Parce que. Non, pas de causalité : il faut. Non, pas de nécessité : j'ai besoin. Ah, c'est dégradant. Tant pis, puisqu'il le faut, j'en ai besoin... Expériences vitales. Discours ébréchés. Souvenirs entamés. Quelques bribes d'une vie parmi les autres.
Je me sens seule. D'une solitude qu'on ne comble pas par une poign�e de gens, un brin de conversation ou un mp3 derni�re g�n�ration. Une solitude qui remonte plus loin, dans le temps, dans l'�tre. Ce sentiment �trange de ne pas�tre�sa place. D'�tre attendue ailleurs. Partir loin, tr�s loin. Changer de monde, changer de regard. Une crise d'ado�rallonge. Je connais�a,�chaque fois c'est la m�me chose. Je pense que je vais tout envoyer balader, m'acheter un billet d'avion pour le bout du monde, et disparaitre pour quelques temps_voir tout le temps. Et puis, je secoue la t�te, je sais que�a n'est pas possible. Ou plut�t , je m'interdis de le croire possible. J'ai une situation�construire, une famille�honorer , un amour�conforter. Je me sens prisonni�re de ma vie, comme si j'avais d�j�trop v�cu. Je n'en veux pas de cette vie toute r�gl�e. Je d�teste toutes nos mani�res d'hommes et de femmes suffisant. Ce n'est pas ainsi que je con�ois l'existence. Et surtout pas la mienne. Je vis pour les autres. Pour eux, pour vous, pour toi. Mais j'ai depuis mes premi�res pens�es autonomes, ce d�sir de m'�vader. A chaque pic, chaque coup bas, chaque moment un peu trop morose, je me dis que c'est maintenant. Je me dis que je suis jeune, que je peux, qu'il faut le faire. Et je reste l�, abandonn�e dans ma paresse, dans ma l�chet�peut-�tre m�me. J'ai construis un quotidien, cr�e des habitudes. Et peut-�tre qu'au fond, je me suis battis ma prison toute seule, et que je l'ai si bien r�ussi, qu'elle me convient peut-�tre un peu trop. Alors j'ai parfois peur de devenir aveugle, et d'oublier que sous les peintures joyeuses qui ornent ces murs, il y a des barreaux. Je me dis qu'�la longue, je ne les verrais plus, et que peut-�tre je me r�veillerai un jour, et au hasard d'un changement de tableaux, je me rendrais compte qu'il est trop tard, et que j'ai laiss�pass�ma chance. J'imagine souvent ce que serait mes journ�es si je les passais dans la peau d'une autre moi. Ce que je ferais si je n'avais ni famille, ni amis. Parce qu'au fond, je me sens responsable de vous tous. Maman, mon fr�re, mes soeurs,c'est un devoir qui me suivra toute ma vie. Peut-�tre ne pourras-tu pas comprendre, tu n'es pas l'a�n�, tu n'as personne�prot�ger. Mais je crois quand m�me qu'il est assez facile de se faire une id�e. Tu n' imagines pas quelles id�es me traversent l'esprit lorsque me prennent ce genre de crise existentielle. C'est comme si tout n'avait plus d'importance. Je ne sais plus quoi faire. Je suis perdue. J'h�site, j'avance , je recule. Je me cherche encore et encore, pour finir par m'endormir l'�me agit�e. Au matin, plus de traces des folies de la veille, mais une vague odeur d'amertume, et des affreux relans de regrets. Alors je prend mon sac, mes feuilles, mes stylos, et je repars jouer au jeu de la vie d'ici. Quelques fois , je me dis que je suis folle. S�rieusement. Je m'effraie face�certaines pens�es qui me hantent. Je me demande jusqu'o�je pourrais bien aller. Je finis par me dire que je ne suis pas comme les autres, que je suis d�rang�e. Et que je finirais t�t ou tard par mettre fin�ce brin d'existence qui me p�se tant sur la conscience.
