Les deux corps du président
24 pages
Français

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Les deux corps du président , livre ebook

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Description


Un an après, pourquoi Hollande est-il au plus bas ?




Thierry Saussez a appliqué à François Hollande la théorie de l'historien Ernst Kantorowicz concernant les deux corps du roi. Le roi a deux corps. Le premier est humain et éphémère. Le second, dépositaire de la fonction de souveraineté, est l'incarnation de la collectivité. L'auteur explique comment vivent et cohabitent les deux fonctions chez le Président de la République. Il met en lumière le piège de la " normalitude ", cette notion assez vague qui correspond à tout ce qui est conforme à la norme, à ce qui ne surprend ni ne dérange, la négation même de l'exception d'une vie, d'une fonction, d'un destin.
Il analyse l'obsession phobique du Président qui consiste à faire le contraire de Nicolas Sarkozy, cette ombre tutélaire qui, pour la première fois dans l'histoire de la Ve République, pèse sur lui. Pour tout ce qu'il fait, défait ou ne fait pas et à cause de son obsession, on le compare à son prédécesseur qui habite encore le second corps du roi.
Il décrit une communication improbable, le louvoiement, les hésitations, les revirements, un président qui n'aime ni monter au filet, ni descendre tout schuss mais plutôt godiller. C'est toute la chaîne de décision du pouvoir qui est grippée, et la " couacophonie " qui en découle devient un sport gouvernemental. Plus encore que le mécontentement, c'est l'incertitude qui fait s'effondrer la confiance populaire à un rythme que l'on n'avait jamais connu auparavant.
Il dénonce le déni de la réalité, le refus d'introspection de François Hollande, premier responsable de cette déroute, son incapacité à s'élever de sa dimension humaine à celle d'une fonction d'exception.
Dans ces conditions, l'auteur démontre que François Hollande ne tiendra pas jusqu'à la fin du quinquennat et imagine la solution la plus plausible que le Président va choisir.





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Informations

Publié par
Date de parution 07 mai 2013
Nombre de lectures 8
EAN13 9782221138472
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Du même auteur
Politique séduction , J.-C. Lattès, 1986.
Le Challenger , J.-C. Lattès, 1988.
Nous sommes ici par la volonté des médias , Robert Laffont, 1990.
Tapie – Le Pen, les jumeaux du populisme , Éditions n° 1, 1992.
À la table des politiques , Plon, 1994.
Le Temps des ventriloques , Belfond, 1997.
Le Pouvoir des mentors , Éditions n° 1, 1999.
Le Style réinvente la politique. Du diktat de l’image à l’exigence de l’action , Presses de la Renaissance, 2004.
La Prise de l’Élysée. Les campagnes présidentielles de la V e République , avec Jacques Séguéla, Plon, 2007.
Manifeste pour l’optimisme , Plon, 2011.
Les 101 mots de l’optimisme à l’usage de tous , Archibooks, 2012.
Sarkozy, de l’échec au come back , L’Archipel, 2012.
THIERRY SAUSSEZ







LES DEUX CORPS DU PRÉSIDENT










ROBERT LAFFONT
© Éditions Robert Laffont, S.A., Paris, 2013
ISBN 978-2-221-13847-2
En couverture : © Ludovic-Pool / Sipa-Press
Introduction
En 1957, Ernst Kantorowicz, historien allemand naturalisé américain, spécialisé dans l’étude des idées politiques médiévales et de la sacralisation du pouvoir royal, publie Les Deux Corps du Ro i 1 , un essai qui, depuis, n’a cessé d’être analysé et commenté dans le monde entier.
Inspiré par les théologiens du Moyen Âge, il développe l’idée que le roi a deux corps. Le premier est humain et éphémère. Le second est dépositaire de la fonction de souveraineté. Il est l’incarnation de la collectivité. Dans le corps mortel vient donc se loger le corps immortel du royaume.
Ce concept est éminemment moderne. Le président, comme le roi ou le prince hier, ne s’appartient pas. Il rencontre l’Histoire, représente tout un peuple, porte une espérance. Il est à la tête de l’État, le successeur d’une longue lignée de dirigeants dont les plus prestigieux.
Quelle est la relation entre l’homme et le chef de l’État ? Comment vivent et cohabitent les deux corps de François Hollande ?
Il m’a semblé que, au-delà des approches classiques d’analyse, il y avait, dans cette question matière à réflexion et pour tout dire à compréhension de la façon dont nous sommes gouvernés.



1 . Gallimard, 1989.
« Heureux les normaux, ces êtres étranges.
Mais qu’ils laissent la place à ceux qui font les mondes et les rêves. »
Roberto Fernández Retamar





1
La « normalitude »
Le quinquennat commence sous un déluge. Le nouveau président de la République trempé, debout dans sa DS hybride transformée en baignoire, remonte les Champs-Élysées en saluant l’assistance. Mariage pluvieux, mariage heureux, pensent les uns. Mauvais présage, ricanent les autres.
Plus que les interprétations issues du climat, c’est l’émergence d’un style particulier qui se dessine ici. Celui de l’homme normal.
Imagine-t-on un souverain, ruisselant d’eau, allant à la rencontre de son peuple, dans un carrosse à l’air libre, débordant d’eau de pluie. Le roi ne l’imaginerait même pas. François Hollande semble pourtant y avoir pris quelque plaisir.

Le temps d’un président normal
Qui donc a bien pu inventer ce concept d’homme normal, de présidence banale ? L’histoire raconte que c’est François Hollande lui-même, fier de sa trouvaille, devant quelques proches éblouis.
« Est-ce que je suis normal ? Oui. Je pense que le temps d’un président normal est venu. »
En fait, le leader socialiste avait dû lire Mythes et mythologies politiques de Raoul Girardet 1 , un livre de référence. L’auteur y décrit l’irruption en 1952 d’un nouveau personnage dans le « légendaire national » : Antoine Pinay, citoyen banal, accidentellement promu dans la vie politique et qui a terrassé ses adversaires les plus roués par sa candeur et son bon sens. Girardet souligne l’absence d’éléments habituellement considérés comme légendaires, le caractère « moyen » du personnage, la simplicité et la familiarité de ses goûts et de ses habitudes. Comme une sorte de portrait type de l’antihéros, d’un François Hollande avant l’heure.


Une notion assez vague
On comprendra aisément l’enjeu classique, en termes de marketing politique, de faire simple et proche. Il faut y voir surtout l’obsession de faire le contraire de son prédécesseur que nous approfondirons plus loin. Mais à quel prix ?
La normalité est une notion assez vague qui correspond à tout ce qui est conforme, à ce dont on a l’habitude, à ce qui ne surprend ni ne dérange.
« Il est normal », comprenez plan-plan.
Guillaume Le Blanc, enseignant à l’université de Bordeaux, a traité des maladies de l’homme normal. Il considère que « l’intention de coïncider avec la norme peut conduire à chercher à évacuer toute résistance à la norme, tout questionnement 2 ». Dès lors, selon lui, toute exploration de l’usage de soi est bloquée. C’est pour quoi, il invite à rendre l’homme moins normal, à l’envisager dans toute sa variété créatrice.
La normalité apparaît bien comme une négation de l’exception d’une vie, d’une fonction, d’un destin ou plus simplement du caractère particulier de chacune de nos personnalités. Certains psychothérapeutes l’assimilent à un refus des différences, une souffrance, une aliénation.
La marque de fabrique du nouveau style présidentiel traduit la volonté de se réfugier dans la norme, par peur du risque, par incapacité à assumer une fonction d’exception, le second corps du roi.


Une fausse bonne idée
Cette normalité a fait l’objet d’un intense travail de préparation et d’exploitation, un véritable story telling . Le mot désigne une pratique américaine qui consiste à scénariser tous ses gestes et comportements pour diffuser une image cohérente, raconter une histoire, imposer un style, bâtir une légende.
Vous avez vécu, en direct, ce scénario. François Hollande sous la pluie, se déplaçant en voiture plutôt qu’en train, son véhicule s’arrêtant aux feux tricolores, et en train plutôt que dans l’avion présiden tiel. François Hollande, en vacances à Brégançon, se promenant en bermuda au Lavandou, s’empressant de serrer la main du moindre badaud qui n’en demandait pas tant, la sécurité tenue à distance au moins pour le cadrage des photographes et des cameramen.
Proximité, simplicité encore

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