Avez-vous entendu parler du « coup de poignard » du 18 Brumaire, ou des terrifiantes colères que l’Empereur piquait régulièrement ? Et savez-vous comment les Bonaparte ont été « décorsifiés », ou encore pourquoi l’Aiglon devint sourd, aveugle et muet ?
Vous allez vite découvrir que tout n’a pas encore été écrit sur Napoléon Bonaparte et l’Empire. A travers de nombreuses anecdotes souvent passées sous silence, vous allez même percevoir un Premier Empire qu’on ne trouve pas dans les livres d’histoire…
Daniel Appriou est expert judiciaire près la cour d’appel de Rennes. Après avoir écrit dans la presse régionale bretonne de nombreux articles sur la vie en Angleterre, il commença une série de livres d’histoire, tout d’abord locale, intervenant de 1992 à 1998 sur Radio Bretagne Ouest pour une série d’émissions évoquant les Bretons célèbres. Il contribua également à divers quotidiens et revues. Par ailleurs, il a publié quatre tomes sur les châteaux et manoirs en baie de Morlaix, suivis d’une évocation historique du château du Taureau avec Marie-Claude Appriou, ainsi que de nombreux ouvrages de référence expliquant les expressions historiques de la langue française, les grands événements qui ont fait l’Histoire, et bien d’autres.
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Extrait
Napoéon dans son cabïnet de travaï par Jacques-Louis David.
Le « petit » Napoléon
Bonaparte serait-il breton ?
Bonaparte est-ï né au château de Penarvern à Saïnte-Sève dans e nord Fïnïstère ? Dïsons-e d’embée, a queson demeurera sans réponse. Aors, s’agït-ï d’un déïre hïsto-rïque, d’une égende, d’une mysicaon ? Essayons d’examïner es dïvers ééments quï ont contrïbué à assocïer e château de Saïnte-Sève au futur empereur :
Sï Bonaparte n’étaït pas e is de Chares, son père oîcïe, ï seraït ceuï du comte Louïs-Chares-René de Marbeuf, commandant des troupes françaïses en Corse et protecteur de Chares Bonaparte. La rumeur a couru que Lezïa, a future Madame Mère, auraït accordé ses faveurs au comte ; ee avaït 18 ans et s’ennuyaït, assée des ïnidéïtés de Chares. Marbeuf avaït 54 ans et un fort penchant pour es très jeunes femmes. I eut d’aïeurs, à 73 ans, deux is d’un second ït avec une jeunee de 17 ans !
Sï nous admeons que ’ïrréparabe fut commïs, ï ïmportaït aors d’en dïssïmuer e résutat, e pus oïn possïbe de a Corse. Y a-t-ï endroït pus éoïgné de a Corse que a Bretagne ? (Marbeuf avaït vu e jour à Brest). Le séjour hors de Corse dura de ongues semaïnes, donnant aïnsï à Chares Bonaparte a possïbïïté de buner à son aïse oïn de son épouse. Lezïa et Marbeuf séjounèrent d’abord à Pumeec puïs à Caac et inaement au château de Penarvern, proprïété du père du comte de Marbeuf. Napoéon y seraït né e 15 août 1769. Ce quï est troubant, c’est que Lezïa et son is, une foïs rentrés en Corse, reçurent du père putaf un ïntérêt quï peut surprendre. La famïe Bonaparte avaït peu de moyens et sï e futur empereur put s’ïnscrïre au coège d’Autun, puïs à ceuï de Brïenne, ce fut grâce à ’ïntervenon du comte quï uï obnt une bourse. I rendït d’aïeurs de fréquentes vïsïtes à son protégé dans son pensïonnat.
Autre ïndïce : e curé de Saïnte-Sève, en poste de 1828 à 1847, aîrmaït qu’une ïnscrïp-on de baptême sur son regïstre concernaït e nouveau-né Bonaparte. Son successeur, ’abbé Perrot, assure que deux poïcïers vïnrent un jour arracher a page révéatrïce sur ’ordre de Napoéon III. Le marquïs de Saïnt-Prïx, proprïétaïre d’un hôte à Moraïx, a rapporté en maïntes occasïons un souvenïr d’enfance : amï des enfants de Vaorï, dont es parents possé-daïent aors Penarvern, ï se souvenaït avoïr vu a chambre où Lezïa auraït accouché et e berceau où e futur empereur auraït poussé ses premïers crïs…
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I est certaïn que Napoéon a toujours eu une ïncertude sur sa naïssance. Sï ’on en croït e mathémacïen Gaspard Monge (1746-1818), Bonaparte, en 1799, débarquant à Fréjus après a campagne d’Egypte, uï auraït exprïmé ses doutes à ce sujet, ayant été ïnformé de a ïaïson passée entre sa mère et Marbeuf. Une foïs devenu empereur, Napoéon it de a veuve de Marbeuf une baronne et de son is un oîcïer. Aors, que penser ? Seu ’ADN pourraït fournïr une réponse ïndubïtabe. Maïs à supposer que ’on retrouve trace de Marbeuf, qu’en seraït-ï d’ouvrïr e tombeau des Invaïdes ?
