Les grandes ondes
324 pages
Français

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Les grandes ondes , livre ebook

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Description

Dans ses mémoires, Michel Ferry raconte de façon très vivante ses expériences comme chroniqueur à Radio-Tanger, rédacteur-en-chef de l'émission-phare de Radio-Luxembourg, Dix millons d'auditeurs, fondateur de Radio-Caraîbes International, et rédacteur à la Voix de l'Amérique. Avec l'aide des trois fils de Michel Ferry, le texte est présenté et annoté par Chrisopher Todd.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2012
Nombre de lectures 72
EAN13 9782296492943
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1350€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Les grandes ondes
Michel Ferry
Les grandes ondes
Mémoires d’un homme de radio
PRÉFACE ET NOTES DE CHRISTOPHER TODD,
PROFESSEUR ÉMÉRITE À L’UNIVERSITÉ DE LEEDS







L’HARMATTAN
© L’HARMATTAN, 2012
5 -7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http ://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-96390-0
EAN : 9782296963900
A ses fils,
Alain, Bernard et
Jean-Marc Ferry
Préface
L’homme de radio
Le nom de Michel Ferry est largement oublié, tant les media sont voraces et laissent peu de place pour des réputations durables. Et pourtant, à au moins deux périodes de sa vie il faisait partie de ces « idoles invisibles » qui n’ont qu’à parler devant le micro « pour que le silence se fasse dans des milliers de foyers, pour que des milliers d’oreilles se tendent... » 1 . Ce ne serait donc que lui rendre justice que de décrire ici les multiples rebondissements d’une association avec la radio qui a duré plus de quarante ans.
Marc Ferry, dit Michel Ferry, naquit à Toul le 1 er décembre 1912 2 , d’un père lorrain, Jules Georges Joseph Auguste Ferry, et d’une mère dont la famille était d’origine bretonne, Jeanne Marie Louise Faure-Beaulieu. C’est une ascendance dont il sera toujours très fier 3 .
Fils d’un officier de marine, Georges Ferry s’engagea dans l’armée comme volontaire 2 e classe, mais sortit rapidement des rangs pour devenir lieutenant au 156 e régiment d’infanterie. Il fut tué le 20 août 1914 à la bataille de Morhange, douze jours après son trente-troisième anniversaire 4 . Comme beaucoup d’enfants de sa génération, le jeune Michel Ferry devint ainsi Pupille de la Nation.
Sa mère et lui passèrent le reste de la guerre à Dijon, avant de s’installer, à Issy-les-Moulineaux, au no 76, rue Ernest-Renan. C’était alors une rue d’une élégance qu’on aurait du mal à imaginer aujourd’hui. La famille loua un ancien pavillon de chasse royal du XVIIe siècle, qui avait appartenu à la maréchale d’Estrées, et comme il le dira dans ses mémoires, le jeune enfant errait dans le jardin abandonné de la maison avoisinante où la grande actrice du XVIIIe siècle, Mlle Clairon, avait eu l’habitude de recevoir ses amis célèbres 5 .
Veuve à vingt-quatre ans, la mère de Michel Ferry ne se remaria jamais et fut désormais toujours vêtue de noir 6 . Elle éleva son fils dans le souvenir du héros mort pour la patrie. Très pieuse, elle coupa les liens avec la famille peu pratiquante de son mari, apparentée d’ailleurs à la fameuse figure anticléricale du dix-neuvième siècle, Jules Ferry 7 , et ce sont donc ses grands-parents maternels, le colonel Ernest Faure-Beaulieu et sa femme Marie-Thérèse Gilon que le jeune homme connaîtra le mieux. Il sera particulièrement attaché à sa grand-mère 8 .
Elève pendant quatre ans au Lycée Michelet, à Vanves, il suivit ensuite des cours privés avant de s’inscrire à Sciences-Po qu’il quitta en cours de deuxième année. Sa vie sera jalonnée de changements de projets, et il faut croire qu’un cursus d’études économiques et politiques cadrait mal avec une passion qui dominait déjà tout : son engouement pour la radio.
Dans ses mémoires, Michel Ferry raconte tout ce qu’il faisait pour pouvoir capter des émissions de radio à Issy-les-Moulineaux et aussi à la villa Ty-Breur que sa famille louait tous les ans à Loctudy, dans le Finistère. Ce qu’il ne dit pas, c’est qu’il ne restait pas toujours dans le domaine de la légalité.
A Loctudy et ensuite en banlieue parisienne, avec l’aide d’un radio club, il faisait fonctionner aussi un petit émetteur clandestin qu’il appela « Paris Expérimental Radio ». Ce ne fut qu’au bout d’un an qu’il fut attrapé par la police 9 . Vu son âge, il s’en tira avec un avertissement, et il put même faire une partie de son service militaire comme simple sapeur au 8 e Génie au poste émetteur de la Tour Eiffel.
