L ombre de la vie
124 pages
Français

L'ombre de la vie , livre ebook

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124 pages
Français

Description

A travers l'histoire tragique de Joël, jeune cireur, le lecteur va découvrir des expériences humaines douloureuses, des visages d'enfants empreints d'humanisme, des rencontres heureuses comme celle de Koudabouré ou du mystique aumônier Jean, appelé affectueusement Yaya par les prisonniers, mais également malheureuses comme celle qui conduit le jeune Joël en prison. Alors, une folle course contre la montre commence.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2011
Nombre de lectures 42
EAN13 9782296468412
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’OMBRE DE LA VIE
Du même auteur :
Bouffe mortelle(recueil de nouvelles) Éditions A3, Paris, 1999 Le prédateur venu du Sud Éditions Menaibuc, Yaoundé-Paris, 2000 La métamorphose de Zita, Éditions L’Harmattan, 2001 Politique éducative et politique linguistique en AfriqueÉditions L’Harmattan, 2003 Contes du Burkina Faso pour mes trois filles,Éditions L’Harmattan, 2006
© JEL, 2011 01 BP 4903 Ouagadougou 1 BURKINA FASO ISBN: 978-2-915889-01-7 EAN : 9782915889017 © L’Harmattan, 2011 5-7, rue de l’École-polytechnique ; 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-56389-6 EAN : 9782296563896
Maxime Z. SOMÉL’OMBRE DE LA VIE Roman
JEL
Chapitre 1
Le train 217 Paris-Turin commençait à ralentir progressivement sa vitesse. Ce changement d’allure eut des conséquences sur plusieurs voyageurs. N’étant plus bercés, ils sortirent de leur sommeil. Kougri se réveilla brusquement. Mais contre toute attente, il avait perdu la notion du temps et de l’espace. Soudainement, il était frappé d’amnésie. L’homme essaya dans un premier temps d’adapter les rétines de ses yeux à la lumière tamisée du compartiment. De nouveau, il regarda autour de lui, une immense inquiétude l’envahit. Son angoisse s’amplifia car aucun souvenir ne remontait à la surface. Que se passait-il dans ce train ? L’homme était très fatigué ces derniers temps, toutefois cela ne suffisait pas à expliquer cette subite perte de mémoire. Kougri était de plus en plus anxieux. Il n’était conscient que d’une seule chose – plus terrifiante encore : il ne savait plus où il se rendait et pourquoi il était assis là, sur ce siège, dans ce train qui allait bientôt s’arrêter à son terminus ! Malgré la fraîcheur de cette matinée d’avril, de grosses sueurs commencèrent à perler sur son visage. Son rythme cardiaque s’accélérait également. Tout semblait soudainement se fondre autour de lui. Les quelques minutes que mit le train avant de s’immobiliser totalement parurent une éternité pour Kougri. Ce sentiment d’impuissance dans lequel il s’était réveillé perdurait et c’était difficilement supportable. Il se débattait pour émerger et échapper à cette invisible pompe aspirante qui le tirait vers le bas, comme pour l’ensevelir vivant dans du sable mouvant, dans cette absence de mémoire et de souvenir. C’est dans ces moments de manque que l’on peut apprécier la valeur inestimable de toutes ces facultés de goûter ou encore de faire revivre les choses passées, agréables ou désagréables. Il faut avoir vécu une fois au moins cette désagréable situation pour savoir accorder une place à la mémoire. Cette absence donnait de l’énergie à Kougri pour se battre, tel un spéléologue tentant d’échapper à l’eau de la rivière souterraine qui remontait plus rapidement suite à des crues imprévues. Son regard était
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toujours rivé vers les zones de lumière, mais rien ne retenait ce regard qui cherchait de l’aide. Il balayait partout, il scrutait les alentours afin d’accrocher son regard à quelque chose d’évocateur, à un visuel pouvant déclencher un souvenir. Kougri semblait avoir provisoirement renoncé aux images mentales. Il était 6h45 !« …Mesdames et messieurs les voyageurs du train 217, nous venons d’entrer en gare de Turin… La SNCF et les Chemins de fer italiens espèrent que vous avez effectué un agréable voyage et vous souhaitent un bon séjour… »Comme des molécules dans un tube d’expérimentation, trois mots s’entrechoquèrent dans sa tête :« SNCF… Italien…Turin ». Et soudain ce fut la lumière ! Avec impatience, Kougri se mit à fouiller dans sa serviette. Il semblait avoir trouvé ce qu’il cherchait : une lettre écrite sur du papier jauni, arraché par une main maladroite dans un cahier de brouillon, ainsi qu’une note, toutes deux glissées dans une grande enveloppe mal fermée, estampillée« Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou ». Le tapuscrit de la note officielle était fait sur du papier pelure de mauvaise qualité. Le destinataire de la lettre habitait Turin. Kougri n’avait jamais mis les pieds dans cette riche ville de l’Italie du Nord et il ne connaissait pas non plus le destinataire. Pour couronner le