Algérie mon enfance v(i)olée
224 pages
Français

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Algérie mon enfance v(i)olée , livre ebook

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Français

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Description

Ce livre est le récit autobiographique de l'enfance de l'auteur en Algérie entre 1974 et 1987, de sa naissance à son arrivée en France. Née d'un père algérien et d'une mère française, évoluant dans une famille athée, dans un quartier très populaire, elle a subi des viols et d'autres agressions physiques et psychologiques. Ce livre est à la fois un récit personnel mais aussi un regard sociologique et anthropologique sur la société algérienne postcoloniale, à l'aube des années noires à venir.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2011
Nombre de lectures 58
EAN13 9782296466470
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

ALGÉRIE
Mon enfance v(i)olée
Graveurs de mémoire

Jean-Paul FOSSET, Histoire d’amour, histoire de guerres ordinaires. 1939 – 1945… Évian 1962, 2011.
Oruno. D. LARA, La magie du politique. Mes années de proscrit, 2011.
Jean Michel HALLEZ, 40 boulevard Haussmann, 2011.
Yvon CHATELIN, Recherche scientifique en terre africaine, 2011.
Pierre REGENET, Ma dernière pomme. De PRETY à Bissey, Chroniques en culotte courte, 2011.
Jean-Paul KORZEC, Dans l’ombre du père, 2011.
Rachel SAMUEL, On m’appelait Jeannine, 2011.
Michel LAPRAS, Culottes courtes et bottes de cheval, « C’était comment la guerre ? », 2011.
Béatrice COURRAUD, Non je n’est rien oublié … Mes années 60, 2011.
Christine BELSOEUR, Une vie ouvrière. Un demi-siècle de parcours militant, 2011.
Jean-René LALANNE, Le canard à bascule, 2011.
Louis NISSE, L’homme qui arrêtait les trains, 2011.
Danièle CHINES, Leur guerre préférée, 2011
Jacques FRANCK, Achille, de Mantes à Sobibor, 2011.
Pierre DELESTRADE, La belle névrose, 2011.
Adbdenour Si Hadj MOHAND, Mémoires d’un enfant de la guerre. Kabylie (Algérie) : 1956 – 1962, 2011.
Émile MIHIÈRE, Tous les chemins ne mènent pas à Rome, 2011.
Jean-Claude SUSSFELD, De clap en clap, une vie de cinéma (Récit), 2010.
Claude CROCQ, Une jeunesse en Haute-Bretagne, 1932-1947, 2011.
Pierre MAILLOT, Des nouvelles du cimetière de Saint-Eugène , 2010.
Georges LE BRETON, Paroles de dialysé, 2010.
Sébastien FIGLIOLINI, La montagne en partage. De la Pierra Menta à l’Everest , 2010.
Jean PINCHON, Mémoires d’un paysan (1925-2009), 2010,
Freddy SARFATI, L’Entreprise autrement , 2010.
L ina B atami


ALGÉRIE

Mon enfance v(i)olée
© L’H armattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-55393-4
EAN : 9782296553934

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Un grand merci à ma très chère Anne.
PRÉFACE
La nature a ses monstres, ses
malfaçons, ses impasses.
Roger GAIILOIS, L’Écriture des
pierres


Il a fallu plusieurs faits divers en France pour que le grand public découvre enfin, avec horreur, les conditions de vie ou de survie, des filles dans ce que l’on appelle les cités ou quartiers sensibles. Vitry-sur-Seine en 2002, Sohane est brûlée vive, Marseille en 2004, Gophrane est lapidée à mort, Neuilly-sur-Marne en 2005, Shéhérazade est rescapée après avoir été aspergée d’essence et brûlée vive, Oullins en 2009, Fatima est étranglée puis brûlée par son jeune frère, en 2010, la dramaturge algérienne Rayhana est agressée et aspergée d’essence.
Ces violences faites aux femmes – considérées comme des êtres inférieurs – ont souvent, mais pas exclusivement, pour dénominateur commun : l’honneur et le déshonneur, le Bien et Mal en somme.
Sans oublier les viols collectifs ou tournantes qui se pratiquent en toute impunité – ou presque – au quotidien dans ces zones de non-droit, car peu nombreuses sont celles qui osent en parler et porter plainte. Voici ce que récemment, les accusés d’un viol collectif suivi du décès de la victime, ont lancé à la cour d’assises des Bouches-du-Rhône : « Cécilia, ce n’est pas un viol… dans le quartier y a beaucoup de relations comme ça avec une fille et plusieurs garçons… ça peut choquer, mais pour nous, c’est normal ».
Tous ces crimes ne sont pas seulement de simples faits divers, des cas uniques ou isolés, mais bien des réalités illégitimes aux portes de nos villes ; une réalité si loin, si proche.

