Physiologie de l usurier
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Physiologie de l'usurier , livre ebook

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Description

Extrait : "Que vous dirai-je maintenant ? ou plutôt que ne vous dirai-je pas? Ah ! c'est une dure nécessité que celle qui me force à vous révéler les brigandages de ce type, nécessité horrible, hideuse, comme celle qui conduit à sa porte. En pensant à lui, les oreilles me tintent. Des bruits discordants et railleurs me poursuivent. Je ne suis plus moi, je suis un autre, je passe à l'état de mouton, de veau ; Il semble qu'il va m'égorger."

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Publié par
Nombre de lectures 59
EAN13 9782335035148
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0006€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

EAN : 9782335035148

 
©Ligaran 2015

Préface
Approchez, c’est lui, le voilà ! – Approchez, Messieurs, – sans crainte et sans rien payer. –


Voyez cette brune et sotte figure, fine cependant, astucieuse et vile.
Cela s’appelle un usurier.
Usurier, soit.
Nous allons le combattre, le dévoiler, le disséquer.
Il nous appartient, – comme nous appartenons nous-mêmes au cimetière.
Il est à nous, nous pouvons le parquer et le tuer comme il a fait de tant d’autres, lui l’oiseau de proie et de malheur.
Car c’est une plaie, une nécessité malheureuse ; c’est une lèpre, une peste, un choléra, une prostitution.
Rien n’est plus tyran, plus roi, plus despote, plus enclin à devenir croque-mort de l’intelligence et des belles pensées.
I Généralité
Que vous dirai-je maintenant ? – ou plutôt que ne vous dirai-je pas ?…
Ah ! c’est une dure nécessité que celle qui me force à vous révéler les brigandages de ce type, – nécessité horrible, hideuse, comme celle qui conduit à sa porte.
En pensant à lui, les oreilles me tintent.
Des bruits discordants et railleurs me poursuivent.
Je ne suis plus moi, –
Je suis un autre, –
Je passe à l’état de mouton, de veau ;
Il semble qu’il va m’égorger.
Ô misère ! pourquoi ai-je entrepris cette tâche !…
En général comme en particulier, l’usurier est vil ; son abord est repoussant, quoique ses yeux attirent.
Ce qui fascine chez lui, c’est l’appât de son or.
Ce qui fait qu’on accepte ses conditions onéreuses, c’est la nécessité, –
C’est la misère, –
C’est la gêne, –
C’est quelquefois la faim !
Et comment n’irait-on pas le trouver ?
Comment ne lui ferait-on pas les plus horribles concessions ?
Oh ! jeunes gens, si votre mère avait faim, si votre amante, – si votre famille n’avait pas de quoi subsister, – vous iriez vous traîner aux pieds de cet homme, la poitrine gonflée de soupirs, le cœur plein de larmes, le front couvert d’humiliation ; vous l’imploreriez, – vous lui donneriez votre dernier gilet, et il aurait encore l’adresse de s’en faire un manteau.
Pour satisfaire le moindre désir, la plus folle fantaisie de la femme que j’aime, j’irais moi-même frapper à sa porte, je lui vendrais mon âme, si elle valait quelque chose en ce monde ; – je lui céderais toutes les chances de mon avenir, – pour un bijou, – oui, pour un bijou qui vous fût agréable, – Madame que j’aime tant !
Il n’a pitié de rien cet homme, car il n’a pas d’âme !
Affreuse misère ! pas de cœur !
Non, il ne sent rien que, l’or, il ne vit que pour l’intérêt et par l’intérêt.
Il achète les marchandises la moitié de leur valeur, –
Il fait tous les commerces, –
Il prête sur les montres, les tabatières, les vases de toutes formes, les châles, les vins, les cuirasses, les nouveautés, les antiquités, sur tout, enfin.
Il pousse le raffinement jusqu’à acheter les reconnaissances du Mont-de-Piété ; – vous savez, ce lieu qui fait pleurer, ce lieu tant visité par le pauvre, où viennent se croiser tant de misères, tant d’appétits, tant de cris mal étouffés, de douleurs cuisantes !
Une victime va chez un usurier lui proposer de prêter 4 francs sur un châle qu’elle a payé 50.
Elle a un enfant, cette créature exilée ! mais rien ne peut toucher l’arabe.
– Je vous donne 50 sous, lui dit-il ; si, dans huit jours, vous ne m’apportez pas 3 francs 10 sous, il est à moi.
La femme hésite.
– Eh bien ! vous ne voulez pas, s’écrie-t-il avec une voix qui met l’âme en lambeaux, allez au Mont-de-Piété !
La pauvre femme y va.
Ses yeux sont secs, elle n’a pas la force de pleurer.
Mais ce vandale est l’usurier de bas étage.
Je regrette bien sincèrement d’avoir commencé cette triste physiologie, puisqu’aussi bien je devais avoir à mettre à nu tant de douleurs, à palper tant de blessures à peine cicatrisées.
Et tout cela, pourquoi, mon Dieu !


Pour de l’or ! – Et n’avons-nous pas l’amour et la poésie, plus précieux mille fois que toutes les richesses matérielles.
Car nous ne pouvons emporter notre magot avec nous, tandis que nous pouvons mourir ayant dans le cœur un chaste amour et une chaste poésie.

Ô Madame, vous le savez, si je ne préfère pas un moment passé près de vous seule à tous les sacs d’or du monde, à toutes les premières représentations, à tous les dîners, à toutes les parties, – enfin à tout ce que les bons bourgeois sont convenus d’appeler le plaisir.
II Tristes exemples
Maintenant ceci me rappelle de magnifiques dévouements : – une jeune fille qui, pour nourrir son père, vendit sa belle chevelure ondoyante et noire.
Une autre qui, pour je ne sais plus quel motif non moins vénérable, se fit saigner par un perruquier, – élève en médecine.

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