Les praticiens du toucher thérapeutique
578 pages
Français

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Les praticiens du toucher thérapeutique , livre ebook

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Description

Cet ouvrage explore l'histoire du toucher thérapeutique dans ses rapports au savoir-faire, au savoir expérimental et au savoir-être. Il s'intéresse à l'histoire des connaissances de la main et au développement des pédagogies sur le sensoriel, la sensibilité et le sensible, enfin il met en perspective les enseignements des pratiques aussi diverses que sont la masso-kinésithérapie, l'ostéopathie, la chiropraxie.

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Publié par
Date de parution 01 janvier 2017
Nombre de lectures 12
EAN13 9782140026805
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1900€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Patrick Leclercq
Les praticiens du toucher thérapeutique Vers une éducation et une formation professionnelles
Les praticiens du toucher thérapeutique
Vers une éducation et une formation professionnelles
Patrick Leclercq Les praticiens du toucher thérapeutique
Vers une éducation et une formation professionnelles
© L’Harmattan, 2016 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.harmattan.fr ISBN : 978-2-343-10872-8 EAN : 9782343108728
Remerciements
Ce livre, en continuité d’une thèse de doctorat d’université en Sciences de l’Éducation, vient en point d’orgue d’une vie de formation, d’un travail de vie au service d’une pratique et de rencontres humaines, je tiens donc à remercier ceux qui m’ont aidé durant ce cheminement que représente ce cycle tant personnel que professionnel. Dès l’adolescence, porté par une forte détermination engendrant un processus de questionnement, j’ai voulu être Masseur-Kinésithérapeute afin d’entrer en contact avec des patients, d’établir des contacts humains et pratiquer une thérapie manuelle. Très jeune, il me fallait prendre, entrer en contact, toucher par les mains et toucher par le regard, poser des questions et apprendre par ces médiateurs afin de comprendre, c’est-à-dire de constituer du sens pour aborder des relations. Il y avait pour moi une évidence du toujours déjà-là, d’une évidence d’une prédominance des touchers, du phénomène multiple du prendre, au sein du sens et de la valeur de la corporéité, qu’il m’était nécessaire d’interroger et de comprendre. Durant mes études en Masso-Kinésithérapie, il m’est vite apparu que le cursus technique et les enseignants professionnels ne répondaient pas aux questions que je me posais. Je me suis donc attelé à suivre d’une part, différentes formations diplômantes et universitaires afin de me doter d’outils conceptuels et de données fondamentales afin d’ordonner mes propres questions, de leur donner du sens et ainsi aborder des réponses signifiantes pour moi et d’autre part des formations pratiques et corporelles afin d’appréhender de manière empirique et expérientielle un vécu sensorimoteur. C’est grâce à ces formations connexes et grâce aux enseignants de divers horizons que j’ai pu découvrir peu à peu comment poser les problèmes qui s’imposaient à moi et que se posent peu ou prou tous les thérapeutes manuels et tous ceux qui se lancent dans un toucher signifiant. Il a fallu l’aide de beaucoup d’enseignants et de points de vue différents pour arriver à ordonner les replis du toucher, pour en tirer une pensée pratique et une pratique de la pensée adaptée à la thérapie manuelle. « En entreprenant ce que j’ai voulu, j’ai réalisé tant de choses dont je n’ai pas 1 voulu — l’œuvre surgit dans les déchets du travail. »
1  Levinas Emmanuel,Totalité et infini. Essai sur l’extériorité. Paris, Librairie Générale e Française, collection Le Livre de Poche, biblio essais, 14 édition, 2012, p.191. 5
Ce cheminement pluridisciplinaire, co-impliquant l’expérientiel et l’intellectuel, a eu l’avantage de permettre la prise de conscience qu’il est indispensable de rapprocher les sciences humaines et les sciences médicales pour stabiliser et potentialiser la thérapie manuelle. Je remercie tous ces enseignants qui ne comprenaient pas entièrement mes questions, mais qui m’ont souvent donné du grain à moudre. Je terminerai ces remerciements sur un plan plus personnel en ayant une pensée pour ma compagne et mes enfants qui ont su supporter l’investissement long et prenant de ce cheminement et qui m’ont soutenu envers et contre tout. Enfin, notons que toutes les présences humaines qui se sont accumulées durant ma vie ont été des plus importantes comme rencontres signifiantes et ont donné un réel sens à l’accomplissement éprouvé de ma pratique manuelle et de pensée.
