Max Jacob et la nomination
372 pages
Français

Max Jacob et la nomination , livre ebook

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372 pages
Français

Description

L'originalité de cette étude critique réside dans la conjugaison d'un travail sur la genèse du texte et une approche onomastique. Un décodage subtil fait la lumière sur la modernité du Terrain Bouchaballe de Max Jacob, publié en 1923 et met en évidence la délectation de l'onomaturge pour le nom propre réel et fictif dans un système de nomination riche en potentialités esthétiques.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2014
Nombre de lectures 28
EAN13 9782336357744
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Ictive. À l’ami Picasso, Jacob avait écrit le 14 septembre 1918 : « […] mais la géographie, science de la fantaisie unie
Sujet à des volte-face cocasses, l’affaire du « terrain » à
ironique où toponymes et anthroponymes Ictionnels opèrent
d’enfreindre la linéarité du texte. Cette nomination n’en
et imprime son tempo à la société « bouchaballesque » construite à l’aune d’un travestissement affectif, celui d’un
, née à Plonéour-Lanvern, a vécu
de conférences à l’Université de Las Palmas de Gran Canaria (ULPGC). Elle compte de nombreuses publications sur et fait partie du Comité scientiIque de la revue Les Cahiers Max Jacob.
, née à Pont-l’Abbé, a vécu à Quimper et a enseigné à Paris et à Orléans. Ses travaux sur Max Jacob et son œuvre sont parmi les plus remarqués et cités depuis 1960.
de nombreuses études ayant fait l’objet de publications et de conférences.
Max Jacob, photo prise en 1926 par Victor Moremans, aimablement cédée par la
: 978-2-343-04196-4
Marie-ClaireDurandGuiziou avec la collaboration d’HélèneHenry
Avec la collaboration Max Jacob et la nomination Marie-Claire Durand Guiziou
Jouissance créatrice autour du signe onomastique dansLe Terrain Bouchaballe
Max Jacob et la nomination
Marie-Claire Durand GuiziouAvec la collaboration d’Hélène HenryMax Jacob et la nomination Jouissance créatrice autour du signe onomastique dansLe Terrain Bouchaballe
© L'HARMATTAN, 2014 5-7, rue de l'École-Polytechnique ; 75005 Parishttp://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 9782343041964 EAN : 9782343041964
«Il est vrai que j’ai avec les noms propres un rapport qui m’est énigmatique, qui est de l’ordre de la signifiance, du désir, peut-être même de la jouissance. La psychanalyse s’est beaucoup occupée de ces problèmes et l’on sait très bien que le nom propre est, si je puis dire, une avenue royale du sujet et du désir. » 1 Roland Barthes
INTRODUCTION
Un ouvrage sur la nomination dans l’œuvre poétique et romanesque de Max Jacob (1976-1944) pourra paraître bien ambitieux mais l’indéniable foisonnement des noms propres dans les textes jacobiens que nous avons déjà partiellement dénombrés et fait connaître dans des publications antérieures encourageait à préparer une étude consistante, allant au-delà des quelques approches déjà réalisées et publiées sur le sujet. Dévoiler la présence d’un système de nomination établi par l’auteur et l’analyser sous l’angle d’une incontestable jouissance créatrice, qu’il nous 1 appartient de dégager dans le champ de l’onomastique littéraire , tel est notre propos. Si le jeu en vaut la chandelle, le défi doit être relevé.
1 Si nous retenons le mot “jouissance” mis en avant par Roland Barthes (1995 : 321), il n’entre pas dans notre intention d’orienter cette étude vers le domaine de la psychanalyse – qui aurait certes beaucoup à dire sur le sujet qui nous occupe – mais pour appréhender l’œuvre de Max Jacob par le biais de l’onomastique littéraire. La délectation de celui qui se « gargarise des mots » est en effet tangible dans son rapport avec les noms propres, notamment les anthroponymes, qui le séduisent et avec lesquels il entreprend de séduire son lecteur, son complice.
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2 Si cette étude ne peut embrasser l’œuvre jacobiennein extenso, au moins pourrait-elle, dans les limites que nous nous sommes fixées, discerner les enjeux onomastiques que recèle l’écriture de l’auteur, l’une des figures intellectuelles les plus originales de la première moitié du e 3 XX siècle . En décidant de réduire le champ de notre analyse, il s’avérait nécessaire de procéder à un choix. Nous l’avons fait en prenant appui sur une œuvre en prose,Le Terrain Bouchaballe, le roman que nous tenons 4 pour un référent privilégié dans la production littéraire de Max Jacob . L’entrée dans ce roman, selon une approche onomastique, se justifie pour servir notre propos : non seulement l’œuvre fourmille de noms propres, mais les personnages et les lieux fictifs qu’on y dénombre se retrouvent souvent projetés dans d’autres textes de l’auteur. Cette récurrence des noms propres fictionnels, forgés ou