Romanciers et viveurs du XIXe siècle
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Romanciers et viveurs du XIXe siècle , livre ebook

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Description

Extrait : "Dans la préface de son livre si fantasque et si amusant sur la vie nomade des comédiens Paul Scarron, le cul-de-jatte, assure que la France est, par excellence, la terre où fleurit le Roman. C'était fort bien dit pour son temps. À cette époque, pour contrecarrer les querelles religieuses, toujours si sombres, on avait besoin d'excursions dans l'idéal..." À PROPOS DES ÉDITIONS LIGARAN : Les éditions LIGARAN proposent des versions numériques de grands classiques de la littérature ainsi que des livres rares. Beaucoup de soins sont apportés à ces versions ebook pour éviter les fautes que l'on trouve trop souvent dans des versions numériques de ces textes. 

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Publié par
Nombre de lectures 45
EAN13 9782335047950
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0006€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

EAN : 9782335047950

 
©Ligaran 2015

Cent ans de romans de 1800 à 1900
Dans la préface de son livre si fantasque et si amusant sur la vie nomade des comédiens Paul Scarron, le cul-de-jatte, assure que la France est, par excellence, la terre où fleurit le Roman. C’était fort bien dit pour son temps. À cette époque, pour contrecarrer les querelles religieuses, toujours si sombres, on avait besoin d’excursions dans l’idéal. Ceux qui savaient lire se récréaient en lisant la Bibliothèque bleue. On revenait aux légendes semées le long du pays par les trouvères Nos grand-mères raffolaient des contes. Voyez ceux de la reine de Navarre. Les maîtres du genre allaient venir ; Cyrano de Bergerac, la Calprenède, Honoré d’Urfé, les Scudéry ; M lle de Lafayette était déjà dans la coulisse. Bref, cet art d’amuser les oisifs s’avançait pour donner les plus belles promesses. Encore un peu de temps, et l’on verrait paraître Candide, Gil Blas et Marianne . Ce qui revient à dire que Voltaire, Lesage et Marivaux composeraient des œuvres qui permettraient à ce genre de prendre rang parmi les formes les plus élevées de la pensée. Presque à la même heure J.-J. Rousseau nous apporte la Nouvelle Héloïse et, pour le coup, le Roman règne en maître, chez nous d’abord, puis dans toute l’Europe. Un moment, sans doute, il se manifeste un mouvement parallèle chez nos voisins d’outremer. Quelques Anglais avaient soulevé l’attention par un certain nombre d’œuvres de la même gamme. C’était Fielding, qui faisait Tom Jones , c’étaient Richardson écrivant Clarisse Harlowe et Daniel de Foë l’inimitable Robinson Crusoë . Il y avait une somme d’originalité dans ces conceptions, mais ce n’était qu’une récolte passagère et une fois donnée. Quant à l’abondance, il ne fallait la demander qu’au terroir français. Bientôt, en effet, on vit arriver à la file : Diderot avec la Religieuse et Jacques le Fataliste ; Marmontel, avec Bélisaire ; Florian avec Estelle et Nemorin  ; Crébillon fils avec le Sofa ; Choderlos de Laclos avec les Liaisons dangereuses ; Louvet de Couvray avec les Aventures du Chevalier de Faublas .
Nous n’avons pas à juger, nous ne faisons qu’énumérer.
Un humoriste d’alors a dit que ces livres si dissemblables, idylle et libertinage mêlés, annoncent clairement la chute d’une société trébuchante, oisive, polie et licencieuse. Comme pour lui donner raison, 89 éclata avec un bruit de tonnerre.
Dès la prise de la Bastille, on coupa court au roman. Il n’y eut donc plus à s’arrêter aux propos de boudoir, aux bouquets des bergères, ni aux échelles de soie pour enlèvement. Le drame courait les rues. Il venait se dénouer en scènes sanglantes sur la place de la Révolution, à moins qu’il ne courût à la frontière, le fusil au dos et le sabre à la main. En un pareil temps, un conte d’amour eût été une sacrilège dissonance. Cet état de choses dura à peu près dix ans. Le fait est qu’on ne vit reparaître le Roman qu’après le Dix-Huit Brumaire et le lendemain de Marengo.
Cet autre Lazare, sortant de son tombeau, ne se sentait pas très solide sur ses jambes. Autour de lui, tout avait changé, les mœurs, le costume, la forme du langage, les idées et la géographie elle-même. À ce spectacle il secouait son linceul, tâtonnant, ne sachant trop comment ressaisir le public. Cependant il s’enhardit et finit par se mettre au courant du monde nouveau. Ça ne lui faisait rien, du reste, que le continent européen fût en feu, sur terre et sur mer, puisque, grâce à la main de fer d’un petit artilleur corse, l’intérieur était en paix. Les fêtes mondaines recommençaient. Belle occasion pour les amuseurs de rester en scène. « Salut au ressuscité ! » s’écriaient les femmes et les têtes frivoles.
