Derniers souvenirs et portraits
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Description

Extrait : "Le nom de Mozart est si illustre, sa renommée, que le temps accroît encore chaque jour, est si légitime et si grande, qu'on regrette de devoir restreindre aux limites d'une notice biographique l'histoire de sa vie et une appréciation de son œuvre. — Au reste, beaucoup de travaux ont été publiés sur ce musicien célèbre. Nous citerons, parmi les biographes allemands, Schlichtegroll, Niemtschek, Nissen...." À PROPOS DES ÉDITIONS LIGARAN : Les éditions LIGARAN proposent des versions numériques de grands classiques de la littérature ainsi que des livres rares. Beaucoup de soins sont apportés à ces versions ebook pour éviter les fautes que l'on trouve trop souvent dans des versions numériques de ces textes. 

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Publié par
Nombre de lectures 26
EAN13 9782335050691
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0006€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

EAN : 9782335050691

 
©Ligaran 2015

F. Halévy
La France vient de perdre un de ses deux grands compositeurs, un maître illustre, un théoricien savant, un écrivain d’un rare mérite, enfin, l’un des hommes les plus considérables de notre temps, M. F. Halévy. Rien ne pouvait faire prévoir l’imminence de ce malheur ; on savait que l’auteur de la Juive s’était ressenti, l’été dernier, d’un peu de fatigue et de malaise, suite naturelle des travaux de toute sorte qu’il s’était imposés. Son médecin, moins par nécessité que par précaution, lui avait conseillé de passer l’hiver sous un climat plus doux, et de s’éloigner, pour quelques mois, de ce tourbillon de la vie parisienne, où il était mêlé forcément par tant de côtés. Il partit donc pour Nice, avec sa femme et ses enfants, serrant la main à ses amis sans leur dire adieu, comme on part pour la campagne. Au bout de quelques jours, il se portait déjà mieux ; les nouvelles étaient excellentes ; dans quelques semaines, il aurait entièrement recouvré ses forces. Il se prodiguait peu, il travaillait modérément ; il était entouré des plus douces affections ; il était heureux ! Il allait revenir, et ce retour, hélas ! eût été pour lui une joie et un triomphe.
Son Excellence le ministre d’État, qui s’était informé sans cesse de la santé de l’éminent compositeur, de ses projets, de ses vœux, avait donné l’ordre de jouer le plus tôt possible, à l’Opéra, un ouvrage en trois actes d’Halévy, presque entièrement achevé et destiné à une autre scène. Cependant la direction de l’Opéra-Comique revenait aux mains d’un homme qui a commencé sa fortune par le succès du Val d’Andorre , qui s’est montré, en toute occasion, l’ami le plus reconnaissant, le plus dévoué de l’auteur des Mousquetaires , de la Fée aux Roses , de l’Éclair , de tant d’autres partitions populaires et charmantes, et qui aurait sans doute remis en honneur un répertoire trop négligé par une déplorable incurie. Ainsi tout souriait à ce pauvre Halévy ; tout lui était propice ; on le désirait, on l’attendait, on pressait son retour ; jamais peut-être l’avenir ne lui était apparu sous des couleurs plus brillantes ; lorsque, soudain, le bruit se répand qu’il est à la dernière extrémité ; et presque en même temps on apprend qu’il est mort.
Il n’était âgé que de soixante-trois ans, et peu de carrières ont été mieux remplies, plus laborieuses et plus fécondes que la sienne. Je donnerai tout à l’heure le catalogue de ses ouvrages à peu près complet. Ceux qui savent ce qu’il faut de temps et de peine pour écrire un si grand nombre de partitions, – je ne parle que du travail matériel, – seront déjà étonnés qu’il ait pu y suffire. Mais on est effrayé quand on songe que c’est la moindre partie de ses veilles qu’il donnait à la composition ; que sa vie a été toujours partagée entre des occupations multiples et diverses, dont chacune eût exigé la somme totale des facultés d’un homme ordinaire ; qu’il a été tour à tour ou simultanément directeur de la partie musicale à l’Opéra, professeur au Conservatoire, où il a formé d’excellents élèves (tout ce qui s’est fait remarquer depuis, soit dans l’enseignement, soit au théâtre) ; académicien des plus actifs et des plus autorisés ; écrivain didactique d’un profond savoir, d’une lucidité, d’une précision merveilleuses, et sachant se mettre à la portée de tous ; enfin, secrétaire perpétuel de l’Institut, fonctions très élevées, très littéraires et très absorbantes, auxquelles je ne crois pas qu’avant lui aucun musicien ait été porté par le libre suffrage de ses collègues.
