Bilal
187 pages
Français

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Description

Bila est un hartani, c'est-à-dire un esclave ou descendant d'esclave de Mauritanie. Arabe, noir et musulman, il était devenu français à la suite de son mariage avec Muriel, journaliste à Reporters sans frontières. Renouant avec la diaspora mauritanienne, il finit par s'engager dans le combat, entre autres, contre l'esclavage. Il part pour la Mauritanie, accompagné de son fils Hamza. A la traversée de la frontière avec le Sénégal, Bilal est interpellé, conduit à la Direction de la Sûreté de l'Etat où le tristement célèbre commissaire Deddahi l'envoie faire des séjours répétés au "Laboratoire", lieu de torture et de sévices de la Police Politique du pays.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2005
Nombre de lectures 283
EAN13 9782336275413
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Ecritures Arabes
Collection dirigée par Maguy Albet
Dernières parutions
N° 209 Ahmed TALEB, Le silence des poètes , 2005.
N° 208 Mamoun LAHBABI, Les chemins de l’amertume, 2005.
N° 207 NORA-ADEL, Le Candidat , 2005.
N°206 Ghazali Mahamat Idriss, Aïda , 2005.
N°204 Farouk BENBRAHIM, Les enfants du salon vert , 2005.
N°203 Mahmoud Turki KHEDHER, Le soupir des djinns-Rohbanes , 2005.
N°202 Abderrahman BEGGAR, Le chant de Goubi , 2005.
N°201 Nacer OURAMDANE , L’incursion des italiques , 2004.
N°200 Salah MOUHOUBI, Ahaggar , 2004.
N° 199 Joseph FADDOUL, Le pays qui n’existe pas , 2004.
N°198 Bouthaïna AZAMI-TAWIL, Le cénacle des solitudes , 2004.
N°197 Abdelkaderl El Yacoubi, Le Banquet de Bounite , 2004.
N°196 Youssef AMGHAR, Il était parti ans la nuit , 2004.
N°195 Mohamed TAAN, Bahmane , 2004.
N°194 Salah MOUHOUBI, Dessins éclatés , 2004.
N°193 Abdelfattah AÏT AÏSSA, Les bonnes épouses , 2003.
N°192 Noureddine ABA, C’était hier Sabra et Chatila et Montjoie Palestine ! ou L’an dernier à Jérusalem , 2003.
N°191 Noura BENSAAD, Mon cousin est revenu , 2003.
N°190 Ammar AMOKRANE, L’honneur n’est pas sauf , 2003.
N°189 Hafedh DJEDIDI, Fièvres dans Hach-Médine, 2003.
N°188 Farid BENYOUCEF, Le Festin du diable, Roman , 2003.
N°187 Saïd LAQABI, Journal intime d’un figurant , Roman, 2003.
N°186 Yamina BERRABAH, Algériennes à perpétuité , 2003.
N°185 Ahmed TAZI, Le convoi du chien , 2003.
N° 183 Halim CHAREF, Couscous amer , 2002.
N°182 Salah MOUHOUBI, Le revenant , 2002.
N°181 Mokhtar ATALLAH, Le nœud et le talisman , 2002.
N°180 Noura BESSAAD, L’immeuble de la rue du Caire , 2002.
N°179 Gulpérie EFFLATOUN-ABDALLA, La ballade des geoles , 2002.
N°178 Gulpérie EFFLATOUN-ABDALLA, Gulpérie , 2002.
Bilal

