Histoires vraies de la presse régionale
169 pages
Français

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Histoires vraies de la presse régionale , livre ebook

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Description

"La presse moderne est morte en 1944. A la libération, de Gaulle la ressuscita. (...) Les équipes issues de la Résistance qui s'emparèrent de ses dépouilles furent souvent sincères, en tout cas unanimes à la proclamer désormais indépendantes des influences politiques et du capital." Ainsi commence l'histoire de la presse régionale. L'histoire ? Non les histoires qui nous emmènent à Cherbourg, à Angers, à Lille ou à Clermont. Des histoires d'hommes et de femmes, souvenirs glanés par Raymond Silar, témoignages uniques, les romans vrais de la presse régionale.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2010
Nombre de lectures 157
EAN13 9782296933927
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0650€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

H ISTOIRES VRAIES

DE LA PRESSE RÉGIONALE


La somme de toutes les vies
R AYMOND S ILAR


H ISTOIRES VRAIES

DE LA PRESSE RÉGIONALE


La somme de toutes les vies


Préface et Épilogue
de Bruno Sillard


L’H ARMATTAN
© L’H ARMATTAN, 2010
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-11656-6
EAN : 9782296116566

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
« C’est bon, tu tiens le sujet ? Tu as le titre ?
Si tu l’as, le reste suit.

Justement, j’ai envie, comme titre général,
de prendre celui de l’épilogue.

C’est toi qui vois… »
Préambule
Raymond Sillard était journaliste. Il a fait toute sa carrière au Courrier de l’Ouest, à Thouars dans les Deux-Sèvres d’abord, au tout début des années 50, à Saumur comme chef d’agence quelques années plus tard, puis à Niort en tant que directeur régional à partir de 1969. Il a pris une retraite un peu anticipée en 1993, un peu par ras-le-bol, un peu parce que le groupe Hersant venait d’acheter le Courrier, non pas d’ailleurs par défiance mais peut-être parce que le journaliste parisien que j’étais, rodé aux clauses de cession des titres nationaux, l’avait convaincu de partir plutôt que d’attendre deux ans encore sa retraite.
Il a écrit quelques livres sur Niort et La Rochelle, des articles historiques aussi dans des ouvrages collectifs, le fantôme d’un roman plane, qui sait, et puis ce projet sur une passion, la presse. Il a parcouru la France pour recueillir témoignages ou souvenirs avant qu’ils ne s’éteignent. Il écrira ce que j’ai intitulé « Les romans de la presse régionale ». Après sa mort en 1998, le manuscrit s’est endormi, la disquette en a perdu la mémoire… Il restait le tirage papier.
Je l’ai réactualisé, puis la dernière partie s’est imposée. Je sais qu’il ne m’aurait pas donné tort…
Mon père.

