les yeux sur l’agent rythmique et son rôle dans l’affirmation d’une spécificité de la parole poétique africaine. Il s’est aussi intéressé au pays gnaboua. Partout, dans les différentes régions où il a mené ses enquêtes, il ne se contentait pas de survoler les réalités, mais s’attachait à vivre les réalités du dedans, n’hésitant pas à passer des semaines entières auprès de grands artistes traditionnels avec lesquels il s’est personnellement lié : Séry Zobo, Gbaza Madou Dibéro, Tima Gbaï, Srolou Gabriel, etc. Il n’est donc par surprenant que ses œuvres aient très tôt bénéficié de l’intérêt de la critique étrangère, avant même que lui, Bernard Zadi Zaourou, ne soit vraiment connu. Le cas le plus parlant est celui del’œil, pièce de théâtre sortie et jouée pour la première fois en Côte d’Ivoire au théâtre de la Cité. En 1988, il était invité avec sa troupe de théâtre au festival de Carthage en Tunisie. Là, un homme de nationalité syrienne lui dit qu’il est venu exprès le rencontrer parce qu’il était l’auteur d’une version del’œil, traduite en arabe, à partir d’une autre traduction, elle, en russe. Cette œuvre est également traduite en anglais et en italien. Le point de départ de cette ouverture se situe en 1984 lorsque sa troupe, la Compagnie Didiga qui s’appelait alors KFK (Cercle d’animation, de formation et de création artistique) fut invitée à Limoges en tant que co-fondatrice du festival de Limoges. Telles étaient, en substance, quelques réflexions qui ont présidé à la formulation de ce thème auquel le colloque aura réfléchi pendant trois jours. Telles sont aussi quelques pistes que le maître aura ouvertes, lui qui aimait à reprendre la maxime peule selon laquelle « la beauté du tapis vient de la variété de ces couleurs »… Disons-le, la beauté de ce colloque vient de la variété des contributions. En effet, une bonne partie des contributions insiste sur cet enracinement dont l’une des meilleures formes est peut-être le concept duDidiga (l’art de l’impensable) qu’il a puisé dans le terroir, un mythe initiatique des cercles de chasseurs bété et mis en circulation dans sa production. Ceci était aussi son sens de l’ouverture, son acceptation du recyclage des cultures ancestrales pour vivifier la production moderne.
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Ainsi, sa comparaison au « loup des steppes » profilé par Tiburce Koffi est plus dans le sens d’un rayonnement qui a constitué le levain de nombreuses générations (celles en quête d’un idéal politique, celles en quête d’une approche endogène des littératures orales africaines ou d’une calebassée culturelle africaine à offrir…), tout comme lui-même n’évitait jamais de convoquer la culture mondiale (et non mondialisée) pour buriner la face rocailleuse de ses écrits.La guerre des femmes, à cheval ou à califourchon, c’est selon, entre le mythe de Mayé et le dispositif narratif desMille et une nuitsrend bien compte de cet esprit d’ouverture du maître. À partir d’une leçon inaugurale (Dago Gérard Lezou) qui décline Zadi en «critique et théoricien», mais surtout en intellectuel toujours engagé à trouver des solutions par rapport à l’Afrique, les actes de ce colloque ont été organisés autour de quatre axes : - le titre « lecture oblique » (Pierre N’da) permet de cerner la première partie. Cette contribution-témoignage est suivie d’une lecture très métaphorique (Tiburce Koffi) qui fait de Zadi « un loup des steppes ». Pour utiliser une métaphore plus africaine, il l’assimile à une véritable calebasse dont la protubérance des formes et la richesse intérieure le présentent comme Kaïdara, le dieu de l’or et de la connaissance : Zadi, artiste juste qu’au bout des ongles, véritable intellectuel moderne en quête du Graal, pour sa société... Fobah Eblin Pascal (qui est peut-être à l’heure actuelle l’un des meilleurs théoriciens sur la pensée de Zadi Zaourou) tente, dans sa contribution, de restituer l’itinéraire de ce formaliste parti des théories du langage de Saussure et de Jakobson pour forger une stylistique d’essence dialectique matérialiste à cheval sur Marx et Hegel, où l’agent