Après « Les petites graines du bonheur » et « Les petites graines de l’amour », découvrez de nouvelles aventures avec « Les petites graines de la tendresse ». Douze jolis contes drôles et touchants pour petits et grands. Nos gentils héros nous font vibrer d’amour avec « Petite Tomate » qui rêve de parcourir le monde ou « Le Cerisier et le Ver de terre » qui devront choisir entre la jalousie ou la sagesse. « Asperge, Poireau, Pomme de terre et Roquet » forment une drôle d’amitié. « Cœur d’Artichaut » est à la recherche d’un remède qui rend heureux, tout comme « Petit Monde invisible », pour sauver la planète. Un cadeau merveilleux pour « Un jour de Noël ». Vive les « Premières Vacances » au camping et « Canicule », sur un marché de Provence. Dans « Panique au Parc », le jardinier n’a pas le dernier mot. « Beaux ou Bios ? » « Bébé Hérisson » et « Petit Yucca » terminent ce recueil bourré de tendresse. Tous ces personnages vont éveiller les enfants au respect de la vie et des animaux, qui sont des êtres sensibles capables d’aimer, et les encourager à protéger la nature, tellement en danger. Entrez dans le monde merveilleux… des « petites graines de la tendresse » !
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Je dédicace ce recueil aux Amis des Animaux : Tout particulièrement aux Militants du Collectif Animalier 06 de Nice et à monsieur Christian Razeau, son président. Ainsi qu’àtous les autres collectifs et associations de protection et de défense des animaux, qui ont tellement besoin de nous. À tous ceux qui font un énorme travail et qui apportent des soins, sans faire parler d’eux.Vous êtes tous de Belles Personnes. Françoise Seigneur
1–Petite Tomate
Petite Tomate est née ce matin dans un coin du potager de grand-père. Le doux soleil d’été réchauffe sa jolie peau verte et brillante. Au-dessus d’elle, de grosses tomates orangées et rouges se bercent au gré de la brise et lui sourient. Contre un mur, des courgettes s’accrochent bien haut sur le grillage, fières de montrer leurs belles fleurs blondes. Elles agitent des feuilles en signe de bienvenue. Les poivrons rouges, verts, jaunes la saluent avec enthousiasme. Les radis, plantés dans leur parcelle de terre, ne la regardent pas. La fourmi, très curieuse, fait un tour d’inspection de Petite Tomate en la chatouillant de ses fines pattes ; elle lui glisse à l’oreille de se méfier de la famille Radis. Surprise, interrogative, mais surtout, inquiète, Petite Tomate poursuit cependant ses découvertes, émerveillée, et devine un portillon chargé d’un somptueux liseron, tapissé de délicates fleurs bleues. —Comment faire pour aller de l’autre côté ? dit-elle en tirant sur sa tige. Pourquoi suis-je attachée ? La famille Radis, trop contente de la voir se débattre, lui crie : —Tu es un légume, tu ne peux pas marcher, et si tu t’arraches de ton pied tu tombes par terre ! Ta vie est sur ce pied de tomates jusqu’à ce que tu deviennes bien rouge et parfumée. Ensuite, ou tu chutes et tu es écrasée par une chaussure, ou une main te cueille, et une bouche te mange ; sinon tu resteras sur ta tige, pourrissant en attendant ta mort. —Vous êtes une méchante famille! s’exclame Petite Tomate, rouge de colère. Pourquoi voulez-vous me faire de la peine ? —Laisse-les dire et ignore-les! crient en cœur les tomates.Petite Tomate, bouleversée par les paroles des radis, cherche à en savoir plus, auprès de ses voisins beaucoup plus aimables. Les plus vieux du potager sont contents de vivre tranquilles et profitent de l’été pours’adonnerau farniente. Les jeunes ont leurs habitudes, leurs copains, leurs copines, et des amis de passage, comme les papillons, toujours au top de la mode, en tenue colorée, comme dans toutes les stations touristiques. Il y a des concerts de cigales tous les jours, et le soir des illuminations de lucioles. —Patiente un jour ou deux, Petite Tomate, et tu auras plein de camarades de ton âge, lui conseille une sage carotte.
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—Non ! Je préfère mourir tout de suite ! Je réclame ma liberté ! Courir comme le chat, voler comme le moineau, jouer comme le chien, je veux être heureuse ! Les radis éclatent de rire en se moquant en douce. —Elle se prend pour qui, celle-là ? Elle est folle, cinglée, toquée, pauvre fille ! En fin d’après-midi, Jolie Abeille s’approche de Petite Tomate et lui dit : —Tu es si malheureuse, tu me fais de la peine ! Si tu le désires, je peux être ta confidente ! Avec mon travail, je voyage beaucoup, je sais choisir mes fleurs et les compter. Je vois du monde, je peux te raconter et t’enseigner plein de choses. Petite Tomate soupire : —Avoir une amie triste comme moi, ce n’est pas drôle. Je commence à pleurer beaucoup, mais j’aimerais bien que tu me parles de la vie, je souhaite tellement apprendre ! —Ne t’! Je passeinquiète pas pour moi, Petite Tomate, je suis contente que tu acceptes demain après mon travail. Bonne soirée. C’est long, une nuit sans pouvoir dormir. Heureusement, les courgettes, les poivrons, chantent des berceuses et tous reprennent les refrains en chœur, sauf la familleRadis. —Je veux connaître par cœur l’air de la chanson :Et ron et ron petit patapon !s’entête Petite Tomate. Le jour suivant, après un sommeil agité, Petite Tomate découvre dans quel état elle a mis sa tige ! Les radis, ravis, lui annoncent sa mort prochaine. Les amies tomates, affolées, demandent aux fourmis de lui faire, en urgence, un pansement cicatrisant. En fin de journée, Jolie Abeille se pose toute joyeuse sur le pédoncule de sa camarade et constate que la plaie se referme bien. Soulagée elle rassure tout le monde. Les radis déçus papotent entre eux en silence. —Ne fais plus jamais ça, Petite Tomate ! gronde l’abeille. —Pardon de vous avoir fait peur ! répond Petite Tomate, toute confuse. —Peur ? Certainement pas! interviennent en chœur les radis. Du moment que ça ne concerne pas notre famille ! —Ne relève pas, mon amie, ça n’en vaut pas la peine! conseille l’abeille. Les méchants sont des envieux, des jaloux, des parasites, on les devine tout de suite, ils sont ternes, regarde-les, même quand ils sourient pour essayer de nous manipuler, ils sont affreux ! Détourne-toi d’eux. Puis Jolie Abeille se penche, une aile posée sur le front de Petite Tomate et commence à lui parler de la vie : —Je suis née abeille et, depuis ma tendre enfance, je travaille dur pour fabriquer différents
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miels et nourrir notre grande famille. J’ai appris le nom des fleurs en survolant la colline, et je sais où trouver les lavandes, le thym, les acacias, les châtaigniers. Les fourmis sont constamment occupées à transporter des réserves. Les oiseaux font des nids bien doux pour leurs petits, et, après le mauvais temps, bien souvent,ils doivent les refaire. Les chevaux, les ânes, les bœufs tirent des charrues très lourdes pour aider les humains. Chaque vie sur Terre a une mission, ce n’est pas toujours facile. Mais tous, nous faisons chacun avec nos moyens. Petite Tomate trépigne : —Moi aussi je dois faire quelque chose ! Mais quoi, si je ne peux pas bouger ? —Petite Tomate, tout d’abord, tu dois t’accepter comme tu es, tu dois te prendre en main et arrêter de te lamenter sur ta tige, sinon tu vas te ternir. —Jolie Abeille, répond sagement Petite Tomate,c’estcurieux, après avoir voulu mourir, j’ai l’impression, maintenant, de naître à nouveau, mais différente ! Je commence à comprendre ce qui est essentiel pour moi, pour atteindre l’allégresse et la paix de l’âme : je puise au fond de mon cœur, très fort, pour bien me connaître et je découvre de beaux échos ! Je sais que c’est très important d’aimer et qu’il est précieux d’avoir des amis sincères qui m’acceptent telle que je suis. Je crois surtout que le bien-être se trouve en moi, en chérissant mon prochain avec compassion, respect, tendresse. Tout ce bonheur, cet amour me reviennent encore plus fort ! La nuit est déjà tombée. Les deux complices pouffent en regardant le spectacle des lucioles qui font les clowns. Et les fous rires se propagent dans toute la campagne. —Je sais ce que je veux faire de ma vie ! annonce Petite Tomate. Je vais raconter les histoires qui viennent de mon cœur aux enfants petits ou grands et, pourquoi pas, aussi, aux parents et grands-parents. Et eux me parleront des rivières, des montagnes, des océans. —C’est une excellente idée ! répond Jolie Abeille. —Excellente idée ! reprennent les plantes. Tous sont contents, la nuit est joyeuse, c’est la fête. Sauf chez la famille Radis ! Depuis ce jour, le jardin de légumes se nomme : le potager du Cœur. Il attire beaucoup de monde : des libellules, des coccinelles, des oiseaux, des lapins, des poules. Ils racontent leurs voyages, leurs aventures, et surtout, ils sont là pour écouter les belleshistoires du cœur de Petite Tomate que tous partagent entre amis, et les amis avec d’autres copains. —Très vite, la terre entière connaîtra Petite Tomate ! applaudit le potager. —! répond Petite Tomate toutJe suis tellement heureuse, merci à tous, je vous adore attendrie. —Nous aussi, nous t’aimons tous !
