Le voyage sans retour d Aimé Bonpland, explorateur rochelais
187 pages
Français

Le voyage sans retour d'Aimé Bonpland, explorateur rochelais , livre ebook

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187 pages
Français

Description

Aimé Bonpland, botaniste et médecin, né Rochelais en 1773 et mort presque Argentin en 1858, s'inscrit dans la grande histoire des doux rêveurs : un homme épris des Lumières, de philanthropie et d'un humanisme candide. Depuis la cour napoléonienne jusqu'aux forêts brésiliennes, Eric Couthès a dressé un portrait inspiré de l'éternel voyageur, renonçant à son héritage charentais, à sa vie scientifique française, à son existence paraguayenne, à ses amours argentines. Ce livre constitue un roman historique et une histoire romantique.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2010
Nombre de lectures 398
EAN13 9782296256521
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le voyage sans retour d’Aimé Bonpland,
explorateur rochelais

© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN:978-2-296-11878-2
EAN :9782296118782

Éric Courthès

Levoyagesans retourd’Aimé Bonpland,
explorateur rochelais

roman

L’Harmattan

« Le printemps riaitau-dessusdes tombes, chantaitdans les
gosiersdes oiseaux, flambaitdans lesbourgeons,il proclamait
entrelescroixet lesépitaphes son incrédulitéjubilatoire ausujet
delamort.Et il n’yavait ni larmesdans nosyeuxni mêmeune
ombre dans noscœurs, carencesimple cercueil (quatreplanches
fragiles) nousavions l’impressiondeporter,non pas les lourdes
chairsd’unhommemort,maisbeletbien lamatièrelégère d’un
poème achevé.»Adán Buenosayres,« Prologueindispensable ».

LeopoldoMarechal,Buenos Aires, CentroEditorde América Latina,
1968,(1948).

MA DOUBLE MORT

« Ilya des contesentretes pupilles, dela
couleurdetonâme,jesais qu’ils parlentde
laliberté, enracinée en toi,monBonpland.»,
Canturbe, «Bonpland »,RCA Corporation,
BuenosAires,1983.

Quies-tudonctoi quiviens m’assassinerpost mortem?Ilya
autantdeversions que depossibilités, en toutcas, «par-delàle
murdusommeil» éternel,jen’ai pas reconnutonvisage, dans
l’obscurité.D’aucunsdisent quetuesungauchoanonymeou
mêmeunIndienà cheval nommé Macario, et quej’aurais refusé
detesaluer.Commentaurais-jeputerépondre?N’étais-tupoint
aucourantdemamort ?Toutelaville deRestauración l’était.
Comment l’aurais-tuignorée?D’autres prétendentencorequetu
étaisun parentdu GouverneurPujol,l’undemes meilleursamis,
cette hypothèsen’apasdesens…
Toutelanuit on memitàsécher,sur la colline auxarbresdu
Paradis, assis telunvivant, dans mongrand fauteuilen osierde
moine,pourassurer leprocessusd’embaumement.D’aucuns
racontentàtort quetuosas mepoignarderen pénétrantdenuit
dansune église,oùsetenaitune chapelle ardente.Délicieux
déliresdela fiction!Quiaurait oséunblasphèmepareil parmi
noscompatriotesdeCorrientes sicroyants ?Pas mêmeun
gaucho ou unIndien saoul!Commentunadepte desLumières
commemoi, athée et maçon, aurait-il putoléreruneveillée
funèbre dansune église !Cene furent pas làmesvolontés
testamentaires!Cesont làpurs racontars!
Seuleunepersonne éprouvant pour moi laplusgranderancune
aurait puprovoquerun telacte !«Pourquoi tantde barbarie?»,
s’exclama en l’apprenant monamiéternel, Alexandre de Humboldt.
Voici peut-êtrel’ébauche d’uneréponse.
J’ai passémesdernièresannées, «àl’ombre desarbres»,
dans monestancia deSanta Ana, avecpour seule compagniema
fille Carmen.VictorianaCristaldo,ma dernière épouse,ne
supportant plus lesvicissitudesdeSaõBorja,notrepropriété au
Brésil,mesvoyages incessants sur l’Uruguay, et obéissantaux
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pressionsdesa famille, était repartie àYapeyú.Je fusdonc
contraintde confierAmadoetAnastasioàla famillePérichonde
Corrientes,pourassurer lesuivideleursétudes.
Sa famille avaitalors pour moi laplusgrande haine,j’étaisà
sesyeuxl’infréquentable franc-maçon,l’aventurier incurable,le
bourreaudescœurs,quiabandonnaVictoriana, commetoutes les
autres.Il n’enest rien!Elle est partie deson propre chef!À
notreretouràSantaAna, en 1853,j’avaisdécidé devivre dans le
plusgrand dénuement, ellenesupportapascet isolement, cette
indigence, commenombre de femmes, ellesesentit trahie, et
aprèsuneultime crise dejalousie, décida derepartirà Yapeyú.
Alors toi lesoi-disantgauchoMacario,quiavancemasqué
dans lanuit noire,qui s’immiscetelun ivrogne, àl’ombre
éternelle demonarbre,jet’aidémasqué,jesais qui tues,la
bienséancem’oblige àtaireton nom,mais tous mes lecteurs
l’aurontdeviné,monstreinfâme,qui mêmelamort nepeut
respecter!
Au-delà duseuildelamort,jet’aientendu,tut’esécrié, en
mepoignardant maintesfois: «Tasciencenetesertdéjàplusà
rien! », avecun riresarcastique,sans mêmemesaluer, commele
prétendent toutes leschroniquesfallacieusesécritesà cesujet!Je
veux,malgrémamort, etàtraversces lignes,quelaVérité éclate
enfin.J’étaisaimé del’ensemble delapopulationdeCorrientes,
on prévoyait pour moi,(et malgrémoi),unesemaine de deuil
nationaldans la capitale.
Quidoncpouvaitdésirer, avec autantde force etde haine,
rompre ceprocessus irréversible?Quidoncpouvait mettre à bas
lesheuresdetravaildemonembaumement ?Alors quejel’avais
moi-mêmeprescrit!Quidoncsicen’est toi ?L’innommable…