rythmique restitue l’essence d’une parole poétique africaine avec laquelle l’on ne parle jamais « à » ou « pour" mais toujours « avec »… Cette importante contribution de Zadi à la connaissance de la parole et de la culture africaine fait que Véronique Tadjo peut dégager une véritable influence de cet artiste sur l’imaginaire littéraire ivoirien quand Agnès Monnet franchit un pas en lui assignant une franche destinée (ou un destin, c’est selon) de Prométhée dans la poétique négro-africaine. Dans la seconde partie, les « élèves » (aujourd’hui ses collègues, signe que l’initiation a donné des fruits) tentent de dégager la poétique de son écriture. N’guettia Martin retrace le projet poétique (comprisici dans le sens d’une vision du monde qui remonte « jusqu’à la » ou « de la » technicité de l’écriture) du Maître. Il estparti d’une «thèse primordiale […] de créer à partir des langues africaines, […] vite abandonnée au profit d’une écriture de compromis, c’est-à-dire la production de textes qui sont l’expression d’un bilinguisme fécond»(p.83). Zadi, un peu dans
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le prolongement de Césaire dont il fut l’un des meilleurs spécialistes, sesitueentre une singularité du cru et une universalité de ses motifs littéraires. Adom Marie-Clémence revient sur le mot-valise duDidiga à partir des poèmes insolites inédits de l’auteur quand Gogbeu, en rendant hommage à son statut d’« oraliste moderne » ou « néo-oraliste » permet à Otre Angéline et à Pagnet Doh de souligner les fondements lyriques, épiques qui irriguentFer de Lance. La puissance créatrice ou évocatrice de l’homme touche même à un domaine aussi technique que l’onomaturgie où, partant de l’onomastique traditionnelle, il trouve un terreau fertile pour sa création poétique dansCésarienne(Toh Bi Tié). La troisième partie ouvre la lucarne sur sa vaste création théâtrale. Si la dynamique des registres de langue y est revisitée par la contribution d’Aimé Achi Adopo, et les ressources de la parabole sont analysées par Lobli Boli Armand, l’excellente contribution de Jean Derive relève chez Zadi un cheminement, paradoxal, « du théâtral historique vers le théâtre initiatique ». Dans le mouvement même du théâtre de recherche dans lequel se meut sa création théâtrale, à partir de 1984, Jean Deriveobserve une spécificité de Zadi : «La grande originalité de Zadi, par rapport aux divers aspects de ce courant expérimental inspiré par les traditions culturelles, tient à la façon dont il s’en sert comme source. La plupart des autres se sont attachés à la lettre de ces manifestations culturelles prises comme référence qu’ils ont plus ou moins collées à leurs spectacles – certes en les transposant et en les adaptant notablement – pour, en quelque sorte, authentifier leur création en lui donnant la coloration d’un terroir. Zadi va plus loin car il se voue plutôt à l’esprit qu’à la lettre des rites culturels dont il s’inspire »(p.176). Cette particularité lui permet de souligner la dimension d’un véritable intellectuel engagé dans l’histoire de son temps, dans l’histoire de son pays et dans… l’aventure du mot. Ceci permet de comprendre que Zadi crée ce que Traoré Dominique nomme une « véritable dramaturgie du lien ». La quatrième partie rétablit, en substance, ce balancement entre culture locale et culture universelle ou mondiale, entre recyclage ou réécriture (Zigoli Antonin), entre intertextualité synonyme de revalorisation du patrimoine culturel (Coulibaly Nanourgo) et une ouverture au monde qui forge la marque des grands auteurs. En somme, par « la fécondation des traditions africaines », il a bien abouti à une poésie de rupture (Tai Hirigo Ignace). Par le cisellement de la parole et de la culture, qui n’est pas une citadelle (au sens césairien), par « l’expressivité même de la ponctuation » (Thiémelé Aimé), Bernard Zadi Zaourou est parvenu à l’équilibre entre « l’écrivain et le griot », entre l’intellectuel et l’homme du peuple qui sont peut-être les doubles faces de l’homme de culture moderne...
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