Le Robinson antillais
202 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Le Robinson antillais , livre ebook

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Description

Cet essai destiné aux nombreux admirateurs de Robinson Crusoé et aux lecteurs de Patrick Chamoiseau, ainsi qu'aux chercheurs et étudiants en littérature antillaise. Puisqu'à l'écrit comme à l'oral, Chamoiseau se réfère au Robinson Crusoé de Daniel Defoe et à Vendredi ou les limbes du Pacifique de Michel Tournier, ce seront les principaux textes auxquels sera mesuré son livre L'Empreinte à Crusoé.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2015
Nombre de lectures 63
EAN13 9782336377308
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0800€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Dernières parutions

Espaces Littéraires
Collection fondée par Maguy Albet
Dernières parutions
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Servilien UKIZE, La pratique intertextuelle d’Alain Manbanckou. Le mythe du créateur libre , 2015.
Elena BALZAMO, « Je suis un vrai diable ». Dix essais sur Strindberg , 2014.
Fatima AHNOUCH, Littérature francophone du Maghreb. Imaginaire et représentations socioculturelles , 2014.
Céline BRICAIRE, Une histoire thématique de la littérature russe du XX e siècle. Cent ans de décomposition , 2014.
Elisabeth SCHULZ, Identité séfarade et littérature francophone au XX e siècle , 2014.
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Przemyslaw SZCZUR, Produire une identité , le personnage homosexuel dans le roman français de la seconde moitie du XIX e siècle (1859-1899), 2014.
Nabil EL JABBAR, L’œuvre romanesque d’Abdelkébir Khatibi , 2014.
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Textes réunis et présentés par Michèle AQUIEN, L’érotisme solaire de René Depestre, Éloge du réel merveilleux féminin , 2014.
Laëtitia PERRAY, La femme dans le théâtre de Robert Poudérou , 2014.
Ghada EL-SAMROUT, L’itinéraire mystique dans l’œuvre de Salah Stétié , 2014.
Margaret GILLESPIE, Philippe LAPLACE et Michel SAVARIC (dir.), Marges et périphéries dans les pays de langue anglaise , 2014.
Titre


Isabelle Constant






Le Robinson antillais

De Daniel Defoe à Patrick Chamoiseau
Copyright

Du même auteur

Le Rêve dans le roman africain et antillais , Paris, Karthala, 2008, 246 p.
Les Mots étincelants de Christiane Rochefort : Langages d’utopie , Amsterdam, Atlanta, Editions Rodopi B. V., 1996, 193 p.
















