Béatrix
298 pages
Français

Béatrix

-

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
298 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

La Comédie humaine - Études de moeurs. Premier livre, Scènes de la vie privée - Tome III et IV. Troisième et quatrième volume de l'édition Furne 1842. Extrait : Le vieux Vendéen, le vieux Chouan avait eu quelques années auparavant comme un retour de jeunesse pour habituer ce fils aux exercices violents qui conviennent à un gentilhomme appelé d’un moment à l’autre à guerroyer. Dès que Calyste eut seize ans, son père l’avait accompagné dans les marais et dans les bois, lui montrant dans les plaisirs de la chasse les rudiments de la guerre, prêchant d’exemple, dur à la fatigue, inébranlable sur sa selle, sûr de son coup, quel que fût le gibier, à courre, au vol, intrépide à franchir les obstacles, conviant son fils au danger comme s’il avait eu dix enfants à risquer. Aussi, quand la duchesse de Berry vint en France pour conquérir le royaume, le père emmena-t-il son fils afin de lui faire pratiquer la devise de ses armes. Le baron partit pendant une nuit, sans prévenir sa femme qui l’eût peut-être attendri, menant son unique enfant au feu comme à une fête, et suivi de Gasselin, son seul vassal, qui détala joyeusement. Les trois hommes de la famille furent absents pendant six mois, sans donner de leurs nouvelles à la baronne, qui ne lisait jamais la *Quotidienne* sans trembler de ligne en ligne 