Un grand merci à Laurence Cattelan qui a ressaisi le texte et à Audrey Leclercq qui l’a relu et mis en forme.
La presse conjuguée au présent, au futur et au conditionnel
Et l’écrit en fut bouleversé… La Renaissance qui portait en elle une révolution industrielle nous donna Gutenberg. En 1455, il mit au point la technique de l’imprimerie et du caractère en plomb. Celle-ci s’est répandue à travers l’Europe d’une manière folle, presque moderne. On estime que 15 à 20 millions de livres sont déjà imprimés avant 1500 (au total plus de 30 000 éditions). 77 % de ces livres sont en latin et près de la moitié ont un caractère religieux.
Au XIX e siècle, d’autres révolutions vont donner de nouveaux lecteurs à cet écrit qui auparavant était lu publiquement. La presse n’est pas née là, elle s’y est imposée, et pas seulement à Paris avec ses grandes espérances et ses illusions perdues, mais aussi dans la France tout entière.
On comptait jusqu’à 1 300 hebdos régionaux avant 1848.
La presse devint moderne avec l’arrivée de la publicité. Elle est morte puissante et riche en 1944.
« A la Libération, de Gaulle la ressuscita. Ou l’habilla-t-il seulement de nouveaux titres ? Les équipes issues de la Résistance qui s’emparèrent de ses dépouilles furent souvent sincères, en tout cas unanimes à la proclamer désormais indépendante des influences politiques et du capital.
Le lecteur, lui, attendait surtout des informations pratiques qui firent le bonheur des régionaux : jour de retrait des tickets, petites annonces d’offres d’emploi, nécrologies, faits divers…
Il devait néanmoins absorber sa potion de morale. Le journal rappelle ce qui est bien et surtout ce qui est mal. Les crimes et délits (avortement, adultère, vol) sont sévèrement punis. Et dénoncés par la publication, ce qui est souvent pire.
La presse régionale balise la morale. Elle ne saurait s’en écarter, c’est son problème. Elle se garde relativement bien de la politisation, mais elle est tombée malade du capital » , écrivait Raymond Silar, dans ce qui était à l’origine la préface de ce livre.
Dès les années 60, on devine le changement d’échelle du monde. Avec la radio, devenue transistor, la télévision crée un deuxième cercle autour de chacun. Le premier reste celui de la vie réelle, de ses petits malheurs, de ses drames, de ses bonheurs aussi.
Le deuxième cercle ? Le cercle qui nous ouvre au monde. Dans les années 60-70, on rêvait d’une planète de l’information globale ; elle était surtout celle de la technologie globale. Ce même mouvement qui, en quatre ans de guerre, a donné des avions à réaction, des fusées, des bombes atomiques aussi, et qui donnera des Bœing 707, des hommes sur la Lune… et des centrales nucléaires aussi.
La presse ne pouvait qu’être emportée dans ce maelström. Une nouvelle technique d’impression, l’offset, renvoyait le caractère d’imprimerie aux souvenirs du passé. Elle offrait aussi la possibilité d’imprimer des photos en couleurs. La couleur ! Allait-elle répondre au simple fait que le spectacle de l’information était passé ailleurs et que Cinq colonnes à la une était une émission de télévision ?
« La presse tombant du piédestal d’argile de son indépendance est morte une seconde fois après une cure de rajeunissement entamée en 1970, au moment où elle croyait naître à la couleur. En fait, elle dut alors s’industrialiser, appeler des équipements de plus en plus coûteux, s’endetter, se soumettre à des groupes financiers, chercher les regroupements, préférer le monopole. L’esprit de compétition a désormais partie liée à la productivité. Les morts et naissances de la presse sont des sujets dont on ne parle guère. Les acteurs et témoins des événements de 1944 sont partis. Quand ils se trouvaient encore là, ils n’aimaient déjà pas beaucoup évoquer cette période trouble. Les archives des entreprises s’entrouvrent à peine et les Français ont eu bien d’autres soucis … De renaissance en renaissance, la presse maintient, encore sincère et unanime : son destin ne sera pas celui d’une marchandise comme les autres. La cause est bonne !
L’évolution des générations successives n’a toutefois pas secoué l’indifférence des lecteurs. Sait-on seulement à quel point la façon de travailler des journalistes a changé ? Du stylo à plume du milieu du siècle, ils se convertissent au crayon à bille, à la machine à écrire, puis à l’ordinateur. Sur le terrain, la PQR, presse quotidienne régionale, possède un réseau dense de correspondants. Elle compte, dans les années 90,80 000 correspondants locaux (les trois quarts demeurent partisans du stylo-bille) qui produisent deux tiers, parfois davantage, de la copie rédactionnelle.
Les correspondants sont rarement salariés, parfois nullement rémunérés. Le désintéressement est également le propre de quelques centaines de milliers de collaborateurs réguliers, présidents, secrétaires d’associations ou élus qui, le matin, prennent leur quotidien en espérant y lire le texte du communiqué transmis la veille. Ou l’avant-veille, ou la semaine passée … Mais le communiqué a peut-être disparu sans donner de nouvelles. Tout se perd. C’est comme la morale, bonnes gens !
Cela provoque, à l’heure du petit-déjeuner, des accès d’humeur, des colères ou, au contraire, des plaisirs, quelques sourires complices. Cela crée des liens qui, une fois noués, sans qu’on y prenne garde, peuvent durer toute une vie. »
1998, la fin du préambule écrit à l’époque pour ce livre, peut-être avant, sûrement pas après. C’est drôle cette histoire de stylos, on a oublié, mais un jour, il est devenu impossible de faire saisir son texte par des secrétaires qui n’existaient plus ou par des ouvriers du livre dont ce n’était plus le boulot. Il restait le clavier avec un doigt, deux doigts, dix doigts…
2010, le monde tout numérique hésite entre réel et virtuel. Que sont nos lecteurs devenus ? Ils sont 18 millions à lire la presse quotidienne régionale pour 24,2 millions de lecteurs de quotidiens en général. Le socle est solide en province, il se maintient d’une année sur l’autre. Mais les affaires ne sont pas brillantes, La presse est une industrie coûteuse et il ne suffit pas de regarder la nationale s’enfoncer, perdre des lecteurs. Les quotidiens gratuits dits urbains sont une réponse ; avec 4,5 millions de lecteurs et une croissance de 2,6 %, ils vont bien ! Ils allaient bien. Ils prouvent en tout cas que l’écrit n’est pas mort.
A l’érosion des ventes, à celui du lectora

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