La socialisation politique des lycéens d Haïti
508 pages
Français

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La socialisation politique des lycéens d'Haïti , livre ebook

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Description

Le 1er janvier 2004, Haïti a commémoré ses 200 ans d'indépendance dans une atmosphère chaotique : turbulences politiques, marasme économique, crise sociale, insurrection armée conduisant à la chute du président Aristide le 29 février de la même année. L'origine de ces problèmes est reliée en partie à un déficit de culture politique résultant de la façon dont se fait la socialisation politique à l'école haïtienne. Cet ouvrage présente une réflexion sur le sens de l'éducation politique à l'école haïtienne.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2009
Nombre de lectures 272
EAN13 9782296226104
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LA SOCIALISATION POLITIQUE
DES LYCÉENS D’HAÏTI
Délima PIERRE


LA SOCIALISATION POLITIQUE
DES LYCÉENS D’HAÏTI
© L’Harmattan, 2009
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-08571-8
EAN : 9782296085718

Fabrication numérique : Socprest, 2012
LISTE DES ABRÉVIATIONS ET ANNEXE
ASI
A cteurs S colaires I nterviewés
CA
C onseil d’ A dministration
CC
C omité C entral
CD
C odes D isciplinaires
CP
C onseiller P édagogique
CDA
C ode D isciplinaire de l’ A cadémos
CDG
C ode D isciplinaire du G ymnase
CDP
C onseil D es Professeurs
MENJS
M inistère de l’ É ducation N ationale, de la J eunesse et des S ports
PNEF
P lan N ational d’ É ducation et de F ormation
SEH
S ystème É ducatif H aïtien
TS
T ableaux S ynoptiques (numérotés de 1 à 11)
TSES
T héorie S ociologique de l’ E xpérience S colaire