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Prolégomènes  « Je me suis cherché moi-même. »  Héraclite Fragments (DK B101, M15) 1)Introduction Les sciences et les arts ne définissent précisément leur domaine qu’à un certain moment de leur développement. Elles ne peuvent dès leur origine en avoir une définition préalable qui les circonscrit entièrement. La thérapie manuelle fait partie des sciences des touchers, elle se diversifie dans différentes modalités d’exercice, dont les principales sont la Masso-kinésithérapie, l’Ostéopathie et la Chiropraxie. Elles n’échappent pas à cette constatation et pour elles, au stade de progression où elles se trouvent, au terme d’un processus de croissance, il ne peut être question d’éluder cette problématique, et seule une enquête méthodique permettrait de clarifier ces questions. Comme nous allons le montrer ci-après, la médecine manuelle a commencé son évolution dans un cheminement relativement solitaire et ne s’intègre progressivement à la médecine qu’à mesure de son acceptation par la société civile. Au-delà des contingences historiques qui instaurent des conditions singulières de pratiques et des transformations que notre monde en mutation continue impose à un rythme de plus en plus rapide, il devient important de proposer des compléments de définitions, des compléments d’information sur les moyens et les fins de la thérapie manuelle, et ce, afin de tenter de répondre aux questions posées que nous avons tenté de recenser, dans la mesure du possible, tout au long de cet ouvrage, puis de reformuler les questions et de faire naître de nouvelles questions. Nous devons essayer de rechercher à partir de quels concepts et à partir de quels matériels d’inventaire, la médecine manuelle peut tendre à progresser. Mais nous sommes conscients qu’une démarche rationnelle qui tente de clarifier des définitions et de clarifier des concepts ne peut entièrement apaiser des débats qui sont empreints des enjeux de pouvoir et d’idéologies. En effet, les questions relatives aux formations professionnelles sont traversées par des enjeux économiques et symboliques qui ont font l’objet de discours idéologiques reflétant des positions politiques. En outre, poser le problème de l’enseignement d’un vécu sensoriel et d’un apprentissage des touchers n’est pas chose aisée en raison du vocabulaire même de penser un vécu et des touchers dans un contexte intellectuel. Dans l’immense domaine de la médecine, la thérapie manuelle n’a fait l’objet que d’une faible attention et que d’une attention dans un certain sens.
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Effectivement, cet enseignement n’a, en France, guère d’existence, ni comme notion, ni comme discipline, en fonction peut-être de la spécificité d’une manière de penser la question. Cette situation, qui perdure, fait courir le risque de la disparition de certaines facultés fondamentales, pourtant si capitales pour une étude objective, dialectique et critique de la relation tant psycho-somatique que somato-psychique et pour une recherche sur les modalités thérapeutiques les plus diverses à mettre en œuvre. Du reste, tout acte de toucher qu’il soit thérapeutique ou non est le terme d’une expérience et, en même temps, le point de départ d’une nouvelle expérience autour de laquelle se cristallisent les processus combinés de pensées et d’actions. Il est donc sensé de constituer une pensée sur l’haptique qui contienne une référence commune à tous ceux qui se lancent dans ce domaine. Afin de dépasser ces discours, les sciences de l’éducation, par leur travail d’ouverture entre les sciences, leurs démarches multiréférentielles, mais simplement humaine, peuvent aider la médecine manuelle qui présente, du fait de la diversité des savoirs de base qui la caractérise et de son type singulier de relation avec les corps, ses problématiques propres. Les sciences de l’éducation, grâce à cette ouverture de pensée et de points de vue, ont la capacité de préparer à la recomposition des savoirs trop parcellisés en médecine manuelle. Savoirs parcellisés qui sont la source de conflits et de dissonances au profit des sciences disciplinaires fondamentales qui viennent reléguer les sciences et techniques humaines tout en évacuant la question des sens et du sens. Cet état de fait allant dans le sens de fournir aux praticiens, dès leur formation initiale, la sérénité et le recueillement utiles à l’effort d’explicitation, de compréhension et de pénétration des corps en souffrance. Effectivement, dès