Orczy triomphe mouron rouge
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Extrait

Baronne Emmuska Orczy LE TRIOMPHE DU MOURON ROUGE The Triumph of the Scarlet Pimpernel 1922 Édition du groupe « Ebooks libres et gratuits » Table des matières 1 L’idole aux pieds d’argile ......................................................4 2 Compagnons de misère ...................................................... 19 3 Pour un grain de plaisir, une livre de peine ......................29 4 Les réjouissances de la canaille ......................................... 41 5 Une heure de gloire.............................................................53 6 Deux interludes...................................................................62 7 La belle Espagnole ..............................................................69 8 Une heure effroyable ..........................................................79 9 L’idole sinistre que le monde adore .................................. 90 10 Étranges événements......................................................102 11 Chauvelin .........................................................................108 12 Le Repos du Pêcheur ........................................................112 13 Le naufrage ......................................................................121 14 Le nid ............................................................................... 125 15 Pour l’amour du sport.....................................................140 16 Réunion ............................................................................151 17 Du soir au matin ............................................................. 158 18 Une rencontre ................................................................. 164 19 Le départ ......................................................................... 172 20 Souvenirs ........................................................................ 181 21 Attente ............................................................................. 187 22 Ambition ......................................................................... 192 23 Au nom de la République................................................201 24 Quatre jours de délai ...................................................... 213 25 Un rêve............................................................................224 26 Peur et ambition .............................................................232 27 Attente .............................................................................237 28 La fin du second jour...................................................... 241 29 La tempête ......................................................................250 30 Notre-Dame de Pitié.......................................................256 31 L’aube grise .....................................................................265 32 La catastrophe................................................................ 271 33 Le cyclone........................................................................276 À propos de cette édition électronique.................................293 – 3 – 1 L’idole aux pieds d’argile I Le 26 avril 1794 ou, si l’on préfère, le 7 Floréal de l’an II du nouveau calendrier, trois femmes et un homme étaient réunis dans une petite chambre aux rideaux jalousement fermés, au premier étage d’une maison de la rue de la Planchette qui appartient à un quartier de Paris triste et retiré. L’homme était assis sur un siège que surélevait une estrade. Il était vêtu avec une propreté méticuleuse. Son habit de drap sombre laissait passer du linge blanc au col et aux poignets, il portait des culottes tannées, des bas blancs et des souliers à boucles. Sa chevelure disparaissait sous une perruque gris souris. Il était immobile, une jambe repliée sur l’autre, et ses mains fines, sèches, étaient croisées devant lui. Derrière l’estrade, un épais rideau traversait toute la pièce et, en face, chacune en un coin opposé, deux jeunes filles vêtues de vêtements gris, très lâches, étaient assises sur leurs talons ; les paumes de leurs mains reposant à plat sur leurs cuisses, les cheveux dénoués, le menton levé, les yeux fixes, elles étaient figées dans une attitude contemplative. Au centre de la pièce, une femme était debout ; les bras croisés sur la poitrine, elle tenait les yeux levés vers le plafond. Ses cheveux gris, raides et rebelles, étaient en partie dissimulés par un ample voile flottant d’un gris indécis. De ses épaules et de ses bras maigres, son vêtement, qui était à peine une robe, tombait en plis lourds, sans dessiner ses formes. En face d’elle, sur une petite table, un – 4 – grand globe de cristal au socle de bois noir finement sculpté et incrusté de nacre reposait près d’une petite boîte de métal. Juste au-dessus de la tête de la vieille femme, une lampe à huile protégée par un morceau de soie rouge jetait une faible lueur sur la scène. Une demi-douzaine de chaises, un tapis élimé et un chiffonnier effondré dans un coin formaient tout l’ameublement ; les rideaux devant la fenêtre et les portières qui dissimulaient les portes étaient très épais et interdisaient à l’air et à la lumière d’entrer. La vieille femme, les yeux toujours fixés sur le plafond, parla d’une voix morne, monotone. – Citoyen Robespierre, toi, l’Élu du Très-Haut, qui as daigné pénétrer dans l’humble demeure de ta servante, quel est ton bon plaisir aujourd’hui ? – L’ombre de Danton me poursuit, répondit Robespierre, et sa voix semblait monocorde, étouffée par la lourde atmosphère. Peux-tu la contraindre au repos ? La femme étendit les bras. Les plis de ses vêtements tombèrent droit de ses épaules et de ses poignets jusqu’au sol ; ainsi elle semblait sans corps, un fantôme gris dans la lumière fuligineuse. – Du sang ! cria-t-elle dans une plainte bizarre. Du sang autour de toi ! Du sang à tes pieds ! Mais il n’y en a pas sur ta tête, Élu du Tout-Puissant ! Tes secrets sont ceux de l’Être Suprême ! Ta main tient son épée vengeresse ! Je te vois marcher sur une mer de sang, mais tes pieds sont aussi blancs que les lis et tes vêtements sans tache, comme la neige. Arrière ! vous, esprits du mal ! Arrière, vampires et goules ! Ne venez pas troubler de votre souffle empesté la sérénité de notre Étoile du Matin ! Les jeunes filles élevèrent les bras au-dessus de leurs têtes et répétèrent les gémissements de la vieille sorcière. – 5 – – Arrière ! crièrent-elles solennellement. Arrière ! Alors d’un coin éloigné de la pièce, une petite silhouette se détacha de l’ombre. C’était un jeune Noir, vêtu de blanc de la tête aux pieds. Dans la demi-obscurité, ses vêtements et le blanc de ses yeux étaient seuls visibles. Il semblait marcher sans pieds, avoir des yeux sans avoir de visage, et porter un lourd récipient sans avoir de mains. Son apparence était si surprenante et si surnaturelle que l’homme sur l’estrade ne put réprimer un cri de terreur. Sur quoi, une large rangée de dents brillantes se montra quelque part entre les plis des vêtements fantomatiques et compléta les traits fantastiques du négrillon. Celui-ci portait une jatte de cuivre profonde qu’il plaça sur la table immédiatement derrière la boule de cristal et la boîte métallique. La voyante ouvrit la boîte, y puisa une pincée de poudre brune, et la tenant entre le pouce et l’index dit gravement : – Du c œur de la France s’élève l’encens de la foi, de l’espoir, de l’amour ! (Et elle jeta la poudre dans la jatte.) Puisse-t-il être accepté par celui qu’elle a choisi pour maître ! Une flamme bleuâtre jaillit du fond du récipient, illumina une seconde ou deux le visage décharné de la vieille sorcière, la figure grimaçante du Noir, et joua capricieusement avec les ténèbres environnantes. Une fumée à l’odeur douce monta vers le plafond. Puis la flamme mourut, laissant plus sombre et plus mystérieuse la lueur rouge qui baignait la pièce. Robespierre n’avait pas bougé. Sa vanité sans bornes, son ambition, lui cachaient ce que ces rites mystiques avaient de ridicule et d’effronté. Il accepta l’encens, respira profondément comme s’il voulait s’emplir entièrement de ces fumées capiteuses, car il était toujours prêt à faire accueil à l’adulation éhontée de ses partisans. La vieille répéta ses incantations. Elle reprit encore de la poudre dans la boîte, la jeta dans le récipient et parla d’une voix sépulcrale : – 6 – – Du c œur de ceux qui t’adorent monte l’encens de leurs louanges ! Une flamme rose tendre s’éleva immédiatement. Elle répandit un instant un éclat surnaturel et s’évanouit rapidement. Pour la troisième fois, la sorcière reprit sa litanie : – Du c œur de la nation tout entière s’élève l’encens d’une joie sans mélange devant ton triomphe sur tes ennemis ! Cette fois, la poudre magique ne s’enflamma pas aussi vite qu’auparavant. Pendant quelques secondes, le récipient resta sombre et insensible, rien ne vint dissiper les ténèbres alentour. Même la lumière de la lampe à huile parut soudain s’obscurcir. En tout cas, l’autocrate crut le voir et, les nerfs à fleur de peau, crispa sur les bras de son fauteuil ses mains maigres comme les serres d’un oiseau de proie, fixant ses petits yeux sur la sibylle qui contemplait son récipient de métal comme si elle avait voulu arracher à ses profondeurs quelque secret cabalistique. Tout à coup, une flamme rouge brillante s’élança de la jatte. Tout dans la chambre fut inondé d’une lumière cramoisie. La vieille sorcière, courbée sur son chaudron, semblait barbouillée de sang, ses yeux paraissaient injectés de sang et son long nez courbe jetait une grande ombre noire sur la bouche, déformant le visage en une affreuse grimace de cadavre. De sa gorge sortaient des sons étranges, des plaintes d’animal. – Rouge ! Rouge ! gémit-elle. Et à mesure que la flamme diminuait et s’éteignait en vacillant, ses mots devenaient plus distincts. Elle éleva la boule de cristal et la regarda fixement. – Toujours du rouge ! reprit-elle lentement. Hier, j’ai fait trois fois l’invocation au nom de notre Élu… Trois fois les esprits se sont montrés envelo
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