L Héroïne
217 pages
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L'Héroïne , livre ebook

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Description

La lettre qu'Armand du Plessis, cardinal de Richelieu, écrit à la reine Anne d'Autriche l'enverrait à l'échafaud si le roi la lisait. Or quelqu'un en apprend l'existence avant que son encre soit sèche et ce quelqu'un-là veut la vie de Richelieu : Annaïs de Lespars, venue d'Anjou pour venger sa mère trahie et assassinée sur ordre du cardinal. Le messager de celui-ci, le moine Corignan, est attaqué par Annaïs et les siens, puis sauvé par le maître d'armes Trencavel que ses cris ont alerté, mais la précieuse missive disparaît. Qui l'a? Trencavel, pensent Annaïs, le moine et le cardinal. Déduction fausse puisque c'est un ami du jeune maître d'armes qui l'a empochée machinalement - et très réel danger pour Trencavel. La situation se complique : Sans la connaître avant l'échauffourée, Trencavel, tombé amoureux d'Annaïs, cherche désormais à l'aider en toutes circonstances, mais elle voit toujours en lui un ennemi... Coups de théâtre et coups d'épée se succèdent dès lors à un rythme étourdissant, jusqu'au terme fatal de la très authentique conspiration de Chalais qui sert de cadre à cette aventure héroïque commencée en mars 1626 dans la France de Louis XIII.Texte établi d'après l'édition Livre de Poche, 1973, version abrégée.

Informations

Publié par
Date de parution 30 août 2011
Nombre de lectures 156
EAN13 9782820610621
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0011€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L'H ro ne
Michel Z vaco
1908
Collection « Les classiques YouScribe »
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ISBN 978-2-8206-1062-1
Chapitre 1 ANNAÏS DE LESPARS

Seul, immobile dans l’éblouissant décor de ce salon somptueux,tout raide sous la robe rouge que couvrent quinze cent mille livresde dentelles et de diamants, vous le prendriez pour quelque sombreet magnifique personnage de Philippe de Champagne qu’une douleuraurait fait vivre un instant et descendre de son cadre d’or…
Cet homme porte un nom formidable.
Il s’appelle Richelieu !
Le palais Cardinal est à peine achevé. En cette matinée de mars1626, Richelieu l’inaugure par une solennelle messe que lui-même vadire en sa chapelle où il a convié la cour, ses amis, ses ennemis,tous, pour leur montrer son faste et les fasciner de son opulence.Et voici ce qu’en cette minute il râle au fond de sapensée :
« Elle ne vient pas !… Par un laquais comme à unlaquais, elle m’a signifié que peu lui importe cette cérémonie,consécration de ma puissance !… Elle m’écrase de son dédain. Ôma reine !… Que faire ? Qu’entreprendre ? Avenir desplendeur, joies de la richesse et du pouvoir illimités, Richelieuvous donnerait, et son sang et sa vie, pour un regard d’Anned’Autriche !… C’est fini… elle ne viendrapas ! »
Dans cette seconde, une voix, près de lui, murmure :
« Monseigneur, Sa Majesté la reine vient d’arriver à lachapelle !… »
Le cardinal sursaute… Devant lui s’incline un moine, têteosseuse, anguleuse, sourire cynique ou ingénu, œil naïf ouimpudent, je ne sais quelle tournure de spadassin sous le froc – ungrand diable de capucin long et maigre qui fleure l’espion d’unelieue. Richelieu, très pâle, saisit le bras du moine etfrémit :
« Corignan ! Corignan ! Que dis-tu ?
– Je dis que, si vous voulez, elle est à vous !Monseigneur, je reviens du Louvre, et j’ai vuM me de Givray, votre… ambassadrice accréditéeauprès de la reine. Écoutez, Éminence : Catherine la Grande aeu les Tuileries ; le roi a son Louvre ; Marie de Médicisa le Luxembourg. Seule, Anne d’Autriche n’a rien !… Et vous,monseigneur, vous avez ce palais majestueux comme les Tuileries,vaste comme le Louvre, élégant comme le Luxembourg…
– Oh ! bégaie le cardinal enfiévré, quel rêve !…Oh ! s’il était possible qu’elle daignât…
– Accepter ?… Ah ! monseigneur, vous êtes unministre génial, mais vous ne connaissez pas les femmes comme lepauvre frère Corignan !… J’ai donc placé mon petit mot àl’oreille de M me de Givray. J’ai dit… mafoi ! j’ai eu cette audace de dire que ce palais qui étonne lemonde n’a pas été bâti pour le cardinal, mais pour une illustreprincesse, et…
– Achève ! achève ! palpite Richelieu.
– Et l’illustre princesse attend confirmation de mesparoles ! Monseigneur, quand voulez-vous que je porte auLouvre la lettre que vous allez écrire à la reine Anned’Autriche ? »
Le cardinal étouffe un cri d’espoir insensé. Il ferme les yeux.Ses deux mains compriment sa poitrine.
« Ce soir… vers minuit… en mon hôtel de la place Royale… jet’attendrai ! »
À ce moment, un homme vêtu de noir s’écarte de la tenturederrière laquelle il écoutait, traverse le cabinet obscur où ilguettait, passe dans une galerie, se perd dans les couloirs dupalais Cardinal…