maintenant et ici, nous pouvons parler des corps, considérés par les thérapeutes manuels, comme d’une limite mouvante s’articulant entre, d’une part l’explicitation et la compréhension par abstraction, et d’autre part la pénétration par l’acte haptique où le corps en traitement vient se donner dans une prise de contact avec tact et mesure qui ne dérape pas en une emprise. Le thérapeute manuel est régulièrement mis en cause dans ses fonctions de thérapeute et son positionnement est relégué au niveau d’auxiliaire de médecine appliquant des techniques adjuvantes. Les thérapeutes qui soignent dans le cadre de ce qu’il faut appeler la médecine manuelle et auxquels une place a été concédée, du fait de services rendus, sont encore considérés assez souvent comme des masseurs, des techniciens du mouvement. Or, c’est au sein des thérapeutes manuels qu’une recherche, tant théorique que pratique, puisse exister et trouver une cohérence et un sens porteur d’avenir. Il est donc approprié de continuer à préciser les définitions, les moyens et les fins de la thérapie manuelle dans l’ensemble organisé de la médecine afin de pérenniser le domaine qui est le sien, sinon elle se condamnera elle-même à demeurer qu’un agglomérat de techniques, de savoir-faire, de tours de main et de ne jamais présenter que des recettes empiriques fondées sur une
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rationalité instrumentale. Or, l’histoire montre que la structuration actuelle de la thérapie manuelle est déjà suffisante pour avoir le droit de se placer au-delà d’un simple diagnostic et d’une application instrumentale de pratiques évacuant la question du sens des actions et de développer quelques explorations prospectives sur les considérations à donner sur ce domaine. Les thérapeutes manuels sont aptes à travailler une sagacité en propre leur permettant de dégager des pertinences porteuses de sens et susceptibles d’être mise en œuvre au sein des structures biologique et symbolique de la corporéité humaine. Nous considérons que le cadre de cet ouvrage est le moment privilégié pour un examen libre et réfléchi de toutes les questions que se posent depuis longtemps les praticiens de thérapie manuelle, examen qui peut être élargi à un questionnement spécifique pour l’ensemble des citoyens. Questions qui n’ont pu jusqu’à présent être suffisamment débattues dans un esprit conforme à la mission de l’université qui reste un centre de réflexion humaniste et scientifique. C’est dans cette perspective d’une remise en question de ce qui pose problème au sein de la thérapie manuelle et au sein de l’enseignement dès les premières classes que nous désirons examiner ces questions dans une exploration prospective. Nous avons pleinement conscience du défi et de la responsabilité que cela représente, mais aussi de la promesse que cette recherche peut dégager. Les questions posées dans cette recherche ont été débattues dans bien des disciplines et ce n’est pas là que se situe l’apport de cet ouvrage, mais dans la prospective synthétique et dans la démarche anthropologique et phénoménologique du regard posé sur les diverses problématiques entrevues. Les conclusions déduites durant ce travail sont présentées pour induire l’élaboration et la formalisation d’un enseignement permettant la mise en place d’un nouveau cadre intellectuel et praxéologique des thérapeutes manuels, dont une trame peut être proposée pour tous les citoyens, de nature à produire une meilleure compréhension du champ haptique ou science des touchers. L’évolution de la thérapie manuelle, à l’intérieur d’une société en constant remaniement, les réformes successives qui la bouleversent, l’émergence de nouvelles technologies, les changements de points de vue sur des techniques plus ou moins délaissées, les mutations qui s’opèrent au niveau de différents types d’agir, les efforts de recherches mis en œuvre dans de nombreux pays, font qu’il est devenu pertinent de lancer une confrontation entre les champs théoriques et pratiques afin de dépasser le déséquilibre actuel de l’enseignement en thérapie manuelle ainsi que la quasi-absence d’enseignement du toucher chez les enfants. En effet, il se creuse de plus en plus un fossé entre les champs disciplinaires théoriques et les pratiques sensorielles, lors de la formation initiale en instituts où l’approche épistémologique actuelle découle d’une réflexion de type cartésienne, analytique, éludant toute pensée philosophique
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