Ankoro (Katanga) notre village
126 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

126 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Jadis renommé pour son commerce et comme centre culturel traditionnel, Ankoro, ancien chef-lieu du territoire de Manono (Nord-Katanga), est brusquement sorti de l'oubli avec le retour de Laurent-Désiré Kabila en 1997. Cette région subit depuis 1998-99 une violence de plus en plus meurtrière, du fait de la guerre et de l'émergence de groupes Mai Mai. "Restituer à Ankoro et à sa région, finalement au pays, ce que nous en avons reçu", telle est la tâche à laquelle s'attellent ici deux natifs d'Ankoro.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2007
Nombre de lectures 147
EAN13 9782336279053
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0424€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Ankoro (Katanga) notre village

Jonas Mwilambwe Mukalay
La présente édition a été préparée au Centre d’études interdisciplinaires sur les lettres, les arts et les traditions (CELAT) de l’Université Laval, Québec, Canada.
Mise en pages : Diane Mathieu
Copyright L’Harmattan 2007
http://www.editions-harmattan.fr www.Librairieharmattan.com harmattan1@wanadoo. fr
9782296025561
EAN : 978 2296 02556 1
Sommaire
Page de titre Page de Copyright PRÉFACE INTRODUCTION CHAPITRE I - ANKORO CHAPITRE II - LA COLONISATION CHAPITRE III - L’ÉVANGÉLISATION CHAPITRE IV - L’AGRICULTURE CHAPITRE V - COLONISATION ET CHEFS TRADITIONNELS CHAPITRE VI - ANKORO, À L’ÈRE DE L’INDÉPENDANCE DU CONGO CHAPITRE VII - QUELQUES HOMMES CHAPITRE VIII - FEMME, ÉPOUSE ET MÈRE CHAPITRE IX - QUELQUES ACTIVITÉS COLLECTIVES CHAPITRE X - UNE ADMINISTRATION DE DÉVELOPPEMENT ET DE PROXIMITÉ CHAPITRE XI - UNE ÉGLISE DE DÉVELOPPEMENT CHAPITRE XII - LE PROGRAMME DE DÉVELOPPEMENT D’ANKORO (PDA) CHAPITRE XIII - ANKORO À FEU ET À SANG ÉPILOGUE Collection « Mémoires lieu de savoir — Archive congolaise » dirigée par Bogumil JEWSIEWICKI
PRÉFACE
Ce récit est remarquable à plus d’un titre. Il concerne Ankoro, ancien chef-lieu du territoire de Manono (Nord-Katanga) à travers le vécu de deux de ses enfants. Il nous restitue une mémoire de plus en plus inaccessible aux jeunes générations : celle de leur région. Les deux enfants, MM. Mwilambwe et Shabani, devenus de vieux sages, ont voulu replacer Ankoro dans son évolution, profitant de leur extraordinaire faculté de mémoire (cette mémoire est finalement aussi celle de leur peuple), au profit des jeunes ayant souvent perdu leurs points de repère. Riches d’une mémoire façonnée par une vie pleine d’expériences et d’enseignements, ces notables d’Ankoro font autorité.
Le passé ankorien est déjà lointain dans le temps : les témoins de l’époque de la colonisation deviennent rares. Mais c’est également un passé éloigné dans l’espace, car cette région du Nord-Katanga connaît un isolement sans cesse croissant : délaissée par le pouvoir central depuis les années ’80, elle subit depuis 1998-99 une violence de plus en plus meurtrière, du fait de la guerre et de l’émergence de groupes Mayi-Mayi dont la résistance et le patriotisme tournent parfois à l’anarchie. Cette violence anéantit tout espoir de renaissance de la région. Le président Laurent Kabila, originaire d’Ankoro, y avait envoyé M. Mwilambwe avec une mission de développement. Laurent Kabila était, notons-le, l’intermédiaire parfait entre les générations : la vieille, qu’il avait connue durant son enfance, et la jeune, à laquelle il a été identifié par les divers maquis de la région dont il a pris la tête. Le cadre de vie de la génération coloniale était radicalement différent de ce qu’on voit actuellement. La mémoire est victime de cette rupture.
La mémoire écrite du temps colonial étant celle des colonisateurs, il est très rare d’avoir accès à la mémoire du colonisé. Bien que les auteurs aient appartenu à l’élite de l’époque, une élite qui sut profiter des opportunités offertes par le système colonial, ils réussissent pourtant à dépasser leur position sociale et à retracer leur vécu avec un sens de l’équilibre et un sens critique remarquables. Les points de repère de l’élite de l’époque n’étaient pas exclusivement urbains. Les gens de cette génération ont gardé des liens très forts avec leur lieu d’origine ; la notion du terroir revient en force. Les auteurs sont empreints d’un sens de l’éthique façonné par le monde du village ou du petit centre urbain qu’était Ankoro. Ils se sentent comptables envers les leurs, et plus généralement envers les jeunes, dont ils veulent ranimer la mémoire positive et l’éthique souvent déficiente. Ankoro est rendue présente, vivante, au-delà de l’isolement qu’elle a subi, au-delà de la guerre qui a ravagé la région depuis 1998, au-delà aussi de la scolarité à la mode coloniale, qui créait la rupture avec la formation traditionnelle. À travers les pages qui suivent, on lira en filigrane un appel des auteurs à la restitution d’un enseignement intégral, incluant l’école de la vie. Un appel auquel cet ouvrage veut contribuer.
Ankoro réunit deux hommes dont le parcours, après leur éducation quasi commune à l’école locale des Pères Spiritains, va diverger.
M. Jonas Mwilambwe a mené une carrière au service de l’éducation et du développement. Après une longue expérience de l’enseignement (professeur puis inspecteur), il devient responsable pour l’Unicef à Abidjan, puis à Dakar, ce qui lui permet d’élargir son action à toute l’Afrique de l’Ouest. Homme de métier et de convictions, il est animé par des principes moraux rigoureux, qui le maintiennent au-dessus des turbulences politiques. La dernière étape de sa riche carrière l’amène à Brazzaville, avant qu’il ne traverse le fleuve pour revenir dans la mère-patrie. Toutefois, il ne renie jamais ses origines : stimulé par le président L. Kabila, originaire de la région par son père (natif du village de Kabula), Mwilambwe regagne son terroir d’Ankoro chargé d’une mission de développement, et il en amorce la réalisation. Hélas, la terrible guerre qui débute en 1998 va suspendre ce programme, qui reste un brin d’espoir pour cette région meurtrie.
M. André Shabani wa Kalenga est né à Ankoro le 24 avril 1930. Après un séjour à Lusambo, il fait ses études à Kongolo, puis reçoit en 1949, à Manono, les fonctions de bibliothécaire de la Géomines. Cette société minière a façonné la ville jusqu’à ravir à Ankoro le titre de capitale administrative de la région. M. Shabani, «enfant adoptif» de la Géomines, devient membre du Cercle des évolués de Manono, puis en 1955, commis auprès de l’administrateur de territoire Lebrun d’abord, Pierre Wustefeld ensuite. Dès 1958, il s’engage dans l’association Balubakat, qui essaie de canaliser les revendications contre le système colonial. En 1959, il est élu conseiller de territoire à Manono, et il entre ainsi en contact avec le père de Laurent Kabila, Désiré Taratibu, chef de secteur de Kamalondo. Son statut d’intellectuel et d’organisateur lui vaut d’être élu député national de la Balubakat en mai 1960. Dès lors, les bouleversements de l’indépendance vont l’emporter au cœur des forces antagonistes : d’un côté la Conakat fédéraliste de Moïse Tshombe, soutenue par l’ancien colonisateur et le monde des entreprises, qui domine au Sud-Katanga ; de l’autre la Balubakat unitariste, majoritaire au Nord-Katanga, se réclamant de Patrice Lumumba, marginalisée à Élisabethville par le jeu politique et par un certain manque de tactique ; la Balubakat est dirigée au niveau national par Jason Sendwe etdela province par Prosper Mwamba Ilunga. Lorsque le gouvernement provincial de Tshombe proclame la sécession le 11 juillet 1960, la Balubakat ne peut que s’insurger au Nord-Katanga et la région entre dans un tourbillon de brutalités et de règlements de comptes. Manono, siège de la Géomines, devient le centre de la rébellion, et des «Jeunesses Balubakat» (milices) s’y constituent en grand nombre, sans réelle structure ni formation politique ; elles attaquent, vers le 10 septembre, les bureaux du territoire, symbole du pouvoir «néo-colonial» tshombiste. Manono est rapidement la proie d’une violence généralisée ; les Blancs de l’administration et de la Géomines sont menacés. André Shabani est alors à Élisabethville : le 12 août, il est emprisonné sur ordre du ministre de l’Intérieur Munongo, puis relâché à l’initiative d’un ancien administrateur de territoire belge, M. Xavier Grandjean, pour être envoyé à Manono dans l’espoir qu’il puisse encore exercer une influence modératrice et maîtriser la situation. Malgré son intervention comme dirigeant dans quelques actions du mouvement, il ne réussit pas vraiment à refermer la boîte de Pandore et, étant proche de Sendwe, il décide finalement de poursuivre son action au niveau national, plutôt que d’être le jouet de groupes locaux dont les objectifs sont souvent confus. Pourtant, en janvier 1961, il avait été proclamé ministre des Finances du «

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents