Palabre africaine sur le socialisme
173 pages
Français

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Palabre africaine sur le socialisme , livre ebook

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Description

Une conception africaine de l'organisation sociale peut-elle s'appuyer efficacement sur le socialisme ? Quelle part de cette doctrine et ses protagonistes prirent-ils dans l'effort d'émancipation de l'Afrique et l'affirmation des jeunes Etats après la décolonisation ? Cet ouvrage tente de répondre à ces questions en revisitant les lectures du socialisme des premiers leaders politiques africains : Senghor, Nyéréré et Bourguiba et leurs versions de ce que l'on a nommé le "socialisme africain".

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2009
Nombre de lectures 68
EAN13 9782336252452
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© L’Harmattan, 2009
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan 1 @wajiadoo.fr
9782296081819
EAN ; 9782296081819
Palabre africaine sur le socialisme

Manga Kuoh
Sommaire
Page de Copyright Page de titre Dedicace INTRODUCTION CHAPTRE 1 - L’AFRIQUE ET LE SOCIALISME : UNE RELATION AMBIGÜE CHAPITRE II - LE “SOCIALISME AFRICAIN” CHAPITRE III - LES INSPIRATIONS MARXISTES-LENINISTES SÉKOU TOURÉ : LE HEROS DESTRUCTEUR ÉPILOGUE Éléments de chronologie Bibliographie Remerciements COLLECTION « PENSÉE AFRICAINE » - dirigée par François Manga-Akoa
À
Manga BÉKOMBO, l’aîné si bienveillant
INTRODUCTION
Nous sommes les sacs à parole. Nous sommes la mémoire des hommes. Par la parole nous donnons vie aux faits et gestes des rois devant les jeunes générations.
Parole d’un griot 1

Lors de la conférence de Berlin en 1884-1885, les puissances européennes officialisèrent leur accord sur la répartition des territoires africains qu’elles occupaient ou convoitaient. Le 11 février 1990, Nelson Mandela sortait de prison. La majorité noire du peuple d’Afrique du Sud recouvrait sa souveraineté quelque temps plus tard. Entre ces deux dates symboles, quelle évolution et que de raisons d’espérer ! Il n’empêche que le plus grand échec du XXe siècle aura vraisemblablement été son incapacité à sortir l’Afrique de la misère. D’où l’importance du XXIe siècle qui sera, espérons-le, celui d’une Afrique résolue à offrir à ses ressortissants la paix ainsi que des conditions de vie acceptables au regard de la dignité humaine. Ambition légitime, un tel dessein exige de la lucidité dans les choix politiques. Il demande aussi un effort soutenu et un équilibre subtil entre l’affirmation des valeurs de civilisation africaines et l’ouverture avisée et enrichissante vers le monde extérieur. Cependant, on le sait : rien ne sert de courir, il faut partir (ou repartir) à point. Comme le coureur sur sa ligne de départ, l’Afrique doit s’assurer de ses marques et maintenir son regard haut devant elle. Palabre africaines sur le socialisme espère contribuer à l’indispensable et périodique vérification des marques et participer ainsi à la nécessaire élévation du regard.

Après la période d’oppression coloniale, les pays africains, quels que fussent leurs penchants idéologiques, se sont accommodés de régimes plus ou moins autocratiques. À l’heure de la décolonisation, le discours dominant du développement ignorait, dans la majorité des cas, les notions de légitimité et de démocratie. Cette position a encouragé des méthodes de gouvernement qui, au nom de l’effort et de la discipline, ont mené à toutes sortes d’impostures et de dictatures. Depuis les Indépendances, l’Afrique se leurre chaque fois que, privant ses citoyens de droits élémentaires, pourchassant ou muselant les intellectuels et les personnes capables d’innover, elle prétend pouvoir former des hommes et des femmes en mesure d’assumer correctement le destin du continent.

Face à la rationalité économique, certains Africains ont péroré sur de nébuleuses priorités politiques et d’inaltérables valeurs traditionnelles dont l’histoire, par un hasard mystérieux, leur aurait réservé l’exclusivité. Ils ont cru pouvoir ignorer le phénomène de la rareté et faire fi des règles de gestion tandis que leurs états respectifs glissaient vers la banqueroute. Illusion ! L’assèchement des réserves financières, l’accumulation des arriérés de salaires dans le secteur public et la dégradation des infrastructures et des services sociaux rappellent systématiquement la réalité tangible de la rareté, notamment le caractère à la fois simple et implacable des contraintes budgétaires. D’autres Africains se sont émerveillés devant des équations et des graphiques dont ils postulaient la pertinence du simple fait que ces derniers étaient importés. Confiants dans leurs outils d’analyse et assistés d’experts de tous bords, ils consacrent leur temps à des populations savamment segmentées et des agrégats économiques de circonstance, à la grande satisfaction des vendeurs de modèles. Après bien des batailles contre le sous-développement, ni les uns ni les autres ne peuvent se prévaloir d’une seule victoire décisive.

