En hommage à John Wayne (1907-1979),
et à nos amis les bêtes.
Filmographie sélective de John Wayne :
La caravane de feu
La charge héroïque
La prisonnière du désert
La rivière rouge
Le dernier des géants
Le fils du désert
Le grand Sam
Le massacre de Fort Apache
Les cow-boys
Les géants de l'ouest
Rio BravoAVANT-PROLOGUE
Par une nuit sans lune clairsemée d'étoiles, il y avait un homme, seul dans un désert
de rocailles. Il portait dans ses bras avec beaucoup d'attention une petite chose à fourrure qui
semblait dormir. Il se tenait debout, immobile, le visage tourné vers son petit compagnon ,
lui chuchotant des mots doux d'une voix à peine audible. La nature elle-même s'éta it tue
comme pour ne pas déranger la communion de ces deux êtres. L'homme, majes tueux,
immense cow-boy venu d'un autre lieu et d'un autre temps et le petit animal dans le creux de
ses bras. Très haut dans le ciel brillait une étoile plus intensément que les autres, dif fusant
un rayon de lumière réconfortante dans leur direction. L'étoile que personne n'avait encor e
jamais vue semblait douée d'une respiration, grossissant puis se rétractant dans un inf ini
ballet de lumière. Son éclat éclipsait toutes les autres étoiles qui restaient en retra it par
respect envers leur grande sœur qui venait d'apparaître. Au cœur de cette nature sauvage et
inviolée, l'image de l'homme au chapeau marron et au gilet en cuir sans ma nches
commençait à s'estomper. Son corps était devenu si cristallin que l'on pouvait distingue r le
paysage à travers lui. C'était comme s'il se trouvait à la fois ici et ailleurs, à la cr oisée de
deux chemins. Cet homme reconnaissable entre mille fut autrefois connu sous le nom de
Morrison. Marion Robert Morrison était un nom peu commun pour un homme de sa carrure
et de sa trempe, surtout dans le milieu où il évoluait de son vivant. Aussi décida-t-il tr ès tôt
d'en changer et d'opter pour un nom de scène qui sonnait comme un coup de poing en pleine
figure. Si je suis capable de vous en parler, c'est parce que je connaissais cet homme , très
bien même. Aussi c'est avec une pointe de nostalgie que j'évoque ces moments passés qui
bientôt peut-être disparaîtront. Toutefois, si vous êtes attentif et que vous écoutez l'histoir e
que j'ai à vous raconter, alors peut-être perdureront-ils encore un peu et le petit S niff
continuera-t-il à vivre dans votre mémoire. Sniff, le petit furet dont je vais vous conter
l'histoire, celle d'une rencontre dont je fus le témoin attendri.
Sniff, c'est son nom, était un petit furet qui comme tant d'autres furets vivait dans la
chaleur d'un foyer avec sa famille humaine. Il fut adopté très tôt, alors qu'il n'était e ncore
qu'un bébé. Aussi il se passa quelque chose d'extraordinaire. Quelque chose qui n'était arrivé
à aucun autre furet. Celui-ci regardait la télévision, beaucoup, et il se prit d'affection pour
une idole, une icône du cinéma à force de voir ses films en boucle de ses petits yeux
émerveillés. Ce petit furet qui s’appelait Sniff se mit à aimer les films de western e t John
Wayne. Il prit goût à l'aventure, au grand air, aux fabuleux paysages de Monument Va lley et
à tout ce qui fait le sel des fleurons du genr : eles chevauchées fantastiques, les duels dans la
boue, les joyeuses beuveries dans les saloons qui finissent presque toujours par une ba garre
générale, les convois de bétail à travers une nature sauvage et inhospitalière. Sniff, le petit
furet qui rêvait d'être un cow-boy et dont je vais vous conter l'histoire. Une histoire qui vous
fera sourire car les actions d'un furet au quotidien sont pleines de surprises et de b êtises.
Cette histoire, comme vous le verrez, saura également vous émouvoir car tout n 'est pas
toujours rose dans le monde réel, pour les hommes comme pour les animaLe uxsa.ng, la
poussière et parfois aussi les larmes sont notre lot commun à tous et tel était le quotidie n du
cow-boy américain à la fin du XIXe siècle. Les cow-boys comme Charlie Bronson, le héros
du film que regardait Sniff ce jour-là, enroulé dans son panier rembourré avec une petite
couverture, le museau délicatement posé sur le rebord en tissu. Sniff laissa ses pe nsées
vagabonder ici et là, s'imaginant à l'intérieur du film aux côtés de John WLa'ynehomm , e au
regard de cristal. Sniff, le petit furet qui rêvait d'être un cow-boy et dont voici l'histoire.PROLOGUE – L'homme au regard de cristal
1.
Durant sa longue vie, Charlie Bronson connut tout. La joie, la douleur, les blessure s
morales et physiques, les duels au pistolet contre des hommes ayant bâti leur réputation sur
leur rapidité à dégainer en premier et d'autres qui excellaient dans l'art de tirer dans le dos,
les poursuites à cheval contre toutes sortes de bandits, les charges sabre au clair contr e des
ennemis invisibles. Il participa au génocide perpétré contre les indiens d’Amérique du temps
où il était enrôlé dans l'armée régulière, en première ligne sur tous les champs de bataille.
On lui ordonnait de tirer à vue, sans aucun discernement sur des êtres humains qui étaient
chez eux et aspiraient à la paix. Même après avoir quitté l'armée, il frôla la mort des dizaines
de fois, jeta les dés de la vie au cours d'affrontements dantesques face aux meilleurs tireurs
du continent, parfois même contre plusieurs adversaires à la fois, repoussant sans ces se ses
propres limites. Une chose le consumait de l'intérieur, l'empêchait de trouver le re pos,
l'obligeant à errer alors que n'importe qui d'autre se serait installé dans un havre de paix
pour couler des vieux jours heureux. Le remords qui, chaque nuit, prenait la forme d e
cauchemars. Les vestiges des horreurs qu'il avait vu et ressenti au cours de nombr euses
campagnes se rappelaient à lui. Alors, il tua beaucoup d'hommes, des blancs pour l'essentiel,
dénués de tout sens moral. Faciles à débusquer, on les trouvait dans tous les saloons à se
repaître d'alcool et de femmes. Une poignée d'hommes tels que Charlie Bronson avaient le
courage de se tenir debout face à eux, inébranlables. Les derniers des pistoleros, une espèce
alors en voie d'extinction, l'humanité commençant mollement à accepter le monde tel qu 'il
était, délaissant tout idéal pour un maigre confort et vivre dans la peur. Le destin l'épa rgna à
chaque fois, quand le carillon du village s'apprêtait à tonner les douze coups de midi tandis
que les rares témoins retenaient leur souffle, quand le premier coup de feu retenti ssait,
brisant le silence d'une attente insoutenable ou bien le prenant par surprise il s'en sortait
toujours, parfois avec une blessure due à une balle qu'il ne put éviter, la plupart du temps
sans la moindre égratignure. Charlie Bronson connut tout, toutes les souffrances mais aus si
l'amour. L'amour unique et indéfectible d'une femme, Gilda. Un amour auquel il répondit en
sacrifiant tout, son ego, son côté ours