Une vie avec les mains qui tremblent
131 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Une vie avec les mains qui tremblent , livre ebook

-

131 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Greg tremble. Pas seulement de peur, de colère ou de froid, comme nous le faisons tous. Son tremblement, reconnu comme pathologique, est "essentiel" - c'est le mot que la médecine emploie lorsqu'elle ignore la cause d'un phénomène. A travers ce témoignage, l'auteur nous fait partager une vision du monde plus douce, plus sensible, plus drôle - et c'est bien là l'essentiel.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2008
Nombre de lectures 160
EAN13 9782336272825
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© L’Harmattan, 2008
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296043053
EAN : 9782296043053
Histoire de Vie et Formation
Collection dirigée par Gaston Pineau
avec la collaboration de Bernadette Courtois, Pierre Dominicé, Guy Jobert, Gérard Mlékuz, André Vidricaire et Guy de Villers

Cette collection vise à construire une nouvelle anthropologie de la formation, en s’ouvrant aux productions qui cherchent à articuler “histoire de vie” et “formation”. Elle comporte deux volets correspondant aux deux versants, diurne et nocturne, du trajet anthropologique.
Le volet Formation s’ouvre aux chercheurs sur la formation s’inspirant des nouvelles anthropologies pour comprendre l’inédit des histoires de vie. Le volet Histoire de vie , plus narratif, reflète l’expression directe des acteurs sociaux aux prises avec la vie courante à mettre en forme et en sens.
Déjà parus
Volet : Histoire de vie
Henry BOUCERET, Une vie sur la route. Lettres d’un pèlerin vagabond, 2007.
Joseph BARBARO, Quotidien d’une maison de retraite , 2007. Association des Anciens Responsables des Maisons Familiales
Rurale (coord. par J.-C. Gimonet), Engagements dans les Maisons Familiales Rurales , 2007.
Marie-Odile de GISORS et Joffre DUMAZEDIER, Nos lettres tissent un chemin , 2007.
Michèle PELTIER, Le couchant d’une vie. Journal d’une cancéreuse croyante et coriace , 2007
Jacqueline OLIVIER-DEROY, Cœur d ’enfance en Indochine , 2006.
Jeannette FAVRE, En prison. Récits de vies , 2005.
Françoise BONNE, A.N.P.E . MON AMOUR, 2006.
Christian MONTEMONT et Katheline, Katheline , 2005.
David JUSTET, Confessions d’un hooligan , 2005.
Renée DANGER, Mon combat, leurs victoires , 2005.
Danièle CEDRE, La porte-paroles. De Elles à... Elle , 2005.
Guy-Joseph FELLER, Les carambars de la récré ! Une école de village en Pédagogie Freinet dans les années 60, 2005.
Marie-Claire GRANGEPONTE, (sous la dir. de), Classes nouvelles et gai-savoir au féminin, 2004.
Une vie avec les mains qui tremblent

