Brioude
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Brioude , livre ebook

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Description

A quoi pouvait ressembler Brioude il y a plus d’un siècle ? La magnifique collection de cartes postales anciennes publiées ici restitue l’ambiance de l’époque : nous participons à une étonnante balade dans les rues et ruelles de la ville. Après avoir admiré la basilique Saint-Julien, fait une pause sur le marché au beurre ou devant une magnifique fontaine, nous traversons les ponts sur l’Allier avant de nous aventurer dans le Brivadois à la rencontre de ses nombreux châteaux. Au fil des pages, le riche passé de la ville resurgit. La nostalgie a du bon lorsqu’il s’agit de retrouver nos aïeux au coin d’une rue, vêtus de leurs costumes traditionnels…

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2014
Nombre de lectures 6
EAN13 9782813815705
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

DeBenigna Brivasà Brioude
Sidoine Apollinaire (vers 430-vers 486), écrivain et homme politique auvergnat de la fin de l’Empire romain, gendre de l’un des derniers empereurs de l’Empire romain d’Occident, l’Auvergnat Avitus, et devenu évêque de Clermont (alorsArverna) à la fin de sa vie, a mieux que quiconque su faire la promotion de Brioude. Lorsqu’il rassembla ses écrits en un livre, il donna pour mission à son livre de voyager d’ami en ami, de ville en ville :« Au sortir de chez moi, mon cher petit livre, souviens-toi, je t’en prie, de suivre le chemin qui mène chez les amis dont j’ai soigneusement noté les noms. Evite la vieille route où on lit de distance en distance le nom des Césars sous la mousse des bornes antiques ; mais avance peu à peu, afin de renouveler dans tes stations l’amitié que je porte à mes amis. »Parmi ces stations où il souhaite voir son livre s’arrêter, notre Auvergnat cite des régions que son livre doit traverser (la Truyère, le Gévaudan, le mont Lozère, etc.), mais surtout il cite Brioude, marquant ainsi son attachement pour cette ville :« Tu iras ensuite à l’agréable[ou douce suivant les traductions du latin]cité de Brioude[Benigna Brivas], qui garde les reliques de saint Julien, lequel passe pour mort aux yeux des incrédules mais, vivant, il fait éclater sa puissance du fond de son tombeau. »Et dans une lettre à son ami Mamert, évêque de Vienne, où l’ami de saint Julien, Ferréol, subit à son tour le martyre et y est enterré avec la tête de saint Julien entre ses mains, il désigne Julien comme le saint patron du e pays des Arvernes. Ce témoignage de Sidoine Apollinaire à la fin du V siècle est capital : 150 ans après le martyre de Julien, son culte est manifestement déjà très développé et il est déjà reconnu comme patron de l’Auvergne. A peine un siècle plus tard, Grégoire de Tours, un autre Auvergnat, contribuera plus encore à diffuser le culte du saint et la renommée de sa ville. On le voit, l’histoire de Brioude est étroitement liée à saint Julien martyr et son culte qui s’y est rapidement développé. Etape sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, sa renommée a vite attiré les pèlerins, aussi bien pèlerins anonymes que grands de ce monde qui voulaient se recueillir sur la tombe du martyr ou le remercier de ses bienfaits. Paradoxalement, si cette renommée a, dans un premier temps, contribué au développement de la ville autour de sa magnifique basilique, elle est aussi devenue ultérieurement un obstacle à son développement. Si le chapitre de la basilique a d’abord eu le souci du culte du saint et de l’entretien des pauvres et des malades, très vite il a surtout été préoccupé de la défense de ses privilèges de chanoines-comtes et des revenus qui y étaient liés, au détriment des droits de ses habitants et du développement économique de la cité. Il n’en demeure pas moins qu’aujourd’hui encore Brioude tire à juste titre sa fierté de sa basilique Saint-Julien. La basilique Saint-Julien est le témoin de ce qu’a pu apporter le culte de saint Julien à la ville : la plus grande église romane d’Auvergne, que les patriotes locaux n’hésiteront pas à qualifier de plus belle. Une église dont la construction s’est étalée sur plusieurs siècles, au gré des embellissements et agrandissements, mêlant arts roman et gothique. Une église qui a souffert de la Révolution, où le rejet du chapitre a probablement suscité des réactions exacerbées : église transformée en entrepôt, clocher de la façade abattu, clocher de la croisée du transept arasé, vitraux détruits. Il a fallu de longues campagnes de restauration pour lui rendre son éclat. Et, finalement, une église toujours vivante, qui continue à chaque étape de son histoire de se voir ajouter des embellissements, comme plus récemment les vitraux du père dominicain Kim En Joong, témoignant de la présence de saint Julien dans sa basilique.
