Comment la littérature change l homme
183 pages
Français

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Comment la littérature change l'homme , livre ebook

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Description

Qu'est-ce que la littérature sinon, pour paraphraser Baudelaire, le "meilleur témoignage que nous puissions donner de notre dignité"? Depuis qu'existe l'activité littéraire, la question se pose de savoir si la plume peut transformer le monde ne serait-ce qu'en changeant les individus pris isolément comme lecteurs. L'exploration de grandes figures de la littérature mondiale comme Rûmi, Dante, Tagore, Montaigne et Hesse, lors des Journées de la solidarité humaine de 2008 a permis de voir comment s'est mis en place, à des époques et dans des cultures différentes, un engagement de tout l'être pour changer de regard et transformer l'âme par l'exercice de la vérité.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 02 octobre 2009
Nombre de lectures 276
EAN13 9782296929401
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Comment la littérature
change l’homme


Rûmi, Dante, Montaigne,
Tagore, Hesse, Camus,
Soljenitsyne
Journées de la solidarité humaine


Comment la littérature
change l’homme


Rûmi, Dante, Montaigne,
Tagore, Hesse, Camus,
Soljenitsyne


Actes du colloque organisé
par la Fondation Ostad Elahi – éthique et solidarité humaine
au Palais du Luxembourg le 13 septembre 2008

Dans le cadre de la 7 e édition
de la Journée de la solidarité humaine

Sous le Haut-Patronage de M. Christian Poncelet, Président du Sénat
et de M. Terry Davis, Secrétaire Général du Conseil de l’Europe


L’Harmattan
© L’Harmattan, 2009
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris

http ://www.librairieharmattan. com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-09852-7
EAN : 9782296098527

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
« Journées de la solidarité humaine »
Une collection de la Fondation Ostad Elahi –
éthique et solidarité humaine
reconnue d’utilité publique


Si la solidarité a un sens, il faut l’entendre universellement, sans restriction. Solidaires, nous ne le sommes pas seulement de nos proches, de ceux qui sont des « nôtres » (famille, amis, clan, communauté, société) ; nous ne le sommes pas seulement des plus démunis, de ceux qui se trouvent avoir besoin de notre aide ou de notre générosité. Solidaires, nous le sommes de chacun singulièrement, et de l’humanité dans son ensemble. Ce n’est pas un vœu pieux : d’une certaine manière, nous n’avons pas le choix, et les grandes crises du monde contemporain (11 septembre, tsunami, guerres, etc.) se chargent de nous le rappeler si nous l’avions oublié. Reste bien sûr à donner un sens effectif à ce sentiment irréductible d’une solidarité nécessaire de chaque homme avec tous. Reste à définir, de façon concrète et constructive, au-delà des clivages culturels mais aussi de la seule solidarité de circonstance, les moyens de pratiquer, de cultiver positivement l’appartenance à une communauté humaine digne de ce nom. Les enjeux d’une telle réflexion sont à la fois sociaux, politiques, culturels, éducatifs, philosophiques. Parce qu’elle ne se résume pas à une belle idée, la solidarité se pratique et se cultive, en effet. Elle n’est pas une notion de secours, le minimum d’humanité requis en temps de crise. Relayée par des valeurs éthiques et spirituelles communes, elle peut s’épanouir en tolérance, et mieux, en respect mutuel, en sympathie active. La collection « Journées de la solidarité humaine » doit son titre à la Journée du même nom organisée chaque année par la Fondation Ostad Elahi. Elle entend contribuer à sa manière au développement d’une véritable culture d’humanisme et de solidarité en proposant des outils d’analyse et des pistes de réflexion susceptibles d’orienter les sociétés de demain.
Collection « Journées de la solidarité humaine »

Actes des colloques déjà publiés


- L’Invention de la tolérance – Averroès, Maïmonide, Las Casas, Voltaire, Lincoln, avec des contributions de A. Benmakhlouf, N. Capdevila, C. Fohlen, M.-R. Hayoun, P. Maniglier, B. de Negroni, 2008.

- De l’Esprit à l’éthique. Les constructions de l’humain, avec des contributions de A. Baudart, P. Maniglier, M. Meslin, J.-D. Nasio, Jean-Luc Petit, Frédéric Worms, 2007.

- L’Universel (au) féminin, – Hannah Arendt, Camille Claudel, Marie Curie, Françoise Dolto, Eleanor Roosevelt, Clara Schumann, avec des contributions de L. Adler, A. Delbée, B. François-Sappey, H. Harter, H Langevin-Joliot, J.-P. Winter, 2006.

- Comment devient-on universel ?, tome 1 : Socrate, Confucius, Avicenne, Galilée, Bach, Gandhi, avec des contributions de A. Baudart, G. Cantagrel, F. Chareix, A Cheng, R. Deliège, A. Hasnaoui, 2005.

