Mystique et Politique
779 pages
Français

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Mystique et Politique , livre ebook

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Description

Si Péguy reste perçu comme l'exemple même de l'homme engagé, un modèle d'austère vertu républicaine, la lecture de son oeuvre révèle un personnage bien plus complexe et tourmenté, à la fois tragique et comique, au style puissant et catégorique.
Tout chez lui relève de la mystique, non seulement le judaïsme et le christianisme, qui lui sont particulièrement chers, mais aussi l'amour de la République, de la monarchie et de la patrie. De l'affaire Dreyfus, qui l'accompagna toute sa vie, il conserva un seul impératif, applicable à tout : que " la mystique ne soit point dévorée par la politique à laquelle elle a donné naissance ". C'est pourquoi, à une époque où la politique offre une image plus que jamais dégradée, il est urgent de découvrir ou de retrouver l'oeuvre de cet intransigeant. Lire Péguy et ses étonnants Cahiers de la quinzaine, c'est s'abreuver à la source de toute politique, quel qu'en soit l'horizon ; c'est retrouver l'exigence d'un sens dans un monde lui-même en quête de repères.
Les principaux essais de Péguy, réunis ici pour la première fois dans un volume cohérent par Alexandre de Vitry sous le patronage d'Antoine Compagnon, tissent une longue analyse de ce monde annonciateur du nôtre et de ce qu'il est déjà en train de trahir : le génie littéraire, l'héroïsme, la sainteté et toutes les formes de la grandeur. Les cibles de l'écrivain se succèdent sous son regard perçant, depuis Taine et Renan jusqu'à l'argent-roi, en passant par les défaitistes en tout genre, les hérauts de la " nouvelle Sorbonne ", les cléricaux de toutes les Églises.
Intervenant sur " les sujets les plus brûlants de l'actualité sociale et culturelle et en général sur les conditions du vivre-ensemble ", Péguy demeure " incontestablement parmi nous ", comme le souligne Antoine Compagnon dans sa préface.





Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 octobre 2015
Nombre de lectures 45
EAN13 9782221191392
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0165€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

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« Cette œuvre est protégée par le droit d’auteur et strictement réservée à l’usage privé du client. Toute reproduction ou diffusion au profit de tiers, à titre gratuit ou onéreux, de tout ou partie de cette œuvre, est strictement interdite et constitue une contrefaçon prévue par les articles L 335-2 et suivants du Code de la Propriété Intellectuelle. L’éditeur se réserve le droit de poursuivre toute atteinte à ses droits de propriété intellectuelle devant les juridictions civiles ou pénales. »
Ouvrage publié sous la direction de Maxence Caron
En couverture : Portrait de Charles Péguy. Dessin de Léon Deshairs, 1894. © Roger-Viollet / Collection Roger-Viollet
© Éditions Robert Laffont, S.A., Paris
EAN : 978-2-221-19139-2

Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo .
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PRÉFACE
par Antoine Compagnon