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Le Brivadois était avant tout une région agricole, et même viticole. Dans sa plaine de l’Allier, entre monts d’Auvergne et Livradois, la vigne s’est développée sur les coteaux, avant de disparaître e brutalement sous les attaques du phylloxéra à la fin du XIX siècle. Comparée à ses voisines, comme Issoire, Brioude était peu industrialisée, tirant sa richesse avant tout de la fertile terre d’alluvion de la vallée de l’Allier, mais aussi de l’Allier lui-même. Car, ne l’oublions pas, Brioude tire son nom du vieux celteBriva, le gué. Brioude, de par sa situation, a toujours été un point de passage pour traverser l’Allier, voie de passage de Clermont vers le Velay et le Gévaudan ou le Sud-Ouest : les ponts actuels comme les vestiges des ponts passés nous rappellent ce rôle important de Brioude et ses liens privilégiés avec la rivière. Ponts de Vieille-Brioude, de Lamothe, de la Bageasse (ou Bajasse : les deux orthographes se rencontrent), d’Auzon, tous ont remplacé des ponts plus anciens, tous ont toujours été des points de passage obligés. Perchée sur son escarpement, pour éviter les inondations lors des crues, Brioude domine la plaine de l’Allier vers Lamothe. Et l’Allier lui a aussi apporté ses richesses : le transport fluvial, important pour exporter les vins, mais aussi et peut-être surtout le saumon, dont Brioude a fait sa carte de visite. Les saumons de tout temps ont remonté l’Allier pour e frayer et la retenue de la Bageasse est devenue au XIX siècle un des lieux privilégiés de la pêche au saumon : on venait de loin pour pêcher le saumon à Brioude ! Mais limiter Brioude à une ville rurale tournée vers le passé serait injuste. Si, à un certain moment, Brioude a pu sembler en retard sur ses rivales de la région, ou au moins avancer moins vite, elle a su réagir pour retrouver sa place dans les évolutions du monde. D’abord la ville a été résolument républicaine dès que les Brivadois ont pu exprimer librement leurs opinions : sans être strictement e Brivadois, Lafayette et ses idées ont eu une influence certaine sur la ville. Dès la II République, en 1849, Brioude a envoyé à l’Assemblée nationale des représentants non seulement républicains, mais républicains radicaux siégeant à la « Montagne », alors l’extrême gauche du Parlement, Jules Maigne et Amédée Saint-Ferréol, qui s’opposèrent au coup d’Etat de Napoléon III et restèrent fidèles e à la République au prix de l’exil puis, revenant aux affaires avec l’avènement de la III République, continuèrent d’être élus sous l’étiquette radicale, comme leur successeur, le docteur Devins. Brioude la républicaine radicale réagissait ainsi aux excès du chapitre des siècles précédents, qui restaient dans les mémoires. Autre signe de modernité pour Brioude : elle prit une part importante dans l’histoire e des pionniers de l’aviation au début du XX siècle avec Eugène Gilbert, auquel elle rendit un juste hommage. Nous allons donc nous promener dans Brioude pour tenter de restituer en images l’ambiance qui y régnait il y a plus d’un siècle, quand la carte postale était à son apogée et qu’elle témoignait de la vie quotidienne, et que chaque place, rue, monument, bâtiment officiel avait droit à son cliché et sa carte postale. Nous redécouvrirons ainsi saint Julien en sa basilique, en constatant les changements qui lui ont été apportés en un siècle, au gré des découvertes faites durant les campagnes de restauration au e cours du XX siècle ou plus récemment. Nous nous promènerons dans les rues et sur les places de la ville en tentant de mieux comprendre les monuments que nous y croiserons, ou de les redécouvrir sans ces monuments ou sous un autre nom. Nous n’oublierons pas de nous balader autour de Brioude, dans le Brivadois, à la rencontre des nombreux châteaux, que l’on peut voir au bord des routes, et de traverser les ponts de l’Allier. Dans cette restitution d’un passé de nos aïeux, nous serons accompagnés par deux témoins privilégiés : Grégoire de Tours, pour nous aider à mieux comprendre la place qu’occupait saint Julien, et Amédée Saint-Ferréol qui, au-delà de ses fonctions politiques électives, était aussi un historien local qui avait le souci de transmettre une mémoire à une époque, le e dernier quart du XIX siècle, où les changements étaient déjà importants.