« La-paille-au-nez »
Nappoïoné de Buonaparté fut maïntes foïs raïé par ses condïscïpes à ’écoe mïïtaïre de Brïenne à cause de son prénom et de son accent corse ; dès son arrïvée, moquerïes et raïerïes ne tardèrent pas à fuser, bïentôt accompagnées du surnom « a-païe-au-nez ». Le jour de a conirmaon du futur Empereur, ’aumônïer uï-même marqua un temps d’arrêt devant un prénom quï ne iguraït pas au caendrïer. Vexé, e jeune garçon ne put s’empêcher de rétorquer :« Mais il y a un plus grand nombre de saints que de jours dans l’année ! » Bïentôt, tes es roïs de France quï ne sïgnaïent que eur ere ïnïae L pour Louïs, e pet Corse se contenteraït d’apposer un N pour un prénom devenu un nom.
La punitionhonteuse
I n’y eut pas que es éèves de Brïenne à causer des ennuïs au jeune Corse. L’hïstoïre raconte que e garçon, se sentant un jour vïcme d’une ïnjusce au seïn de ’écoe, se rebea. Réacon ïmmédïate d’un moïne quï tança sévèrement son éève : a sancon fut de revêr un tabïer de bure, sïgne d’ïnfamïe, et de devoïr prendre son dner à genoux dans a sae de restauraon. A ’annonce de cee punïon, Napoéon auraït ièrement répondu :« Dans ma famille on ne s’agenouille que devant Dieu ! »
Cecï ne suît sans doute pas à aendrïr e moïne puïsque ’éève fut soudaïn prïs de vomïssements au poïnt que e Supérïeur jugea préférabe de faïre preuve de mansuétude.
Le jeune Bonaparte défend l’honneur de son père
I s’appeaït Pougïn des Iets et, comme Bonaparte, ï étaït éève à Brïenne. Un jour de 1783, es deux jeunes gens eurent une atercaon quï se termïna par une ïnsute de Pougïn. I auraït dït :! »« Votre père n’est qu’un misérable sergent autre versïon Une donne :« Comment, votre père n’est qu’un recors ! »Ce dernïer mot désïgnaït à ’époque un sous-oîcïer subaterne de jusce aïdant un huïssïer dans ’exercïce de ses foncons. Ques qu’aïent été es dïres de Pougïn, Bonaparte es consïdéra comme ïnsutants et, devant ’aront, dïsparut dans sa chambre pour écrïre un bïet desné à ’ïrrespectueux : « Polisson que vous êtes. Si vous avez le moindre senïment d’Honneur, vous me rendrez saïsfacïon de l’outrage que vous m’avez fait… »I poursuïvaït en e déiant à un due au pïstoet. Le bïet ne parvïnt pas à Pougïn maïs arrïva entre es maïns du préfet des casses quï it enfermer Bonaparte dans a chambre de dïscïpïne :« Eh bien Monsieur, vous allez être mis sur-le-champ au cachot », tonna e préfet.« En enfer, que m’importe pourvu que mon ennemi soure autant que moi »rétorqua e jeune Corse. Pougïn fut consïgné dans sa chambre. Peu de temps après, Bonaparte it parvenïr une ere à son protecteur, e comte de Marbeuf, dans aquee ï contaït ses maheurs. Marbeuf ïntervïnt et Bonaparte fut ïbéré, ayant promptement réagï par amour iïa. Cee agarade entre es deux éèves eut des conséquences heureuses pour Bonaparte. En eet, ses condïscïpes admïrèrent sa détermïnaon, ’apomb dont ï avaït faït preuve et es moquerïes envers son accent, son prénom et son orïgïne oïntaïne cessèrent déinïvement.
Bonaparte candidat astronome de marine
Aors qu’ï étaït éève à ’écoe de Brïenne, e jeune Bonaparte, comme tous ses condïs-cïpes, reçut un rapport rédïgé par ’ïnspecteur généra des écoes mïïtaïres ; ï se termï-naït pas ces mots :« Fera un excellent marin. » I nous est facïe, pus de deux sïèces pus tard, de dïre que ’ïnspecteur n’avaït pas été très psychoogue. Cependant, ce jugement hâf auraït pu être exact sï…
er En 1785, Bonaparte a 16 ans et vïent d’être nommé oîcïer. Le 1 août de cee année, La Pérouse quïaït Brest pour une expédïon ambïeuse, navïguer sur es traces de Cook dans e Pacïique. Les équïpages de ’Astrolabe et de aBoussole comptaïent 250 hommes dont pu-sïeurs astronomes. Queques moïs avant de ever ’ancre, ors du recrutement, envïron 200 oîcïers avaïent postué. Seus 30 avaïent été retenus. Parmï es candïdats iguraït e jeune Bonaparte quï souhaïtaït, non pas être engagé en tant qu’oîcïer de marïne (vu son ïnexpérïence et son âge), maïs comme astronome.
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L’expédïon de La Pérouse dïsparut corps et bïens dans es es Saomon en 1788. Nous savons tous que ’Hïstoïre ne peut se réécrïre, maïs ïmagïnons un ïnstant que Bonaparte soït monté à bord d’un des deux vaïsseaux dans e port de Brest…
Napoléon n’oublie pas ceux de Brienne
Magré e peu de bons souvenïrs qu’ï garda de son séjour à Brïenne, ’Empereur n’oubïa pas ceux quï avaïent contrïbué à son éducaon et à son ïnstrucon, et nombre d’ancïens membres du personne de ’étabïssement purent proiter des bïenfaïts de eur ïustre éève.
Le père Chares avaït enseïgné e catéchïsme à Napoéon et ’avaït préparé pour sapremïère communïon. Aeïnt par ’âge, ï s’étaït reré à Doe et, orsque ’occasïonse présentaït, Napoéon ne manquaït pas de uï rendre vïsïte.
Le père Dupuïs, prïncïpa de ’écoe, quï avaït connu bïen des dïîcutés inancïères pour gérer son étabïssement, quïa Brïenne et fut accueïï à a Mamaïson où ï occupa e poste de bïbïothécaïre parcuïer de ’Empereur.
De même, e coupe Hauté étaït concïerge à Brïenne et, sur a in de eur vïe, ’Empereur ne es oubïa pas puïsqu’ï eur conia e même poste à a Mamaïson.
Parmï es professeurs de Napoéon, e père Patraut, quï enseïgnaït es mathémaques, fut engagé pus tard comme secrétaïre par e généra Bonaparte. Maïs ’homme réussït à amasser une fortune par des moyens mahonnêtes. Incapabe de a gérer, ï se ruïna et dut recourïr aux bonnes grâces de son ancïen éève. L’enquête ordonnée par Napoéon confondït e professeur et ’Empereur uï refusa toute nouvee aïde en décarant :« J’ai déjà payé ma dee et je ne peux désormais plus rien pour vous. »Patraut reçut cepen-dant une pensïon aïmentaïre quï uï permït de survïvre.
Une anecdote concernant Patraut est cïtée par Pau Ganïère dans aRevue du souvenir napoléoniend’août 1972 :« Si le père Patrault éprouve pour son élève des senïments d’aachement, ce dernier les lui rend bien. Comment pourrait-il en être autrement, compte tenu de la bienveillance que lui témoigne son maître. En voici un exemple. Certain jour,peut-on ïre dans e Mémorïa de Saïnte-Héène,puni par le Napoléon, maître de quarïer pour on ne sait quel moïf, prenait son repas à genoux devant la porte du réfectoire, revêtu de la robe de bure. Les senïments d’humiliaïon et d’impuis-sance qu’il éprouvait soulevèrent son estomac et provoquèrent une crise de nerfs. Le père Patrault, qui venait à passer, prit piïé de lui, l’aida à se relever et s’en alla protester auprès du Père supérieur que l’on dégradât ainsi son premier mathémaïcien. A la suite de cee intervenïon, le coupable fut pardonné mais n’en demeura pas moins malade pendant plusieurs jours. »
A Brïenne, Patraut étaït aïdé dans sa tâche par un répéteur du nom de Jean-Chares Pïchegru. Engagé dans ’armée, ï it une carrïère brïante, devïnt généra et se couvrït de goïre maïs, séduït par es promesses des royaïstes, ï parcïpa à a conspïraon fomen-tée par Cadouda. Arrêté en 1804, ï se suïcïda dans sa prïson du Tempe.
Dans une écoe mïïtaïre, e matre d’armes avaït pour tâche d’enseïgner e manïement de ’épée à ses jeunes éèves. Ceuï de Napoéon se nommaït Dabova, et ï sembe qu’ï n’étaït pas sasfaït des progrès du futur empereur. Lors d’une rencontre, Napoéon dït à Dabova sur e ton de a boutade :« Le bel élève, ma foi que vous avez fait là. Je ne vous en fais pas mon compliment »… et ï uï accorda une pensïon de 1 200 francs.
Bourrïenne fut e premïer et peut-être e seu vérïtabe amï de Bonaparte à Brïenne.A a Révouon, ï s’enfuït à ’étranger et fut ïnscrït sur a ïste des émïgrés. Incarcéréà son retour en France, Napoéon parvïnt à e faïre ïbérer et dorénavant es deux hommes 1 ne se quïèrent pus jusqu’à ce que Bourrïenne se trouvât mêé à des aaïres ouches, compromïs douteux, ïmportants gaïns ïïcïtes, traics contraïres au bocus décïdé contre ’Angeterre… Napoéon e condamna à rembourser ce qu’ï avaït voé au Trésor et ne uï pardonna jamaïs. Pendant es Cent-Jours, ’Empereur prït des décïsïons d’amnïse maïs ordonna que Bourrïenne n’en proitât pas. Pendant es régïmes quï suïvïrent ’Empïre, Bourrïenne persévéra dans ses aaïres ouches et dut s’enfuïr en Begïque avant de mourïr en 1834 dans un asïe d’aïénés.
La première couronne de Bonaparte
En août 1783, ’écoe de Brïenne bruïssaït d’eervescence à ’annonce de a venue de madame de Montesson et du duc d’Oréans. Is avaïent accepté d’honorer de eur pré-sence a dïstrïbuon des prïx aux éèves mérïtants. Bonaparte et Bourrïenne se par-tagèrent ceuï fort prïsé de mathémaques. Lorsque vïnt son tour, e jeune Corse se présenta devant madame de Montesson quï uï paça une couronne de aurïer sur a tête en e féïcïtant :« Puisse cee couronne vous porter bonheur mon jeune ami ! » Des années pus tard, aors qu’ï étaït Premïer Consu, Bonaparte prïa madame de Montesson de venïr e vïsïter aux Tuïerïes. Quoïque surprïse, a dame se dépaça et reçut de Bonaparte un accueï des pus chaeureux : – Je vous en prïe Madame, demandez-moï tout ce quï pourraït vous être agréabe. – Maïs, Généra, je n’aï aucun tre à vos faveurs. – Souvenez-vous d’une certaïne dïstrïbuon des prïx à Brïenne. J’aï reçu de vous ma 2 premïère couronne. Moï, je n’aï pas oubïé.
