L oubli en éducation
187 pages
Français

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L'oubli en éducation , livre ebook

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Description

La thèse ici défendue est que de l'écriture au texte, de l'héritage à la transmission, l'oubli est la condition de possibilité de l'assimilation, de l'éducation et de l'histoire. L'oubli se tapit dans la langue ; se glisse dans le corps ; s'insinue dans l'histoire comme la vie qui s'absente. Cet ouvrage montre que l'oubli en éducation, s'il est une nécessité, trouve sa limite paradigmatique dans la figure de celui qui n'est pas éduqué, l'oublié de l'éducation.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2009
Nombre de lectures 309
EAN13 9782296689657
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’ OUBLI EN ÉDUCATION

Une condition à l’assimilation
© L’H ARMATTAN, 2009
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattanl@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-10648-2
EAN : 9782296106482

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Guy-Noël P ASQUET


L’ OUBLI EN ÉDUCATION

Une condition à l’assimilation


L’H ARMATTAN
Nouvelles Etudes Anthropologiques
Collection dirigée par Patrick Baudry

Une libre association d’universitaires et de chercheurs entend promouvoir de Nouvelles Etudes Anthropologiques. En privilégiant dans une perspective novatrice et transversale les objets oubliés, les choses insolites, les réalités énigmatiques, les univers parallèles, les « Nouvelles Etudes Anthropologiques » interrogeront surtout la Vie, la Mort, la Survie sous toutes leurs formes, le Temps avec ses mémoires et ses imaginaires, la Corporéité dans ses aspects fantasmatiques et ritualisés, le Surnaturel, y compris dans ses croyances et ses témoignages les plus extraordinaires. Sans renoncer aux principes de la rationalité, les « Nouvelles Etudes Anthropologiques » chercheront à développer un nouvel esprit scientifique en explorant la pluralité des mondes, les états frontières, les dimensions cachées.

Déjà parus

Martine COTIN, Scripturalité. Ecritures et pratiques culturelles , 2009.
Lamine NDIAYE, Parenté et mort chez les Wolofs , 2009.
Alain ANCIAUX, Ethno-anthropologie du karaoké , 2009.
Claude FINTZ (Coordonné par), Les imaginaires du corps en mutation , 2008.
Henri-Pierre JEUDY, Maria Claudia GALERA et Nobuhiko OGAWA, L’effet transculturel , 2007.
Serge CHAUMIER, Réflexions sur les arts de la rue , 2007.
Patrick BAUDRY, La place des morts , 2006.
Alain MONS, Paysage d’images, 2006.
Lydie PEARL, Que veut la foule ?, 2005.
Thilda K. MOUBAYED, La danse, conscience du vivant , 2005.
Elisabeth GESSAT-ANSTETT, Liens de parenté en Russie post-soviétique , 2004.
Colette MÉCHIN, Isabelle BIANQUIS, David LE BRETON, Le corps et ses orifices, 2004.
Sous la direction de Claude FINTZ, Le corps comme lieu de métissages , 2003
Serge CHAUMIER, Des musées en quête d’identité, 2003.
Claude FINTZ (dir.), Du corps virtuel… à la virtualité des corps, 2002.
A THENA :
Qui donc était plus sensé que cet homme ?
qui valait mieux que lui au moment d’agir ?
U LYSSE :
Personne je le sais. Bien qu’il soit mon ennemi
j’ai pitié de ce malchanceux
maintenant qu’ilploie sous une affreuse erreur
et que je pense à moi plus qu’à lui-même.
Je vois que nous, les vivants,
nous ne sommes que phantasme et vaine ombre