Le martyre de saint Julien à Brioude
La ville de Brioude est indissociable de la mémoire de celui à qui elle a dû, durant de longs siècles et jusqu’à aujourd’hui, sa renommée : saint Julien qui y mourut en martyr de la foi en 304. Sa tombe devint un lieu de pèlerinage fameux. Deux Auvergnats célèbres contribuèrent par leurs écrits à diffuser le culte de saint Julien : Sidoine Apollinaire (vers 430-489) et surtout Grégoire de Tours (539-594). Saint Julien était un soldat romain en garnison à Vienne, dans l’Isère, sous le double règne de l’empereur Dioclétien (245-313) et son coempereur Maximin Hercule (250-310). Jusqu’au règne de Constantin (édit de Milan en 313), la religion chrétienne n’était pas encore reconnue par Rome, et régulièrement les chrétiens étaient persécutés par les empereurs qui craignaient que la diffusion du christianisme ne porte atteinte à leur autorité. C’est ainsi que le gouverneur deLugdunum (Lyon), Crispinus, donna l’ordre d’arrêter Julien, lequel ne se cachait pas d’être chrétien. Prévenu par son supérieur et ami, Ferréol, lui-même chrétien et qui subit aussi le martyre, il s’enfuit jusqu’à Brioude où, rattrapé, il fut mis à mort. Décapité, sa tête fut rapportée à Vienne comme preuve de sa mort, tandis que son corps fut enterré à Brioude où l’on peut encore adorer ses reliques dans la crypte de la basilique. Son culte a largement dépassé les limites de la région au Moyen Age, sa tombe devenant très vite un lieu de pèlerinage populaire où se rendaient les foules anonymes mais aussi les grands de ce monde : les papes Formose en 893 et Urbain II en 1095, les rois Saint Louis le 12 août 1254 à son retour de croisade et Charles VI en mars 1394, qui se rendit au tombeau de saint Julien pour remercier le saint de sa guérison d’une hydropisie jugée miraculeuse, tandis que le duc d’Aquitaine Guillaume le Pieux, fondateur en 909 de Cluny, s’y fit enterrer, comme avant lui l’éphémère empereur romain Avitus en 457.
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mais au contraire car il craignait de ne pas garder suffisamment de courage pour affronter le martyre près des siens.]Or, il arriva dans le bourg de Brioude au moment où la persécution allait éclater[…].Quand, par un avertissement de Dieu, il eut senti que ses adversaires le poursuivaient, il pria une veuve de le cacher. Elle le fit ; mais à la demande du martyr, elle découvrit aussitôt sa retraite. S’adressant alors à ceux qui le poursuivaient :ne veux pas, “Je dit-il, rester davantage dans ce monde, car j’ai soif du Christ de toute l’ardeur de mon âme.” Ceux-ci tirant leur framée et la brandissant de la main droite, lui tranchèrent la tête et le glorieux martyr fut, si je puis m’exprimer ainsi, partagé en trois : car sa tête fut portée à Vienne[N.B. : elle y est enterrée avec le corps de saint Ferréol, lui aussi martyrisé], ses membres furent ensevelis à Brioude, et son âme heureuse fut recueillie par le Christ, son créateur. » Les reliques de saint Julien se trouvent toujours dans la crypte de sa basilique à Brioude (photo de l’auteur).