On sait comment il a rempli cette place, dont il était si digne. Outré une correspondance très vaste, des rapports continuels, une assiduité constante aux séances de l’Institut, une bienveillance et une affabilité inaltérables pour tout ce qui venait à lui, un accueil empressé, une patience à toute épreuve, il excellait dans ses notices, qu’il lisait tous les ans à l’Académie des beaux-arts. C’étaient des modèles, de goût, d’observation, de finesse. Il relevait par d’ingénieuses allusions, par des anecdotes piquantes, par les agréments d’un récit très vif, mais toujours naturel, l’aridité, la simplicité et souvent l’extrême indigence des faits dont il était forcé d’entretenir son auditoire.
Ajoutez à tout cela les soins, les soucis d’une famille qu’il chérissait et dont il était adoré ; les relations du monde qui le tenait par tant d’attaches, et qui le saisissait au moment même où il croyait lui échapper ; les devoirs de position, de société, de convenance auxquels aucun homme bien élevé ne saurait se soustraire, et, moins qu’un autre, F. Halévy, recherché partout, assiégé et forcé pour ainsi dire dans ses derniers retranchements. Il avait l’esprit le plus distingué et le plus cultivé, le commerce le plus aimable et le plus sûr ; une conversation charmante, une bonté rare, jamais de haine ni de fiel contre ses détracteurs les plus acharnés. Sa physionomie était toujours franche et ouverte ; son regard affectueux, son sourire engageant et sympathique, et cependant, malgré sa grande égalité d’humeur, à travers sa gaieté même et son courage, on voyait qu’il fléchissait sous le fardeau d’un travail énorme ou de secrètes et profondes amertumes.
Il produisait sans trêve et sans relâche, et plus il produisait, plus le public se montrait difficile et exigeant. C’est le sort de tous ceux qui s’élèvent et règnent par l’intelligence. Il faut aussi tenir son rang, marcher de pair avec ses égaux, faire face aux besoins croissants d’une société qui juge sur les apparences, et qui estime le talent moins d’après ce qu’il vaut que d’après ce qu’il rapporte. Souvent la mode, le caprice, le parti pris s’en mêlent. Plus l’injustice est grande, plus on s’en indigne, et on la repousse par un redoublement d’efforts et d’énergie. L’homme de mérite n’a qu’un moyen de lutter, c’est de payer hardiment de sa personne. Autrefois, les compositeurs et les gens de lettres ne s’appartenaient guère ; ils vivaient de pensions, de libéralités, souvent du fruit de leurs flatteries et de leurs bassesses. Ils étaient les hôtes et les commensaux d’un prince ou d’un grand seigneur qui les logeait dans un coin de son palais, les nourrissait, les cajolait comme des levrettes et des épagneuls. À l’abri des besoins matériels, ils ne s’occupaient que de leur art, et ils ne livraient leur chef-d’œuvre que lorsqu’ils l’avaient poli et repoli, selon les préceptes d’Horace et de Boileau.
Aujourd’hui, grâce à Dieu, le génie et le talent sont émancipés ; ils ont leurs lettres de noblesse ; les musiciens, les savants, les artistes jouissent d’un des plus grands biens de ce monde : l’indépendance. Ils sont reçus sur le pied d’une égalité parfaite chez leurs anciens protecteurs, qui, tout en les admirant et en les caressant, les traitaient un peu en obligés et en subalternes. La dignité y gagne ; mais il faut payer chèrement les frais – dirai-je la rançon ? – de cette émancipation intellectuelle. Tous les ressorts de la machine humaine sont tendus jusqu’à se briser. De là ce labeur écrasant, cette production démesurée, hâtive, incessante ; cet ouragan qui nous enveloppe tous et nous froisse et nous roule comme des grains de sable emportés par le vent. Le siècle a la fièvre ; pourquoi voulez-vous que les compositeurs, les artistes et les écrivains ne l’aient pas ?
Halévy (Jacques-Fromental) était né à Paris le 27 mai 1799. À l’âge de dix ans, il entrait au Conservatoire comme élève de solfège. Il se fit bientôt remarquer par son esprit pénétrant et par son ardeur à l’étude. Il eut Berton pour maître d’harmonie ; Chérubini lui donna pendant cinq années des leçons de contre-point. On sait quelles étaient l’aménité et la douceur de Chérubini : ce maître rigide et bourru, qui ne passait pas pour gâter ses élèves, av

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