En ce début du XXI e  siècle, il est beaucoup question de Péguy. La France commémore avec émotion le centenaire de la Grande Guerre, nous nous souvenons de la mobilisation de nos grands-pères en août 1914, et Péguy est présent dans nos mémoires, l’un des premiers morts et l’un des plus illustres : il fut frappé à Villeroy dès les premiers jours de septembre 1914, à la tête de sa compagnie, avant que la bataille de la Marne eût arrêté l’armée allemande tout près de Paris. Nous nous interrogeons sur le sens présent de notre République, sur l’interprétation à donner aujourd’hui à l’égalité ou à la laïcité, sur l’opportunité d’une révision de la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l’État, et Péguy est au cœur du débat, lui qui exalta la « mystique républicaine » aux origines de la III e  République, refusa la confusion de la laïcité et de l’anticléricalisme sous la présidence du Conseil d’Émile Combes, et plaida pour le respect de la tradition chrétienne constitutive de la vieille France. Nous nous disputons une fois de plus sur l’école, sur la réforme de la pédagogie et sur les programmes du collège, sur le maintien du latin, et le patronage de Péguy, fils du peuple parvenu à l’École normale supérieure, produit exemplaire de la méritocratie scolaire républicaine, est revendiqué de tous les côtés.
Nombreux sont les intellectuels et publicistes de tous bords qui aujourd’hui se réclament bruyamment de lui, tels, sur des lignes divergentes ou même contradictoires, Jacques Julliard, Alain Finkielkraut ou Edwy Plenel, car Péguy est intervenu sur les sujets les plus brûlants de l’actualité politique, sociale, culturelle, entre l’affaire Dreyfus et la Première Guerre mondiale, sur le radicalisme et le socialisme, sur l’antisémitisme et l’anticléricalisme, sur le matérialisme et le bergsonisme, sur la nouvelle Sorbonne et sur les disciplines positivistes conquérantes, telles l’histoire et la sociologie, sur l’internationalisme et sur le patriotisme, et en général sur les conditions du « vivre ensemble ». Or ces mêmes problèmes continuent de nous solliciter, de nous diviser ou de nous réunir, en tout cas de nous faire disputer.
Péguy est incontestablement parmi nous. Les essais, les biographies, les colloques qui lui sont consacrés ne se comptent plus. On raconte l’affaire Dreyfus, la Séparation, la guerre en l’accompagnant dans ses combats. Pourtant, son œuvre elle-même reste peu disponible et elle est sans doute insuffisamment lue. Il est grand temps d’y retourner en prenant connaissance de la série des articles fondamentaux qu’il publia dans sa propre revue, les Cahiers de la quinzaine , à partir de 1904, quand il s’engagea dans la polémique contre ses anciens alliés dreyfusistes devenus les supporteurs du régime radical-socialiste incarné en la personne de Combes, à la tête du gouvernement, et de Jean Jaurès, « ministre de la parole », à la Chambre. Ces articles se font volontiers violents et pamphlétaires contre le « monde moderne », mais leur écriture est superbe, fascinante par ses inlassables reprises, suppliciante dans ses méandres obsessifs, cruelle dans son battement infini. Il faut aussi y revenir parce qu’ils ont été exploités dans les directions les plus inconciliables au cours du XX e  siècle, notamment entre les deux guerres, et parce que à présent encore on fait dire à Péguy à peu près tout et son contraire. Le retour aux textes évitera les malentendus sur la situation de Péguy relativement à quelques questions cruciales de son temps dans lesquelles nous nous débattons encore.
*
En 1910, dans Notre jeunesse , l’un de ses textes les plus familiers, quasi autobiographique, Péguy revient, dix ans après, sur l’histoire de l’affaire Dreyfus, et il proclame alors fièrement : « Ce que nous savons, ce que nous voyons, ce que nous connaissons de toute certitude, c’est que pour l’instant nous sommes l’arrière-garde. » Le cas est rare dans l’histoire des idées en France et il a pu prêter à confusion : voilà un écrivain qui affiche haut et fort son appartenance à l’arrière-garde, voilà un homme qui revendique crânement cette affiliation généralement méprisée par les intellectuels.
L’arrière-garde : non pas l’avant-garde, mais non plus la tradition, la réaction ou la conservation. Nous sommes, avance Péguy – signifiant par ce « nous » qu’il n’est tout de même pas tout seul et qu’il parle sinon pour une génération, du moins pour une petite troupe qu’il traîne derrière lui –, nous sommes « littéralement les derniers représentants » de l’ancienne France, « presque les survivants, posthumes » de la « mystique républicaine ».
Pour se réclamer de l’arrière-garde, pour s’en vanter, il faut sans doute penser que l’on a été à l’avant-garde, et peut-être même que l’on a été lâché par l’avant-garde, que l’avant-garde nous a trahis en chemin, a renoncé à elle-même ou a changé de direction ; il faut se sentir l’un des derniers fidèles, croire appartenir au dernier carré de l’avant-garde. La mystique républicaine fut une avant-garde, elle fut même l’avant-garde en 1848, et encore dans les années 1870 et autour de 1880, dans les débuts de la III e  République et durant l’enfance de Péguy, tandis que le régime s’instituait d’une manière hasardeuse. Et elle l’était encore en 1898, du temps de l’affaire Dreyfus, laquelle restera le grand moment de la vie de Péguy, quand il faisait le coup de poing au Quartier latin.
Pour se classer ouvertement à l’arrière-garde, du moins à la manière paradoxale de Péguy, il faut sans doute aussi imaginer que c’est « pour l’instant », comme il le précise d’emblée : momentanément et non durablement ; il faut juger que l’avant-garde d’hier ne l’est plus, ou bien qu’elle ne mérite plus cette appellation. Ainsi, l’arrière-ga

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