La ligne des rats
392 pages
Français

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La ligne des rats , livre ebook

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392 pages
Français

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Description

Quel secret peut donc dissimuler le cadavre d'un militant écologiste repêché dans un canal de Bangkok, une entreprise de mercenaires spécialisée dans le soutien aux multinationales ou un insecticide révolutionnaire testé en Camargue et destiné à éradiquer le paludisme en Afrique ? C'est ce que va tenter de découvrir Nathan Leguyadec, psychiatre parisien, à la recherche des causes du décès brutal de son frère.
Des vallées verdoyantes du Kerala à la jungle colombienne, des bureaux feutrés des cabinets de lobbying aux ruelles agitées de Bassora, le complot semble mondial.
Alors que Nathan remonte la filière, il ignore dans quel champ de mines il a mis les pieds. L'étau se resserre, faisant remonter à la surface des secrets bien enfouis.
Sylvain Forge nous jette au beau milieu d'une intrigue hyperréaliste et haletante grâce à sa connaissance intime du milieu, de ses protagonistes et des enjeux.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 02 juin 2009
Nombre de lectures 299
EAN13 9782296365322
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0950€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LA LIGNE DES RATS
Sylvain Forge


LA LIGNE DES RATS


ODIN éditions
www.odin-editions.com
D ANS LA COLLECTION É NIGME :


Andromicmac , Élisa Vix
Bâb , Hélène Calvez
Bad Dog , Elisa Vix (prix du meilleur polar francophone 2007)
Bienheureux ceux qui ont soif , Anne Holt
Boston-en-Périgord , Madani Alioua
Derrière les paupières closes , Hélène Lodie
La Baba-Yaga , Élisa Vix
La Déesse aveugle , Anne Holt
La Ligne des rats , Sylvain Forge
La Mort du démon , Anne Holt
Le Fond tu toucheras , Alain Bron
L’Œil d’Ève , Karin Fossum
Meurtre avec accusés de réception , Marie-Solène Dewit
Mille et Deux , Alain Bron
Ne te retourne pas ! , Karin Fossum
Quand la nuit tombe , François Debout
Requiem Blues , Emmanuelle Erny-Newton


ISBN : 978-2-913167-66-7

© ODIN éditions, mai 2009
Graphisme et illustrations :
Mette Morskogen, www.perle.no

Distribution : Harmattan


Le code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal.

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Bien qu’inspiré de faits historiques, ce récit est une pure fiction. La firme B.G.C. et son insecticide, le Trinaldon , n’existent pas. L’évocation de certaines administrations, de services publics ou d’agences étrangères ne l’est qu’à titre illustratif. Toute ressemblance avec des noms de personnes ou des sociétés réelles serait purement fortuite.
À Nora
« La guerre chimique n’est donc jamais gagnée, et toute vie est soumise à ses violents feux croisés. »
Rachel Carlson,
Printemps silencieux


« Les affaires, c’est la guerre. »

