Chroniques touarègues
366 pages
Français

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Chroniques touarègues , livre ebook

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366 pages
Français

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Description

Les Touaregs ont une histoire chaotique résultant de faits extérieurs à leur monde. Ces chroniques évoquent cette histoire en faisant revivre les Touaregs célèbres et anonymes, les explorateurs, les aventuriers, les religieux, les artistes et les soldats.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2011
Nombre de lectures 30
EAN13 9782296468986
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1400€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Chroniques touarègues
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-56473-2
EAN : 9782296564732

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
Michel BOURGIN


Chroniques touarègues


L’Harmattan
Collection Là-bas
dirigée par Jérôme M ARTIN


Déjà parus :


Marcel LAUGEL, Nomades, fils des nuages , 2010.
Suzanne LALLEMAND, Routards en Asie , 2010.
Omer LUFTI, D’Istanbul à Capetown. Pérégrinations d’un Turc en Afrique du Sud (1862-1866) , 2010.
Jean-Marc HUGUET, Voyager l’Arctique (Préface de Jean Malaurie) , 2010.
Maria LANCEROTTO, Voyageurs français en A.E.F. (1919-1939) , 2009.
Jaël GRAVE, L’imaginaire du désert au XX e siècle , 2009.
Annie BLONDEL-LOISEL, La compagnie maritime Allan de l’Ecosse au Canada au XIX e siècle , 2009.
Marcel G. LAUGEL, Sur le vif , 2008.
Bruno LECOQUIERRE, Parcourir la terre , 2007.
Eric DESCHAMPS, La cuisine des révoltés du Bounty , 2007.
J. A. MEIJN VAN SPANBRŒK, Le voyage d’un gentilhomme d’ambassade d’Utrech à Constantinople. Texte présenté et annoté par C. VIGNE, 2007.
Louis GIGOUT, Syracuse , 2007.
Aline DUREL, L’imaginaire des épices , 2006.
Henri BOURDEREAU, Des hommes, des ports, des femmes , 2006.
Gérard PERRIER, Le pays des mille eaux , 2006.
Fabien LACOUDRE, Une saison en Bolivie , 2006.
Arnaud NOUÏ, Beijing Baby, 2005.
Jacques JAUBERT, Moi, Caroline, « marraine » de Musset , 2009.
Alexandre PAILLARD, La Diomédée , 2009.
Bernard JOUVE, La Dame du Mont-Liban , 2009.
Dieu a créé un pays plein d’eau pour que les hommes puissent vivre et un pays sans eau pour que les hommes aient soif.
Il a créé un désert :
Un pays avec et sans eau, pour que les hommes trouvent leur âme.