Informations

Publié par
Nombre de lectures 9
EAN13 9782824709666
Langue Français

Extrait

HONORÉ DE BALZA C
BÉA T RIX
BI BEBO O KHONORÉ DE BALZA C
BÉA T RIX
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-0966-6
BI BEBO OK
w w w .bib eb o ok.comLicence
Le te xte suivant est une œuv r e du domaine public é dité
sous la licence Cr e ativ es Commons BY -SA
Except where otherwise noted, this work is licensed under
h tt p : / / c r e a ti v e c o m m on s . or g / l i c e n s e s / b y - s a / 3 . 0 /
Lir e la licence
Cee œuv r e est publié e sous la licence CC-BY -SA, ce qui
signifie que v ous p ouv ez lég alement la copier , la r e
distribuer , l’ env o y er à v os amis. V ous êtes d’ailleur s
encourag é à le fair e .
V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.SARAH, Par un temps pur , aux riv es de la Mé diter rané e où
s’étendait jadis l’élég ant empir e de v otr e nom, p arfois la mer laisseA v oir sous la g aze de ses e aux une fleur marine , chef-d’ œuv r e de
la natur e  : la dentelle de ses filets teints de p our pr e , de bistr e , de r ose ,
de violet ou d’ or , la fraîcheur de ses filigranes vivants, le v elour s du tissu,
tout se flétrit dès que la curiosité l’air e et l’ e xp ose sur la grè v e . D e même
le soleil de la publicité offenserait v otr e pieuse mo destie . A ussi dois-je ,
en v ous dé diant cee œuv r e , tair e un nom qui certes en serait l’ or gueil  ;
mais, à la fav eur de ce demi-silence , v os magnifiques mains p our r ont la
bénir , v otr e fr ont sublime p our ra s’y p encher en rê vant, v os y eux pleins
d’amour mater nel, p our r ont lui sourir e , car v ous ser ez ici tout à la fois
présente et v oilé e . Comme cee p erle de la F lor e marine , v ous r ester ez
sur le sable uni, fin et blanc où s’ép anouit v otr e b elle vie , caché e p ar une
onde , diaphane seulement p our quelques y eux amis et discr ets.
J’aurais v oulu mer e à v os pie ds une œuv r e en har monie av e c v os p
erfe ctions  ; mais si c’était chose imp ossible , je savais, comme consolation,
rép ondr e à l’un de v os instincts en v ous offrant quelque chose à pr otég er .
DE BALZA C.
La France , et la Br etagne p articulièr ement, p ossède encor e
aujourd’1Bé atrix Chapitr e
hui quelques villes complètement en dehor s du mouv ement so cial qui
donne au dix-neuvième siè cle sa phy sionomie . Faute de communications
viv es et soutenues av e c Paris, à p eine lié es p ar un mauvais chemin av e c la
sous-préfe ctur e ou le chef-lieu dont elles dép endent, ces villes entendent
ou r eg ardent p asser la civilisation nouv elle comme un sp e ctacle , elles s’ en
étonnent sans y applaudir  ; et, soit qu’ elles la craignent ou s’ en mo quent,
elles sont fidèles aux vieilles mœur s dont l’ empr einte leur est r esté e . i
v oudrait v o yag er en ar ché ologue moral et obser v er les hommes au lieu
d’ obser v er les pier r es, p our rait r etr ouv er une imag e du siè cle de Louis X V
dans quelque villag e de la Pr o v ence , celle du siè cle de Louis X I V au fond
du Poitou, celle de siè cles encor e plus anciens au fond de la Br etagne . La
plup art de ces villes sont dé chues de quelque splendeur dont ne p arlent
p oint les historiens, plus o ccup és des faits et des dates que des mœur s,
mais dont le souv enir vit encor e dans la mémoir e , comme en Br etagne ,
où le caractèr e national admet p eu l’ oubli de ce qui touche au p ay s. Be
aucoup de ces villes ont été les capitales d’un p etit état fé o dal, comté , duché
conquis p ar la Cour onne ou p artag és p ar des héritier s faute d’une ligné e
masculine . D éshérité es de leur activité , ces têtes sont dès lor s de v enues
des bras. Le bras, privé d’aliments, se dessè che et végète . Cep endant,
depuis tr ente ans, ces p ortraits des anciens âg es commencent à s’ effacer et
de viennent rar es. En travaillant p our les masses, l’Industrie mo der ne va
détr uisant les cré ations de l’ Art antique dont les travaux étaient tout p
ersonnels au consommateur comme à l’artisan. Nous av ons des produits ,
nous n’av ons plus d’ œuvres . Les monuments sont p our la moitié dans ces
phénomènes de rétr osp e ction. Or p our l’Industrie , les monuments sont
des car rièr es de mo ellons, des mines à salpêtr e ou des mag asins à coton.
Encor e quelques anné es, ces cités originales ser ont transfor mé es et ne se
v er r ont plus que dans cee iconographie liérair e .
Une des villes où se r etr ouv e le plus cor r e ctement la phy sionomie des
siè cles fé o daux est Guérande . Ce nom seul ré v eillera mille souv enir s dans
la mémoir e des p eintr es, des artistes, des p enseur s qui p euv ent êtr e allés
jusqu’à la côte où gît ce magnifique jo yau de fé o dalité , si fièr ement p osé
p our commander les r elais de la mer et les dunes, et qui est comme le
sommet d’un triangle aux coins duquel se tr ouv ent deux autr es bijoux
non moins curieux, le Cr oisic et le b our g de Batz. Après Guérande , il
2Bé atrix Chapitr e
n’ est plus que Vitré situé au centr e de la Br etagne , A vignon dans le midi
qui conser v ent au milieu de notr e ép o que leur intacte configuration du
mo y en âg e . Encor e aujourd’hui, Guérande est enceinte de ses puissantes
murailles  : ses lar g es douv es sont pleines d’ e au, ses créne aux sont entier s,
ses meurtrièr es ne sont p as encombré es d’arbustes, le lier r e n’a p as jeté
de mante au sur ses tour s c ar ré es ou r ondes. Elle a tr ois p ortes où se v oient
les anne aux des her ses, v ous n’y entr ez qu’ en p assant sur un p ont-le vis de
b ois fer ré qui ne se r elè v e plus, mais qui p our rait encor e se le v er . La Mairie
a été blâmé e d’av oir , en 1820, planté des p euplier s le long des douv es p our
y ombrag er la pr omenade . Elle a rép ondu que , depuis cent ans, du côté des
dunes, la longue et b elle esplanade des fortifications qui semblent
achevé es d’hier avait été conv ertie en un mail, ombrag é d’ or mes sous lesquels
se plaisent les habitants. Là , les maisons n’ ont p oint subi de chang ement,
elles n’ ont ni augmenté ni diminué . Nulle d’ elles n’a senti sur sa façade
le marte au de l’ar chite cte , le pince au du badig e onneur , ni faibli sous le
p oids d’un étag e ajouté . T outes ont leur caractèr e primitif. elques-unes
r ep osent sur des pilier s de b ois qui for ment d es g aleries sous lesquelles
les p assants cir culent, et dont les plancher s plient sans r ompr e . Les
maisons des mar chands sont p etites et basses, à façades couv ertes en ardoises
cloué es. Les b ois maintenant p our ris sont entrés p our b e aucoup dans les
matériaux sculptés aux fenêtr es  ; et aux appuis, ils s’avancent au-dessus
des pilier s en visag es gr otesques, ils s’allong ent en for me de bêtes
fantastiques aux angles, animés p ar la grande p ensé e de l’art, qui, dans ce temps,
donnait la vie à la natur e morte . Ces vieilleries, qui résistent à tout,
présentent aux p eintr es les tons br uns et les figur es effacé es que leur br osse
affe ctionne . Les r ues sont ce qu’ elles étaient il y a quatr e cents ans.
Seulement, comme la p opulation n’y ab onde plus, comme le mouv ement so cial
y est moins vif, un v o yag eur curieux d’ e x aminer cee ville , aussi b elle
qu’une antique ar mur e complète , p our ra suiv r e non sans mélancolie une
r ue pr esque déserte où les cr oisé es de pier r e sont b ouché es en pisé p our
é viter l’impôt. Cee r ue ab outit à une p oter ne condamné e p ar un mur en
maçonnerie , et au-dessus de laquelle cr oît un b ouquet d’arbustes élég
amment p osé p ar les mains de la natur e br etonne , l’une des plus luxuriantes,
des plus plantur euses vég étations de la France . Un p eintr e , un p oète r
ester ont assis o ccup és à sav our er le silence pr ofond qui règne sous la v oûte
3Bé atrix Chapitr e
encor e neuv e de cee p oter ne , où la vie de cee cité p aisib

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents