Le revenant de la Toussaint
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Description

La maltraitance d'un petit garçon va jusqu'à déranger un mort qui à la faveur de la toussaint se fait revenant pour venir le délivrer de ses tortionnaires.

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Publié le 23 octobre 2011
Nombre de lectures 149
Langue Français

Extrait

- Dodiii !Dodiii !
Le revenant
Le petit garçon avançait dans l'obscurité, précédé par le faisceau de sa lampe qu’il pointait dans toutes les directions espérant ainsi dénicher, au hasard, le petit cabri qu’il cherchait désespérément. Sa tâche s’était compliquée avec une pluie battante qui l’avait complètement trempé et qui sans protection, aucune, le refroidissait de la tête au pied. Ses larmes provoquées par la peur et la rage se mélangeaient à l’eau de pluie et dégoulinaient sur ses joues glacées. Il savait qu’il ne pouvait revenir sans l’animal au risque d’essuyer les foudres de son oncle. Il était environ vingt-deux heures et cela faisait plus d’une heure qu’il essayait de retrouver la bête. Il avait dépassé la carrière qui s’étendait derrière la case où il logeait et avait atteint la lisière des bois environnants. Son cœur battait à tout rompre tant il avait peur, dans son combat solitaire, pour tenter de se soustraire des ténèbres qui l'oppressaient. Une peur grandissante que le temps en galopant transformait en une véritable panique qui finit par le priver de sa raison. Des comportements incontrôlés lui échappèrent et il fonçait sans savoir réellement dans quelle direction aller. Les branches d’arbuste dérangées en pleine nuit le fouettaient sans ménagement. Les herbes coupantes lui lasseraient les jambes. La crainte de revenir à la maison sans le petit cabri et d’avoir à affronter son oncle était si grande qu’elle étouffait toute souffrance. A bout de force, il se laissa choir sur une pierre. Des sanglots, par vagues, lui traversèrent le corps imprimant à ce dernier, de violentes secousses. Transi de froid et de peur, il se ramassa sur lui-même et n’osa plus bouger de son siège providentiel.
- Est-ce cela que tu cherches ?
La voix le fit sursauter et son cœur pour le coup, tel un moteur qui s’essouffle, eut un ou deux ratés. Il leva la tête et pointa machinalement sa lampe dans la direction d’où venait la voix.Dans le halo de lumière qui s’était formé à travers la pluie, il découvrit un vieil homme tout déguenillé, tenant dans une main l’extrémité d’une corde au bout de laquelle était attaché Dodi. Son cœur se glaça entraînant le gel de son sang jusqu’aux extrémités du corps. Il fut dès lors paralysé, incapable de formuler la moindre réponse.
- Comment t’appelles-tu ?
C’est encore la peur qui dans un effet inverse lui enleva de la bouche la réponse qu’exigeait la question posée.
- Théo… Je m’appelle Théo.
- Théo, n’aie pas peur ! Je ne te veux aucun mal. Mais dis-moi, qu’est-ce qu’un enfant de ton âge a à courir après un cabri à pareille heure ?
Il se reprit lentement et finit par répondre en balbutiant
- C’est mon oncle…. Dodi s’est échappé… et il dit que c’est de ma faute.
- Comment ça de ta faute ? Tu vis seul avec lui ?
- Non ! Il y a aussi ma tante et leur fils …Sam… Il a, à peu près, mon âge.
- Où sont tes parents ?
- Je ne sais pas. Ils sont peut-être morts. Il faut …, Il faut, que je rentre maintenant et … merci pour le cabri.
- Allons-y ! Je vais t’accompagner.
Ils avancèrent en silence et au bout de quelques minutes, c’est Théo, qui osa poser une question qui lui brûlait la langue.
- Habites-tu … dans les parages?
L’homme qui visiblement ne s’y attendait pas, ne put cacher son embarras.
- Euh…Non ! Je viens de loin.
L’enfant n’osa plus parler et ils se séparèrent à portée de vue de sa demeure. Il attacha soigneusement l’animal, se changea et alla se coucher en évitant de faire le moindre bruit pour ne réveiller personne. En réalité il ne risquait pas de déranger les propriétaires de l'habitation qui dormaient au-dessus, tandis que lui-même couchait au sous-sol où il s'était aménagé un espace pour vivre. Le lendemain, au lever du jour, sononcle ne manqua pas de vérifier si la bête était rentrée avant de lui confier la liste des corvées du jour qui allaient du ménage aux animaux en passant par le jardin.
La vie n’avait point gâté Théo. Il vivait avec les Molosse depuis le début de l’année soixante-dix, lorsque, encore au bas âge, il futabandonné par ses parents. Son père avait disparu, le premier, dès qu’il avait su que la jeune fille qu’il fréquentait était enceinte. Celle-ci, avait mis au monde son bébé avant de s’éclipser à son tour, laissant lenouveau né à son frère et à sa belle-sœur. Ces derniers, parents adoptifs malgré eux, pensèrent d’abord à déposer cette bouche à nourrir à l’assistance publique avant de prendre conscience des avantages qu’ils pouvaient tirer de la situation. A l’âge de dix ans Théo s’était déjà vu attribuer toutes les tâches que l’on confiait généralement à une servante ou à un jardinier. Pour se donner bonne conscience, ses parents d’accueil lui avaient taillé un costume sur mesure et le présentaient à tous comme une malédiction pour ceux qui l’avaient à charge. Ils justifièrent son absence sur les bancs de l’école par une paresse génétique, héritée de son père. Pendant ce temps leur fils, Sam qu’ils couvaient jalousement grandissait comme un petit prince.
Théo retourna plusieurs fois dans le bois, dans l’espoir de rencontrer le vieillard qui lui avait ramené Dodi. Il pensa même, à y aller de nuit mais renonça à l’idée de se faire prendre par son oncle. Quelque chose pourtant, du fond de son âme, lui faisait voir son salut dans ce vieil l’homme. Lui, qui par peur, prenait généralement d’infimes précautions pour ne rien laisser deviner sur son calvaire, s’était, pour la première fois, laisser négligemment, aller face à cet étranger. Un jour en fouinant dans la carrière, il fit une découverte pour le moins surprenante. Il tomba sur une motte de terre, cerclée de conques de lambi et ne tarda pas à comprendre qu’il s’agissait d’une sépulture…
La suite sur mon blog (texte original) :
http://maricelbaltus.unblog.fr/2008/11/11/la-toussaint-le-revenant/
Charles-Henri MARICEL-BALTUS
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