ANNEXE
Lettre sur la violence de l’école haïtienne
Préface
Comment les jeunes haïtiens, notamment les lycéens, sont-ils initiés au système politique de leur pays ? C’est la question à laquelle Délima Pierre entreprend de répondre dans ce volume sur l’éducation politique des jeunes en Haïti. Il a choisi d’en aborder l’analyse sous l’angle de la socialisation politique en s’inspirant des recherches en sociologie de l’éducation. La perspective d’analyse qu’il a articulée lui permet de dépasser les approches traditionnelles des travaux de type normatif sur l’éducation politique et sur ce qu’elle devrait être dans une société démocratique.
Cette perspective est d’autant plus originale qu’il prend ses distances par rapport aux premières études qui ont porté sur la socialisation politique au cours des années 1970. Ces dernières l’abordaient principalement sous l’angle du processus d’apprentissage et d’inculcation des normes, des valeurs et de la culture politique sur lesquelles s’appuie le système politique de même que des agents de socialisation qui participent à leur transmission. L’auteur s’inspire plutôt d’une approche qui met l’accent sur le rôle du sujet dans la socialisation, sur les interactions des jeunes avec leurs agents et sur la construction de leur identité politique. Celle-ci apparaît comme le résultat d’un processus lié aux expériences acquises, remaniées et négociées au gré de leurs interactions et de leurs expériences dans le champ social, et dans ce cas-ci, du champ scolaire.
La problématique de la recherche est particulièrement bien articulée. L’auteur commence par évoquer brièvement le contexte historique, notamment celui de l’instabilité politique, dans lequel se pose le problème de la socialisation politique en Haïti. Ce pays au passé marqué à la fois par des velléités démocratiques et des insurrections, des coups d’état et la dictature est encore face à un avenir problématique compte tenu de la situation d’insécurité menaçante et dramatique aussi bien que de la dégradation des conditions de vie de ses habitants. Il prend cependant soin de souligner que cette instabilité ne peut être attribuée uniquement à un déficit de l’éducation et de la socialisation politique et qu’il importe de prendre en considération un ensemble de facteurs structurels pour en expliquer l’origine.
L’auteur fait ensuite appel à la théorie de l’expérience scolaire de Dubet pour préciser l’approche interactionniste qu’il préconise et montrer comment les élèves développent, à partir de leurs expériences, différentes logiques d’action et se constituent en acteurs de leur socialisation politique au lycée. Et il a recours à une méthodologie qualitative, notamment à des entrevues semi-structurées avec des élèves, des enseignants et des directeurs d’établissements de même qu’à l’observation non-participante, et à l’analyse de contenu de documents relatifs aux règles disciplinaires et à la gestion des établissements.
L’analyse des données l’amène à distinguer quatre types de socialisation : déclarée ou virtuelle, reproductrice, autonomique et anticipatrice. Son examen des principes déclaratifs du manuel de gestion des écoles, des règles de discipline et du curriculum lui permet d’illustrer le type de socialisation "déclarée" et de mettre à jour la contradiction entre la socialisation politique que l’école se propose de promouvoir idéalement et celle qui s’y effectue en pratique. Le type de socialisation politique reproductrice est mis à jour à partir de son analyse des rites et symboles politiques à l’école de même que des relations entre les acteurs scolaires (élèves, enseignants, directeurs d’établissement) et de leurs pratiques. Il met en relief l’autoritarisme qui les caractérise. Puis l’auteur met l’accent sur l’expérience scolaire que les jeunes construisent et sur les logiques qu’ils déploient face aux contradictions de l’institution scolaire du point de vue de la socialisation politique. Il démontre ainsi qu’en dépit des contraintes qui s’exercent sur leur éducation politique, les jeunes se révèlent des acteurs de celle-ci, sont capables de distance critique, et développent une culture de résistance face à ce qu’ils vivent à l’école. Il dépeint ainsi le type de socialisation politique autonomique. L’analyse des changements que les acteurs scolaires aimeraient introduire dans le curriculum, les pratiques scolaires et dans le contexte sociopolitique dans lequel s’inscrit le système scolaire pour que l’école devienne un espace de socialisation politique stimulant fait ressortir le type de socialisation anticipatrice de changements politiques auxquels elle pourrait contribuer.
Cette analyse pénétrante est la première à avoir été effectuée sur la socialisation politique en Haïti et y projette un éclairage original. Cependant, sa portée dépasse de beaucoup le cadre de ce pays. En effet, elle pose le problème de l’éducation politique sous un angle qui permet de dépasser le discours normatif sur celle-ci. Elle aborde la question de la socialisation politique sous un angle nouveau, celui des jeunes comme acteurs de leur socialisation, qui peut être envisagé ou transposé dans d’autres pays. Le cadre de référence de Dubet sur l’expérience scolaire, les fonctions de l’école et les logiques d’action des élèves est appliqué pour la première fois aussi à l’analyse non pas de l’école en général, mais de la socialisation politique en particulier, qui plus est, dans un pays du sud.
Les chercheurs en éducation et en sciences humaines décèleront dans cette remarquable étude des pistes de recherche très fécondes susceptibles de renouveler leurs perspectives d’analyse de la socialisation politique et de la fonction du système scolaire à cet égard. Et les éducateurs, les didacticiens des sciences sociales, les enseignants, les directeurs d’établissement, les étudiants trouveront matière à réflexion non seulement sur le sens de l’éducation politique à l’école mais aussi sur le renouvellement des pratiques éducatives et des stratégies pédagogiques.

Claude Trottier
Professeur émérite
Faculté des sciences de l’éducation
Université Laval.
Introduction
Haïti, à partir surtout du départ des Duvalier du pouvoir en 1986, est le théâtre d’événements qui semblent mettre en péril son existence : velléités démocratiques, coups d’État, occupations étrangères, insurrections armées, attitudes totalitaires, guérilla urbaine corrélés à la dégradation constante des conditions socioéconomiques des populations. Un regard sur certaines explications de l’origine des problèmes nous a fait comprendre qu’ils peuvent être reliés en partie à un déficit de culture politique qui résulte de la façon selon laquelle se fait la socialisation politique des générations à l’École.
L’étude se situe dans les approches microsociologiques en éducation qui privilégient l’acteur et sa rationalité dans un système qui possède aussi sa rationalité

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