Ce regard , quand je l'ai vu. Mon coeur n'avait plus battu aussi fort depuis la derni�re fois. C'est�trangement d�licieux la fa�on dont notre corps tout entier se souvient d'un visage, d'un sourire. Que cherchait-il en s'arr�tant vers moi ? Te provoquer ? Montrer patte blanche ? Pourquoi maintenant ? Et cette question, innocente, "On sors Jeudi soir ? " . Tu n'y as vu que du mal, comment pourrais-je t'en bl�mer. Quelque part, une partie de moi esp�re encore, qu'il tentera une approche. Et puis d'un autre c�t�, je constate, r�solue, que je n'aurais rien d'autre�lui offrir qu'une retenue hypocrite. Tu sais parfois, j'aimerais te dire ce que je pense vraiment. J'aimerais que tu me laisses d�sirer, toucher, go�ter�ce doux plaisir de la chair d'un autre. Mais tu ne comprendrais pas. Je t'aime de toute la force dont je suis capable, et�mes yeux, rien ne lierai ce fantasme�notre histoire. Mais tu trouverais un lien, tu poserais des questions, cherchant des r�ponses l�o�il n'y en a pas. Je ne veux pas te quitter. Je te d�sire. Je suis bien avec toi. Non, ce n'est pas�a. C'est plus fort que nous. Il a du charme, tu sais, beaucoup de classe, et ce regard en coin qui fait tomber toutes les filles. Oh bien sur, je sais ce qu'il cache, je sais qu'il sait comment s'y prendre. Mais j'aime le laisser faire. Je sens bien qu'il teste son pouvoir sur moi. Et quelque part,�a me plait. Je me sens vivre. C'est nouveau, c'est comme un coup de vent un matin d'�t�. Inattendu et finalement appr�ci�. Il a des yeux magnifiques, d'un autre genre que les tiens, si tu pr�f�res. Je ne saurais dire s'il est beau, ou bien s'il me plait, mais le fait �tant qu'il ne me laisse pas indiff�rente. Demain soir, je suis toute excit�e, je vais passer du temps avec lui. Je ne sais pas s'il me parlera, si l'occasion nous sera donn�d'�changer quelques phrases plus personnelles, mais�a me plairait de parler de ce qui s'est pass�il y a un an. Je lui montrerai que j'ai compris. Que j'ai grandi. Et cela serait tout aussi jouissif que de tomber dans ses bras. Chose qui n'arrivera pas. J'ai appris�faire taire cette voix dans ma t�te, qui me poussait dangereusement�franchir la limite. Notre limite. Et je crois que d'une certaine fa�on, j'en retire plus de plaisir. Je suis une r�veuse, une fille de l'avant, de l'apr�s, mais pas de l'instant. Je passerai des heures�me rem�morer une sc�ne, faisant et d�faisant les r�les, arrangeant certaines r�pliques, ajoutant des personnages. Je vis des "Si.." et je me nourris des "Alors.." , c'est mon monde int�rieur. Je vis ce que je veux, je m'imagine, je rend la r�alit�plus belle, et c'est comme si je l'avais vraiment v�cu. Je reste r�glo vis�vis de toi, et j'apaise ma conscience. C'est vrai, que l'on s'est rencontr�t�t. Je ne te cache pas que j'aurais aim�vivre d'autres histoires, conna�tre d'autres corps, avant d'appr�cier le tien. peut-�tre cela m'aurait-il permis d'avoir un peu plus d'exp�rience, d'�viter certaines erreurs. Et puis, cela nous aurait permis�nous d'avoir un bagage�notre bras, de ne pas se laisser emporter�chaque coup dur. Souvent, je m'imagine que l'on se quitte, que l'on vit cette vie interdite que j'ai cloisonn�de suppositions, et que l'on se retrouve, quelques ann�es plus tard, enfin pr�t�s'offrir�ternellement l'un�l'autre. Et puis,�a me fait sourire tout�a. Je r�agis comme une enfant, peut-�tre au fond le suis-je encore.
En fait je sais. Je suis stupide. Mais b�te. A chaque fois je me fais avoir. Pourquoi suis-je aller voir ? Et�quoi�a sert ? Vais-je jouer le r�le de la salope ? Mais, si j'y vais, c'est bien pour�tre avec lui, pour sentir son regard sur moi, pour lui refuser ce que je cr�ve de lui donner ? Mais s'il n'en a rien�faire. Vais-je rester l�,�attendre que le temps passe ? Je ne suis pas sur de vraiment appr�cier ce qu'il appr�cie, ni m�me de trouver un sujet de conversation qui nous convienne�tous les deux. Si ce n'est pas pour jouer avec le feu,�quoi�a sert d'allumer la m�che ?