Le compilateur par ces notes, (qui refuseront toujours l’oubli dubas
depage),tientàrétablir ici quelques «vérités », quoique ce terme soit
parfaitementinapproprié concernant lavie(et surtout lamort)
tumultueuse d’AiméBonpland.On nesaurajamaiscequi s’est passé
réellement,queleshistoriens, avides de certitudes proclamées et
d’évidencesincontournables, fuientces lignescommelapeste !
AiméBonpland est mort leonzemai mille huitcentcinquante huit,
dans samaisonnette deSantaAna,(aujourd’hui levillageleplus
proches’appelleBonpland),Province deCorrientes, aubord dufleuve
Uruguay, aunord-estdel’Argentine, dans sonvieuxfauteuild’osier, en
contemplant son jardin par la fenêtre.On letransféra ensuite à
Restauración,(aujourd’huiPasodelosLibres),pour procéderàson

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embaumement.Làtroisversions s’affrontent.Deuxjours plus tard,le
13mai 1858,ilauraitétépoignardé alors qu’on letransféraitdans
cetteville,ouàPasodelosLibres, après sonembaumement,lorsd’une
chapelle ardente,ouencore devant samaison, àSantaAna.
Nous laissonsdonc ànotreIllustreMort laresponsabilité deses
dires.Ilest libre,(etbeaucoup plus quen’importequelhomme), de
revivresamort tel qu’il l’entend…
«Par-delàlemurdusommeil» esten plusd’une digression
anachronique assumée,une évidente allusionaugénialLovecraft,
Maîtres’ilenestdes prosopopées.Qui peut oublier, aprèsavoir lu
quelques-unsdeses livres, des passeursdeseuilsau-delà duréel
commeRandolphCarter ou JoeSlater?C’estdanscettelignée,que
nousdonnons laparole àun mort, au-delà descontraintesdel’espace
etdutemps, et ignorant les règles les plusélémentairesdela biologie.
«Pourquoi tantdesauvagerie?», c’estbienceque déclare
ChristianVadim,(filsdigne deCatherine), dans sapeaudeHumboldt,
dansune adaptation magistrale aucinéma du«roman» delapremière
partie delavie deBonpland, del’amicybernétiqueLuisArmando
Roche, «AireLibre ».C’estbien làlemoteurdesavie,laLiberté,pas
seulementcellephilosophique del’EspritdesLumières qu’ils surent si
bien transmettre, enAmériquelatine, avecHumboldt, et quidonna
naissance,(àpartird’un rêve collectif dansunbordel parisien), à
l’Indépendance de ce continent,maisbeletbien, celle detous les jours,
pour laquelle,ilfaut lutter pied àpied…
Bonplandinspira aussidenombreuxromanciers, adeptesdela fiction
historique,parmiceux-ci, deuxFrançais,PhilippeFoucault, dans son
ouvrageparailleursfortdocumentéLe pêcheur d’orchidées, affublele
gauchoassassind’un prénom, «Macario».S’agirait-ild’une
manifestationexotextuelle denotre défuntAmi,le génial romancier
paraguayen,AugustoRoaBastos ?Sonétrange conteurde «Fils
d’homme »,porteurd’unepartie durécit,(en particulierde cellequi
contel’étrange doublemortdeBonpland),seserait-il mué enIndien
assassin ?Sarésurrection textuelle dans«Moi lesuprême »n’aurait-elle
pasde fin ?
NicolasHossardpour sapart,reprenant lesderniers motsde
Foucault,le fit mourir« àl’ombre desgrandsarbres», aubord de
l’Uruguay, dansun sous-titre fort poétique etévocateurd’un
personnagequi passasavie àygrimper,pourycueillirdes orchidées:
«AiméBonpland(1773-1858),médecin,naturaliste, explorateuren
Amérique duSud ».
Mais n’oublions surtout pas leMaître èsBonpland,l’ArgentinLuis
Gasulla,le génialgendarmecorrentinoqui, dans son merveilleux
ouvrag

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