Les petits Mouchoirs de Cholet
165 pages
Français

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Les petits Mouchoirs de Cholet , livre ebook

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Description

Qui aurait pensé que la jolie Louise, petite provinciale timide, deviendrait cette jeune femme au caractère bien trempé et au courage sans faille ? Seul, Paul, médecin à l’élégance et au charme certains, a su déceler en elle ces qualités. La guerre déclarée, il sait la convaincre de le suivre sur le front. Séduite par l’homme et attirée par ce destin qui s’ouvre à elle, elle part au mépris des conventions et des remontrances familiales. Louise se verra alors confier des missions risquées qui la mèneront hors de France. Il faudra toute la force de la passion pour que résiste leur amour à la tragédie qui se noue autour d’eux.


Isabelle Artiges est une esthète et une femme d’entreprise. Cosmétiques de luxe et mode sont ses choix professionnels ; piano et peinture, ses passions. L’écriture s’offre à elle avec bonheur à travers ce premier roman prometteur.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2013
Nombre de lectures 177
EAN13 9782812913532
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0082€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Extrait
Enfance
Août 1907


La poupée de chiffon ne ressemblait plus à rien. La tête rejoignait directement le corps, sans cou. Les membres finissaient en charpie. Pas de pieds, pas de mains. Sa couleur devenue indéfinissable semblait se confondre avec son odeur, celle d’un enfant et de sa vie au grand air.
Elle pendait dans le vide, uniquement retenue par la petite main de Louise, menaçant de tomber à chaque seconde. Elle pendait toujours, mais ne tombait jamais. La prise était ferme, c’était celle d’un trésor que l’enfant ne lâchait pas, l’imaginant vivante lorsqu’elle lui faisait faire le mouvement de balancier.
Pour Louise, cette poupée représentait le complément d’amour que lui prodiguaient son père et sa mère, c’était son unique compagne.
Louise était assise sur le muret qui faisait face à la maison de ses parents, elle laissait pendre ses jambes et cognait, dans un déplacement lent et régulier, ses pieds sur les pierres granuleuses. Dans un mouvement de réflexe, elle serrait parfois sa poupée si fort qu’elle l’écrasait.
C’était une matinée d’août qui ressemblait à la Toussaint. Le jour était né dans une brume épaisse qui se dissipait lentement. La petite fille avait froid dans ses vêtements de gros drap noir mais ne rentrait pas à la maison.
Le père s’y trouvait, allongé sur son lit, mort depuis deux jours.
Louise dormait et mangeait chez la voisine. On lui avait installé un petit matelas de paille près de la cheminée, cela sentait la cendre froide, et des souris couraient dans les placards. Mais le sommeil des enfants restant béni de Dieu, elle dormait ainsi jusqu’au lever de la maisonnée.
Elle trempait un morceau de pain dans un bol de lait tiède et partait s’installer sur le petit mur. Personne ne l’obligeait à faire sa toilette, elle ne se lavait pas et n’en éprouvait pas le besoin. Elle restait là des heures, levant la tête au rythme des allers et venues de la maison, écrasant ou embrassant sa poupée, effleurant de ses pieds les fleurs de la mère que plus personne n’arrosait. Les pieds-d’alouette baissaient la tête, les dahlias et les zinnias flétrissaient doucement, tous friands de la rosée du matin.
La maison était calme d’apparence. C’était une petite bâtisse sans étage, une porte et deux fenêtres, elle avait été bâtie avec les pierres grises du Limousin, et possédait une toiture en vieilles tuiles plates. Elle ressemblait aux autres maisons voisines posées sur le bord de la route de Pierre-Buffière, pas très loin de l’intersection avec la route de Limoges. On les appelait les petites maisons d’Arfeuille.

Les volets restaient fermés, un rosier ancien aux fleurs fanées depuis le printemps courait sur le mur, Louise suivait parfois des yeux la course de ses branches gourmandes de liberté.
La mère était déjà sortie pour nourrir les lapins et les poules, puis s’était avancée vers Louise, lui avait caressé la joue. Elle ne lui avait pas demandé de ramasser l’herbe fraîche, le trèfle et les feuilles de carottes sauvages que les lapins aimaient tant. Ce labeur lui détournait l’esprit du malheur qui l’accablait. Louise l’avait entendu renifler, silhouette frêle et fragile, toute de noir vêtue maintenant, le visage penché dans le fossé. Elle était rentrée dans la maison sans un mot.
Le père s’était donné un coup de faux dans la jambe, et depuis lors son état s’était dégradé de jour en jour. Bien sûr, il avait arrêté son travail, s’était assis sur une chaise, devant la maison, puis s’était couché pour ne plus se relever. Le médecin avait diagnostiqué une septicémie et chacun en connaissait l’issue.
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