L'Homme du brouillard

Jean-Claude Estampe

Description

Un no man’s land brumeux et opaque… En ces lieux s’éveille un homme qui, s’il est incapable de se situer, voit aussi sa mémoire et son identité verrouillées… Jaillissent alors la panique, l’effroi d’être dépossédé de soi-même, les questions en rafale et étourdissantes. Etre vierge de souvenirs, perdu nulle part, il se voit toutefois rejoint par un homme au regard ardent, de ceux qui sondent votre pensée et votre passé. Un homme qui se présente d’ailleurs comme hypnotiseur et qui se propose d’aider le naufragé à faire remonter le passé à la surface de sa conscience… Certaines vérités intimes ne se taisent pourtant pas sans raison. Du "où suis-je?" au "qu’ai-je fait?", "L’Homme du brouillard" de J-C. Estampe s’emploie à reconstituer, dans un éclatement mémoriel, dans une myriade de réminiscences et d’impressions, la psyché d’un être qui, derrière son statut premier de victime échouée dans les limbes, révélera les facettes cruelles, sanglantes, cyniques, d’un carnassier… Un cheminement erratique vers l’horreur qu’organise avec méthode et non sans distanciation un romancier qui s’impose comme le très habile manipulateur d’un lecteur touché par la bonhomie de son héros, effrayé par ses actes extrêmes.

Informations

• Publié par: publibook
• Nombre de lectures: 23
• EAN13: 9782748350968
• Langue: Français

Extrait

L’Homme du brouillard

Jean-Claude Estampe L’Homme du brouillard Publibook

Retrouvez notre catalogue sur le site des Éditions Publibook : http://www.publibook.com Ce texte publié par les Éditions Publibook est protégé par les lois et traités internationaux relatifs aux droits d’auteur. Son impression sur papier est strictement réservée à l’acquéreur et limitée à son usage personnel. Toute autre reproduction ou copie, par quelque procédé que ce soit, constituerait une contrefaçon et serait passible des sanctions prévues par les textes susvisés et notamment le Code français de la propriété intellectuelle et les conventions internationales en vigueur sur la protection des droits d’auteur. Éditions Publibook 14, rue des Volontaires 75015 PARIS – France Tél. : [phone] IDDN.FR.010.0114322.000.R.P.2009.030.40000 Cet ouvrage a fait l’objet d’une première publication aux Éditions Publibook en 2009

Introduction Imaginez : vous êtes là, bien vivant, content de vous, puis, soudain, d’un seul coup, une grande lumière vous frappe, vous phagocyte, et… vous disparaissez ! Ah ! mais quelle horrible sensation ! Ah ! mais quelle terreur inimaginable ! Ah ! mais qu’est-ce qu’il m’arrive ? Heureusement, cela ne dure guère, et vous réapparais- sez rapidement. Seulement voilà : pas tout à fait dans le même état qu’auparavant. D’abord, l’endroit, le lieu où vous vous êtes réincarné est des plus étranges… C’est dans un brouillard fuligineux que vous vous êtes réapproprié ; on peut même dire que c’est dans une purée de pois que vous pouvez de nouveau vous mouvoir. Et puis… votre mémoire. Vous ne vous souvenez plus de rien, de votre vie antérieure, du présent ! Même votre patronyme vous fait défaut, comme si rien de votre passé ne devait subsister ! Imaginez tout cela ; oui, imaginez bien ! N’y aurait-il pas la matière à s’émouvoir, à paniquer ? A se sentir pris de sueurs froides ? D’une anxiété sans nom ? Eh bien cette mésaventure vient d’arriver à… …Oui, elle vient d’arriver à un homme. Un pauvre bonhomme ; plus très jeune ; à un demi-chauve, à barbe et à moustache ; qu’on retrouve en bras de chemise et portant un vieux froc, comme s’il venait de sortir du caniveau. Soudain, un éclair l’a ébloui, puis il s’est senti comme happé par une main gigantesque, avant de réapparaître au

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beau milieu d’une brume épaisse, d’un cloaque sans nom. Encore tout étourdi, on le voit qui s’avance, qui titube, qui cherche à retrouver ses repères. Il ne fait que s’enfoncer dans une nuée opaque où chaque pas le fait presque tom- ber. Il ne sait pas où il se trouve, ne comprend rien, a tout oublié, ne se rappelle même pas de son nom, comme si en plus de l’avoir kidnappé, on lui avait fait un lavage de cer- veau. Notre malheureux bougre est au bord de la panique. Abêti, il ne comprend pas, ne fait que poser des questions : — Ce… ce brouillard ? Qu’est-ce donc que ce brouil- lard ? Pourquoi y suis-je ? Qu’y fais-je donc ? Pourquoi suis-je arrivé ici ? Que m’arrive-t-il ? Se prenant la tête à deux mains : — …Et… et qui suis-je ? QUI SUIS-JE, BON DIEU ? ! Je ne peux me souvenir… mon cerveau… ma mémoire… vide ! Tout est vide dans ma tête ! J’ai tout oublié ! TOUT ! TOUT ! TOUT ! Des larmes lui viennent aux yeux, à notre quidam. Il a peur, peur comme jamais il n’avait eu peur jusqu’à main- tenant. Enfin le croit-il ; il ne se souvient pas de ses angoisses passées… Et ce brouillard, poisseux et collant qui l’enveloppe, l’enserre, le mange, le phagocyte, l’étouffe presque ! Il ne le supporte plus, voudrait qu’il disparaisse, voudrait se retrouver dans un décor plus conventionnel. Mais la brume persiste. Elle semble posée là pour l’éternité, comme si elle n’avait été créée que pour lui, pour le maintenir en son sein ; prison sans barreaux dont on ne s’échappe pas ! N’en pouvant plus, notre transfuge se met soudain à courir, les bras tendus, les mains grandes ouvertes, voulant à tout prix percer ce mur d’humidité qui le contraint. Il a la trouille, notre paumé ; ce genre de trouille dont on fait les couards. — À MOI ! À L’AIDE ! AU SECOURS ! Ne me lais- sez pas tout seul ! Ne m’abandonnez pas ! Je n’ai rien fait

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