Proverbe touareg.
Introduction
Chaque chose a un début. En ce qui me concerne, le premier contact avec les Touaregs remonte à mon enfance et voici comment. Pour des raisons que j’ai oubliées depuis, le médecin de famille m’avait prescrit des piqûres et c’est ma mère, ancienne infirmière, qui me les faisait. Chère maman, elle avait eu l’idée, pour calmer mes larmes dues à la peur panique de l’aiguille, de m’offrir un soldat de plomb après chaque injection et un beau jour, quelle surprise et quelle joie, j’ai reçu un méhariste. Pour autant que je m’en souvienne, il était magnifique, vêtu de bleu, voilé de blanc, juché sur un dromadaire brun clair dans l’attitude du trot, avec un bouclier jaune et rouge sur le côté gauche de sa monture et une lance dans son poing droit. A l’époque, je m’appliquais à parler de dromadaire, j’étais fier, du haut de mes huit ans, de savoir que le chameau avait deux bosses alors que son cousin le dromadaire n’en avait qu’une seule. Depuis j’ai appris que les Sahariens, bien que connaissant cette différence, et pour cause, utilisaient systématiquement le vocable de chameau pour parler des dromadaires et j’ai fait de même. En effet le mot chameau est employé dans le langage courant pour désigner le camelus dromedarius , dromadaire d’Afrique et le camelus bactrianus ou chameau de Bactriane à deux bosses d’Asie centrale. Méhari est emprunté à l’arabe d’Afrique du Nord et désigne un dromadaire de selle par opposition à celui de bât. Cette courte anecdote du méhariste montre combien l’image du désert et des hommes qui y vivent est forte dans nos esprits occidentaux. Les Touaregs ne me préoccupèrent plus pendant quelques décennies, bien que, durant ce laps de temps, mes études me permirent d’approfondir mes connaissances sur l’histoire de l’Islam depuis ses origines jusqu’à la période moderne. Il fallut attendre une conférence consacrée à Charles de Foucauld, pour que l’appel du désert, enfoui dans mon inconscient, se fasse à nouveau sentir et me pousse à découvrir et à comprendre tout ce que la civilisation touarègue représentait d’aventure humaine et de grandeur.
C’est pourquoi, une chronique sur les Touaregs a toute sa place dans notre imaginaire comme dans nos bibliothèques, même si face au néant du désert et à son immensité chacun a tendance à croire son émotion unique et dans tous les cas différente de celle ressentie par les autres. Une autre raison, tout aussi impérieuse, motive cet ouvrage, il s’agit en quelque sorte de contribuer à préserver de l’oubli une civilisation des premiers matins du monde. Les Touaregs dont il va être question sont les ancêtres de ceux que l’on voit sur les brochures des agences de voyages ou à la télévision. Ils ignoraient les lunettes de soleil américaines, les véhicules tout-terrain japonais et les raids dits d’aventure pour Européens parfois en mal de sensations fortes. Ils ont tenu le grand désert durant la période allant sensiblement de 1860 à 1960, une centaine d’années pendant lesquelles ils ont pu maintenir, presque intacte dans toute sa splendeur, une civilisation, remarquable et fragile, qui n’a produit ni monument, ni peinture, ni ouvrage écrit et qui, malheureusement et inéluctablement, est en train de disparaître sous les coups de boutoir d’une pseudo-modernité.
Dans un but de simplification et pour faciliter la compréhension du lecteur, nous avons adopté, pour les noms et les termes arabes, les orthographes les plus couramment utilisées dans les ouvrages traitant du Sahara, sans recherche d’une transcription parfaite. D’autre part, toujours dans un esprit de clarification, nous avons estimé préférable d’abandonner les transformations compliquées qui marquent le pluriel des mots arabes et tamacheq. Le pluriel des mots les plus courants sera marqué par un "s" à la manière française. Les autres mots, les noms propres de tribus en particulier, garderont la même forme au singulier et au pluriel, ce qui facilitera la lecture et la compréhension du texte. Nous écrirons donc un Touareg, des Touaregs et non un Targui, des Touareg, un haratin, des haratins et non pas un hartani, des haratin, mais nous écrirons un Ajjer, des Ajjer, un Dag Rali, des Dag Rali, etc.
La traduction française suivra ou précédera les mots arabes ou tamacheq , le langage touareg, chaque fois que nécessaire. Ceci afin d’éviter le recours, toujours pénalisant, à un lexique placé en fin d’ouvrage. Les arabisants et les rares tamachéquisants, qui je l’espère, liront les pages qui suivent, voudront bien pardonner cette entorse volontaire faite, pour la bonne cause, à ces très belles langues trop peu connues et dignes de toute notre admiration.
Ceci étant précisé, laissons la place au désert. Il est le mystère et le danger de l’inconnu, il évoque pour la plupart d’entre nous, le chameau, le manque d’eau, le sable, le palmier dattier, le captif et le sel. Ce mystère, pour ne pas dire ce mythe, rejaillit sur ses habitants. Un peuple, capable de vivre dans des régions aussi inhospitalières, suscite tout naturellement la curiosité et l’admiration.
Les Touaregs ont été découverts tardivement par la France, à un moment où l’orientalisme battait son plein. Au lendemain de la conquête de l’Algérie, le désert a commencé à exercer sa fascination sur nombre d’écrivains et d’artistes inspirés par la noblesse de paysages sans limite et les couleurs d’un monde dont la beauté était insoupçonnée. Pourtant, ce qu’un auteur comme Eugène Fromentin nommait le désert et qu’il décrivait en des pages magistrales dans son ouvrage : Un été au Sahara , après son séjour dans une oasis du Sud-algérien en 1850, n’était que la frange nord du domaine des Touaregs, que seuls quelques explorateurs avaient rencontrés jusqu’alors, tel le major écossais Alexander Gordon Laing de l’armée britannique en 1826 qui ne put témoigner de l’évènement, car René Caillé découvrit ses ossements au détour d’une piste en 1828.
L’histoire des Touaregs est intimement liée à celle de l’expansion ou de l’aventure coloniale française. Cette histoire a commencé pour nous vers 1860 et s’est terminée un siècle plus tard avec l’indépendance de l’Algérie et l’émergence d’une nouvelle société dans laquelle ces grands nomades font figure d’anachronisme, voire d’obstacle. Ce n’est pas une critique adressée spécifiquement au gouvernement al

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