Mohamed Baba
© L’HARMATTAN , 2005
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
L’HARMATTAN, ITALIA s.r.l. Via Degli Artisi 15 ; 10124 Torino L’HARMATTAN HONGRIE Könyvesbolt; Kossuth L. u. 14-16 ; 1053 Budapest L’HARMATTAN BURKINA FASO 1200 logements villa 96 ; 12B2260 ; Ouagadougou 1.2 ESPACE L’HARMATTAN KINSHASA Faculté des Sciences Sociales, Politiques et Administratives BP243, KIN XI ; Université de Kinshasa — RDC
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782747593342
EAN : 9782747593342
Sommaire
Ecritures Arabes Page de titre Page de Copyright Dedicace Préface Chapitre I Chapitre II Chapitre III Chapitre IV Chapitre V Chapitre VI Chapitre VII Chapitre VIII Chapitre IX Chapitre X Chapitre XI Chapitre XII Chapitre XIII Chapitre XIV Chapitre XV Epilogue
A la mémoire de mes parents. A Françoise, Marie, Michel et Emilie.
Pour que le silence des victimes ne soit plus le complice de leurs bourreaux.
Préface
La vive émotion, qui peut nous surprendre pendant que nous sillonnons les pages de ce témoignage poignant, doit céder la place à la réflexion sur la tragédie que nous vivons depuis plus de deux décennies ; car en Mauritanie même celui qui se trouve au plus bas de l’échelle hiérarchique de la police politique a les pleins pouvoirs : celui de torturer à mort. Ce témoignage pose une question lancinante : comment des hommes ordinaires, qui n’avaient aucune chance dans une vie civile policée, peuvent devenir des artisans odieux pour faire parler leurs victimes par le biais de traitements dégradants ?
On retrouve, dans la trame de ce témoignage, la mort comme moment de jouissance libérateur. La conscience de la mort devient un courage de rompre avec la vie ; afin de ne rien révéler aux bourreaux qui s’acharnent sur le corps de leur victime. Pourtant cette tentative de se libérer de la souffrance en se faisant violence, conduit encore une fois à penser l’espoir de témoigner sur une pratique devenue un véritable rituel en Mauritanie. On ne brise pas une « volonté », on ne vainc pas une « résistance ». Dans son jeu macabre le bourreau tente de les affaiblir.
Torture : « Supplice physique que l’ont fait subir à quelqu’un, notamment pour l’obliger à dire ce qu’il refuse de révéler. Souffrance physique [et] morale très vive ». Le terme condense en lui l’invention la plus cynique au monde : l’art de faire parler l’autre en niant son existence. Il n’y a pas plus paradoxal que ce supplice qui tente de rendre notre esprit étranger à notre corps. La souffrance physique se transforme rapidement en souffrance psychologique, mais la douleur ressentie perd de sa signification quand l’espoir de témoigner irradie le corps de la victime. Alors là, elle se transforme en arme. Le témoin survivra toujours à son bourreau. C’est une règle de la vie. Maktoub.
Avec le fil de la douleur subie, Mohamed Baba tisse la toile d’une histoire où se mêlent joies ininterrompues, interrogations et espoirs. Ce n’est pas seulement le tableau d’un drame qui est esquissé, mais celui de la vie, du temps et de l’inoubli. En se racontant à travers le tissu de la douleur Mohamed Baba livre des messages poignants sur notre existence et des choix qu’on peut faire dans la vie. Les rencontres y sont multiples et chacune d’entre elle porte un souffle profond, puisé dans l’âme intérieure de celui qui se raconte à travers la souffrance. Elle raconte que les aveux arrachés, par la torture, deviendront armes contre les bourreaux.
L’un des apports indéniables de ce livre est de nous faire vivre une nouvelle façon d’écrire et de décrire la souffrance, mais aussi d’indexer une pratique d’un autre âge. C’est une autobiographie née dans la douleur et l’amertume. Elle s’inspire, en partie, de l’expérience de l’auteur et de la vision qu’il a de la situation des esclaves en Mauritanie. Elle se décline en tableaux qui décrivent avec dextérité les maux qui gangrènent la Mauritanie et les choix qui s’imposent à l’auteur au tournant de sa vie. Mohamed Baba brosse avec une grande subtilité la souffrance de Bilal, tiraillé entre sa condition d’esclave et d’immigré. Véritable alchimie. Il dénonce, tout en étant de l’autre côté de la barrière, la condition des esclaves en Mauritanie. Mohamed Baba fait un parallèle réussi entre sa condition de prisonnier politique et la vie tumultueuse du hartani Bilal qui tente par tous les moyens possibles de renouer avec son pays, mais des circonstances, particulièrement douloureuses, le conduisent dans les mains de la police politique. Tout en se racontant, l’auteur se met dans la peau de l’esclave qu’il n’est pas. La métaphore de l’esclave sert ici d’un véritable prétexte pour dénoncer une pratique inique qui continue de maintenir des milliers de personnes dans les chaînes de l’esclavage à l’aube de ce millénaire. C’est un témoignage qui marque d’un sceau indélébile une partie, encore sombre, de l’histoire de la Mauritanie. Mais il jette une lumière vive sur les spectres des bourreaux [des maîtres], il les nomme, les décrit, les prend aux mots, leur donne une voix, des visages hideux. Le témoignage rend possible le passé et réintroduit la question de l’existence ; et on comprend mieux le récit de Mohamed Baba ; mêlant la vie ordinaire à la tragédie. Véritable tragédie. La vie est une tragédie ! Mais de l’espoir naîtra un autre monde, un monde de justice et de paix, un monde d’harmonie et d’amour. Maktoub.
Mohamed Baba et Bilal cheminent ensemble dans un monde de tiraillements internes et de retournements multiples. On passe de la condition du prisonnier politique à celle de l’opprimé social. Ce va-et-vient entre les deux facettes du miroir mauritanien est chargé d’un symbolisme fort : le devoir de lutter contre toute forme d’oppression dans ce monde.
Ce livre est ouvert et aéré. On y entre par la voix et on y sort par la voix. La voix intérieure, celle qui refuse de se taire tant que le bourreau [maître] ne sera pas dans le box des accusés. Les rebords de la blessure ne se refermeront pas sur Bilal. Stigmates.
Abderrahmane N’GAIDE Bordeaux Juillet 2005
Chapitre I
- Je suis né esclave. Tu l’aurais été, toi aussi mon fils, si tu étais né au village.

Hamza s’arrêta pour adresser à son père un regard interrogatif et exigeant. Bilal, sans se laisser impressionner par la pression du regard de l’adolescent, invita ce dernier à s’asseoir sur le banc qui se présentait à eux et, comme s’il avait prévu cette pause longtemps à l’avance, sortit le goûter de son sac à dos.

C’était son premier dimanche de garde et il avait amené Hamza à la piscine municipale et l’y avait autorisé à faire du grand toboggan aquatique qui occupait les deux tiers du volume de l’édifice. Jusqu’à présent, Bilal jugeait son fils un peu jeune pour se lancer du haut des six mètres de la piste tortueuse

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