1. Bonaparte e prït comme secrétaïre. 2. Cïté par J. Mazé.
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De l’Ecole royale militaire de Brienne à celle de Paris
Cee année-à, 1784, e 17 octobre, cïnq éèves de Brïenne prïrent e chemïn de a capï-tae pour rejoïndre eur nouvee écoe. Bonaparte devaït y rester jusqu’en août 1785. Troïs cents éèves suïvaïent es cours de cee écoe mïïtaïre et, comme à Brïenne, es mathémaques étaïent a maère a pus ïmportante pour a formaon des futurs oîcïers. De nouveau, e jeune homme y excea et it e bonheur de ses professeurs de scïences quï vïrent en uï un sujet exceponne. L’un d’entre eux, monsïeur de ’Aïguïe, avaït remarqué ’ïnteïgence supérïeure de Bonaparte et, sur ’une des apprécïaons qu’ï porta à son sujet, ï écrïvït :« Corse de naïon et de caractère, ira loin si les circons-tances le favorisent. » Comme bïen souvent, monsïeur de ’Aïguïe fut reçu à a Mamaïson à maïntes reprïses par ’Empereur quï uï it remarquer ô combïen caïrvoyant ï avaït été ! En revanche, Bonaparte n’étaït pas aré par es angues et ’étude de ’aemand e rebutaït fortement. Son professeur, monsïeur Bauer, ne se prïva pas d’écrïre une appré-cïaon sur uï :de Buonaparte est un cancre. « Monsieur »pus tard, ’exïé de Bïen Saïnte-Héène se souvïnt de ’homme et it cee rélexïon :« J’espère qu’il aura vécu assez longtemps pour se rendre compte de la fausseté de son jugement. »
La « décorsification » des Buonapartes
Juïn 1793. La famïe Bonaparte, ruïnée et proscrïte par Paoï, se décïde à quïer a Corse pour a France, un pays qu’ee n’aïme pas et dont ee déteste es habïtants. Le can s’ïnstaa près de Touon dans des condïons proches de a mïsère. Consïdérés comme des ïmmïgrés, ne parant pour a pupart que queques rares mots de françaïs avec un accent bïen typé, ’ïntégraon s’annonçaït des pus ardues. L’une des premïères décïsïons fut de francïser eur nom de famïe. Fïnïs es « de Buonaparte » (prononcez «dé Bouonaparté»), voïcï es Bonaparte. Ensuïte es prénoms du futur empereur et de ses sœurs furent aussï transformés : 3 NapollioneNapoéon, Marïa-Anna s’appea désormaïs Eïsa, Marïa-Nunzïata devïnt 4 Caroïne et Marïa-Paoea Pauïne. Is suïvaïent aïnsï e chemïn ouvert par eur père, Caro Marïa (1746-1785), bïen des années auparavant, en quête permanente d’aïdes et de faveurs sur e connent et quï se faïsaït appeer Chares-Marïe.
3. Que sa famïe appeaït Nabuïo. 4. L’ané, Gïuseppe, fut appeé Joseph. Quant à Lucïen, ï se it appeer Brutus Bonaparte.
La honte du général mal culotté
Un jour Bonaparte rencontra madame Taïen, a céèbre « Notre-Dame-de-Thermïdor » (cee quï, dïsaït-on, aïmaït prendre ses baïns dans du jus de fraïses), ’épouse de ceuï quï avaït contrïbué à a chute de Robespïerre. Jeune généra, Napoéon fréquenta son saon et entrent son hôtesse de ses soucïs d’argent, arguant que bïen des dïîcutés seraïent apanïes et bïen des portes s’ouvrï-raïent pus facïement devant uï s’ï étaït pus présentabe. I ïnsïsta parcuïèrement sur e mauvaïs état de son unïforme usé, suggérant qu’une pïèce de drap et des cuoes neuves seraïent es mïeux venues. Theresa Taïen promït de s’en occuper et nt paroe, sï bïen que e jeune oîcïer put un jour venïr se présenter sans honte dans e saon de sa bïenfaïtrïce. Que n’avaït-ï pas faït à ! Le voyant entrer dans a pïèce, madame Taïen s’excama à haute voïx : « Eh bïen, mon amï, vous es avez eues vos cuoes ! » Nous ne savons pas ce que Bonaparte répondït maïs ’épïsode fut répété et it e tour des mïïeux poïques. Ma en avaït prïs à madame Taïen d’humïïer aïnsï en pubïc e futur Empereur, maïs pouvaït-ee devïner ? Une foïs Premïer Consu et empereur des Françaïs, Napoéon se vengea de cet aront en ïnterdïsant à madame Taïen de se présenter à a cour. Cee rencontre avec a dame avaït eu cependant, sï ’on peut dïre, une conséquence heureuse puïsqu’ee permït à Bonaparte de rencontrer a meïeure amïe de madame Taïen, Joséphïne de Beauharnaïs.