Grégoire de Tours, Auvergnat devenu évêque de Tours, fut le principal propagateur du culte du saint martyr, qu’il considérait comme son patron et à qui il vouait un culte particulier. Il lui consacra un livre entier :Le Livre de la passion, des vertus et de la gloire de saint Julien martyr. Il y raconte à la fois le martyre de saint Julien, mais aussi le développement de son culte et les miracles dont il a eu connaissance. Il apporte d’ailleurs son propre témoignage, ayant lui-même bénéficié des grâces de saint Julien. Il en fit venir des reliques dans sa ville de Tours pour y propager son culte. Voyons comment Grégoire de Tours relate le martyre de saint Julien :« C’est ce que voulut et souhaita de tout son cœur le célèbre martyr Julien qui, né dans la ville de Vienne et embrasé de ce feu sacré, fut donné comme martyr à l’Auvergne. Lorsqu’il était auprès du bienheureux Ferréol, déjà il aspirait par avance les brûlantes senteurs du martyre. Abandonnant ses richesses et sa famille, il vint en Auvergne, poussé par l’amour seul du supplice.[Grégoire de Tours explique alors que, s’il a quitté Vienne, ce n’est par crainte du martyre
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Grégoire de Tours va alors relater les nombreux miracles qui furent à l’origine de la popularisation du culte et du pèlerinage de Saint-Julien à Brioude. Ce sont d’abord les deux vieillards qui vont enterrer le corps décapité de saint Julien qui seront les premiers bénéficiaires de ses miracles :« Les vieillards qui confièrent à la sépulture son corps sacro-saint en furent tellement ranimés, qu’arrivés à la dernière vieillesse, ils paraissaient des jeunes gens. »Il s’agit de saint Arcons et saint Ilpize, dont deux communes de la Haute-Loire portent encore le nom, signe que le culte des saints locaux liés à saint Julien était vivace dans la région.« Après la passion du bienheureux martyr, et depuis que la renommée a publié ce qui était advenu des vieillards qui, ayant donné la sépulture à ses membres saints, retrouvèrent leur force première, bien des gens croient à la bonté du martyr et en obtiennent les bienfaits qu’ils lui demandent. »lieux liés au martyre de saint Julien vont très vite acquérir aussi des vertus Les miraculeuses. Ainsi en a-t-il été de la fontaine où fut lavée sa tête, que ses persécuteurs ramenèrent à Vienne comme preuve qu’ils avaient bien exécuté Julien :« Au lieu même où le bienheureux martyr fut frappé est une belle et agréable fontaine qui donne en abondance les eaux les plus douces et dans laquelle les persécuteurs lavèrent sa tête après l’avoir tranchée. Ces eaux guérissent beaucoup de maladies. Souvent les aveugles, après en avoir humecté leurs yeux, recouvrent la lumière. Ceux qui souffrent des ardeurs de la fièvre tierce ou de la fièvre quarte se sentent soulagés dès qu’ils en ont bu. Quiconque est atteint d’un mal grave et éprouve, par l’inspiration du martyr, le besoin de boire de ces eaux, y retrouve aussitôt la santé, et le feu de la fièvre s’y éteint aussi rapidement que le ferait l’incendie d’un immense bûcher qu’on noierait sous les ondes. »La fontaine se trouve à la sortie nord de la ville. On lui donna aussi le nom de fontaine Saint-Ferréol, et une église (aujourd’hui disparue) dédiée à ce saint fut construite à proximité.
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Grégoire de Tours va aussi raconter comment fut fondé le premier lieu de culte sur le lieu de la e sépulture du saint martyr, vers la fin du IV siècle :« Par les ordres de l’Empereur qui séjournait à Trèves, un homme, venu enchaîné depuis l’Espagne, fut mis en prison et condamné à mort. Sa femme l’ayant appris se mit en route pour aller ensevelir le corps de son mari. Arrivée au bourg de Brioude, elle roulait divers projets dans son esprit, lorsqu’elle apprend de gens qu’elle rencontre ce qui s’est passé dans ce lieu, tant au sujet du martyr qu’au sujet des vieillards. Pleine de confiance dans l’exactitude de leur récit, elle se rend en toute hâte au tombeau du bienheureux martyr, pour lui exposer sa peine et la douleur qui l’accable. On lui dit encore :“Nous t’assurons qu’il n’y a pas de doute, noble dame, que le martyr qui a su rappeler à leur première vigueur les membres décrépis des vieillards ne te rende la joie.”Ayant fait sa prière, elle promit que, si elle retrouvait son mari sain et sauf, elle ferait construire une voûte de pierre aussi vaste qu’elle le pourrait sur le tombeau du martyr. Confiante, sûre de la pitié du martyr, elle arrive à Trèves, trouve son mari rentré en grâce auprès de l’empereur et s’en retourne comblée de joie. S’étant informée du temps où son mari avait été relâché de prison, elle apprit que le moment de sa délivrance était celui-là même où elle avait imploré le secours du martyr. Dans la suite, elle acquitta sa promesse et y ajouta d’immenses présents. » La place au chevet de la basilique Saint-Julien à Brioude porte de nom de Grégoire de Tours, en hommage à celui qui a tant fait pour populariser le culte du saint et contribuer ainsi à la renommée de la ville. Ci-dessus, très belle et rare carte ancienne de la place Grégoire de Tours un jour de marché au beurre.