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Un matin, alors que grand-père arrose ses légumes, aussi beaux les uns que les autres. Tous l’entendent gronder devant le carré de la famille Radis : —Quand on est mauvais, le mal vous retombe toujours dessus. Regardez-vous ! Vous êtes pleins de trous et de vers, personne ne veut de vous. Votre vie est gâchée, le souvenir que vous laissez sur Terre, c’est la méchanceté, le mensonge et l’arrogance ! Allez, vous êtes juste bons à nourrir les cochons !
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2–Le cerisier et le ver de terre
Grand-mère Cathy possède la plus jolie cerisaie de Dasle et de la région. Au printemps, les fruitiers chargés de fleurs délicates, blanches ou rosées, attirent les habitants du village et des environs, émerveillés. Les dimanches, des promeneurs prennent des photos.D’autrestentent de reproduire sur toile ce tableau d’une beauté éphémère. Des couples d’amoureux s’enlacent devant cette subtile pureté. Les branches s’offrent, majestueuses, aux regards, surtout vers le ciel, en prière de remerciements, pour cette floraison abondante. Caché sous l’herbe, dans un petit trou, Ver de terre, tout sale, observe le spectacle. Il est fou de rage : —Il y en a que pour ces cerisiers, qui nous font del’ombreet nous dévisagent de haut ! Le « Vétéran », le plus vieux des cerisiers, planté juste là, surpris par ces propos, répond : —Pourquoi es-tu jaloux, espèce d’asticot ? —Moi, jaloux ? Certainement pas ! Je peux manger tes racines et te détruire si je veux ! Et tu n’as même pas un trou pour te cacher. Choqué par ces paroles agressives et ne souhaitant pas gâcher cette journée romantique, pleine de poésie et de douceur, Vétéran ne répond pas, préférant confier ce rôle à la « Vie », qui, elle, donne les leçons. Dans sa petite cavité, Ver de terre fulmine, une fois de plus, contre les cerisiers, surtout contre Vétéran, pour avoir prononcé le mot : jaloux. Un méchant comme Ver de terre trouve toujours un sujet de critiques, afind’influencerson entourage à son avantage. Pour briller tout seul, il est capable du pire ! Ver de terre décide alors d’organiser une grande fête en invitant le plus de gens possible. Pour l’occasion, avec ses copains, ils transforment leurs trous, proches du tronc d’arbre, en grotte gigantesque.Ce n’est pas de très bon goût, mais il faut bien faire de la place ! Fiers d’eux, ils attendent les convives. Tout le monde est enfin là et tous se régalent des copieuses racines offertes par leurs hôtes. —Servez-vous généreusement, mangez, buvez, ce soir c’est la fête ! crie Ver de terre. Certains commencent à vomir tellement ils se gavent. Des poubelles sont avancées pour se soulager. C’est l’orgie. Ver de terre ouvre le bal et gesticule en se tortillant dans tous les sens : —Ce n’est pas Vétéran qui arriverait à en faire autant, il est raide comme un piquet ! Moi,
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jaloux ? Comment ose-t-ilm’insulter de la sorte? J’ai tous les copains que je veux ! J’aime ma famille ! J’ai une grande maison, tout va bien ! constate Ver de terre en contemplant les autres boire, manger et danser. Petite Souris à lunettes, celle qui observe tout, s’approche de Ver de terre avec un regard sévère : —Tu n’es pas un véritable ami, tu nous invites, mais tu te sers de nous !Tu n’es pas sincère! affirme-t-elle bien fort pour que tout le mondel’entende. Tu nous fais croquer les belles racines de Vétéran pour le rendre malade ! Des cris d’indignation et de tristesse résonnent dans la grotte : —Nous mangeons les racines de Vétéran ?s’horrifie un mulot.—Mon Dieu ! ce n’est pas possible !Qu’avons-nous fait? s’exclameune musaraigne. —Constatez par vous-même ! Pauvre Vétéran ! couine Petite souris. Les invités, scandalisés, quittent l’abri sous roche les uns après les autres. La dernière à sortir, Petite souris à lunettes, se retourne sur la tribu Vers de terre : —À vouloir montrer un visage gentil, alors que vous êtes tous des méchants. À inventer des mensonges sur tout le monde, pour mieux régner. À vous moquer des gros, des maigres, des grands, des petits, des jeunes, des vieux,c’estvous les jaloux, les envieux ! Vous êtes démasqués, et vous finirez seuls ! Même entre vous, vous vous critiquez…Etje n’en dirai pas plus! —Jolie famille, en effet. Sortons vite ! Ici, ça pue ! crie la petite Musaraigne. * * *Après une longue nuit sans dormir. Toute la cerisaie est informée au sujet de Vétéran. Il ne faut pas qu’il apprenne ce qui s’estproduit sous terre, inutile de l’inquiéter trop vite. —Vivement que grand-mère Cathy vienne nous faire une visite pour tout lui raconter ! disent les cerisiers. Vétéran se réveille, tout content, mais étonné d’être déjà entouré par ses amis les papillons, les libellules. —Bonjour mes compagnons ! mais que se passe-t-il de si bonne heure, vous me faites peur ! Rien de grave, j’espère? —Bonjour Vétéran ! Non,rien d’important, nousvenons simplement admirer vos fleurs et prendre de vos nouvelles. —C’est gentil, mes petits, tout va bien, merci ! Puis les abeilles, les oiseaux, arrivent aussi, suivent les mouches, les moustiques, les araignées, les chenilles…—Vous êtes tous adorables, mais je sens une certaine inquiétude ! Je vous promets que je me
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porte très bien ! Juste une légère faiblesse due à mon grand âge, assure Vétéran. Alors, cessez votre défilé du 14 juillet ! Cette dernière remarque fait rire tout le monde et chacun s’éloigne rasséréné. * * *Les jours passent, les fleurs volent au vent, les cerises montrent le bout du nez et, grand-mère Cathy veille sur Vétéran ; elle a rebouché l’ouverture créée par Ver de terre et lui a expliqué l’origine de sa faiblesse. Une pluie fine d’été fait sortir de son trou Ver de terre et sa famille, restés très discrets depuis la fameuse soirée. Les cerisiers sont couverts de fruits, bientôt mûrs pour la cueillette. Vétéran, aidé par un tuteur, garde courageusement la tête haute. Ver de terre, embarrassé, lui demande si ce bâton est placé à ses côtés parce qu’il est trop chargé de fruits. La
cerisaie est subitement silencieuse. —Tuteur me soutient de toutes ses forces, je l’admire et le remercie, répond sagement Vétéran. Avec lui, je vais pouvoir offrir ma plus belle récolte de fruits, et ça me rend heureux ! Le bonheur, tu vois, c’est tout simple ! Toi, l’asticot, déjà tout jeune, tu m’en voulais, tu avais décidé de me jouer de mauvais tours. J’ai pardonné, parce que les petits ne savent pas toujours quand ils blessent, mais sans relâche tu as continué sournoisement, jusqu’à tenter de m’éloigner de ceux que j’aime. Nous sommes tous différents sur Terre, à nous de trouver notre chemin avec nos moyens. Nous avons tous en nous quelque chose de beau à développer ou à offrir ! Même un bout de bois sauve des vies, comme mon très cher Tuteur ! Vétéran reprend son souffle en laissant la brise agiter ses feuilles et poursuit : —Je sais depuis peu que toi et ta famille avez voulu me détruire. Grâce à Petite souris à lunettes et tous les amis de la cerisaie, j’ai échappé à ton projet. Et grand-mère Cathy a bien pris soin de moi. Les épreuves et les souffrances nous rendent plus forts ! Je vais guérir et me tenir mille fois plus droit que lorsque j’étais jeune. Tu vois l’asticot : involontairement, tu as fait de moi un roc. Pour ça, je te pardonne ; encore et mieux : je te remercie. Ver de terre se ratatine et s’enferme dans une bulle qu’un escargot vient de former.—Une dernière chose, l’asticot, continue Vétéran, je n’attends pas de ta part des excuses, ni des regrets. Tu n’as jamais su le faire et tu ne connais même pas ce que le mot « merci » signifie ! Nous pouvons te donner des petits conseils pourt’aiderà avancer dans la vie, sans faire du mal autour de toi, mais personne ne peut le faire à ta place. * * *C’est le grand jour, et, comme chaque année, grand-mère Cathy, aidée par ses petits-enfants et leurs amis, installe, dans la cerisaie, une immense table couverte d’une nappe blanche. Des gâteaux encore tièdes y sont déposés, puis des boissons, et d’énormes sandwichs bien