A l’âge de dix-neuf ans — c’est-à-dire en 1931 — il entreprit son premier voyage aux Etats-Unis, où il fit, dit-il, un stage de six mois auprès de la National Broadcasting Company à New York, servant de conseiller pour une série de programmes d’Al Jolson consacrés au « Gay Paris » 10 . Ce sera l’occasion pour le jeune Français de perfectionner son anglais, et sa maîtrise de cette langue sera toujours exceptionnelle. C’est à son retour, âgé toujours de dix-neuf ans, qu’il commencera sa carrière de journaliste. Il nous dit que « quelques papiers qu’il avait donnés au Figaro attirèrent l’attention de Jean Antoine qui l’appela à l’Intran » 11 .
*
En fait, son premier travail sous l’égide de Jean Antoine et de l’équipe radiophonique de l’Intransigeant sera non pas comme journaliste de la presse écrite, mais comme radioreporter, un métier où il allait s’imposer par la suite. Dans une réponse à une enquête réalisée en 1935, Michel Ferry prétend avoir réalisé son premier radioreportage lors de l’Exposition coloniale de mai-novembre 1931 12 , mais la première émission où nous pouvons confirmer sa présence avec certitude, c’est une « Parade des Jouets » diffusée par Paris P. T.T. le jeudi 17 décembre 1931 à 16 h. 30. Là, trois radioreporters, Carlos Larronde, Alex Surchamp et Michel Ferry, chacun dans un grand magasin différent, devaient décrire « le rayon des jouets ou ce qui se dégage de telles visions » 13 .
Pour Marcel Ménécier, même si Ferry avait perdu « un peu de son assurance vers la fin du reportage », il avait néanmoins su se défendre honorablement dans des conditions assez difficiles 14 , et à la fin de l’année Jean Antoine dit que les débuts du jeune homme avaient été « prometteurs » 15 .
Par ailleurs, le 5 juin 1932, Michel Ferry commencera une chronique hebdomadaire du « Cinéma à travers le monde » sur le nouveau Poste Colonial 16 . C’est le même mois, dans le numéro de l’Intransigeant daté du 25 juin 1932 (p. 9) qu’il donnera enfin son premier article signé pour ce journal, une discussion de la nécessité de créer une maison de la radio comparable à celles qui existaient déjà à l’étranger. Il restera un des auteurs principaux de la page radiophonique de l’Intransigeant pendant un peu plus de quatre ans, abordant presque tous les aspects de la vie de la T.S.F. et remplaçant assez souvent Carlos Larronde pour les notes d’écoute du théâtre radiophonique et des retransmissions lyriques. Son dernier article paraîtra dans la troisième édition du numéro daté du 25 août 1936 (p. 6). Du 24 avril 1935 au 1 er avril 1936, il signera aussi la chronique radiophonique de l’hebdomadaire généraliste Marianne 17 .
Comme tous les commentateurs de l’époque, il était souvent sévère à l’égard de « toutes les erreurs qui entachent la radio », mais que ce fût dans l’Intransigeant , dans Marianne , ou ailleurs, il ne cessait d’affirmer son amour pour un instrument qui lui apportait « des émotions fugitives » et lui permettait de « participer de partout à la vie du monde » 18 . Il se fit remarquer bien vite. En juillet 1932, dans le cadre d’une enquête qu’il menait sur le terme à employer pour désigner « celui qui parle » à la radio, vu le mécontentement souvent ressenti à l’égard du mot « speaker » 19 , Michel Ferry rendit visite à l’académicien Abel Bonnard 20 . Celui-ci proclama ensuite combien l’enquête était « intéressante », et jugea « très importantes » les questions qu’elle soulevait 21 . Les articles de Ferry continueront d’ailleurs de provoquer des commentaires favorables de la part d’autres critiques. Le musicologue André Cœuroy, par exemple, approuvera 22 ce que disait Ferry sur les effets désastreux au microphone dus à un emploi abusif de la pédale forte du piano23. Ferry aura aussi ses « dadas », notamment sa prédilection pour l’orgue de cinéma, ce qui n’était pas du goût de tout le monde 24 .
Grand voyageur, et apprécié pour sa connaissance de l’anglais, Michel Ferry se déplacera souvent dans les pays anglo-saxons. Visitant Londres en août 1932, il décrira le salon de la radio à Olympia et les nouveaux locaux de la BBC 25 . Il y retournera pour le salon de l’Olympia de 193526. En attendant, dès le début du mois de mars 1934, on le retrouve aux Etats-Unis, d’où il envoie une lettre où il évoque les conditions d’écoute du Poste Colonial et donne quelques impressions plutôt négatives de la radio américaine 27 . De New York, il parle ensuite de l’omniprésence de cette T.S.F.28 — pour employer une expression que Ferry n’aimait pas 29 . Pour finir, il décrit l’écoute des stations sur ondes courtes à bord du bateau qui le ramène en Europe 30 . Pour Fer

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