Emile Verhaeren
122 pages
Français

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Emile Verhaeren , livre ebook

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Description

Entre 1909 et 1915, Emile Verhaeren a été nommé trois fois pour le Prix Nobel de littérature. A travers un parcours thématique, culturel et générique, ce livre propose une relecture critique de ces recueils qui lui valurent l'admiration et l'amitié, non seulement du monde de la culture officielle, mais aussi de celui des premières avant-gardes. Dans ce paradoxe apparent se cache la richesse et la singularité de cette poésie qui annonce et célèbre les aspirations de toute une génération.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2011
Nombre de lectures 39
EAN13 9782296468207
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Emile Verhaeren
Critiques Littéraires
Collection dirigée par Maguy Albet

Dernières parutions

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Claude HERZFELD, Thomas Mann. Félix Krull, roman picaresque , 2010.
Claude HERZFELD, Thomas Mann. Déclin et épanouissement dans Les Buddenbrook, 2010.
Pierre WOLFCARIUS, Jacques Borel. S’écrire, s’écrier : les mots, à l’image immédiate de l’émotion , 2010.
Myriam BENDHIF-SYLLAS, Genet, Proust, Chemins croisés, 2010.
Vera Castiglione


Emile Verhaeren


Modernisme et identité générique
dans l’œuvre poétique


L’H ARMATTAN
© L’H ARMATTAN , 2011
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-56202-8
EAN : 9782296562028

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
Introduction
Chaque époque joue un rôle dans le changement, l’amplification
et l’expulsion des dénotations et implications possibles
d’un terme ou d’un concept particulier {1} .
(Masaka Mori)


Deux thèmes dans notre étude sont traités conjointement, le modernisme et le genre épique, rassemblés et unis l’un à l’autre par la poésie d’Émile Verhaeren. D’habitude analysés séparément, ces deux thèmes sont présentés ici comme une unité constituant la signature poétique du travail moderniste {2} d’Émile Verhaeren, c’est-à-dire de tout un pan important de sa production poétique qui, après avoir été célébré par ses contemporains, est tombé dans l’oubli. Nous nous référons en particulier aux recueils du dit « Cycle Universel », comprenant Les Forces tumultueuses (1902), La Multiple splendeur (1906) et Les Rythmes souverains (1910), auxquels est liée en grande partie la renommée internationale du poète. À ces recueils nous ajoutons Les Villes tentaculaires (1895-1912) {3} et Les Flammes hautes (1914-1917) qui nous semblent respectivement ouvrir et clore le cycle épique.
Cet oubli est en général attribué à une trop grande distance idéologique avec le lecteur d’aujourd’hui : la foi dans le progrès, les sympathies colonialistes, l’éloge de la « race » européenne, l’exaltation fière du surhomme portée par un modernisme conquérant s’accordent mal avec notre vision post-coloniale du monde. À cela s’ajouterait un décalage esthétique entre le style déclamatoire et emphatique étalé dans ces recueils et notre scepticisme de lecteurs modernes face à toute esthétique de la grandeur, trop compromise à nos yeux par les rhétoriques impérialistes.
La perception de ces deux distances a ainsi entraîné une sorte de mutilation artistique du poète, surtout, paradoxalement, de la part de ceux qui prônent sa réhabilitation. Une thèse de maîtrise soutenue il y a quelques années à l’université de Louvain, s’interrogeant sur la meilleure manière d’approcher le poète à l’école, prévient qu’il faudrait avant tout « bien choisir ses textes » afin de s’orienter vers ceux qui touchent aux thèmes universels de la liberté, du bonheur et de l’amour {4} . Le clair sous-entendu de ce propos est qu’il est possible aujourd’hui de faire lire à nouveau la poésie de Verhaeren, à condition cependant de la censurer. Ainsi, malgré l’effort produit pour réhabiliter le poète auprès des élèves par une sélection des œuvres les plus actuelles, on finit par mutiler le poète une fois de plus, en justifiant, sans le vouloir, l’oubli d’une part considérable de son œuvre (attitude qui est du reste la plus répandue dès l’après-guerre) {5} .
Or, ces mutilations opérées dans le but de porter à l’attention du public contemporain ce qu’il y aurait encore de vivant dans l’œuvre du poète, ont contribué à l’ensevelir, en fin de compte, dans l’embarras du non-dit. Bien des recueils sont devenus, hasarderait-on ici, de véritables tabous : les enseignants n’en parlent qu’avec embarras, les éditeurs, en général, s’abstiennent de les rééditer {6} , la plupart des universitaires spécialistes de Verhaeren les évitent en préférant se consacrer à l’investigation biographique. Résultat, comme le remarquait Jacques Marx dans sa « biographie critique » sur Verhaeren, la réflexion critique sur le poète belge a été « assez peu développée », et cela malgré une bibliographie impressionnante :


Nous ne manquons pas d’informations sur Verhaeren et Gide, sur Verhaeren et Mallarmé, sur Verhaeren et Romain Rolland, sur Verhaeren et la famille royale de Belgique, etc., mais nous manquons toujours cruellement d’une biographie intellectuelle, voire d’une simple synthèse, – car cela même fait défaut ! {7}


Notre étude veut contribuer à remplir ce vide en proposant une synthèse de l’œuvre « bannie » de Verhaeren à partir de la forme épique. Plus nous lisons ces poèmes, plus nous nous convainquons en effet que la cause de l’oubli a moins à faire avec une effective distance idéologique ou esthétique qu’avec la méthode critique employée, et que leur signifié est destiné à nous échapper si nous continuons de les approcher en dehors de leur identité générique, à savoir l’épopée. Certes, il y a de l’obsolète, comme il y en a chez Molière, Goethe, de Coster ou Homère. Chaque auteur porte l’empreinte de son temps, ne serait-ce que dans les questions qu’il aborde ou le langage qu’il emploie. Mais c’est précisément pour cette raison qu’expliquer l’oubli d’un auteur par l’argument de la vieillesse ne peut pas nous suffire : nous ne partageons certes pas le système de valeurs artistiques et morales des chansons de geste médiévales mais nous sommes pourtant prêts à jouir de ces textes comme de ceux d’une civilisation étrangère. Nous les apprécions en dehors de leur (non-) actualité car nous acceptons de suspendre nos jugements idéologiques ; c’est parce que nous acceptons la différence que nous pouvons les apprécier.
Pour cette raison, au fur et à mesure que nous entrerons dans l’univers épique de Verhaeren, nous tâcherons en premier lieu de débarrasser la lecture de ses textes des malentendus historiques, idéologiques et linguistiques. Chansons de geste modernes, les recueils ici analysés mettent en place une alliance inattendue entre un genre aux nobles origines, l’épopée, et un thème comparativement très humble, la modernité industrielle, alliance qui se révèle lourde de conséquences pour chacun des deux contractants. Le résultat de notre analyse sera donc le compte rendu de ce mariage à la fois poétique et conceptuel.
Il nous faut préciser d’emblée que l’intuition sur l’épopée de la modernité ne nous appartient pas complètement. On la trouve ébauchée chez Gide, ami et admirateur de Verhaeren, qui dans une lettre lui déclare : « vous êtes notre seul poète épique et je pense de vous ce que je ne pense de nul autre &

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