En matière de politique culturelle, l’Afrique a-t-elle offert des différences susceptibles de révéler une ligne de démarcation idéologique ? Une réponse affirmative serait difficile à justifier vu que dans ce domaine également, on retrouve les mêmes méprises. Fières d’un passé qui leur fut longtemps refusé, les élites africaines, toutes tendances confondues, ont dans bien des cas cru découvrir des valeurs de civilisation en réveillant brusquement leurs mémoires atrophiées. Dopé par l’auto satisfecit de ces mêmes élites, l’État africain se donne toujours honorable quitus en exhibant quelques artisans regroupés dans un centre de fortune afin de reproduire en série la mine muette d’un masque sans passé.

La généralisation des erreurs politiques, économiques et culturelles ainsi que leur similitude conduit à s’interroger sur la nature réelle de l’alternative entre le capitalisme et le socialisme 2 dans le contexte de la décolonisation et de la mise en place des jeunes Etats. Les stratégies des uns et des autres lorsque l’Afrique et le socialisme ont semblé se rejoindre méritent aussi que l’on s’y arrête. Une Afrique socialiste, pourvue d’un héritage révolutionnaire et progressiste a-t-elle été véritablement différente d’une autre Afrique capitaliste et néo-colonisée ? L’histoire tend à répondre négativement. Les groupes dits de Casablanca (pays perçus plus progressistes) et de Monrovia (pays perçus plus proches de l’Occident) dans les années dix-neuf cent soixante n’étaient point perdurables, malgré les parrainages multiples et conflictuels qu’ils ont subis et sollicités à la fois. Les lignes de démarcation idéologiques s’entremêlant souvent sur le continent, la réalité africaine a semblé échapper aux classifications de la science politique issue des expériences des autres continents, notamment de l’Europe et de l’Amérique du Nord.

Toutefois, la première moitié du XXe siècle a vu le socialisme, en tant qu’idéologie et mouvement politique aux ambitions universelles, s’offrir à l’Afrique et stimuler les élites africaines. Cette rencontre était dans l’ordre des choses. L’Afrique cherchait à se libérer d’un joug marqué par l’esclavage, le mouvement socialiste déclarait prendre fait et cause pour les opprimés. Mais quelle part ce mouvement prit-il dans cet effort d’émancipation et quels regards les Africains portèrent-ils sur lui ? Bien entendu, on peut s’interroger sur l’intérêt, en ce début du XXle siècle, de s’arrêter sur les rapports entre l’Afrique et le socialisme. Le nombre de mouvements politiques et de régimes en place qui se réclament d’un courant de pensée socialiste en Afrique avoisinant zéro. Il est vrai que les performances économiques de plusieurs régimes qui, jadis, professaient leur foi socialiste (dans des pays tels que la Guinée, la Tanzanie, le Bénin, le Congo, la Somalie, et l’Éthiopie) ont sérieusement terni l’image de ces courants de pensée et que l’attention portée aux idées de Kwame Nkrumah, Sékou Touré, et Julius Nyerere a été fortement réduite avec les années. Par ailleurs, sur le plan international, le renouveau libéral des années quatre-vingt stimulé par de bons résultats économiques aux États-Unis et dans plusieurs pays d’Europe occidentale, a contrasté avec la morosité de la situation économique des pays de l’Est et notamment celle de l’URSS. La volonté de réforme de cette dernière restant à traduire dans les faits, la dégradation sévère de sa situation économique allait entraîner un séisme politique avec l’explosion des dogmes du marxisme-léninisme en Europe de l’Est, puis l’éclatement de l’URSS. Il s’en suivit un bouleversement des équilibres géopolitiques hérités de la Seconde Guerre Mondiale ainsi que les conditions propices à la convergence de deux systèmes de valeurs et de gestion sociale séparés jusqu’alors par le rideau de fer.

Cette évolution autorise-t-elle pour autant à oublier l’expérience du socialisme ? Conscient du handicap théorique qu’entraînerait une réponse affirmative, Henri Lefebvre observait que « le marxisme appartient au monde qui nous quitte, mais il nous désigne le monde qui nous accueille. Nous ne pouvons pas comprendre ce monde-là sans partir du marxisme, de son histoire, de ses diffic

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