Greg Tomsoleil
Sommaire
Page de Copyright Histoire de Vie et Formation - Collection dirigée par Gaston Pineau Page de titre Trembleur, mon semblable, mon frère ! FÉBRILE JEUNESSE, À TOUT ASSERVIE... UN ANIMAL COMME LES AUTRES ? TREMBLER SOUS LES YEUX D’ESCULAPE APPAREILLONS ! CECI N’EST PAS UN TESTAMENT
L’ essentiel c’est être soi-même, mais être soi-même n’est pas si simple.... Il y a des parties de soi qui ne sont pas visibles et il y en d’autres que l’on aimerait cacher.
Ce qui fait le soi, c’est un tout fait de parties vécues comme distinctes. Ce qui fait le soi, ce n’est pas une « partie »... même si cette partie prend toute la place.
Comment faire pour qu’une partie de soi ne prenne pas toute la place ? Si retrouver chaque petite partie de soi peut prendre du temps, remettre à sa place chacune des parties de soi peut prendre, également, un temps conséquent. Parfois, on y arrive seul, parfois, pour différentes raisons, une aide est nécessaire.
J’ai eu la chance de rencontrer Greg Tomsoleil. Avec courage et détermination, tout surpris parfois, tant les choses étaient tapies au fond de lui, il a pu, peu à peu, mettre la main sur toutes les parties qui le constituent, les équilibrer et les remettre à leur place.
Remettre à sa place une partie de soi qui prend toute la place n’est pas l’apanage des maladies génétiques, mais lorsque l’on souffre d’une maladie génétique, il y a toujours une partie qui ne convient pas et qui est responsable, souvent, d’une partie plus visible. Chez Greg Tomsoleil, la mutation génétique a provoqué un tremblement dit « essentiel » avec lequel il vit depuis l’enfance. C’est ce tremblement qui a été remis à sa place.
Ce sont ces parties de soi qui forment ce « tout », cette mosaïque dynamique, que l’on retrouve dans le livre de Greg Tomsoleil, cette mosaïque qu’il m’a donnée à voir et qui figure admirablement dans les pages qui suivent.
Plus qu’un témoignage, une vraie œuvre littéraire ; plus qu’une œuvre littéraire, un vrai témoignage, dans lequel on apprendra, s’il en est besoin, que l’essentiel, doit rester à sa place.
Thierry HERGUETA Psychologue Psychothérapeute
Il est hors de question que ce livre ne commence pas par un hommage à Thierry Hergueta, psychologue, qui m’en a suggéré l’idée et, surtout, en bien des domaines, m’a permis de voir plus clair en moi, et d’aller mieux.
Trembleur, mon semblable, mon frère !
J’ai cinquante et un ans. Il me semble que j’ai toujours tremblé, au moins depuis l’adolescence.
Je commence ce récit dans le métro, sur un petit carnet. Ma pudeur — « mon reptilien », dirait un expert en relaxation que j’apprécie — est en alerte. Je redoute que les yeux d’un voyageur tombent sur mes mots, qu’il me considère et pense : « C’est vrai, il tremble. » Souffrirais-je d’une maladie honteuse ?
Et pourtant ce matin, mon tremblement n’entrave pas mon écriture. Il en est d’autres où il se déchaîne. Si je dois alors accomplir quelque travail, si je veux noter un rendez-vous ou une idée, j’éprouve la plus grande peine à aligner mes lettres et à leur donner une forme reconnaissable. Même par moi-même ! Ces jours-là, je me sens un peu désespéré, humilié, agressif envers ce mien corps qui me trahit, et envers le genre humain qui m’entoure.
Aujourd’hui, même quand j’écris, peut-être mon tremblement est-il devenu invisible. Si je n’étais pas en train de l’analyser, peut-être l’oublierais-je totalement ; ou mieux, peut-être m’oublierait-il totalement. Je ne sais pas s’il y a des périodes où je ne tremble pas du tout ; à tout le moins je perds parfois conscience de cette infirmité. Dans ces instants de grâce, peut-être parce que je reste immobile et détendu, je me sens quelqu’un de « normal ». Je baigne dans un anonymat tranquille, à moins que j’essaie, comme tout autre homme, d’éveiller l’attention d’une voyageuse qui me plaît.
Mais je ne veux pas raconter d’histoires. La plupart du temps, je tremble, je le sais et cela se voit. Certains sont aveugles, d’autres sourds, moi, je sucre les fraises , pour reprendre cette expression si pittoresque... et si horrible. Elle échappe parfois au cours d’un repas à un ami qui, en riant, s’exclame : « Eh, je ne suis pas si vieux ! Je ne sucre pas encore les fraises ! » Il s’en rend compte ou non, mais sa repartie m’anéantit : mes fraises à moi sont depuis longtemps sucrées!
Je ne veux pas faire pleurer sur mon sort, au contraire. J’écris ceci dans l’espoir qu’un lecteur tremens , un frère trembloteur, un semblable sénile avant l’heure, se reconnaisse dans mes impressions et vive de l’intérieur les épisodes que je vais raconter. Et qu’il en tire la même conclusion que moi : la vie est belle, même quand on tremble comme une feuille. Bien sûr, on ne peut pas devenir tireur d’élite, ni chirurgien 1 , mais on n’est pas condamné à une existence professionnelle ratée. Les relations sociales ne sont pas fermées à nos carcasses de feuilles mortes. Quant aux sentiments amicaux ou amoureux, ils nous sont ouverts aussi bien qu’à quiconque, passagers ou durables, tristes ou heureux, la bloblote n’y fait rien. Tout n’est pas toujours facile, mais pour qui les choses le sont-elles ?
Oui, j’ai apprivoisé mon tremblement, et, heureusement, depuis longtemps. Nous nous baladons ensemble. Selon les jours, nous nous détestons, nous nous aimons, nous nous oublions. Mais quand je repense au chemin parcouru, je le trouve toujours dans l’image. La route aurait été peut-être différente sans lui, mais aurait-elle été plus riche, plus gaie ? Car je veux terminer cette introduction sur une confidence : depuis que mon tremblement n’est plus un sujet d’angoisse, celui qu’il amuse le plus, celui qui s’en moque le mieux, c’est moi.
FÉBRILE JEUNESSE, À TOUT ASSERVIE...

L’enfance a la main sûre
A quand remonte mon premier souvenir de tremblement ? Ce n’est pas une question facile.
Je me rappelle, comme si c’était hier, la première vexation que m’a value ma particularité. Un élève s’approche de moi. Il est narquois. Il me cherche querelle. Pourquoi me déteste-t-il ? Quoi qu’il en so

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents