Les quarante ans de Marco suivis de Le funambule et Les nouveaux pères
10 pages
Français

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Les quarante ans de Marco suivis de Le funambule et Les nouveaux pères , livre ebook

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Description


Les quarante ans de Marco

" Vingt années me séparent de lui, de notre jeunesse indolente, de nos folles heures de colles passées sur les mêmes bancs à graver de la pointe de nos cutters quelques poèmes en prose aux accents grossiers. "



Le funambule

" Défier le vide ne me faisait pas peur puisque je savais comment j'allais mourir. "



Les nouveaux pères

Les difficultés d'un père avec sa fille colérique.





Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 novembre 2012
Nombre de lectures 6
EAN13 9782823804812
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

couverture
Sophie Loubière

Les quarante ans de Marco
 suivis de
 Le funambule
 et
 Les nouveaux pères

images

Les quarante ans de Marco

En recevant la lettre de Marco Cancella, mon cœur a pleuré des larmes de joie. Vingt années me séparent de lui, de notre jeunesse indolente, de nos folles heures de colles passées sur les mêmes bancs à graver de la pointe de nos cutters quelques poèmes en prose aux accents grossiers. Marco Cancella. Sans lui, serais-je devenu le poète qui s’est épanoui au fil des ans, dans ma ferme vosgienne, sans électricité, isolé de tous, le facteur excepté ? Aurais-je conquis le terrain si fragile de l’auteur indépendant où se retrouvent ceux qui refusent le dictat des éditeurs et leurs vilaines mœurs commerciales ? Certes, non ! Marco fut de toutes les batailles, rebelle, bagarreur, tendant la joue en même temps que le poing. À ses côtés, j’ai passé mon code de l’honneur et compris le sens du mot trahison. Notre séparation après son départ en Italie fut une douleur. Mais il avait là-bas des études à poursuivre qui devaient faire de lui un grand chef d’entreprise dans la blanchisserie.

 

En ouvrant la lettre de Marco, j’ai compris que les retrouvailles étaient proches : il m’invitait à fêter son quarantième anniversaire un samedi de septembre dans sa ville natale, Villerupt, en Moselle, là où nous nous étions connus avec des cartables, des soldats de plomb et des tables de multiplications. Je confirmai par retour de courrier ma présence à la célébration de ses quarante années et réunis en deux volumes les différents textes et poèmes que j’avais écrits depuis notre séparation, ce qui représentait plus de trois mille cinq cents pages, soit un magnifique cadeau d’anniversaire. J’ajoutai deux pots de miel des Vosges et attendis que vienne septembre dans la canicule du mois d’août, assis sur le tabouret de ma cuisine, le cœur impatient comme mille mouches autour de ma barbe après que j’ai dégusté une part de munster.

 

Mon arrivée à Villerupt à bord de ma Diane Break modèle 79 se fit discrète et je trouvais sans difficulté la salle polyvalente où l’anniversaire de mon ami Marco se tenait. Je garai mon véhicule entre deux Mercedes noires et rejoignais la salle aux grandes portes vitrées. Douze tables rondes accueillant chacune dix convives étaient disposées au milieu de la salle, une estrade ayant été réservée côté cuisine pour l’animation de la soirée.

 

Marco me fit un accueil des plus chaleureux. Coup de poing au menton, poignée de main et pincement du nez : nous n’avions rien oublié de notre rituel secret, ciment de notre attachement. Je lui remis mon cadeau qu’il déposa près d’une montagne d’autres paquets et d’une grosse voiture de sport rouge entourée d’un ruban. Très sollicité par les invités, Marco me désigna une table située au fond de la salle autour de laquelle deux personnes étaient assises. Mon nom figurait sur un petit carton en papier disposé au milieu d’une assiette. Je pris donc place et découvris les visages de mes voisins : à ma gauche, malgré ses trente kilos superflus, je reconnus Laurence Letirjus, la fille du proviseur dont Marco fut jadis très amoureux avant qu’elle n’ait son accident de patin à roulettes. À ma droite se trouvait assis Jérôme Vidoux, un ancien camarade connu pendant notre service militaire. À moitié sourd depuis son retour de la guerre du Golf, Vidoux faisait des boulettes avec la mie de son morceau de pain en secouant nerveusement la tête. D’autres camarades avaient été invités, mais il semblait que nous étions les seuls à avoir pris la peine de nous déplacer. Je fis part de ma déception à mes voisins, commentant la goujaterie de ces anciens amis. Laurence gloussa comme si j’avais dit quelque chose de drôle et avala deux amuse-bouches d’un coup. Vidoux me fit répéter ma remarque avant de répondre qu’il savait très bien que la boulangerie était fermée le samedi.

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