empruntés, nous conduira d’ailleurs à parler d’une circularité des noms de personnages (et de lieux) d’une œuvre à l’autre pour mieux pénétrer l’imaginaire et la puissance créatrice de l’onomaturge jacobien. Il s’avérait nécessaire de proposer une approche génétique. En effet, le recours à la genèse du romanBouchaballeoriente dans les nous processus de création qui ont favorisé le choix du matériau linguistique pour en extraire toutes les potentialités. À la question, est-il possible de mettre en valeur un travail d’écriture fortement construit et pondéré en matière d’onomastique fictionnelle chez Max Jacob, nous avons donc répondu affirmativement, de même que nous soutenons le bien-fondé de l’interaction de deux approches complémentaires – onomastique et genèse – développées parallèlement. Ces deux éclairages permettent de mieux définir l’esthétique de la nomination dans le texte fabulateur où l’auteur fait miroiter les noms propres. 2  L’exhaustivité porterait préjudice à un travail qui fournit des exemples probants mais pas nécessairement fourmillants. En effet, tous les textes ne possèdent pas la même teneur « onomastique ». 3  Une influence qui ne se limite pas à l’Hexagone. Voir à ce sujet le dossier des Cahiers Max Jacobn°10, « Traductions et critiques à l’étranger ». 4  L’édition que nous avons consultée dès nos premiers travaux sur le sujet et entrepris bien avant 2012 est celle 1964, Coll. L’Imaginaire, Gallimard, Paris. La parution en octobre 2012 deMax Jacob ŒuvresGallimard, Quarto, édition chez établie, présentée et annotée par Antonio Rodriguez et qui rassemble les textes majeurs de Max Jacob, nous invite à reprendre nos références à partir de cette publication plus récente. DésormaisO.suivi de la page pour toute œuvre autre que Le Terrain Bouchaballeet p. suivi de la page pour toutes références à ce roman. Pour éviter la répétition du titre completLe Terrain Bouchaballe, nous avons souvent opté pour une désignation écourtée tantôt sousBouchaballetantôtTB.
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Nous abordons cette étude en faisant le point sur l’état de la question, c’est-à-dire en mentionnant des travaux qui ont traité le sujet partiellement et selon un prisme différent du nôtre. Jacob lui-même avait souhaité que la lumière soit faite sur ses œuvres littéraires, et même si la perspective onomastique n’a jamais été mentionnée dans ses propos, la présence indéfectible de gloses sur des anthroponymes ou des noms de lieux, relevées dans sa correspondance et ses textes, témoigne de la présence d’un véritable métadiscours aux résonnances onomastiques fortes. Ces éléments ont endigué le choix de notre sujet et devraient nous autoriser à faire valoir la transcendance du traitement des noms propres dans l’œuvre de l’auteur. Nous avons jugé utile d’évoquer également, en guise d’entrée en matière, l’identité civile de Max Jacob avec ses changements de patronymes ainsi que ses noms d’emprunt ou pseudonymes, et de prendre en compte la figure romanesque de l’auteur en tant que personnage de romans dans ses propres œuvres et chez d’autres auteurs. Un éclairage théorique sur la genèse du roman et le champ de l’onomastique littéraire vient clore cette première partie. Ce préambule nous conduit à établir le lien entre monde réel et monde imaginaire, des mondes bien enchevêtrés chez Jacob, car ils se confondent volontairement selon des déguisements joliment présentés. Où se trouve la lisière entre le nom propre forgé et le nom emprunté ? Quels processus de déconstruction, de modification, de contamination, de reconstruction et d’adaptation sous-tendent le système de nomination chez Max Jacob ? Quel décodage nous découvrira le nouveau signifié sous l’habillage d’un signifiant remanié, lorsque l’auteur déploie sa kyrielle de noms propres, patronymes, toponymes, hydronymes, oronymes et odonymes ? Pour dévider le fil de ces nombreux labyrinthes où l’auteur entraîne son lecteur et s’amuse à l’égarer, nous avons opté pour nous accrocher à une balise sûre : l’œuvre phare de sa production romanesqueLe Terrain Bouchaballe. Un roman qui apparaît comme le plus enrichissant dès lors qu’il nous invite à déceler, dans un seul et même ouvrage, la teneur du matériau onomastique et l’originalité du maniement de la plume du démiurge. La seconde partie propose une analyse des noms propres fictionnels pris individuellement dans le roman cité et met en évidence que les anthroponymes, noms de lieux, de rivières, de collines, de rues font tous l’objet d’un travail sur le signifiant. Le métatexte jacobien - c’est-à-dire les propos de l’auteur, ses réflexions, ses commentaires (extraits de sa correspondance, des préfaces de ses œuvres, etc.) s’avère particulièrement éclairant dès lors qu’il fournit une kyrielle de
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