Sophocle, Ajax,
In Tragiques grecs,
Paris, Gallimard, 1967, p. 435.
Préambule
Parfois soutenu, quelquefois en friche, le travail de recherche en sciences humaines est toujours aléatoire, prend des chemins qui parfois ne mènent nulle part {1} , creuse l’angoisse, mais aussi les frénésies des tentations totalisantes d’avoir tout compris, tout saisi, jusqu’au prochain effondrement et le travail prend alors l’allure de ce qui creuse inexorablement un trou, une béance. L’écriture de la recherche, puisque toute recherche passe par l’écriture, est alors ce travail d’arrêt des mots presque dans le sens d’un chien qui serait à l’arrêt, ayant flairée la « bête » {2} , prête à bondir, mais ne le faisant pas immédiatement. Les bêtes restent là, à s’épier, à s’interroger sur la manière dont va se dénouer ce face-à-face. Le temps est suspendu en attendant de savoir ce que le temps va enregistrer : soit une escapade, une fuite ; soit la lutte des deux vers la mort plus que probable de l’un des protagonistes.
Entre le sujet et l’objet de la recherche, notamment au moment où elle doit s’écrire, c’est un peu comme ce moment d’arrêt. Va-t-on se défausser, faire glisser la plume vers la prise de notes, où carrément laisser tomber au bon prétexte (pré-texte {3} ) qu’il fait beau et qu’il vaut mieux aller se promener ? Va-t-on au contraire s’arque bouter à la page blanche quitte à la froisser, la tâcher, la déchirer, la brutaliser ? Quoi qu’il en soit, il n’y aura pas de recherche s’il n’y a pas de texte. Toutefois, les chemins que prend ce texte sont toujours plus complexes qu’il n’y paraît dans le face-à-face entre celui qui doit écrire la recherche et celui qui se propose d’en écrire une contribution. Dès lors, il est assez légitime (pour ne pas dire honnête) de se demander qui est sujet de la recherche ? Est-ce l’écriture elle-même dans ce qu’elle appelle toujours à la recherche de son signifiant ? Est-ce le sujet lui-même dans cette même recherche de son signifiant ? Toujours est-il, dans ce face-à-face, quelque chose se joue, une expérience singulière {4} , presque de l’ordre de l’indicible, de l’innommable, mais qui se tien-là dans l’immanent de la relation du chercheur à l’écriture de la recherche.
L’hypothèse qui devrait couvrir l’ensemble de ce travail, et qui sans doute couvre également une large part de mon activité de recherche depuis ces années, c’est que dans cette expérience, quelque chose se transmet qui déborde toujours ce qu’on peut dire, programmer, instituer, cerner, etc. Ce débordement est un acte éducatif au sens large du terme que je voudrais développer dans cette note de synthèse. Bien des travaux, et des plus imminent – notamment ceux de mon directeur de thèse Jacques A RDOINO {5} – ont montré qu’on ne pouvait pas associer l’éducation à la transmission. Si ces recherches ont donné tout leur intérêt pour construire l’éducation comme un fait complexe, multiple, etc. il n’en reste pas moins que c’est en réduisant la transmission à sa seule définition mécaniste, positiviste du terme. Sans doute fallait-il que cela soit fait. Toutefois, le terme même de « transmission » dans les recherches sur l’éducation, ramène à la question de l’universel.
Il y a en effet, dans la transmission, la question de la transmission de la vie dans ses dimensions toujours à la fois singulière, particulière et universelle. À la fois transmission de la vie dans ce qu’elle a d’universel et à la fois transmission de la vie dans sa particularité. Il n’y a pas de transmission de la vie sans transmission de cette vie-là, particulière, issue de vies singulières mais portant en elles-mêmes la puissance de la transmission de la vie. Si l’acte éducatif déborde, c’est que la vie elle-même déborde dans la mesure où elle est une puissance, une bête sauvage dont la puissance de vie dépasse souvent (mais pas toujours) les situations singulières. La transmission de la vie ne consiste dès lors pas tant à transmettre la vie, mais bien au contraire à la contraindre, notamment par l’artifice technologique {6} comme la contraception par exemple. Il se pourrait fort que l’éducation soit une forme particulière de la transmission si l’on veut bien faire l’hypothèse qu’il y a de l’éducation malgré tout, tout comme il y a du lien social malgré tout {7} .
Ce « malgré tout » est justement ce que l’éducation vise à saisir, à contraindre, à rationaliser pour servir des intérêts multiples, à la fois pour les sujets eux-mêmes, mais aussi pour des intérêts dits « supérieurs » d’État par exemple {8} . Dans cette contrainte, l’éducation, divise, cerne, circonscrit, ôte, arrange, déforme cette transmission qui déborde. Ce débordement renvoie à une totalité que l’éducation castre, ampute et parfois en affirmant l’incapacité de saisie de la totalité, mais le plus souvent en faignant d’ignorer cette tension à la totalité, en scotomisant le savoir dans les citadelles de la doxa et des dogmes, renvoyant l’universel à des valeurs transcendantales abstraites là où elles sont immanentes à la transcendance de l’ontologie humaine. Certes, l’éducation ne rendra jamais compte de ce débordement dans la transmission. Toutefois, les sciences de l’éducation, bien plus que s’intéresser stricto sensu à l’éducation proprement dite – les objets de l’éducation, les sujets de l’éducation – devraient s’intéresser plus radicale

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