Frère Corignan s’est humblement incliné, puis s’est dirigé versla porte du salon qu’il ouvre – et là, il se heurte à quelqu’un quientre : gros, court sur jambes, sorte d’avorton ventru,glabre, autre physionomie d’espion.
« Rascasse ! gronde le capucin. Toujours dans mesjambes, donc !
– Corignan ! grince l’avorton. Toujours sur mesbrisées, alors ! »
Et, dévorés de jalousie, les deux espions, en chœur, semenacent :
« On se reverra !… »
Richelieu est resté pantelant. Rascasse, tout couvert depoussière, voyageur qui n’a pas pris le temps de se débotter,s’avance en trottinant, multiplie les courbettes pour attirerl’attention de son maître…
Le cardinal l’aperçoit enfin. Aussitôt, amour, passion, furieuxdésir, tout disparaît de son esprit. Et soudain :
« M me de Lespars ? »
L’espion laisse tomber ce seul mot :
« Morte !…
– Elle est morte… bien ! Dis-moi maintenant qui l’aaidée à mourir ?… »
Rascasse tressaille. Il est peut-être à l’heure décisive où unsimple mensonge assure la vie d’un homme. Il lutte. Il hésite. Puissoudain, en lui-même :
« Bah ! M. de Saint-Priac, jamais, n’oserase dénoncer soi-même ! »
Et, tout pâle de la lourde charge qu’il se jette sur laconscience, il balbutie :
« C’est moi, monseigneur… moi !
– Rascasse, tu es un bon serviteur. Passe chez montrésorier : il t’attend. Ce soir, en mon hôtel, tu me donnerasle détail de ton voyage à Angers, et comment se passa la chose. Va,maintenant.
– Un instant, monseigneur. Je devrais être ici depuisquinze jours, M me de Lespars ayant succombé le23 février. Or, si je me suis attardé, c’est que j’ai cherchéquelqu’un qui a disparu le lendemain des funérailles, quelqu’un quej’ai étudié un mois durant… et qui m’a glissé dans les mains aumoment où j’allais… suffit : on la retrouvera !
– De qui, de quoi veux-tu parler ?
– Il s’agit de la fille de cette noble dame… il s’agitd’Annaïs de Lespars !
– Annaïs !… Cette enfant !…
– Cette enfant inspirait la mère ! gronde sourdementl’espion. Monseigneur, nous nous sommes trompés ! Il fallaitlaisser vivre la mère et tuer la fille ! Là était le danger,Éminence ! Elle m’a échappé. Sans quoi, elle aurait déjàrejoint sa mère. Où est-elle maintenant ? Elle vient à vous,peut-être ! Et si cela est, prenez garde… »
Richelieu a froncé les sourcils. Il médite, calcule, combine.Et, tout à coup, il redresse la tête. Il a trouvé !…
« Rascasse, as-tu vu, à Angers, ce baron deSaint-Priac ?
– Oui, monseigneur, répond l’espion qui réprime unfrémissement. En même temps que moi, il s’est mis en route pourParis, muni de la lettre d’audience qui lui permettra d’être admissans retard auprès de Votre Éminence. Précieuse acquisition,monseigneur ! Vingt-trois ans, pas de scrupules, prêt à toutentreprendre, l’esprit vif, le bras solide, et, au bout de ce bras,une épée plus redoutable peut-être que celle du fameux Trencavellui-même !
– Trencavel ? interroge le cardinal.
– Le maître en fait d’armes dont l’académie est la pluscourue de Paris. Je le connais. Encore un que vous devriezacquérir, monseigneur !
– Nous verrons. Les rapports disent que ce Saint-Priac estépris de M lle de Lespars. Est-cevrai ?
– Il vendrait son âme au diable si le diable lui offraitAnnaïs…
– Eh bien ! dit froidement Richelieu dont le regards’illumine d’une funeste clarté, ne t’inquiète plus de cette enfantRascasse. Tu m’as débarrassé de la mère… Saint-Priac medébarrassera de la fille !…
– Et comment, monseigneur ?…
– En l’épousant ! » répond Richelieu dans unsourire aigu.
Et l’espion, l’homme des besognes de mort, Rascasse, ne puts’empêcher de frissonner !… Et lorsque, sur un signe, il seretire, il balbutie :
« Saint-Priac, époux d’Annaïs de Lespars !…Saint-Priac !… Horrible, ceci est horrible ! »
Alors, le cardinal de Richelieu frappe sur un timbre. Un valetsolennel entre et ouvre toutes grandes les deux portes à doublebattant qui se font vis-à-vis. L’une donne sur une immense galerie,l’autre sur la chapelle. Le salon se remplit de gentilshommes,d’évêques, de chanoines, d’archevêques…
Richelieu saisit les insignes de sa dignité cardinalice, ets’avance entouré de ce grandiose cortège de prélats qui entonne unchant semblable aux hymnes de gloire. Dans la chapelle, prodige deluxe et d’art combinés, les orgues grondent, les nuées desencensoirs d’or massif montent dans la lumière des cierges quesupportent des flambeaux incrustés de pierreries. C’est un ta

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