- Comment devient-on universel ?, tome 2 : De Vinci, Shakespeare, Descartes, Mozart, Einstein, Luther King, avec des contributions de F. Balibar, J.-M. Beyssade, S. Bramly, B. François-Sappey, A. Kaspi, F. Laroque. Avant-propos de P.-H. Imbert, directeur général des Droits de l’Homme au Conseil de l’Europe, 2005.

- Quelle éthique après le 11 septembre ?, avec des contributions de O. Abel, J. Baubérot, J.-M. Belorgey, B Bourgeois, J.-P. Dupuy, J.-P. Guetny, P.-H. Imbert, B. Kriegel, J.-M. Muller, D. Reynié, 2003.
Auteurs


Leili Anvar

France Bhattacharya

Roger Dadoun

Mgr Claude Dagens

Jean-Charles Darmon

Jacqueline Risset
Se tenir auprès des hommes silencieux Ce que peut la littérature pour notre humanité commune
par Claude Dagens, évêque d’Angoulême,
de l’Académie Française


« L’art ne se sépare de personne »

Tout à l’heure, j’étais « sous la coupole » du quai de Conti avec les autres membres de l’Académie Française et de l’Institut, pour accueillir le Pape Benoît XVI qui venait prolonger parmi nous l’appel qu’il avait lancé vendredi soir au Collège des Bernardins : l’appel à pratiquer ce dialogue exigeant entre la culture et la foi qui est inscrit aussi bien dans la tradition française que dans la Tradition chrétienne.
Je ne me sens pas dépaysé en me trouvant maintenant parmi vous. Pour une simple raison : c’est qu’il s’agit de pratiquer ensemble ce même acte de foi humaine dans la littérature, en comprenant comment elle peut changer l’homme et le change vraiment.
J’ai choisi dans ce but d’évoquer deux hommes, deux écrivains qui me semblent avoir été, l’un en France et l’autre en Russie, des témoins éminents de ce travail intime qui passe par l’art et la littérature. L’un et l’autre d’ailleurs, Albert Camus, en 1957, et Alexandre Soljenitsyne, en 1972, lorsqu’ils ont reçu le prix Nobel de Littérature, ont affirmé avec une vigueur farouche cette capacité ou ce pouvoir spirituel de la littérature.
Albert Camus n’hésite pas à se mettre du côté des hommes silencieux qui subissent l’histoire. C’est par rapport à ce silence forcé que l’écrivain a une responsabilité décisive :

« le silence d’un prisonnier inconnu, abandonné aux humiliations à l’autre bout du monde, suffit à retirer l’écrivain de l’exil, chaque fois du moins qu’il parvient, au milieu des privilèges de la liberté, à ne pas oublier ce silence et à le faire retentir par les moyens de l’art. » {1}

Et l’on comprend sans peine que, quinze ans plus tard, dans le discours qu’il ne put prononcer à Stockholm, Alexandre Soljenitsyne se référait à Albert Camus pour affirmer avec assurance que la littérature est au service des hommes :

« Ce moyen d’ébranler les consciences assoupies existe. C’est l’art ! C’est la littérature ! Les artistes ont la clef de ce miracle. Ils peuvent triompher de ce défaut caractéristique de l’homme qui ne tient compte que de son expérience personnelle et ne fait pas le moindre cas de celle des autres. D’un homme à l’autre, au cours de son bref séjour sur cette terre, l’art transmet tout le poids de l’expérience d’autrui, avec toutes ses angoisses, ses nuances et ses sèves vivifiantes. Il réincarne ce que d’autres ont vécu et nous permet de l’assimiler comme un bien personnel et inaliénable » {2}

Il existe une connivence étonnante entre ces deux écrivains qui ne se sont jamais rencontrés. L’un et l’autre attestent ce pouvoir mystérieux qu’auraient l’art et spécialement la littérature sinon de changer l’homme, du moins de révéler tout ce qu’il porte en lui de souffrances et d’espoirs, et par ce travail de révélation intérieure, de contribuer à sa libération. Mais cette double tâche de révélation et de libération repose elle-même sur une conviction radicale qui a valeur d’engagement. L’artiste, l’écrivain, le romancier est capable de se confronter à ce qu’il y a de commun en notre humanité : « L’art ne se sépare de personne », affirme Camus dans son discours de Stockholm et dans la conférence qu’il donne quelques jours plus tard à l’Université d’Upsal, il explique :
« Pour parler de tous et à tous, il faut parler de ce que tous connaissent et de la réalité qui nous est commune. La mer, les pluies, le besoin, le désir, la lutte contre la mort, voilà ce qui nous réunit tous. Nous nous ressemblons dans ce que nous voyons ensemble, dans ce qu’ensemble, nous souffrons. Les rêves changent avec les hommes, mais la réalité du monde est notre commune patrie. » {3}

Si la littérature peu

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