Fitini, l'enfant Femme

G. Opely Gadji

Description

Cinquième épouse du vieux Sangaré, mariée alors qu'elle était encore adolescente, Fatimah rêvait d'études, d'épanouissement, plutôt que de ce quotidien auprès d'un homme violent. Mais, quand on est une femme dans certaines sociétés, l'on ne choisit pas toujours sa voie. Cependant, le destin semble vouloir offrir une porte de sortie à la jeune femme à travers Bamba. Bamba, qui vit en France, qui tombe amoureux d'elle et veut l'arracher à son existence. Bamba qui accepte qu'elle reprenne ses études et s'accomplisse. Et Fatimah d'éprouver aussi les mêmes sentiments, de voir là une lueur d'espoir pour elle et son fils... Reste toutefois à échapper à Sangaré et, pour cela, Fatimah compte sur l'appui des siens. G. Opely Gadji laisse entendre avec son roman un plaidoyer éloquent pour la femme africaine et sa liberté. Incarnation de cette volonté de vivre selon ses aspirations, Fatimah s'impose de page en page comme une femme qui cherche à préserver sa dignité et ses valeurs intimes, qui cultive sa sincérité, et qui refusera toujours les chemins de traverse ou les voies par trop faciles. Une femme résolument moderne, qui habite une oeuvre saisissante et passionnée.

Sujets

• Destin

Informations

• Publié par: publibook
• Date de parution: 05 juillet 2012
• Nombre de lectures: 27
• EAN13: 9782748387827
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Fitini, l’enfant Femme

G. Opely Gadji Fitini, l’enfant Femme

Publibook

Retrouvez notre catalogue sur le site des Éditions Publibook : http://www.publibook.com Ce texte publié par les Éditions Publibook est protégé par les lois et traités internationaux relatifs aux droits d’auteur. Son impression sur papier est strictement réservée à l’acquéreur et limitée à son usage personnel. Toute autre reproduction ou copie, par quelque procédé que ce soit, constituerait une contrefaçon et serait passible des sanctions prévues par les textes susvisés et notamment le Code français de la propriété intellectuelle et les conventions internationales en vigueur sur la protection des droits d’auteur. Éditions Publibook 14, rue des Volontaires 75015 PARIS – France Tél. : [phone] IDDN.FR.010.0117199.000.R.P.2011.030.31500 Cet ouvrage a fait l’objet d’une première publication aux Éditions Publibook en 2012

Morphée se refusait à Fatimah. Foulant aux pieds à son insu, les rêves de dizaines de Sokiés. Son grand-père de mari dormait à poings fermés ronflant comme un vieil hippopotame que la fatigue a surpris hors de l’eau. C’était ainsi les rares fois qu’il venait partager quelques moments intimes avec sa ravissante jeune femme. Ces instants fuga- ces au cours desquels le vieillard semblait naviguer au milieu des étoiles ne procuraient aucun plaisir à Fatimah. Elle ne le souhaitait d’ailleurs pas. Comment me suis-je retrouvée dans cette galère, se demanda-t-elle. La question avait été posée à haute voix. Le vieil édenté se retourna dans le lit et marmonna des paroles inaudibles qui ne franchirent pas le seuil des oreil- les de sa jeune épouse. Fatimah se releva et s’assit le menton posé sur les ge- noux. — Fitini, é ka kènè wa — Oui, ça va — Alors pourquoi tu debout la nuit ? — Je n’ai pas sommeil et je n’arrive pas à dormir. Je sens des douleurs à l’estomac — fô dromi kâ même ; ajouta le Souilleur qui s’attachait à parler la langue de Molière à celle qu’il avait baptisée Fitini. Restes de son séjour sur les fronts de la guerre 14-18 en Europe. Il s’évertuait souvent à dire des nombres au hasard lors de ses violentes colères et ses épouses analphabètes qui y voyaient de grosses injures, pleuraient à chaudes larmes, des nuits entières. Fatimah ne répondit pas. Le matin venu, Sangaré ne s’inquiéta même pas de la santé de sa cinquième épouse. Il était déjà occupé à donner

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des ordres à ses rivales. Chacune devant s’activer pour accélérer la récolte du riz. Fatimah choisit d’aller au champ avec Moussa, le neu- vième fils du patriarche. Sangaré avait eu dix sept enfants de quatre de ses cinq épouses. Dix garçons et sept filles. Sa deuxième femme, malgré des analyses sanguines pous- sées et l’intervention de quelques marabouts réputés, n’avait pu connaître le bonheur des femmes mères. Sangaré pour qui l’école n’était pas une priorité donna plutôt à Soki, de vaillants planteurs de produits d’exportation. Moussa, vingt-huit ans, était marié et père de trois enfants. Proche de Fatimah, il lui proposait sou- vent de faire la route des champs ensemble, ce que ses femmes appréciaient modérément. Il se pointa ce matin-là, plus tôt que d’habitude dans la grande cour familiale pour presser la dernière épouse de son père à rassembler ses outils champêtres. — Dépêche-toi Fatimah, j’ai beaucoup à faire au- jourd’hui. — Mais tu peux partir, Moussa. Je ferai le chemin avec mes rivales. — Je t’attends, mais bouge-toi un peu. — Je t’ai déjà dit qu’on ne parle pas sur ce ton à une femme de son père. — Je te considère davantage comme une amie que comme une épouse du vieux. — Eh oui, je suis bel et bien une épouse de Sangaré père et ça, tu dois l’admettre et le graver dans ta tête. Cela étant dit, nous sommes aussi amis. Ils devisèrent ainsi jusque dans les champs. — Bien Fatimah, je te laisse. Couper le riz comme vous le faites n’est pas trop mon fort. Je me sens en pleine forme aujourd’hui. Il faut que j’y aille avant que mon énergie ne retombe. A quelle heure penses-tu pouvoir ter- miner aujourd’hui ?

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