Les aventures du chevalier Mylio au pays de Siam (1685-1689)
150 pages
Français

Les aventures du chevalier Mylio au pays de Siam (1685-1689) , livre ebook

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150 pages
Français

Description

Berceuses pour éléphants, perruques poudrées, chasses au tigre... Ce récit rassemble une galerie de personnages insolites : un roi du Siam curieux de l'Occident et de ses religions, fasciné par Louis XIV ; un aventurier grec, habile, devenu Premier ministre du Siam ; un père jésuite qui s'immisce dans les négociations ; un ambassadeur français obsédé par le protocole. Et un jeune chevalier, Mylio, découvrant un peuple, une religion, une civilisation alors à son apogée. A partir de 14 ans

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Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2013
Nombre de lectures 0
EAN13 9782296534667
Langue Français
Poids de l'ouvrage 28 Mo

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Extrait

Tristan Chalon
Les aventures du Chevalier Mylio au pays de Siam (1685 - 1689)
L es aventures du chevalier Mylio
au pays de Siam (1685-1689)
Jeunesse L’Harmattan Collection dirigée par Isabelle Cadoré, Denis Rolland, Joëlle et Marcelle Chassin Dernières parutions Armel NONFODJI,Le rêve du singe, Contes du Bénin, 2013. Amarnath HOSANY,Chung et les couleurs de l’arc-en-ciel,2013. Amandine MATISKA,L’empreinte de la louve, 2013. Isabelle TAMBURINI,Assireni petite esclave en France,2013. Patrick Serge BOUTSINDI,La Fête de Ya foufou,2013. Fouma TRAORE,Nandiman le brave chasseur, Contes du Burkina Faso, 2013. Odette-Claire BROUSSE,Parmi les pierres, une rose du Sahara, 2013. Pascal HENRY, Louise de La Hulotte,2013. Mark KRASNIQI, Lettres recommandées - Posta e porositur,2013. Marion PAULET,Mambo du Rwanda, le choix d’une destinée,2013. Claude PLOCIENIAK,Le naufragé de Kabylie, 2012. Michael CAMARDESE,Tirino le rhinocéros blanc, 2012. Laurence LAVRAND,Faïdati et les contrebandiers de Soulou, 2012. Pierre DURIOT,Le calin du yéti, 2012. École élémentaire 17, rue de Marseille,Le singe qui n’aimait pas les bananesetCantou le toucan,2012. École BOUVINES,Comme c’est bien !,2012 Laurence LAVRAND,Mayotte une sixième mouvementée, 2012. Emmanuelle POLACK, Benjamin et Sarah ROYON,La Fille du charbonniersuivi de Simon, le Voleur de Temps,yiddish-français, 2012. Laurence LAVRAND,Mystère au collège de M’Gombani, 2012. Gani XHAFOLLI – traduction de Dominique Duversin,Je suis un petit roi,bilingue albanais-français, 2012.
Tristan Chalon L es aventures du chevalier Mylio
au pays de Siam (1685-1689)
L’HARMATTAN
© L'HARMATTAN, 2013 5-7, rue de l'École-Polytechnique ; 75005 Parishttp://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-336-29182-6 EAN : 9782336291826
Le grand projet
L’aube blanchissait à peine. Le chevalier Mylio Jean-Baptiste des Réaux se leva. Dans l’obscurité il tâtonnait un peu. Mais l’ordonnance des lieux, des meubles, lui était familière. Il n’avait pas besoin de lumière pour se diriger. Depuis plus de deux ans et demi les autorités siamoises avaient mis à sa disposition ce pavillon. Il y habitait quand il ne passait pas la nuit chez Surya, dans le palais de teck de la belle Siamoise. Ce matin il éprouvait, de manière inattendue, un sentiment d’enthousiasme, lié à l’amour qu’il portait à Surya. Il retrouvait ce même enthousiasme qui, en 1685, l’avait accompagné tout au long de ses sept mois de navigation jusqu’au Siam. Mylio faisait partie de la suite de l’ambassadeur Alexandre de Chaumont. Il se souvenait encore de l’émotion qui l’avait saisi quandL’OiseauetLa Malignefatigués par la vague marine avaient – enfin – jeté l’ancre à la barre de Siam. Le fort de Bangkok avait salué de cent coups de canon l’arrivée de l’ambassade du roi de France tandis que Mylio contemplait le rivage bordé de palétuviers, l’embouchure du fleuve, les paillotes du village, le fort délabré, les barques de pêcheurs qui glissaient sur l’eau. C’était le 23 septembre 1685. Depuis lors, ce feu d’enthousiasme avait diminué, puis s’était éteint. Le chevalier avait découvert une réalité moins exaltante que les rêves forgés par son imagination. Il avait rencontré des obstacles, éprouvé des déceptions, perdu ses illusions. Il ne croyait plus au succès du « grand projet ». Il s’étonnait même d’y avoir cru : quelle intolérance que d’envisager la conversion massive de tout un peuple qui n’avait rien demandé. Mais il s’était attaché au pays, il en avait appris la langue, il appréciait les Siamois. Il avait accepté de prolonger son séjour lorsque l’ambassade de monsieur de Chaumont, sa mission accomplie, avait, en