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Se posait enfin un grave problème : quel jour célébrer la fête de saint Julien ? Grégoire de Tours nous renseigne :« Le peuple ne savait quel jour honorer et glorifier le bienheureux martyr pour ses vertus et sa passion ; il s’attristait de n’être pas sûr de la date d’une telle fête. Son ignorance à cet égard dura jusqu’au temps du bienheureux Germain, évêque d’Auxerre. Ce prélat étant venu à Brioude et ayant demandé aux habitants dans quel temps ils célébraient la fête de leur patron, ceux-ci répondirent qu’ils ne pouvaient fixer le jour avec certitude. Il leur dit alors :“Prions, et peut-être la puissance du Seigneur nous le révélera-t-elle.” Quand on eut prié, le matin venu, il dit en présence des plus anciens du lieu :“La fête doit se célébrer le 5 des calendes du septième mois.” Depuis lors, le peuple, accourant avec dévotion et rendant grâce au saint pontife, remporte le salut de l’âme avec celui du corps. »Il s’agit du 28 août, et c’est en 431 que saint Germain d’Auxerre effectua ce pèlerinage à Brioude.
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Le culte de saint Julien est très populaire dans la région. De nombreux villages ou églises portent son nom et, au gré des promenades, le visiteur curieux découvrira dans les églises des villages des vitraux dédiés à saint Julien. Sur la photo ci-dessus : vitrail de saint Julien dans la chapelle de Montboissier, sur la commune de Brousse dans le Puy-de-Dôme voisin (photo de l’auteur). Ci-contre, l’église Saint-Julien de la commune de Saint-Julien-Chapteuil en Haute-Loire.
Le chœur de la basilique Saint-Julien à Brioude comporte un cycle de cinq vitraux historiés représentant le martyre de saint Julien. Ci-dessus : saint Julien est décapité par ses persécuteurs et reçoit la palme du martyr par un ange. Page suivante de gauche à droite et de haut en bas : saint Julien reçoit l’enseignement chrétien de son ami saint Ferréol et se convertit, saint julien est poursuivi par ses persécuteurs, les vieillards Ilpize et Arcons transportent le corps de saint Julien à sa sépulture, saint Germain d’Auxerre prie sur le lieu du martyre de saint Julien. (Photos de l’auteur.)
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Vitraux.
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Parmi les pèlerins sur la tombe de saint Julien, citons-en un dernier : Avitus, Auvergnat et brièvement empereur de l’Empire romain d’Occident, au moment où l’étoile de cet Empire pâlit. C’est Sidoine Apollinaire qui, dans le panégyrique qu’il fit de celui dont il était le gendre, nous renseigne sur la carrière d’Avitus. Falvius Avitus serait né vers 390 dans lavillasa famille à de Avitacum (villa des Avitus), aujourd’hui Aydat dans le Puy-de-Dôme. Fin lettré et militaire, il fit carrière à la fois comme ambassadeur de Rome auprès des peuples barbares et général talentueux. En 436, le général Aetius le nomme général de l’armée en Gaule, puis l’empereur Valentinien III préfet du prétoire des Gaules, c’est-à-dire représentant de Rome auprès des peuples de la Gaule. A ce titre, il convaincra le roi des er Wisigoths, Théodoric I , établi à Toulouse, de rester en paix avec Rome. Une amitié se noue entre les deux hommes, et Théodoric le charge de l’éducation de son fils, le futur Théodoric II, afin d’en faire un véritable Romain. En 451, Avitus seconde le général Aetius à la fameuse bataille des champs Catalauniques, près de Troyes, qui vit la défaite des Huns d’Attila. En 455, les Vandales saccagent Rome et déposent l’empereur Maximien. Avitus, soutenu par les Wisigoths de Théodoric II, lui succède, confirmé en ce titre par le Sénat de Rome le 9 juillet 455. Son règne sera bref : le 17 octobre 456, il est déposé par le chef de l’armée des mercenaires, Ricimer, et Majorien qui lui succède. Pour avoir la vie sauve, il accepte de renoncer au trône et de prendre la charge d’évêque de Plaisance en Italie. En 457, il meurt en se rendant en pèlerinage sur la tombe de saint Julien à Brioude. Il avait demandé à être enterré au pied de la tombe du saint dans l’église de Brioude, ainsi que nous le rappelle le commentaire de cette belle carte ancienne mais, à ce jour, les archéologues n’ont pu découvrir cette tombe.
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