tout, aucune adresse d’expéditeur n’était mentionnée… Comment Kougri allait-il bien pouvoir résoudre cette énigme ? Petit à petit, à la vue cette curieuse missive, tout remontait à la surface. Pour ne pas trahir l’espoir placé en lui depuis les obscures profondeurs d’une prison africaine, son humanisme l’avait poussé à faire quelque chose pour sauver l’avenir de cette personne jetée dans le milieu carcéral. Depuis plusieurs semaines, il avait pris la résolution de retrouver le destinataire de cette lettre. Kougri avait téléphoné aux autorités consulaires d’Italie à Paris qui lui avaient donné quelques adresses sur place, à Turin. Ces pistes étaient fort minces. Toutefois, hier soir, il avait décidé de consacrer son week-end à éclaircir ce mystère et il avait commencé son voyage, curieusement, c’était un vendredi treize. Pour certains c’était la concentration maximale de la malchance, mais contre toute attente, Kougri décida que ce serait un jour de chance pour lui.
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Enfin, tout s’était remis en place dans sa tête. Kougri se souvenait même que son épouse l’avait accompagné à la gare de Lyon. Elle connaissait le motif de son voyage. Une idée, à la vitesse du TGV, traversa son cerveau. Il sortit son téléphone cellulaire et appela chez lui à Paris : -Dring…dring…dring !  « Allez ! décroche… décroche ! » répétait-il nerveusement. Le téléphone passa sur la messagerie. Il était un peu déçu car il voulait avoir une confirmation de vive voix pour tout ce qui venait de remonter à la surface de sa mémoire. Il laissa un message puis coupa la communication. -Dring !… dring ! «Allô ! Ah ! C’est toi Chérie !… – Oui, tu as téléphoné… mais je croyais que c’était un rêve et le temps de réagir, tu as raccroché ! – Je suis désolé de t’avoir réveillée. Tout va bien. Tu es bien retournée à la maison sans trop de bouchons ? – Mon Trésor, tout s’est bien passé. Il n’y a pas de souci à se faire. Tu es sûr que tu m’as téléphoné juste pour cela ? Je te connais bien… tu as une voix plutôt anxieuse ! Es-tu sûr que tout va bien ? Qu’est-ce qui t’arrive ? – Bah, c’est tout bête. Je suis juste fatigué. En fait, je me suis réveillé dans le train ne sachant plus pourquoi j’étais à Turin... – Eh ! bien, ça c’est la meilleure ! Je m’attendais à tout sauf à celle-là ! En tout cas, elle est bonne. – Chérie, je suis au sérieux ! – Alors commençons par le commencement : tu vas répondre à mes questions. – D’accord, comme tu voudras. – Comment t’appelles-tu ? – Enfin… ce n’est pas sérieux ! …D’accord. Je me prénomme Kougri. – Et mon prénom ? – Splendidus ! – Bien. Tu sembles avoir toujours de bons repères. Tu as pris le train vendredi 13 pour aller à Turin, dans le but de retrouver le destinataire de cette mystérieuse lettre que tu as reçue de Ouagadougou.
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– Merci chérie, tout cela me rassure. Tu sais, depuis l’entrée du train dans la ville jusqu’à son immobilisation, pendant un bon moment je me suis senti perdu ! – Je te l’ai déjà dit, et ce à plusieurs reprises, que ces dernières semaines je te trouvais fatigué, même légèrement surmené et qu’il fallait profiter de ce long week-end pour te reposer… J’espère que tu as encore sur toi les contacts donnés par le consulat… – Oui, oui… Tout va mieux maintenant. Tout ira bien. Je te rappellerai cet après-midi. » Kougri connaissait la mentalité de la plupart des populations immigrées : il savait qu’il était inutile de téléphoner avant de se rendre à l’adresse indiquée, il risquait de se faire éconduire. Il décida donc de se rendre directement à l’adresse. Le seul risque était de ne pas trouver la personne qu’il devait contacter. Il héla un taxi. Kougri était incapable de construire une phrase dans la langue de Pétrarque et il tendit au chauffeur de taxi un bout de papier où était transcrit sa destination. L’homme sourit et entama la conversation en français. « Vous ne parlez pas italien ? Surpris, Kougri fit non de la tête et compléta par une brève réplique. – Non monsieur. – Vous avez de la chance que je parle français ! Vous savez, on se rend rarement dans ce quartier de Turin… – Cela fait plaisir de trouver quelqu’un avec qui l’on peut échanger quelques mots dans une langue commune. Vos collègues parisiens font très peu d’effort pour parler une autre langue que la leur. – C’est dommage car notre clientèle est généralement étrangère, et c’est le premier contact avec le pays ! – Vous avez raison. C’est mon cas. S’il vous plaît, je ne connais personne dans cette ville, pourriez-vous me rapprocher le plus possible ? – C’est libre et encore tôt alors montez ! Je vais vous amener jusqu’à l’entrée de la rue et vous ferez le reste le reste à pied… Vous n’avez pas de bagages ? euh !… à cette heure-ci vous ne risquez rien et en plus vous êtes, euh !…hum… »
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