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décembre 1685, quitté le Siam à bord deL’Oiseaude et La Maligneregagner la France. Ces vaisseaux transportaient pour aussi vers la France la fastueuse ambassade que Phra Naraï, le roi de Siam, envoyait à son cousin, le Roi-Soleil. Et Mylio était de nouveau resté sur place avec le vague titre de « chargé d’affaires » quand, en décembre 1687 – il y avait deux mois – la deuxième ambassade française, celle conduite par monsieur de La Loubère, avait regagné la France. Depuis il sentait monter dans la capitale une tension inquiétante. Ce peuple si gracieux, aimable et souriant murmurait contre les étrangers et Mylio redoutait une explosion de colère. Les moines drapés dans leur robe couleur safran excitaient en sous-main l’inquiétude des fidèles et leur mécontentement. Ils multipliaient les processions ostentatoires. En mendiant leur nourriture quotidienne, le bol à la main, ils répandaient des rumeurs alarmistes. Ils évoquaient de noirs complots visant à persécuter les religieux, à renverser le 1 bouddhisme, à substituer le Christ à Bouddha . Des intrigues de cour, disaient les moines, réduisaient à l’impuissance le roi vieillissant et malade : Phra Naraï « chambré » par son entourage ne quittait plus sa résidence de villégiature à Lopburi. De sanglantes vengeances se tramaient dans le secret des palais. La trahison à l’ombre du trône, clamaient les moines, livrait à l’étranger les places fortes du pays, lui ouvrait le Siam. Toutes 2 ces allusions mettaient en cause Constance Phauklon , Premier ministre et favori du roi Phra Naraï. Le favori était haï du clergé et des moines bouddhistes. Dans toutes les classes de la société, on écoutait les moines avec déférence et l’on se disposait à les suivre au premier signal.
1 La vie de Bouddha est tissée de merveilleux, mais l’historicité du sage n’est pas douteuse. 2  Étrange et mystérieuse trajectoire que celle de ce Grec de Céphalonie (1647-1688), devenu Premier ministre du royaume de Siam.
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Mylio lui-même recevait des confidences, des avis, parfois des messages qui allaient dans le même sens que les discours des moines. Ainsi, lors d’une séance de marionnettes qui se déroulait dans son palais, son ami le prince Huong l’avait mis en 1 garde. Le prince Phra Petracha , frère de lait du roi et grand-éléphantier, l’avait convié récemment à une revue militaire et, à cette occasion, lui avait tenu des propos qui sonnaient comme un avertissement et une menace. L’atmosphère avait bien changé par comparaison avec l’allégresse et l’insouciance qui avaient marqué les premiers temps de son séjour au Siam. En dépit de ces avertissements, Mylio demeurait dans l’ignorance de ce qui se tramait exactement. Et ses pensées étaient d’autant plus sombres qu’il ne parvenait pas à percer le mystère d’une réalité qui lui échappait. Il ressentait vivement sa condition d’étranger qui ne percevait qu’un décor, des apparences superficielles, des ombres. Un pays, une civilisation, une histoire, des traditions lui opposaient leur épaisseur, leur résistance, se dérobaient à son regard, se préparaient à rejeter toute tentative d’intrusion. Mais, ce matin, à sa grande surprise, ses inquiétudes – sans fondement peut-être – s’étaient dissipées. Il sentait renaître et brûler cette fougue de jeunesse, cet enthousiasme, cette confiance en l’avenir qui l’avaient quitté depuis longtemps. Il gagna la véranda. Accoudé à la balustrade, il s’abandonna à une rêverie heureuse. Même ses préoccupations personnelles, sources d’angoisse, s’étaient effacées. Pendant le voyage qui le conduisait au Siam et dans les premiers temps de son séjour siamois, il était resté fidèle au souvenir de sa bien-aimée. Mais il avait reçu de sa mère une terrible nouvelle : Rozenn envisagerait de lui rendre sa parole et d’épouser monsieur de Careil. Rien n’était décidé cependant, lui écrivait sa mère, et Rozenn elle-même le suppliait de garder
1 Peut-être d’ascendance royale par sa mère, frère de lait du roi Phra Naraï, grand-responsable de l’armée des éléphants de guerre, Phra Petracha (1632-1703) s’illustre dans les guerres du début du règne.
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