À dater de cette heure-là, le Roman reprit à Paris droit de cité et, d’empiétement en empiètement, il devait arriver, un jour, très prochainement, à primer la prose parlée, la prose écrite, les grands vers, le théâtre, la chaire sacrée, la chaire des écoles et à lutter de popularité avec la tribune elle-même. « Il détrônera jusqu’à la chanson ! » devait s’écrier, un jour, l’auteur du Roi d’Ivetôt .
En jetant un coup d’œil d’ensemble sur ce que le dix-neuvième a produit rien qu’en France, en fait de romans, l’homme le plus résolu recule avec un sentiment d’effroi. Certes, il faut beaucoup de présomption, il faut aussi une forte dose de courage pour se hasarder à dresser l’inventaire seulement de tant de conceptions soi-disant littéraires. Romans d’amour, romans de cape et d’épée, romans judiciaires dans lesquels s’emmêlent le viol, le faux, le meurtre, la suppression d’enfant, le duel, la trahison, le mystère, le suicide, l’héroïsme, l’adultère, ah ! l’adultère surtout, la folie, l’inceste, romans de toutes les Couleurs et de toutes les dimensions, quelle place vous occupez dans ces cent années ! À plusieurs reprises, cherchant à faire cette énumération, j’ai hésité, terrifié que j’étais par l’énormité de la tâche. Pourtant, à la longue, la patience m’étant venue, je me suis enhardi et je livre à tous les yeux mon travail évidemment incomplet, parce qu’il roule sur quelque chose comme l’infini, mais qui aura peut-être quelque utilité en ce qu’il fera voir en quoi auront consisté les jeux d’esprit de tout un siècle.
En 1800, ce fut un survivant de l’ancien régime, un Bourguignon, qui prit sur lui de remettre la forme romanesque en honneur. Rétif de la Bretonne avait pu traverser les tourmentes de la Révolution en gardant sa tête sur ses épaules, mais aussi en ayant les yeux grands ouverts, de façon à ne rien perdre de ce qui restait dans les Salons et de ce qui se passait dans la rue. Étant tout à la fois ouvrier typographe et auteur, il composait ses œuvres, devant une casse d’imprimeur , sans avoir à les écrire. Disons aussi que, pour n’être jamais à court de sujets, le soir venu, ne craignant pas d’être pris pour un chiffonnier, il allumait une lanterne et parcourait Paris de long en large, en observateur toujours en éveil. Cent fois la patrouille l’a surpris prenant des notes, tantôt sur une borne, tantôt sur son genou. En raison de ses allures diogéniques, nos pères l’avaient surnommé le Jean-Jacques du ruisseau . Ce noctambule n’a pas laissé moins de 80 volumes, dont plusieurs ont encore assez de jeunesse pour former le regain d’une lecture intéressante. Citons les Contemporaines, Le pied de Fanchette et les Confessions de M. Nicholas .
Rétif se rencontrait parfois avec Ducray-Duminil. Qu’est-ce que c’est que celui-là ? Chez nous, comme on ne manque jamais de se moquer des idoles d’hier, on fait encore aujourd’hui des gorges chaudes sur ce grand prêtre du roman naïf. Très peu de conteurs auront eu autant de vogue, surtout parmi les lecteurs du premier âge Particularité très peu connue, le bonhomme avait commencé par être journaliste. Il a écrit, en effet, dans le plus ancien et le plus persistant des journaux, c’est-à-dire dans les Petites Affiches . De 1795 à 1807, il y a fait, chaque semaine le compte rendu des théâtres, ce qui, à cette époque, était une affaire d’importance. Oui, mais la critique, même de très petite envolée, n’était pas son fort et il a eu, un matin, l’heureuse pensée de ne se consacrer tout entier qu’à la culture du roman.
Ce qu’il faut noter, avant tout, c’est qu’il a créé un genre dans lequel il était passé maître à plusieurs titres. Avant lui, ni en France ni ailleurs, nul n’avait encore fait de récits, étant tout à la fois pleins de mélodrame, de tendresse mouillée et d’incidents mystérieux. Nul n’avait donc eu autant de prise sur les âmes sensibles des vieilles filles et sur le cœur des enfants. En envisageant sous ce point de vue son œuvre, dont les esprits graves ont toujours ri à gorge déployée, on trouve que cette poétique puérile n’est pas dépourvue d’intérêt. Les imaginations de douze à dix-sept ans ont besoin d’être amusées. Quoi de plus approprié à cette urgence que Lolotte et Fanfan, Alexis ou la Maisonnette dans les bois, Victor ou l’Enfant de la forêt , et Jacques et Georgette ou les Petits Montagnards Auvergnats  ? Il en est deux ou trois

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