Comment arriver « par » les femmes
A ’époque où Bonaparte servaït à ’armée d’Itaïe en tant qu’oîcïer subaterne, déjà ’ambïeux perçaït sous e jeune homme. I avaït comprïs qu’en ces temps troubés de a Révouon, tous es moyens étaïent ues pour réussïr à condïon d’être « dans es pets papïers » des gens bïen pacés. Maïs ceux-cï ne prêtant qu’une maïgre aenon à un jeune oîcïer parmï tant d’autres, Bonaparte résout de forcer, sï ’on peut dïre, a porte d’entrée dans a carrïère par ’ïntermédïaïre de ’épouse de ’un d’entre eux : ï s’appeaït Rïcord et, comme proche des frères Robespïerre, ï avaït été envoyé en mïssïon à Touon accompagné de son épouse. Dès ors, Bonaparte comprït tout ce que cee femme pourraït uï apporter. En jeune et gaant homme, ï s’appïqua à uï être agréabe. Voïcï ce que Barras écrïvït à ce sujet dans sesMémoires :« Bonaparte[…]faisait assidûment la cour à la femme de Ricord qu’il savait avoir beaucoup d’empire sur Robespierre jeune, collègue de ce député. Il poursui-vait madame Ricord de tous les égards, lui ramassant ses gants, son éventail, lui tenant quand elle montait à cheval, la bride et l’étrier avec un profond respect, l’accompagnant dans ses promenades à pied le chapeau à la main, paraissant trembler sans cesse qu’il ne lui arrivât quelque accident. »
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Loin étaient encore les fastes de l’Empire
Après son succès dans a défense de Touon, Bonaparte rentra à Parïs pour s’entendre dïre qu’ï étaït purement et sïmpement remercïé. La raïson ïnvoquée étaït qu’un géné-ra de brïgade de 24 ans (grade auque ï avaït été promu e 22 décembre 1793) étaït bïen trop jeune. Entendant cee remarque, Bonaparte ne put s’empêcher de rétorquer à son supérïeur quï uï annonçaït sa mïse au chômage :« On vieillit vite sur le champ de bataille. »Cee remarque étaït d’autant pus bessante qu’ee s’adressaït à un homme quï n’avaït jamaïs vu un ennemï. Voïcï donc e jeune oîcïer sans empoï, sans sode, sans appuï. L’ennuï commença vïte à uï peser et seues es promenades en soïtaïre au Jardïn des pantes pouvaïent, un ïnstant, tromper ’ennuï. Sans argent, e jeune homme prenaït ses maïgres repas dans un restaurant proche du Paaïs Roya. D’autres oîcïers subaternes y déjeunaïent égaement maïs e futur empereur, ne mangeant jamaïs pour pus de 3 francs, s’eorçaït de dïssïmuer e montant de sa note. C’est aïnsï qu’ï avaït coutume de dïssïmuer es 3 francs dans un papïer, avant de remere ’ensembe à a caïsse e pus dïscrètement possïbe.
La mégère aurait dû peser ses mots !
Pendant pusïeurs années après es arontements de a Révouon, a popuaon parï-sïenne ne semba pas percevoïr d’améïoraon dans sa vïe quodïenne. Les queues devant es bouangerïes étaïent toujours aussï ongues et se sodaïent trop souvent par desn’y a plus de pain »« il auxques faïsaïent écho es ïnévïtabes vocïféraons des ménagères. Parïs ne recevant pus de farïne, a dïsee parfoïs se faïsaït senr dans e peupe quï, ïnévïtabement, s’en prenaït à ceux quï uï avaïent faït tant de promesses. Un jour qu’ï arpentaït une rue de a capïtae accompagné de pusïeurs oîcïers, Bonaparte se trouva confronté à un groupe de femmes en quête de nourrïture quï venaïent d’apprendre que a bouangerïe étaït vïde. L’une d’entre ees, quï sembaït être a meneuse, avïsant e groupe d’oîcïers, se dïrïgea vers eux et, ayant sans doute repéré Bonaparte comme étant e chef de ce pet groupe, s’adressa à uï en ces termes : «Tout ce tas d’épaulees se moque de nous, pourvu qu’ils mangent et qu’ils s’engraissent bien, il leur est égal que le pauvre peuple meure de faim. »
Or a dame étaït comme nous e dïrïons aujourd’huï « des pus enrobées » et ne faïsaït pas pïé. La remarque étaït donc ma venue maïs, à sa décharge, peut-être cee femme avaït-ee d’autres bouches à nourrïr ? Bonaparte ne se aïssa pas ïmpressïonner par es vocïféraons de ’aamée et uï répondït :«La bonne, regarde-moi bien, quel est le plus gras de nous deux ? »
I est vraï que a remarque tombaït ma puïsque Bonaparte étaït, à cee époque, d’une maïgreur tee que es contemporaïns quï e décrïvïrent donnèrent de uï ’ïmage d’un jeune homme pâe et soureteux. Nous ne connaïssons pas a réacon de a mégère maïs ï est fort probabe que a remarque de Bonaparte engendra queques sourïres parmï es assïstants à a scène.