THOKOZILE - Chapitre III - Le Kinétophone

Quentin Lambert

Description

Nouvelle en cours d'écriture qui fera partie du recueil intitulé Pendant Ce Temps - Merci de bien vouloir m'adresser vos commentaires/critiques...

Sujets

• Fiction historique
• Traites négrières
• Mozambique

Informations

• Publié par: Quentinlambert
• Publié le: 18 novembre 2011
• Nombre de lectures: 122
• Langue: Français

Extrait

Le Kinétophone

Le Capitaine Gervois s’introduit, aussi discrètement

que possible pour un homme saoul, dans la cabine de

ses hôtes. Anita, fatiguée de vouloir faire taire le

Père Clemente qui ronfle, s’endort peu à peu en même

temps qu’une bougie sur un livre.

Le Capitaine Gervois(qui chuchote):« Je vous ai

amené une surprise… »

Anitasursauteen élevant la voix:savais que« Je

vous viendriez, Capitaine. »

Le Capitaine Gervois:« Les femmes sentent ces

choses-là…»

Anita, en souriant quand même lorsqu’elle reçoit la

coupe qu’il lui tend:« De la mousse au chocolat. Je

vous en remercie. »

Le Capitaine Gervois:« Cela vaut bien un petit

baiser ? »

Anita:« Je ne vous conseille pas de m’approcher,

Capitaine.»

Anita saisit un poignard qu’elle cachait sous son drap,

ce qui n’empêche pas le Capitaine Gervois d’avancer

vers elle les bras tordus. Elle tente de l’agresser. Il

esquive et agrippe sa chemise de nuit, tandis qu’elle

hurle au Père Clemente à l’aide. Le Capitaine écarte

ses bras en croix, mais elle parvient à mordre son gras

puis à lui planter la lame dans le bas ventre. Il a le

temps de lui attraper le pouce pour le tordre, avant

de tomber inanimé.

Le lendemain matin, tout l’équipage le cherche,

certains l’ont vu bourré sur le pont et craignent qu’il

ne soit tombé à l’eau, d’autres parlent déjà d’un coup

de son second qui est extrêmement ambitieux.

Quant au Père Clemente qui, avec Anita, a balancé son

corps à la flotte quelques heures plus tôt, avec toutes

les précautions du monde pour qu’en plongeant il ne

fasse pas trop de bruit, il court dans tous les sens en

récitant des gros mots.

Anita, elle, a un choc au cœur en apercevant Tristeza

qui s’avance vers elle. Dans les 8-10 ans, la gamine lui

fait aussitôt penser à Constance.

Tristeza:« Bonjour. »

Anita, la voix chancelante:« Elle est où ta maman ? »

Tristeza:a disparu. Papa pense qu’elle a été« Elle

enlevée par des marchands arabes. »

Anita:« Ton Papa travaille sur ce bateau ? »

Tristeza:« Oui, c’est le Second. Dîtes, je voulais

vous demander quelque chose, il y a quelque chose que

je ne sais pas utiliser dans ma cabine …»

Anita lui emboite le pas, tremblante tant elle a envie

de serrer l’enfant dans ses bras, de l’adopter,

d’épouser son père s’il le faut. Elle se voit en train de

la déposer tous les matins à l’école, elle lui a acheté de

nouveaux habits, car elle ne veut pas qu’elle mette

ceux de Constance…

De son côté, Tristeza fonce à un placard d’où elle sort

une espèce de grand moulin à café.

Tristeza:ne dîtes surtout rien à mon père, il« Vous

m’arracherait les yeux ! »

Anita:« Non, désolée, je ne sais pas du tout me servir

de ça. Attends une seconde…»

Quelques minutes plus tard, Anita revient avecle

Père Clemente,

qui livre instantanément son

1 diagnostic:. Tout à fait. Il« C’est un Kinétographe

permet de capturer des images en mouvement. Le

problème, c’est qu’il ne permet pas de les visionner.

Pour ça, il vous faut un Kinétoscope…»

Tristeza:crois que je sais ce dont vous voulez« Je

parler… »

1 Une des premières caméras, mise au point par un employé de l’inventeur américain Thomas Edison.en 1891.

Elle retire d’un coffre un engin encore plus gros que le

premier.

Le Père Clemente:« Hum, ça c’est même mieux, c’est

un Kinétophone.

 Tout à fait. Une machine

révolutionnaire ! Essayons de voir avec Rogério

Bicicleta, le garçon à tout faire du bord, s’il sait faire

marcher ce truc…»

Par précaution, Tristeza range la boîte vide du

Kinétophone dans l’armoire puis porte, avec ses

complices, l’appareil à bout de bras jusqu’à la cabine

de ces derniers.

Rogério Bicicleta est un gamin de 10 ans qui, comme

son surnom l’indique, a comme passe-temps de réparer

des vélos. Ils le trouvent en train de construire une

espèce d’automobile, faite de la récupération du

2 moteur et des bouts de la carlingue d’un avion .

Rogério Bicicleta, après 5 longues minutes de

réflexion:« Mets ton œil ici, Tristeza, dans le trou,

tu vois il y a une loupe… Attends, j’allume la lampe… »

Tristezasursaute en apercevant en gros plan le visage

souriant d’une Japonaise.

Rogério Bicicleta:encore quelques« Donnez-moi

secondes… »

Grâce à un jeu de miroirs et un grand drap blanc,

Anita, Tristeza, le Père Clemente et Rogério Bicicleta

assistent à la projection des images réverbérées.

2 1870.

Les premiers avions datent de la fin des années

Apparaît d’un coup Thokozile, la mère de Tristeza, une

ravissante métisse de 20 ans au plus, qui présente

deux femmes en nuisettes, une Zulu toute mince, et

une Japonaise aux gros seins, en train de masser deux

notables sur des lits.

Soudain, la Japonaise s’allonge sur l’un des hommes

avant de lui coller ses petites lèvres dans la bouche et

de s’exciter comme sur un ballon de baudruche.

Choquée,Anitaà Rogério Bicicleta et son demande

frère de sortir, puis explique à Tristeza :« Ecoute, tu

vas fermer tes yeux et je te dirai quand tu pourras

les rouvrir ! »

Tristeza:« S’il te plait… »

Tandis qu’elles négocient, la caméra suit Thokozile

vers une autre pièce où se trouve une baignoire, dans

laquelle son mari fait soudain irruption, fou de rage.

Il fait valdinguer Thokozile, la frappe dans le dos en

la traitant de prostituée, puis il la tire furieusement

par les cheveux hors champ en beuglant qu’il va lui

trancher la gorge.