Merci à feue Samira Bellil, d’avoir eu le courage de porter plainte contre ses violeurs et d’écrire en 2002 Dans l’enfer des tournantes : un récit courageux où elle nous livre ses années de violence physique et morale à Garges-lès-Gonesse. On peut y lire ceci : « Une fille qui traîne, c’est une pute, donc qu’elle ne se plaigne s’il lui arrive des embrouilles » . Cette phrase résume, à elle seule, tout un système de fonctionnement et de pensée que l’on retrouve dans les cités.
À mon tour, j’ai voulu apporter le témoignage de mon enfance en Algérie, dans les années 70-80, dans une cité, et oser un parallèle avec ce qui se passe sur le territoire français aujourd’hui.
Mais avant je voudrais faire le point avec les partisans de la théorie du ghetto. En Algérie, ma famille et moi ne vivions pas dans un ghetto – au sens propre du terme – et pourtant, en France, la condition de la femme dans les quartiers, n’est qu’une copie conforme de ce que j’ai vécu là-bas en Algérie, avec cette équation qui revient toujours et qui rappelle celle extraite du livre de Samira Bellil citée ci-dessus : une Française – ou une fille émancipée qui regarde vers la modernité – et athée de surcroît, est une pute.

Sans contester ou remettre en question l’état déplorable des banlieues françaises aux tours interminables et tristes, les difficultés rencontrées par les femmes dans les quartiers subsistent bien au-delà des soucis matériels ou financiers, et il me paraît donc très réducteur de voir les choses sous cet aspect uniquement. Le problème n’est pas non plus, et seulement, d’origine culturelle, mais il résulte d’un contexte social infiniment plus complexe. En effet, dans les cités, beaucoup de familles entretiennent une mentalité, un système de pensée et des comportements archaïques, empreints de traditions séculaires rétrogrades. Des familles souvent rurales à l’origine, pauvres et peu, sinon pas, éduquées. C’est ainsi, dans le terrain creux de la régression de la pensée, de l’ignorance et de l’intolérance que prennent racine les obscurantismes de toutes sortes, engendrant la violence gratuite d’un autre âge et la haine envers les femmes, mais aussi envers la société, envers l’ Autre , envers l’inconnu en somme.

Je ne peux évoquer le récit de mon enfance, sans, de façon rétrospective, apporter ma conception sur le sujet. Ayant vécu successivement en Algérie puis dans la cité de la Villeneuve à Grenoble, j’insiste pour dire que mon récit reste subjectif, mais s’appuie des faits strictement réels. Ainsi, le lecteur se doit-il d’être suffisamment perspicace pour ne pas focaliser sur mon expérience, en tirer des conclusions générales. Je ne cherche pas dans ce livre à mettre en avant d’une manière stérile et mécanique, cette opposition entre Orient et Occident ou entre États religieux et États laïcs. Cet ouvrage est juste un témoignage écrit en contrechamp de mon épreuve, de mon drame encore vivant.
Non que je veuille dans ce livre stigmatiser un pays, une religion ou un peuple par des jugements collectifs, mais les faits sont là, et je tiens à les relater dans leur stricte exactitude. Je voudrais avant tout dénoncer cet adage très populaire – donc très répandu – selon lequel une fille ou une femme non vierge et occidentalisée est une pute par essence et tout le monde peut aisément la violer et l’agresser, sans aucune crainte d’être puni, ni par la famille, ni par les proches, ni par la justice ni même par le Dieu auquel on croit. Comme si ne plus être vierge était le signe suprême de non-respectabilité.
À la suite d’un fait divers survenu en France, j’ai entendu à la radio, une mère déclarer, lors du procès de son fils, jugé et condamné dans le cadre d’un viol collectif dans un quartier de la banlieue parisienne, que celui-ci ne pouvait pas être un violeur puisque la fille en question couchait avec beaucoup de garçons. Quelle turpitude ! Cette mère, totalement inadaptée, n’était pas capable psychologiquement et intellectuellement, de comprendre la condamnation, car elle vivait en dehors des règles républicaines françaises. Elle ne pouvait penser qu’avec des codes personnels restreints dictés par son conditionnement, son éducation, son environnement, comme le veut une logique implacable basée sur le mythe de la virginité et de l’honneur, une superstition devenue une réalité scientifique, une donnée qui va jusqu’à l’emporter sur le droit.
En somme, elle n’était pas capable d’avoir une

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