David Kane
PROLOGUE
PASSAGERS CLANDESTINS
Au cours d’une chaude nuit du mois d’août, un aéronef des douanes françaises accrocha un écho radar intéressant au-dessus de la zone de protection écologique méditerranéenne, à deux cents miles des côtes provençales. Chargé de la détection des pollutions maritimes et notamment du rejet des eaux de ballast par les pétroliers indélicats, le F 406 Polmar IV cibla son objectif : le Bacadum Sun, un cargo de trois cents tonnes battant pavillon chypriote.
À l’approche de l’avion, une partie de l’équipage s’activa à jeter pardessus bord plusieurs containers qui coulèrent à pic. L’enquête révéla par la suite qu’ils contenaient chacun des dizaines de stères de teck, fruit d’un réseau de contrebande gabonais.
La scène fut enregistrée par une caméra numérique à très bas niveau de lumière installée à bord de l’avion. Diverses données portant sur les caractéristiques et la position du vraquier furent transmises en temps réel à un opérateur informaticien du centre Polmar. Comme on craignait sur le coup que les fûts immergés contiennent des matières toxiques, ordre fut rapidement donné à la gendarmerie maritime d’appréhender le navire et de le placer sous séquestre au port de Sète.
Le Bacadum Sun ne devait pas rester indéfiniment dans les eaux françaises. Il reprit la mer moins d’un mois après son interpellation, faisant cap vers les côtes libanaises. Durant les quelques jours que dura sa rétention administrative, de nombreux caissons qui se trouvaient dans ses cales furent ouverts par les douaniers. Les pneus qu’ils contenaient avaient déjà séjourné de nombreuses semaines à l’air libre, empilés grossièrement dans la zone portière de Libreville. À l’occasion de diverses précipitations, courantes à cette période de l’année, une certaine quantité d’eau fut accumulée dans les boyaux. Avec la chaleur qui s’installait durant la journée, ces eaux tièdes et croupissantes attirèrent de grandes quantités de moustiques. Au fil des jours, parmi les nombreuses espèces qui vinrent pondre, se trouvaient des milliers de moustiques tigres.
Lorsque les dockers enfermèrent les pneus dans leurs caisses, d’innombrables nurseries à diptères furent embarquées sur le navire. Avec elles, plusieurs milliers d’adultes se trouvèrent retenus prisonniers. Alors que les larves profitèrent du voyage pour entamer leur cycle biologique, les adultes, confinés dans les fûts, succombèrent en grand nombre. Quelques-uns, toutefois, parvinrent à survivre à la traversée.
Dans le port de Sète, profitant de l’ouverture des caissons, les moustiques partirent explorer les environs du cargo. Les jeunes femelles, grâce à leurs capteurs chimiques, foncèrent vers leur objectif : le sang de vertébrés riche en protéines et indispensable pour leur première ponte.
Il existe plus de trois mille espèces de moustiques connues de par le monde. Mais seules deux d’entre-elles, Aedes et Anophèles , sont responsables de la transmission de redoutables maladies infectieuses chez l’homme tel le paludisme, la dengue ou la fièvre jaune.
Il y a longtemps, en Asie et au cœur de l’Afrique, là où il fit souche, Aedes albopictus apprit à devenir un familier des hommes. Il aimait se reproduire dans les immenses bidonvilles du continent noir, riches en réservoirs artificiels de toute sorte. Un jour, après avoir été longtemps transporté par bateau lors du commerce des esclaves, il se sentit chez lui dans toutes les régions tropicales du monde. Il se reposait dans les maisons des citadins et trouvait auprès d’eux la réserve de sang utile à la propagation de son espèce.
Très vite, les hommes l’appelèrent le « tigre », moins en raison de son abdomen rayé que de son incroyable voracité. Le tigre ne lâche jamais sa proie, de préférence humaine, la traquant partout, dans ses véhicules ou sa propre maison.
La Camargue se préparait à accueillir ses premiers touristes. Mais c’est une autre colonisation qui allait bientôt commencer.
1 BICONARZOLE
Trois ans plus tard. Bombay, Inde du sud.

Le jeune homme, au corps mince et athlétique, venait de récupérer son sac à dos et se dirigeait d’une démarche féline vers la sortie de l’aéroport. Thomas prenait son temps, laissant ses jambes et ses pieds se dégourdir après les huit heures de vol en classe éco qu’il venait de supporter. Dehors, la touffeur l’enveloppa d’une pelisse humide et désagréable. Le soleil était haut et aveuglant. Le visage grignoté par une barbe de deux jours, il portait son sac à dos par une seule hanse, à la recherche d’un taxi libre. Il regardait de toute part avec cette hypervigilance propre aux touristes qui se retrouvent perdus dans des contrées lointaines, humant à pleines narines, comme pour accélérer son acclimatation, cette odeur entêtante et si particulière faite de cendre, d’épices et de bouse séchée. Devant l’aéroport, il fendit une foule épaisse qui débordait sur la chaussée. Les gens semblaient marcher, insouciants, au milieu de la course folle des bus et des guimbardes. Thomas portait un vieux jean délavé, une chemisette en toile beige et une paire de chaussures de marche que la terre, le sable et les poussières de plusieurs continents avaient durement frictionnée sans parvenir à les percer.
Pour atteindre le centre ville de la mégapole indienne, il trouva un véhicule qui patientait au pied d’un palmier. C’était une Ambassador noir et jaune datant de la colonisation. Son chauffeur, un vieux sikh taciturne, se faufilait telle une anguille à travers le trafic. Abaissant sa vitre encrassée, Thomas restait pensif en observant, tout le long de la route de l’aéroport, les abords du bidonville gigantesque de Dharavi qui s’étalaient dans un chaos de tôle, de cahuttes miteuses et de venelles obscures.
Suffocant dans les gaz d’échappement des moteurs Diesel, le Français s’était bien perdu dix fois dans des quartiers où se recoupaient à l’infini des artères saturées d’hommes et de vaches. Il finit pourtant par dénicher, dans le secteur routard de Colaba, une pension pour la nuit. En ce mois d’août, la plupart des hôtels propres et bons marchés étaient pris d’assaut. Il dut se rabattre en désespoir de cause sur une sorte d’auberge de jeunesse, coincée entre deux masures au fond d’une traboule malodorant

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