© L’Harmattan, 2015
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr

EAN Epub : 978-2-336-72741-7
Citation


Le Robinson de Defoe se civilise, et civilise.
Le Robinson de Michel Tournier s’humanise, et humanise.
On ne peut que poursuivre l’humanisation. Creuser là.
(L’Empreinte à Crusoé 237 )
Introduction
Daniel Defoe, Michel Tournier, J. M. Coetzee
Puisqu’à l’écrit comme dans ses entretiens, Chamoiseau se réfère au Robinson Crusoé de Daniel Defoe et à Vendredi ou les limbes du pacifique de Michel Tournier, ce seront les deux textes auxquels sera comparé son livre, publié en 2012 chez Gallimard, L’empreinte à Crusoé . La forme du titre est un clin d’œil au poète Saint John Perse qu’admire Chamoiseau et qui a écrit un poème intitulé « Images à Crusoé » dans son Cycle antillais en1911. On peut penser que le choix de la préposition « à » de son titre est un hommage à Saint John Perse. Il fallait oser réécrire un Robinson Crusoé, mais Chamoiseau y parvient en insistant sur plusieurs points, tout d’abord la démesure que constitue la création d’un roman : « C’est peut-être là le signe majeur du roman, quelle que soit son époque : sa démesure » ( L’Empreinte 238). Il mentionne ensuite la poursuite de l’humanisation de Robinson après Tournier, que l’on peut associer à la poursuite de l’idée de la Relation de Glissant, qu’il écrit comme « Autre » avec une majuscule. Et enfin il faut insister sur l’actualité de cette histoire : « Ce qui importe c’est la situation d’existence en rapport avec nos défis d’aujourd’hui, tout le reste est déjà épuisé, et de belle manière » ( L’Empreinte 242). En effet, chez Chamoiseau, l’interrogation et la relation oscillent souvent entre passé et présent. Maeve Mc Cusker le remarque pour Un Dimanche au cacho t : « What the novelist is really concerned with is the encounter between the island’s slave past and its contemporary dysfunction » (2011, 56) (Ce qui intéresse particulièrement le romancier est la rencontre entre le passé esclavagiste de l’île et ses disfonctionnements contemporains, ma traduction). Dans L’Empreinte , l’actualité et le rapport problématique au passé sont évoqués en permanence dans les thèmes, les interrogations et les vides de l’amnésie du personnage. Le but de cet ouvrage est non seulement de comparer le texte de Chamoiseau à ses illustres prédécesseurs, mais aussi de montrer le caractère unique de son Robinson antillais. Car cette unicité dérive du fait que c’est d’un Africain déposé sur une île des Antilles, autrement dit d’un Antillais d’origine africaine, qu’il s’agit. Son identité modifie entièrement le mythe. J. M. Coetzee, bien que Chamoiseau n’y fasse pas référence, est l’autre grand écrivain de la désécriture du mythe de Robinson. Le personnage principal de Foe (jeu de mot sur « ennemi » et le nom de Defoe) est une jeune fille et ce roman qui possède une profondeur et une poésie déchirantes mérite l’appellation de « désécriture », tant son approche, comme celle de Chamoiseau relève du roman post-moderne, questionnant des certitudes, acquises au dix-septième siècle, sur les femmes et les noirs. On explorera le sens que la désécriture du mythe mettant en scène un homme noir comme héros d’un mythe originellement de conquête et de colonisation apporte aujourd’hui. Il est évident qu’il cherche à surprendre son lecteur, dans la mesure où celui-ci n’apprend cet élément qu’à la fin du roman, et par l’entremise d’un journal écrit par un autre que le narrateur.
Les réécritures et désécritures de Robinson Crusoé
Le terme de désécriture est choisi à dessein à la place de réécriture, car s’il réécrit l’histoire de Robinson, Chamoiseau défait le mythe point par point et sa conclusion, son but se trouvent en complète opposition avec le résultat philosophique obtenu par Daniel Defoe, notamment la construction de la pensée capitaliste. Les littératures caribéennes en anglais et en espagnol sont émaillées de référence à Robinson, mais en lisant les textes, on ne trouve que des références, des situations de relation d’esclavage et leur inversion, et non une véritable réécriture du roman achevée au point de celles de Tournier ou de Chamoiseau. En espagnol, les histoires de naufrages sont nombreuses mais pré-datent Robinson Crusoé . On constate que les œuvres faisant explicitement référence à Robinson Crusoé, et que l’on considère généralement comme des réécritures, ne se passent pas nécessairement dans une île, mais mettent en scène deux individus de race différente dont l’un est le maître de l’autre et dont l’échange de rôles modifie la relation pénible pour la résoudre en compréhension réciproque. En anglais, dans le roman de Sam Selvon Moses Ascending (1975) la relation entre Bob et Moses est une relation inversée entre Vendredi et Robinson où le serviteur est blanc. L’histoire conte la vie d’immigrés dans le Londres des années soixante-dix et ne peut être considérée que comme une réécriture imagée et hilarante de l’original, jusqu’au moment où les rôles s’échangent dans une volonté de réconciliation. L’île dont il délègue la gouvernance à Bob, son Vendredi, est une maison récemment acquise dont il loue les chambres décaties à des immigrants pauvres et à une branche britannique des Black Panters. Cependant, les réécritures de Robinson Crusoé , présentant un homme seul sur une île ne sont pas légion. La pièce de Derek Walcott Pantomime (1978) se passe aux Antilles et présente aussi une inversion des rôles de Robinson et Vendredi. De plus, comme dans le roman de Tournier, le fait d’inverser leurs rôles pour jouer une pièce de théâtre (la pantomime) fait prendre conscience à chacun des personnages soit de son identité, soit de ses crimes envers l’autre, et de la véritable égalité fondamentale de leur humanité. Le fait que le Robinson de Chamoiseau soit noir et qu’il le place, seul, dans une position de colonisateu

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